Mais ce tableau idyllique contraste fort malencontreusement avec la réalité que vit la majorité des Mauritaniens. Le trou dans le panier de la ménagère ne cesse d’agrandir et la volonté affichée par le chef du gouvernement de réduire, voire de stabiliser, les prix des produits de base se heurte à la puissance des lobbys affairistes. Les injonctions du gouvernement d’Ould Diay n’ont ainsi visiblement pas dissuadé les commerçants. Le prix du riz et de l’huile, produits essentiels pour les familles peu nanties, ont même connu une augmentation. La rencontre entre la ministre du Commerce et les syndicats des commerçants n’a pas permis de baisser les tarifs. Certaines langues affirment que plusieurs lobbys très proches du Palais, n’ont aucune cure des injonctions du Premier ministre. Au lendemain de sa nomination, des rumeurs persistantes n’avaient-elles laissé entendre que quatre ministres de souveraineté n’obéiraient jamais aux ordres de celui-ci ?
Une balafre indélébile
En dépit du satisfecit du gouvernement et de ses laudateurs attitrés, une partie de la communauté mauritanienne continue, hélas, de considérer la fête de l’Indépendance comme un jour de deuil. Le 28 Novembre cessa, en sa célébration de 1990, d’être une journée de joie et de communion entre tous les Mauritaniens, rappellent nombre d’acteurs politiques et de militants des droits de l’Homme. Et, pour cause, la pendaison, dans la nuit du 27 au 28 Novembre de 28 soldats, sous-officiers et officiers négro-mauritaniens dans la base militaire d’Inal au Nord du pays. Quelle ignoble façon de célébrer une fête nationale ! Les veuves, orphelins et rescapés de cette « purge » au sein de la Grande Muette, sous le règne d’Ould Taya qui a brutalement « souillé l’indépendance » et installé depuis une méfiance entre les communautés du pays, ne cessent de réclamer justice.
Depuis, nombreux sont ceux qui profitent de la célébration de cette fête pour dénoncer les exécutions extrajudiciaires et réclamer surtout la vérité, à partir d’une enquête sans concession sur ce qui s’est passé dans les différentes casernes militaires et dans la Vallée, lors des évènements de 1989 qui provoquèrent la déportation de milliers de négro-mauritaniens vers le Sénégal et le Mali. Ils demandent justice mais leurs manifestations sont souvent interdites, voire réprimées. Leurs doléances se heurtent au refus des différents pouvoirs d’accéder à leurs requêtes, au prétexte d’une loi d’amnistie votée en 1993 sous le magistère de l’ex-président Taya. Une loi qui couvre et protège les auteurs des pires exactions dont certains continuent à se la couler douce. Une impunité qui doit cependant assumer son cadre : les évènements lors de ces années de braise constituent une balafre profonde sur la « façade » de l’unité nationale.
Les différents pouvoirs ne cessent d’en parler mais ne font pas grand-chose pour tourner définitivement cette sombre page, semblant privilégier un « règlement consensuel » avec les organisations de défense des intérêts des victimes et ayant-droits, mais sans aucune justice ; pas même dans sa forme transitionnelle. On en reste donc encore aux fameuses « réparations » tentées sous Taya et sous Ould Abdel Aziz. Sur cette lancée bancale, le président Ghazouani se heurtait non seulement aux divisions au sein des organisations précitées mais également à divers faucons tapis au sein des arcanes du pouvoir. Mais des rumeurs les plus contradictoires circulaient depuis quelques mois, avançant le règlement « très imminent » du dossier – avant même la fête de l’Indépendance, affirmaient certaines… – les listes des bénéficiaires auraient été même mises à jour et renvoyées au Commissariat des droits de l’Homme… Serait-il en train de les traiter ?
Dalay Lam
Source : Le Calame (Mauritanie) – Le 04 décembre 2024
Une balafre indélébile
En dépit du satisfecit du gouvernement et de ses laudateurs attitrés, une partie de la communauté mauritanienne continue, hélas, de considérer la fête de l’Indépendance comme un jour de deuil. Le 28 Novembre cessa, en sa célébration de 1990, d’être une journée de joie et de communion entre tous les Mauritaniens, rappellent nombre d’acteurs politiques et de militants des droits de l’Homme. Et, pour cause, la pendaison, dans la nuit du 27 au 28 Novembre de 28 soldats, sous-officiers et officiers négro-mauritaniens dans la base militaire d’Inal au Nord du pays. Quelle ignoble façon de célébrer une fête nationale ! Les veuves, orphelins et rescapés de cette « purge » au sein de la Grande Muette, sous le règne d’Ould Taya qui a brutalement « souillé l’indépendance » et installé depuis une méfiance entre les communautés du pays, ne cessent de réclamer justice.
Depuis, nombreux sont ceux qui profitent de la célébration de cette fête pour dénoncer les exécutions extrajudiciaires et réclamer surtout la vérité, à partir d’une enquête sans concession sur ce qui s’est passé dans les différentes casernes militaires et dans la Vallée, lors des évènements de 1989 qui provoquèrent la déportation de milliers de négro-mauritaniens vers le Sénégal et le Mali. Ils demandent justice mais leurs manifestations sont souvent interdites, voire réprimées. Leurs doléances se heurtent au refus des différents pouvoirs d’accéder à leurs requêtes, au prétexte d’une loi d’amnistie votée en 1993 sous le magistère de l’ex-président Taya. Une loi qui couvre et protège les auteurs des pires exactions dont certains continuent à se la couler douce. Une impunité qui doit cependant assumer son cadre : les évènements lors de ces années de braise constituent une balafre profonde sur la « façade » de l’unité nationale.
Les différents pouvoirs ne cessent d’en parler mais ne font pas grand-chose pour tourner définitivement cette sombre page, semblant privilégier un « règlement consensuel » avec les organisations de défense des intérêts des victimes et ayant-droits, mais sans aucune justice ; pas même dans sa forme transitionnelle. On en reste donc encore aux fameuses « réparations » tentées sous Taya et sous Ould Abdel Aziz. Sur cette lancée bancale, le président Ghazouani se heurtait non seulement aux divisions au sein des organisations précitées mais également à divers faucons tapis au sein des arcanes du pouvoir. Mais des rumeurs les plus contradictoires circulaient depuis quelques mois, avançant le règlement « très imminent » du dossier – avant même la fête de l’Indépendance, affirmaient certaines… – les listes des bénéficiaires auraient été même mises à jour et renvoyées au Commissariat des droits de l’Homme… Serait-il en train de les traiter ?
Dalay Lam
Source : Le Calame (Mauritanie) – Le 04 décembre 2024