Dans le point n° 8 de son communiqué du 12 octobre 2009, le Groupe international de contact sur la Guinée écrit : « Le Groupe en appelle au Président du CNDD afin qu’il formalise, avant le 17 Octobre 2009, date limite fixée par la 204ème réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, l’engagement pris, que ni lui-même, ni les autres membres du CNDD, ni le Premier Ministre, ne se présenteront à l’élection présidentielle ; à défaut il appelle l’Union Africaine, les organisations régionales et internationales concernées a en tirer les conséquences et qu’elles prennent les mesures appropriées »
Le 17 octobre passé, Moussa Dadis Camara Président autoproclamé de la Guinée a brillé par un mutisme coupable en dépit même de l’offensive médiatique franco-américaine qui demande son départ. Sa stratégie est de faire dos large le temps que passe l’orage. La récente journée ville morte initiée par les syndicats avec un succès éclatant a fini de mettre à nue les mises en scènes burlesques de cet homme qui semble s’être trompé d’époque et de rôle. Il aurait pu bénéficier, si c’était dans les années sombres, de l’indulgence d’un occident qui, aujourd’hui semble avoir compris, plus par réalisme que par humanisme, que nous sommes à l’époque de la lumière et de la « non impunité ».
Dadis est une infraction de l’histoire et, cet accident doit être réparé le plus tôt possible.
Cependant, il ne doit pas servir d’épouvantail qui cacherait les bévues dans une CEDEAO et une Afrique où rares sont les chefs d’état modèles. Dans l’espace CEDEAO par exemple, hormis l’élégance du Ghana, le calme dynamique du Bénin, le Cap Vert démocratiquement solide et, le Mali, la quasi-totalité des quinze pays membres ne semblent pas être actuellement sur la bonne voie démocratique. Dans la plupart des autres états on sent les tares des démocraties africaines qui ont du mal à ôter les habits militaires, familiales, affairistes, ethnicistes ou régionalistes. Les modifications de constitution à la mesure du chef sont monnaie courante et ont souvent les mêmes effets que les verrouillages d’hier fusil au point. Changer la constitution à tout vent est une forme égoïste de coup contre l’état pour ne dire de coup d’état. Certains régimes africains actuellement en place sont dans une logique de survie et de conservation indéfinie d’un pouvoir unique gage pour eux d’impunité continue.
Nous savons tous que le cas Dadis est une hérésie qui sera résolu tôt ou tard parce qu’aucun état de l’espace CEDEAO n’a intérêt à laisser la folie mener vers le déchirement qui ira au-delà des frontières de la Guinée.
On ne mesure pas l’efficience à partir du pire des pires. Dadis ne doit pas servir de contre-référence pour bomber le torse et dire que l’enfer c’est l’autre donc le paradis c’est nous. L’épouvantail Dadis ne doit pas être le simple affreux qui renvoie la fausse image d’une perfection qui n’est pas. Dadis s’en ira et la question est de savoir que faire après Dadis ? Dadis doit partir et partira ; c’est une lapalissade. La question est simplement de savoir comment le faire partir le plus tôt possible sans embraser la sous région.
A l’évidence, la récente prise de position de la CEDEAO officielle sur la question guinéenne rencontre l’adhésion des masses africaines. La question est simplement de savoir jusqu’où iront les simples communiqués. Le terme « mesures appropriées » utilisé dans le communiqué de la CEDEAO est un vaste champ de possible qui peut aller jusqu’où ? Comment faire céder quelqu’un qui n’a d’autres arguments que son fusil et sa petite folie ? Dadis, qui sait qu’il ne pourra pas changer de planète, a la certitude que son sursis est lié à son maintien même illusoire et anachronique au pouvoir entre les murs du camp Alfa Yaya. Jusqu’où la CEDEAO ira après le communiqué pour sauver le peuple guinéen et la démocratie ? Jusqu’où la communauté internationale ira pour éviter demain un embrasement de la sous région ouest africaine ? Ces questions ne sont pas que politiques et humanitaires. Elles sont capitales pour l’avenir de l’Afrique qui sera paisible ou chaotique.
Après Dadis, restera la question de l’harmonisation des normes démocratiques dans la sous région ouest africaine qui n’a plus le droit d’héberger des dictatures d’épines ou de velours. La CEDEAO a déjà franchi un pas avec le protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance signé le 21 décembre 2001 à Dakar. Aujourd’hui, au-delà des protocoles, la CEDEAO doit oser aller vers une constitution standard immuable et un code électoral communautaire uniforme à imposer à tous les états. Elle doit aussi se donner les moyens militaires, au-delà de l’ECOMOG, de faire respecter la volonté des peuples au-delà des frontières des micro-états. Elle doit oser prendre le parti des peuples.
Pour arriver à ces règles standards, les partis politiques, la société civile et, les peuples de l’espace CEDEAO doivent initier la réflexion et pousser les officiels actuels qui doivent aussi commencer à balayer devant leur propre porte.
Une constitution uniforme et un code électoral communautaire, c’est du possible. Les gouvernements actuels doivent savoir que demain l’exigence démocratique sera et est déjà une demande incompressible qui seule, sera mieux à même de garantir le développement harmonieux de l’Afrique. Cette révolution ne viendra pas forcément de l’actuelle CEDEAO officielle. Elle doit venir des peuples qui doivent savoir que le sort de la sous région ouest africaine est indissociable. Nous avons tous quelque chose de guinéen mais nous avons tous « tout de CEDEAO ».
Quid du reste de l’Afrique ?
L’Afrique sera la somme des cohésions sous régionales. Il sera difficile d’avoir la somme des cohésions de cinquante trois états.
Mamadou NDIONE
Mandione15@gmail.com
Source : Sud Quotidien - Le 23 octobre 2009
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Sy Boubacar
Le 17 octobre passé, Moussa Dadis Camara Président autoproclamé de la Guinée a brillé par un mutisme coupable en dépit même de l’offensive médiatique franco-américaine qui demande son départ. Sa stratégie est de faire dos large le temps que passe l’orage. La récente journée ville morte initiée par les syndicats avec un succès éclatant a fini de mettre à nue les mises en scènes burlesques de cet homme qui semble s’être trompé d’époque et de rôle. Il aurait pu bénéficier, si c’était dans les années sombres, de l’indulgence d’un occident qui, aujourd’hui semble avoir compris, plus par réalisme que par humanisme, que nous sommes à l’époque de la lumière et de la « non impunité ».
Dadis est une infraction de l’histoire et, cet accident doit être réparé le plus tôt possible.
Cependant, il ne doit pas servir d’épouvantail qui cacherait les bévues dans une CEDEAO et une Afrique où rares sont les chefs d’état modèles. Dans l’espace CEDEAO par exemple, hormis l’élégance du Ghana, le calme dynamique du Bénin, le Cap Vert démocratiquement solide et, le Mali, la quasi-totalité des quinze pays membres ne semblent pas être actuellement sur la bonne voie démocratique. Dans la plupart des autres états on sent les tares des démocraties africaines qui ont du mal à ôter les habits militaires, familiales, affairistes, ethnicistes ou régionalistes. Les modifications de constitution à la mesure du chef sont monnaie courante et ont souvent les mêmes effets que les verrouillages d’hier fusil au point. Changer la constitution à tout vent est une forme égoïste de coup contre l’état pour ne dire de coup d’état. Certains régimes africains actuellement en place sont dans une logique de survie et de conservation indéfinie d’un pouvoir unique gage pour eux d’impunité continue.
Nous savons tous que le cas Dadis est une hérésie qui sera résolu tôt ou tard parce qu’aucun état de l’espace CEDEAO n’a intérêt à laisser la folie mener vers le déchirement qui ira au-delà des frontières de la Guinée.
On ne mesure pas l’efficience à partir du pire des pires. Dadis ne doit pas servir de contre-référence pour bomber le torse et dire que l’enfer c’est l’autre donc le paradis c’est nous. L’épouvantail Dadis ne doit pas être le simple affreux qui renvoie la fausse image d’une perfection qui n’est pas. Dadis s’en ira et la question est de savoir que faire après Dadis ? Dadis doit partir et partira ; c’est une lapalissade. La question est simplement de savoir comment le faire partir le plus tôt possible sans embraser la sous région.
A l’évidence, la récente prise de position de la CEDEAO officielle sur la question guinéenne rencontre l’adhésion des masses africaines. La question est simplement de savoir jusqu’où iront les simples communiqués. Le terme « mesures appropriées » utilisé dans le communiqué de la CEDEAO est un vaste champ de possible qui peut aller jusqu’où ? Comment faire céder quelqu’un qui n’a d’autres arguments que son fusil et sa petite folie ? Dadis, qui sait qu’il ne pourra pas changer de planète, a la certitude que son sursis est lié à son maintien même illusoire et anachronique au pouvoir entre les murs du camp Alfa Yaya. Jusqu’où la CEDEAO ira après le communiqué pour sauver le peuple guinéen et la démocratie ? Jusqu’où la communauté internationale ira pour éviter demain un embrasement de la sous région ouest africaine ? Ces questions ne sont pas que politiques et humanitaires. Elles sont capitales pour l’avenir de l’Afrique qui sera paisible ou chaotique.
Après Dadis, restera la question de l’harmonisation des normes démocratiques dans la sous région ouest africaine qui n’a plus le droit d’héberger des dictatures d’épines ou de velours. La CEDEAO a déjà franchi un pas avec le protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance signé le 21 décembre 2001 à Dakar. Aujourd’hui, au-delà des protocoles, la CEDEAO doit oser aller vers une constitution standard immuable et un code électoral communautaire uniforme à imposer à tous les états. Elle doit aussi se donner les moyens militaires, au-delà de l’ECOMOG, de faire respecter la volonté des peuples au-delà des frontières des micro-états. Elle doit oser prendre le parti des peuples.
Pour arriver à ces règles standards, les partis politiques, la société civile et, les peuples de l’espace CEDEAO doivent initier la réflexion et pousser les officiels actuels qui doivent aussi commencer à balayer devant leur propre porte.
Une constitution uniforme et un code électoral communautaire, c’est du possible. Les gouvernements actuels doivent savoir que demain l’exigence démocratique sera et est déjà une demande incompressible qui seule, sera mieux à même de garantir le développement harmonieux de l’Afrique. Cette révolution ne viendra pas forcément de l’actuelle CEDEAO officielle. Elle doit venir des peuples qui doivent savoir que le sort de la sous région ouest africaine est indissociable. Nous avons tous quelque chose de guinéen mais nous avons tous « tout de CEDEAO ».
Quid du reste de l’Afrique ?
L’Afrique sera la somme des cohésions sous régionales. Il sera difficile d’avoir la somme des cohésions de cinquante trois états.
Mamadou NDIONE
Mandione15@gmail.com
Source : Sud Quotidien - Le 23 octobre 2009
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Sy Boubacar