photo:cridem
«…je ne rejette pas toute responsabilité qui est du fait de ma propre personne. Il n’y a pas une action que j’ai entreprise que je n’assume pleinement.» · «Le pays n’a pas pu aller après dans le sens souhaité par les Mauritaniens et par les réformes que nous avons entreprises pendant la transition» ·
«Sans la stabilité politique, tout ce que nous entreprenons est voué à l’échec» C’est dans son palais situé non loin de la présidence qu’il habite. Les jardins, les vérandas et les patios sont occupés toute la journée par des jeunes, des vieux, venus des quartiers les plus lointains pour s’entretenir avec le candidat Ely Ould Mohamed Val.
Le monde des intermédiaires politiques qui marchandent jusqu’au dernier moment leur soutien à tel ou tel candidat. Et en attendant, on fait le tour. Chacun se prétendant chef de famille, de clan ou de tribu, réclamant en conséquence le prix qu’il faut pour son ralliement. La candidature de l’ancien président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) n’a pas encore eu l’effet qu’on attendait. L’homme avait dirigé les Structures d’éducation des masses (SEM) de l’époque de Ould Haidalla avant de devenir l’inamovible directeur générale de la sûreté de Ould Taya.
Pendant une trentaine d’années donc il a investi, pour le compte des chefs militaires de l’époque, le champ politique. Il a infiltré toutes les oppositions, promu des carrières, enrichi des hommes, manipulé des notables… si bien que quand il annonce sa candidature, on s’attend à un véritable rush.
Ce n’est pas encore le cas… Sa candidature est perçue d’abord par rapport à celle de son jeune cousin, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz démissionnaire de la présidence du HCE issu du 6 août. Supposé «beaucoup plus implanté socialement» que lui, de nombreux observateurs s’attendaient à une forte démobilisation dans le camp de Ould Abdel Aziz en faveur de l’aîné.
Ce n’est pas encore le cas… Père «géniteur» des indépendants, il devait attendre le retour de l’ascenseur de la part de la direction de ADIL, le parti que le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait créé pour Ould Ahmed Waghf, et dont les principaux animateurs appartiennent, comme Ould Mohamed Val à la nomenklatura du régime de l’avant 3août.
Ce n’est pas encore le cas… Toujours courtois, avec cette finesse qui finit par mettre mal à l’aise, il a bien voulu répondre à nos questions.
La Tribune : Vous vous portez candidat alors que la scène est déjà assez vivante. Qu’est-ce que votre candidature apporte de plus par rapport aux autres ?
Ely Ould Mohamed Val : Tout d’abord ma candidature n’est pas une candidature comparative à des candidats. Elle doit être comprise comme une candidature qui peut sortir les Mauritaniens de cette crise. Pourquoi ? Parce qu’en 2005 et en 2007, avec tous les Mauritaniens, nous avons essayé de mettre en place les fondements d’un Etat de droit.
Nous avons travaillé dans un consensus total et nous en sommes sortis avec un projet de société. Ce projet de société, nous l’avons mis en application dans tous les domaines. Par conséquent nous avons connu entretemps un accident par rapport à ce projet de société dû à des contingences que les Mauritaniens connaissent parfaitement.
Ce que je propose aujourd’hui aux Mauritaniens, c’est que ce projet consensuel qui a fait l’adhésion de tous, puisse être repris et remis sur les rails. Je pense que les Mauritaniens ont senti les résultats de ce qui a été clôturé en 2007 par la dernière élection présidentielle.
Ils ont senti que la Mauritanie avait la capacité de se positionner dans la sphère internationale et dans la sphère régionale en tant qu’Etat viable, en tant qu’entité parfaitement capable de participer au travail de la communauté internationale et capable de résoudre ses problèmes intérieurs.
D’ailleurs les problèmes de la Mauritanie ont commencé à se résoudre sur le plan économique, sur le plan politique et sur le plan diplomatique. Par conséquent, c’est cela que nous voulons aujourd’hui proposer aux Mauritaniens.
Nous voulons que les Mauritaniens comprennent qu’il est temps que nous sortions de ce cercle vicieux pour amener le pays vers un horizon de stabilité politique qui est la base de tout. Sans la stabilité politique, on ne peut absolument rien faire. C’est ce que j’essaye aujourd’hui.
La Tribune : Ce que vous appelez ‘accident politique’, Monsieur le Président, a commencé en fait avec la transition, avec notamment l’interférence des militaires dans le jeu politique. Avec d’abord la suscitation et le soutien des indépendants, ensuite le parrainage d’une certaine candidature…
Ely Ould Mohamed Val : Je ne sais pas… ça c’est une opinion. Une opinion qu’on essaye de généraliser et de prêter aux Mauritaniens. Mais c’est une opinion qui est tout à fait particulière et qui ne concerne qu’un très petit nombre de Mauritaniens pour des raisons que nous connaissons tous et qui n’ont absolument pas d’importance sur la réalité de la situation.
La réalité est là. Ce qui s’est fait s’est fait au vu et au su de tout le monde. Il a été consensuel jusqu’au bout. Tout le monde l’a reconnu intérieurement et internationalement. Les accusations maintenant, ou les excuses que les uns et les autres cherchent ou auxquelles ils se prêtent, cela relève du domaine des réactions politiques. Ce n’est absolument pas une opinion nationale représentative de ce qui s’est passé dans notre pays.
La Tribune : Quel chantier vous porte à cœur ? Vous avez dirigé le pays pendant 19 mois, la transition a surout été politique, qu’est-ce que vous regrettez ne pas avoir fait ?
Ely Ould Mohamed Val : Je ne peux pas dire que j’ai été systématique… nous n’avons pas été seulement politique. Nous avons abordé les problèmes politiques avec certainement beaucoup plus de suivi, beaucoup plus d’acuité, avec beaucoup plus de travail probablement.
Mais le domaine économique a vu toutes les réformes nécessaires qui ont abouti à des résultats extrêmement importants. Que ce soit la rétrocession de la dette, le redressement de notre économie, la transparence, la bonne gouvernance… tout cela a été attaqué pendant la transition de façon systématique et de façon générale.
Cela n’a pas été négligé, y compris les autres domaines, que ce soit le domaine de l’éducation, nous avons tout attaqué. Mais nous avons commencé à mettre en action cette politique et nous l’avons bien explicitée. Maintenant son application, on ne pouvait pas la faire aboutir parce que la logique de la transition était que nous n’étions pas candidat et que nous devions quitter le pouvoir.
Par conséquent, ce qui s’est passé après n’est tout simplement pas de notre fait. C’est tout simplement que le pays n’a pas pu aller après dans le sens souhaité par les Mauritaniens et par les réformes que nous avons entreprises pendant la transition.
La Tribune : Pendant 21 ans, vous avez été le directeur général de la sûreté nationale du régime d’avant. Deux décennies marquées par le passif humanitaire et l’exercice de l’arbitraire. Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous êtes co-responsable de ces décennies?
Ely Ould Mohamed Val : Je suis co-responsable autant que vous, que n’importe quel citoyen mauritanien. Je suis un citoyen mauritanien qui a eu à exercer des fonctions. Quelque soit le type de fonction on est responsable. Absolument je ne rejette pas toute responsabilité qui est du fait de ma propre personne.
Maintenant, je pense que pour juger cette période, il ne faut pas aller dans les clichés. Notre pays en cette période a été confronté à de graves problèmes, parce qu’il sortait là aussi d’une situation d’une gravité extrême. Notre pays a été confronté à des réalités politiques d’une extrême gravité.
Nous avons essayé d’y faire face dans le cadre de nos fonctions à l’époque et dans le cadre de l’action que nous menions à l’époque avec toute la sérénité que cela requérait, n’ayant pour principale idée que l’intérêt de l’Etat mauritanien et enfin de compte de l’intérêt du citoyen mauritanien.
Il n’y a en conséquence rien que je regrette en ce qui me concerne personnellement. Il n’y a pas une action que j’ai entreprise que je n’assume pleinement. Cela doit être clair pour tout le monde.
La Tribune : Pour la campagne future, quels sont les grands axes sur lesquels vous allez travailler ?
Ely Ould Mohamed Val : La chose la plus importante est la stabilité politique de notre pays. Sans la stabilité politique, tout ce que nous entreprenons est voué à l’échec. C’est un éternel recommencement. Or il n’y a rien de plus préjudiciable à un pays que l’éternel recommencement.
A partir du moment où le pays n’est pas capable de progresser par pourcentage ou par accumulation, il est absolument condamné à tourner en rond. Donc la stabilité politique doit être le premier objectif, la première entreprise.
Tout ce qui y contribue doit être entrepris que ce soit la stabilisation sociale, ou l’ouverture politique sur l’ensemble de la classe politique, ou la tolérance, que ce soit les libertés, ou la démocratie afin que notre pays se retrouve, se réconcilie avec lui-même et qu’il puisse démarrer dans un état d’esprit nouveau et dans une situation nouvelle où l’on n’est pas dans la confrontation nationale et internationale. Notre pays a besoin de stabilité, de sérénité. A partir de là nous pouvons aller vers le projet de société dont j’ai parlé tout à l’heure.
Propos recueillis par MFO
Source: latribune
«Sans la stabilité politique, tout ce que nous entreprenons est voué à l’échec» C’est dans son palais situé non loin de la présidence qu’il habite. Les jardins, les vérandas et les patios sont occupés toute la journée par des jeunes, des vieux, venus des quartiers les plus lointains pour s’entretenir avec le candidat Ely Ould Mohamed Val.
Le monde des intermédiaires politiques qui marchandent jusqu’au dernier moment leur soutien à tel ou tel candidat. Et en attendant, on fait le tour. Chacun se prétendant chef de famille, de clan ou de tribu, réclamant en conséquence le prix qu’il faut pour son ralliement. La candidature de l’ancien président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) n’a pas encore eu l’effet qu’on attendait. L’homme avait dirigé les Structures d’éducation des masses (SEM) de l’époque de Ould Haidalla avant de devenir l’inamovible directeur générale de la sûreté de Ould Taya.
Pendant une trentaine d’années donc il a investi, pour le compte des chefs militaires de l’époque, le champ politique. Il a infiltré toutes les oppositions, promu des carrières, enrichi des hommes, manipulé des notables… si bien que quand il annonce sa candidature, on s’attend à un véritable rush.
Ce n’est pas encore le cas… Sa candidature est perçue d’abord par rapport à celle de son jeune cousin, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz démissionnaire de la présidence du HCE issu du 6 août. Supposé «beaucoup plus implanté socialement» que lui, de nombreux observateurs s’attendaient à une forte démobilisation dans le camp de Ould Abdel Aziz en faveur de l’aîné.
Ce n’est pas encore le cas… Père «géniteur» des indépendants, il devait attendre le retour de l’ascenseur de la part de la direction de ADIL, le parti que le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait créé pour Ould Ahmed Waghf, et dont les principaux animateurs appartiennent, comme Ould Mohamed Val à la nomenklatura du régime de l’avant 3août.
Ce n’est pas encore le cas… Toujours courtois, avec cette finesse qui finit par mettre mal à l’aise, il a bien voulu répondre à nos questions.
La Tribune : Vous vous portez candidat alors que la scène est déjà assez vivante. Qu’est-ce que votre candidature apporte de plus par rapport aux autres ?
Ely Ould Mohamed Val : Tout d’abord ma candidature n’est pas une candidature comparative à des candidats. Elle doit être comprise comme une candidature qui peut sortir les Mauritaniens de cette crise. Pourquoi ? Parce qu’en 2005 et en 2007, avec tous les Mauritaniens, nous avons essayé de mettre en place les fondements d’un Etat de droit.
Nous avons travaillé dans un consensus total et nous en sommes sortis avec un projet de société. Ce projet de société, nous l’avons mis en application dans tous les domaines. Par conséquent nous avons connu entretemps un accident par rapport à ce projet de société dû à des contingences que les Mauritaniens connaissent parfaitement.
Ce que je propose aujourd’hui aux Mauritaniens, c’est que ce projet consensuel qui a fait l’adhésion de tous, puisse être repris et remis sur les rails. Je pense que les Mauritaniens ont senti les résultats de ce qui a été clôturé en 2007 par la dernière élection présidentielle.
Ils ont senti que la Mauritanie avait la capacité de se positionner dans la sphère internationale et dans la sphère régionale en tant qu’Etat viable, en tant qu’entité parfaitement capable de participer au travail de la communauté internationale et capable de résoudre ses problèmes intérieurs.
D’ailleurs les problèmes de la Mauritanie ont commencé à se résoudre sur le plan économique, sur le plan politique et sur le plan diplomatique. Par conséquent, c’est cela que nous voulons aujourd’hui proposer aux Mauritaniens.
Nous voulons que les Mauritaniens comprennent qu’il est temps que nous sortions de ce cercle vicieux pour amener le pays vers un horizon de stabilité politique qui est la base de tout. Sans la stabilité politique, on ne peut absolument rien faire. C’est ce que j’essaye aujourd’hui.
La Tribune : Ce que vous appelez ‘accident politique’, Monsieur le Président, a commencé en fait avec la transition, avec notamment l’interférence des militaires dans le jeu politique. Avec d’abord la suscitation et le soutien des indépendants, ensuite le parrainage d’une certaine candidature…
Ely Ould Mohamed Val : Je ne sais pas… ça c’est une opinion. Une opinion qu’on essaye de généraliser et de prêter aux Mauritaniens. Mais c’est une opinion qui est tout à fait particulière et qui ne concerne qu’un très petit nombre de Mauritaniens pour des raisons que nous connaissons tous et qui n’ont absolument pas d’importance sur la réalité de la situation.
La réalité est là. Ce qui s’est fait s’est fait au vu et au su de tout le monde. Il a été consensuel jusqu’au bout. Tout le monde l’a reconnu intérieurement et internationalement. Les accusations maintenant, ou les excuses que les uns et les autres cherchent ou auxquelles ils se prêtent, cela relève du domaine des réactions politiques. Ce n’est absolument pas une opinion nationale représentative de ce qui s’est passé dans notre pays.
La Tribune : Quel chantier vous porte à cœur ? Vous avez dirigé le pays pendant 19 mois, la transition a surout été politique, qu’est-ce que vous regrettez ne pas avoir fait ?
Ely Ould Mohamed Val : Je ne peux pas dire que j’ai été systématique… nous n’avons pas été seulement politique. Nous avons abordé les problèmes politiques avec certainement beaucoup plus de suivi, beaucoup plus d’acuité, avec beaucoup plus de travail probablement.
Mais le domaine économique a vu toutes les réformes nécessaires qui ont abouti à des résultats extrêmement importants. Que ce soit la rétrocession de la dette, le redressement de notre économie, la transparence, la bonne gouvernance… tout cela a été attaqué pendant la transition de façon systématique et de façon générale.
Cela n’a pas été négligé, y compris les autres domaines, que ce soit le domaine de l’éducation, nous avons tout attaqué. Mais nous avons commencé à mettre en action cette politique et nous l’avons bien explicitée. Maintenant son application, on ne pouvait pas la faire aboutir parce que la logique de la transition était que nous n’étions pas candidat et que nous devions quitter le pouvoir.
Par conséquent, ce qui s’est passé après n’est tout simplement pas de notre fait. C’est tout simplement que le pays n’a pas pu aller après dans le sens souhaité par les Mauritaniens et par les réformes que nous avons entreprises pendant la transition.
La Tribune : Pendant 21 ans, vous avez été le directeur général de la sûreté nationale du régime d’avant. Deux décennies marquées par le passif humanitaire et l’exercice de l’arbitraire. Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous êtes co-responsable de ces décennies?
Ely Ould Mohamed Val : Je suis co-responsable autant que vous, que n’importe quel citoyen mauritanien. Je suis un citoyen mauritanien qui a eu à exercer des fonctions. Quelque soit le type de fonction on est responsable. Absolument je ne rejette pas toute responsabilité qui est du fait de ma propre personne.
Maintenant, je pense que pour juger cette période, il ne faut pas aller dans les clichés. Notre pays en cette période a été confronté à de graves problèmes, parce qu’il sortait là aussi d’une situation d’une gravité extrême. Notre pays a été confronté à des réalités politiques d’une extrême gravité.
Nous avons essayé d’y faire face dans le cadre de nos fonctions à l’époque et dans le cadre de l’action que nous menions à l’époque avec toute la sérénité que cela requérait, n’ayant pour principale idée que l’intérêt de l’Etat mauritanien et enfin de compte de l’intérêt du citoyen mauritanien.
Il n’y a en conséquence rien que je regrette en ce qui me concerne personnellement. Il n’y a pas une action que j’ai entreprise que je n’assume pleinement. Cela doit être clair pour tout le monde.
La Tribune : Pour la campagne future, quels sont les grands axes sur lesquels vous allez travailler ?
Ely Ould Mohamed Val : La chose la plus importante est la stabilité politique de notre pays. Sans la stabilité politique, tout ce que nous entreprenons est voué à l’échec. C’est un éternel recommencement. Or il n’y a rien de plus préjudiciable à un pays que l’éternel recommencement.
A partir du moment où le pays n’est pas capable de progresser par pourcentage ou par accumulation, il est absolument condamné à tourner en rond. Donc la stabilité politique doit être le premier objectif, la première entreprise.
Tout ce qui y contribue doit être entrepris que ce soit la stabilisation sociale, ou l’ouverture politique sur l’ensemble de la classe politique, ou la tolérance, que ce soit les libertés, ou la démocratie afin que notre pays se retrouve, se réconcilie avec lui-même et qu’il puisse démarrer dans un état d’esprit nouveau et dans une situation nouvelle où l’on n’est pas dans la confrontation nationale et internationale. Notre pays a besoin de stabilité, de sérénité. A partir de là nous pouvons aller vers le projet de société dont j’ai parlé tout à l’heure.
Propos recueillis par MFO
Source: latribune