Cheikh Oumar Diagne, ministre conseiller à la présidence, a déclenché le tollé en qualifiant de "traîtres" ces soldats africains de l'armée française. Un paradoxe saisissant alors que le pays commémore en grande pompe ce mois-ci, les 80 ans de Thiaroye 44.
Le Sénégal se retrouve au cœur d'une vive polémique sur la mémoire des tirailleurs, quelques semaines seulement après avoir commémoré en grande pompe les 80 ans du massacre de Thiaroye.
L'étincelle est venue de Cheikh Oumar Diagne, ministre conseiller et directeur des Moyens généraux de la présidence de la République, qui a qualifié les tirailleurs de "traîtres qui se sont battus contre leurs frères pour des miettes" lors d'un entretien à Fafa TV le week-end dernier. Il a notamment affirmé qu'ils "étaient préoccupés par l'argent qui était à l'origine du massacre de Thiaroye".
Ces déclarations contrastent fortement avec l'hommage national rendu le 1er décembre dernier, où le président Diomaye Faye dirigeait personnellement les cérémonies du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, considéré comme l'une des pages les plus sombres de l'histoire coloniale française au Sénégal.
Face au tollé suscité par ses propos, particulièrement dans les médias, le ministre conseiller a tenté de s'expliquer via une longue publication sur les réseaux sociaux ce mardi 2' décembre 2024. Il y établit une distinction entre la commémoration du massacre, qu'il qualifie d'"acte lâche et ingrat perpétré par la France", et le rôle historique des tirailleurs eux-mêmes.
Remontant aux origines, il rappelle que le corps des tirailleurs fut "créé par décret de Napoleon 3 en 1857 sur demande de Louis Faidherbe qui était en manque d'effectifs dans les territoires à acquérir/maintenir." Une création qui, selon lui, pose question : "Comment pouvons-nous détester Faidherbe pour ce qu'il a fait et aimer son bras armé ?"
La controverse a rapidement pris une dimension politique. Le journaliste Ayoba du groupe Walfadjri a souligné la contradiction apparente : "Du coup, le président a honoré les traîtres, le 1er décembre ?" Son confrère Pape Alioune Sarr est allé plus loin, qualifiant ces propos de "deuxième loupé" après une précédente controverse sur les guides religieux, et s'interrogeant sur le maintien du ministre dans ses fonctions.
Dans sa tentative d'apaisement, Cheikh Oumar Diagne a présenté ses regrets aux personnes heurtées, tout en maintenant le fond de son analyse historique : "Nous avons tous des parents tirailleurs, nous prions pour eux et nous les respectons. Mais ils se battaient pour la France ; la France œuvrait pour exploiter les territoires et dominer les peuples. C'est cela la vérité."
Cette polémique intervient à un moment particulièrement sensible où le Sénégal s'efforce de réévaluer son histoire coloniale, entre reconnaissance des sacrifices des tirailleurs. Les récentes cérémonies de Thiaroye, marquant les 80 ans du massacre de ces soldats africains par l'armée française, avaient justement pour but d'honorer leur mémoire et de réclamer justice, rendant les propos du ministre d'autant plus controversés.
Source : SenePlus
Le Sénégal se retrouve au cœur d'une vive polémique sur la mémoire des tirailleurs, quelques semaines seulement après avoir commémoré en grande pompe les 80 ans du massacre de Thiaroye.
L'étincelle est venue de Cheikh Oumar Diagne, ministre conseiller et directeur des Moyens généraux de la présidence de la République, qui a qualifié les tirailleurs de "traîtres qui se sont battus contre leurs frères pour des miettes" lors d'un entretien à Fafa TV le week-end dernier. Il a notamment affirmé qu'ils "étaient préoccupés par l'argent qui était à l'origine du massacre de Thiaroye".
Ces déclarations contrastent fortement avec l'hommage national rendu le 1er décembre dernier, où le président Diomaye Faye dirigeait personnellement les cérémonies du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, considéré comme l'une des pages les plus sombres de l'histoire coloniale française au Sénégal.
Face au tollé suscité par ses propos, particulièrement dans les médias, le ministre conseiller a tenté de s'expliquer via une longue publication sur les réseaux sociaux ce mardi 2' décembre 2024. Il y établit une distinction entre la commémoration du massacre, qu'il qualifie d'"acte lâche et ingrat perpétré par la France", et le rôle historique des tirailleurs eux-mêmes.
Remontant aux origines, il rappelle que le corps des tirailleurs fut "créé par décret de Napoleon 3 en 1857 sur demande de Louis Faidherbe qui était en manque d'effectifs dans les territoires à acquérir/maintenir." Une création qui, selon lui, pose question : "Comment pouvons-nous détester Faidherbe pour ce qu'il a fait et aimer son bras armé ?"
La controverse a rapidement pris une dimension politique. Le journaliste Ayoba du groupe Walfadjri a souligné la contradiction apparente : "Du coup, le président a honoré les traîtres, le 1er décembre ?" Son confrère Pape Alioune Sarr est allé plus loin, qualifiant ces propos de "deuxième loupé" après une précédente controverse sur les guides religieux, et s'interrogeant sur le maintien du ministre dans ses fonctions.
Dans sa tentative d'apaisement, Cheikh Oumar Diagne a présenté ses regrets aux personnes heurtées, tout en maintenant le fond de son analyse historique : "Nous avons tous des parents tirailleurs, nous prions pour eux et nous les respectons. Mais ils se battaient pour la France ; la France œuvrait pour exploiter les territoires et dominer les peuples. C'est cela la vérité."
Cette polémique intervient à un moment particulièrement sensible où le Sénégal s'efforce de réévaluer son histoire coloniale, entre reconnaissance des sacrifices des tirailleurs. Les récentes cérémonies de Thiaroye, marquant les 80 ans du massacre de ces soldats africains par l'armée française, avaient justement pour but d'honorer leur mémoire et de réclamer justice, rendant les propos du ministre d'autant plus controversés.
Source : SenePlus