C’est tout de même à une drôle de campagne électorale à laquelle nous assistons actuellement en Mauritanie et hors de Mauritanie, les réseaux sociaux n’étant évidemment pas en reste. Oui, la campagne pour la présidentielle du 29 juin prochain est, à bien des égards, singulière. Singulière et paradoxale.
Une campagne paradoxale
Tout se passe comme si la compétition devait se jouer tout naturellement et d’emblée à l’exclusion de certains candidats auxquels, pour d’obscures raisons, est déniée toute légitimité à participer à la compétition. Un peu comme si la propension à l’hégémonie, et pas qu’électorale, des détenteurs du pouvoir avait déteint sur ceux qui disent aspirer à les déboulonner. La raison invoquée implicitement ? Elle porte un nom que nul ne prononce ouvertement : vote utile qui pourrait bien être tout autant vote utilitaire. Il faut voter pour celui qui a les chances de gagner, entend-on souvent. Qui a évalué ces chances et comment ?
Reste que la cible de cette entreprise souterraine de disqualification, c’est, disons-le tout net : Mamadou Bocar Ba, candidat porté par la Coalition Ba Mamadou Bocar Président 2024 (BMB 2024), décrété au nom d’on ne sait quelle raison, inéligible dans les faits. Comme si le risque d’une « élection » pliée d’avance ne pouvait toucher que lui. Tout sauf BMB. Serait-il en définitive le véritable candidat antisystème? Son «ousidérisation» décrété en haut lieu parle haut et fort pour lui. C’est le candidat qui gêne. Celui qui empêche de faire campagne en rond.
Un parcours hors du système et un projet qui en découle
Ce qui est sûr, c’est que tout le parcours de l’homme le situe résolument et, de longue date, hors du système. Aucune compromission à signaler. Des geôles du bagne-mouroir de Oualata à la suite de sa vie publique. Une suite faite de tracasseries en en tout genre. Mais une suite marquée par la constance dans l’engagement et la cohérence des convictions et des alliances. Pas étonnant que sa campagne privilégie l’essentiel, cet essentiel qui surdétermine tout : l’égalité citoyenne et son corollaire, le refus agissant des discriminations érigées en système et d’abord de celles visant les communautés négro-africaines qui sont au fondement même de l’Etat mauritanien, son ADN.
Ces discriminations diverses et protéiformes se déclinent en des rubriques devenues si familières à ces communautés, leur quotidien. Est-il besoin de les dérouler ? Chacun peut observer que l’’indigénisation et l’invisibilisation ont atteint en Mauritanie un stade à ce jour inégalé. On ne prend plus même la peine de les dissimuler.
De quoi parlons-nous ?
De la confiscation autoritaire et arbitraire des terres de populations négro-africaines, de l’assimilation culturelle à marche forcée-marche ou crève- par une arabisation exclusive et assimilatrice, de l’apartheid administratif, expression de l’Apartheid tout court, marqué, entre autres, par les obstacles de toutes sortes placées devant les populations négro-africaines dans le but d’entraver leur accès aux documents administratifs de base. Un droit bafoué depuis tant de décennies !
De quoi parlons-nous ?
Du blocus à l’accès à la fonction publique, devenue ethnique et raciale par la force d’une épuration planifiée, sournoise et insidieuse, à l’intégration de l’armée, désormais quasiment ethnique et raciale et plus guère nationale, à l’intégration de tous les pans de la vie publique et au premier chef du secteur économique. De quoi parlons-nous ?
Du sort des déportés, boutés hors de leur pays depuis 1989 et, le temps passant, de la seconde voire de la troisième génération issue des déportations, des villages que l’on occupe à la manière des colonies de peuplement et que l’on débaptise du jour au lendemain, gommant ainsi leur identité historique pour des noms plaqués dont la seule signification relève du projet d’assimilation culturelle, de la palestinisation rampante infligée au quotidien aux Négro-Africains alors même que l’on dénonce dans le même temps l’oppression en Palestine. La liste est longue. Hélas trop longue.
On comprend dès lors Ba Mamadou Bocar aurait tort de s’égarer dans une polyvalence thématique et programmatique de façade. De même que Mandela n’était pas attendu, du moins dans un premier temps sur son projet fiscal, le candidat BMB n’est pas attendu, du moins principalement, sur des thématiques autres- qu’il aborde d’ailleurs- que celle qui conditionne toutes les autres : l’EXISTENCE. Oui, l’existence de communautés nationales en tant que communautés de citoyens à part entière. Celui qui porte ce projet a assurément le droit mais, à la limite, le devoir d’être candidat et de porter ainsi la parole de ceux que le système a choisi d’ignorer.
Et nous, nous avons une dette à son égard. Dans le secret de l'isoloir, Donnons-lui notre bulletin de vote.
Boubacar Diagana et Ciré Ba – Paris, le 12/06/2024
Une campagne paradoxale
Tout se passe comme si la compétition devait se jouer tout naturellement et d’emblée à l’exclusion de certains candidats auxquels, pour d’obscures raisons, est déniée toute légitimité à participer à la compétition. Un peu comme si la propension à l’hégémonie, et pas qu’électorale, des détenteurs du pouvoir avait déteint sur ceux qui disent aspirer à les déboulonner. La raison invoquée implicitement ? Elle porte un nom que nul ne prononce ouvertement : vote utile qui pourrait bien être tout autant vote utilitaire. Il faut voter pour celui qui a les chances de gagner, entend-on souvent. Qui a évalué ces chances et comment ?
Reste que la cible de cette entreprise souterraine de disqualification, c’est, disons-le tout net : Mamadou Bocar Ba, candidat porté par la Coalition Ba Mamadou Bocar Président 2024 (BMB 2024), décrété au nom d’on ne sait quelle raison, inéligible dans les faits. Comme si le risque d’une « élection » pliée d’avance ne pouvait toucher que lui. Tout sauf BMB. Serait-il en définitive le véritable candidat antisystème? Son «ousidérisation» décrété en haut lieu parle haut et fort pour lui. C’est le candidat qui gêne. Celui qui empêche de faire campagne en rond.
Un parcours hors du système et un projet qui en découle
Ce qui est sûr, c’est que tout le parcours de l’homme le situe résolument et, de longue date, hors du système. Aucune compromission à signaler. Des geôles du bagne-mouroir de Oualata à la suite de sa vie publique. Une suite faite de tracasseries en en tout genre. Mais une suite marquée par la constance dans l’engagement et la cohérence des convictions et des alliances. Pas étonnant que sa campagne privilégie l’essentiel, cet essentiel qui surdétermine tout : l’égalité citoyenne et son corollaire, le refus agissant des discriminations érigées en système et d’abord de celles visant les communautés négro-africaines qui sont au fondement même de l’Etat mauritanien, son ADN.
Ces discriminations diverses et protéiformes se déclinent en des rubriques devenues si familières à ces communautés, leur quotidien. Est-il besoin de les dérouler ? Chacun peut observer que l’’indigénisation et l’invisibilisation ont atteint en Mauritanie un stade à ce jour inégalé. On ne prend plus même la peine de les dissimuler.
De quoi parlons-nous ?
De la confiscation autoritaire et arbitraire des terres de populations négro-africaines, de l’assimilation culturelle à marche forcée-marche ou crève- par une arabisation exclusive et assimilatrice, de l’apartheid administratif, expression de l’Apartheid tout court, marqué, entre autres, par les obstacles de toutes sortes placées devant les populations négro-africaines dans le but d’entraver leur accès aux documents administratifs de base. Un droit bafoué depuis tant de décennies !
De quoi parlons-nous ?
Du blocus à l’accès à la fonction publique, devenue ethnique et raciale par la force d’une épuration planifiée, sournoise et insidieuse, à l’intégration de l’armée, désormais quasiment ethnique et raciale et plus guère nationale, à l’intégration de tous les pans de la vie publique et au premier chef du secteur économique. De quoi parlons-nous ?
Du sort des déportés, boutés hors de leur pays depuis 1989 et, le temps passant, de la seconde voire de la troisième génération issue des déportations, des villages que l’on occupe à la manière des colonies de peuplement et que l’on débaptise du jour au lendemain, gommant ainsi leur identité historique pour des noms plaqués dont la seule signification relève du projet d’assimilation culturelle, de la palestinisation rampante infligée au quotidien aux Négro-Africains alors même que l’on dénonce dans le même temps l’oppression en Palestine. La liste est longue. Hélas trop longue.
On comprend dès lors Ba Mamadou Bocar aurait tort de s’égarer dans une polyvalence thématique et programmatique de façade. De même que Mandela n’était pas attendu, du moins dans un premier temps sur son projet fiscal, le candidat BMB n’est pas attendu, du moins principalement, sur des thématiques autres- qu’il aborde d’ailleurs- que celle qui conditionne toutes les autres : l’EXISTENCE. Oui, l’existence de communautés nationales en tant que communautés de citoyens à part entière. Celui qui porte ce projet a assurément le droit mais, à la limite, le devoir d’être candidat et de porter ainsi la parole de ceux que le système a choisi d’ignorer.
Et nous, nous avons une dette à son égard. Dans le secret de l'isoloir, Donnons-lui notre bulletin de vote.
Boubacar Diagana et Ciré Ba – Paris, le 12/06/2024