Élu en mars sur les promesses de rupture et de souveraineté recouvrée, le président Faye entendait conférer à cet anniversaire une dimension qu’il n’a jamais eue.
Le Sénégal commémore dimanche le massacre de dizaines de tirailleurs africains par les forces coloniales françaises près de Dakar en 1944, un 80ème anniversaire dont les nouvelles autorités veulent faire un marqueur d'une mémoire africaine commune mais aussi de la relation avec la France.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, le président en exercice de l'Union africaine, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, et les quatre autres chefs d'État présents (Comores, Gabon, Gambie, Guinée-Bissau) ont déposé chacun une gerbe de fleurs au cimetière de Thiaroye, proche du camp où se sont produits les faits. La France était représentée par son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot
«Omerta»
Élu en mars sur les promesses de rupture et de souveraineté recouvrée, le président Faye entendait conférer à cet anniversaire une dimension qu'il n'a jamais eue, occulté sous les présidences précédentes par 80 années «d'omerta» selon ses mots.
Cette commémoration est la première où la caractérisation officielle des évènements par la France concorde avec la conviction commune aux Sénégalais et à de nombreux historiens.
Le président Emmanuel Macron a reconnu cette semaine pour la première fois que les forces coloniales avaient commis un «massacre» le 1er décembre 1944 à Thiaroye, près de Dakar.
Arriérés de soldes
Les forces coloniales ont ce jour-là ouvert le feu sur des tirailleurs africains rapatriés après avoir combattu avec l'armée française en Europe et stationnés au camp militaire de Thiaroye en vue de leur démobilisation.
Appartenant au corps des tirailleurs sénégalais mais provenant en réalité de toute l'Afrique occidentale française, ils réclamaient avant leur départ le paiement de l'intégralité de leurs arriérés de soldes.
L'ancien président français François Hollande avait parlé en 2012 et 2014 au Sénégal de «répression sanglante», sans employer le mot de «massacre».
De nombreuses zones d'ombre subsistent sur les circonstances du drame, le nombre de tirailleurs tués, le lieu de leur inhumation.
Les autorités françaises de l'époque avaient admis la mort d'au moins 35 personnes. Plusieurs historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu'à 400. Les 202 tombes du cimetière de Thiaroye où s'est déroulée une partie de la cérémonie sont anonymes et on ignore si elles recouvrent des victimes du massacre.
Accusations de dissimulation et de manipulation des archives
Avec l'approche du 80ème anniversaire et le relief particulier que le président et le gouvernement sénégalais lui ont donné, les accusations de dissimulation et de manipulation des archives de la part de la France ont trouvé un écho renouvelé au Sénégal.
«Jamais» l'anniversaire de Thiaroye n'avait été commémoré avec autant d'ampleur, a dit le président Faye à l'AFP la semaine passée. Cette nouvelle approche a «permis de donner à la France l'occasion, comme elle ne l'a jamais fait, de reconnaître que c'est un massacre», a-t-il dit.
Les commémorations vont de pair avec un effort renouvelé pour écrire l'histoire des évènements de Thiaroye. Le président sénégalais en a fait un élément constitutif d'une nouvelle relation «rénovée» avec l'ancienne puissance coloniale et alliée historique, avec laquelle le Sénégal maintient des relations économiques et humaines fortes.
«Nous sommes en train de faire cet exercice d'inventaire de vérité pour véritablement avoir un partenariat rénové, mais qui ne peut être rénové que dans la vérité et dans l'exhaustivité de la vérité», a dit le président Faye.
Au même moment, le président sénégalais a annoncé que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal.
Source : Le Figaro avec AFP
Le Sénégal commémore dimanche le massacre de dizaines de tirailleurs africains par les forces coloniales françaises près de Dakar en 1944, un 80ème anniversaire dont les nouvelles autorités veulent faire un marqueur d'une mémoire africaine commune mais aussi de la relation avec la France.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, le président en exercice de l'Union africaine, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, et les quatre autres chefs d'État présents (Comores, Gabon, Gambie, Guinée-Bissau) ont déposé chacun une gerbe de fleurs au cimetière de Thiaroye, proche du camp où se sont produits les faits. La France était représentée par son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot
«Omerta»
Élu en mars sur les promesses de rupture et de souveraineté recouvrée, le président Faye entendait conférer à cet anniversaire une dimension qu'il n'a jamais eue, occulté sous les présidences précédentes par 80 années «d'omerta» selon ses mots.
Cette commémoration est la première où la caractérisation officielle des évènements par la France concorde avec la conviction commune aux Sénégalais et à de nombreux historiens.
Le président Emmanuel Macron a reconnu cette semaine pour la première fois que les forces coloniales avaient commis un «massacre» le 1er décembre 1944 à Thiaroye, près de Dakar.
Arriérés de soldes
Les forces coloniales ont ce jour-là ouvert le feu sur des tirailleurs africains rapatriés après avoir combattu avec l'armée française en Europe et stationnés au camp militaire de Thiaroye en vue de leur démobilisation.
Appartenant au corps des tirailleurs sénégalais mais provenant en réalité de toute l'Afrique occidentale française, ils réclamaient avant leur départ le paiement de l'intégralité de leurs arriérés de soldes.
L'ancien président français François Hollande avait parlé en 2012 et 2014 au Sénégal de «répression sanglante», sans employer le mot de «massacre».
De nombreuses zones d'ombre subsistent sur les circonstances du drame, le nombre de tirailleurs tués, le lieu de leur inhumation.
Les autorités françaises de l'époque avaient admis la mort d'au moins 35 personnes. Plusieurs historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu'à 400. Les 202 tombes du cimetière de Thiaroye où s'est déroulée une partie de la cérémonie sont anonymes et on ignore si elles recouvrent des victimes du massacre.
Accusations de dissimulation et de manipulation des archives
Avec l'approche du 80ème anniversaire et le relief particulier que le président et le gouvernement sénégalais lui ont donné, les accusations de dissimulation et de manipulation des archives de la part de la France ont trouvé un écho renouvelé au Sénégal.
«Jamais» l'anniversaire de Thiaroye n'avait été commémoré avec autant d'ampleur, a dit le président Faye à l'AFP la semaine passée. Cette nouvelle approche a «permis de donner à la France l'occasion, comme elle ne l'a jamais fait, de reconnaître que c'est un massacre», a-t-il dit.
Les commémorations vont de pair avec un effort renouvelé pour écrire l'histoire des évènements de Thiaroye. Le président sénégalais en a fait un élément constitutif d'une nouvelle relation «rénovée» avec l'ancienne puissance coloniale et alliée historique, avec laquelle le Sénégal maintient des relations économiques et humaines fortes.
«Nous sommes en train de faire cet exercice d'inventaire de vérité pour véritablement avoir un partenariat rénové, mais qui ne peut être rénové que dans la vérité et dans l'exhaustivité de la vérité», a dit le président Faye.
Au même moment, le président sénégalais a annoncé que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal.
Source : Le Figaro avec AFP