"Tous les régimes qui se sont succédés en Mauritanie, des indépendances à nos jours, ont très peu fait cas de la question des droits de l'homme, notamment les classes opprimées qui continuent depuis plus de quarante ans à souffrir, sans possibilité de recours ". C'est le constat fait par certains défenseurs des droits de l'Homme en Mauritanie, notamment le Fonadh, SOS-Esclaves et l'Initiative de résistance du mouvement abolitionniste (IRA), au cours d'une conférence de presse organisée samedi 14 mars 2009, en présence de plusieurs victimes. Durant leurs interventions, Boubacar Ould Messaoud, Me Fatimata MBaye et Birane Ould Dah Ould Abeid, ont tour à tour indiqué que l'esclavage, malgré l'existence d'une batterie de textes qui en criminalise la pratique, continue d'asservir des milliers de personnes, aussi bien en milieu rural que dans les grandes agglomérations du pays.
Confiscations d'héritage, spoliation de terres, déplacements massifs de populations de leurs localités attribuées à des personnes influentes, licenciements massifs sur la base ethniciste, passe-droits, discrimination dans l'obtention des pièces d'état-civil, sont entre autres selon eux, les tares qui minent la cohésion sociale et menacent l'unité nationale. Selon Birane Ould Dah Ould Abeid "nous avons 143 cas de violation des droits de l'Homme que nous avons soumis aux tribunaux et aux autorités administratives concernées, sans que les ayant droits n'aient trouvé la moindre satisfaction, à cause de la stratification de l'appareil administratif et judiciaire, totalement accaparé par les classes dominantes ou qui leur sont favorables ".
Héritage
Le cas de Vatimetou, qui après la mort de son mari à Nouakchott a vu tous ses biens récupérés par ses maîtres, et qui n'eut aucun gain de cause auprès de l'administration, est selon Birane, un exemple patent. "Finalement, dira-t-il, la femme a dû revoir les maîtres qui ont consenti au cours d'une réunion tenue en plein jour, sans même se cacher, lui rétrocéder une infime partie de l'héritage, conservant le gros du morceau ". Et encore, diront certains en substance, elle n'allait jamais obtenir elle et son enfant, ce que les maîtres ont bien voulu lui laisser, si l'affaire devait être tranchée par un Cadi.
Aznagua
Le cas de Cheikh Ould Boity est encore plus poignant. Ce ressortissant de Timbédra, de la classe des Aznaga, a vu ses champs brûlés en 2006, sa maison démolie, ses sœurs battues et rasées, lui-même ligoté et battu, avant que sa femme qui était en état de grossesse ne soit enlevée, pour mourir plus tard des séquelles de l'évènement. Leurs bourreaux circulent encore, selon lui, en toute liberté et n'ont jamais été inquiétés. Il s'agit de la famille de Ehel Bou et plusieurs personnalités d'envergure, dont d'anciens ministres, seraient impliquées dans ce pogrom. Un ancien Wali du Hodh Charghi, actuellement membre influent au Fndd y aurait même joué sa partition, avec le concours d'un ancien Secrétaire général du ministère de la Santé et un ancien Commissaire aux droits de l'homme tous membres de la tribu qui a exercé son droit de possession sur leur "Aznagui ". Des préfets et des magistrats sont également cités dans cette affaire que Cheikh Ould Boity n'a jamais cessé de poursuivre, inlassablement.
Spoliation
Le cas de Vatimetou Mint Gheli a été aussi mis sur la table. Cette femme, épouse d'un ancien militaire estropié de guerre, Lemine Ould Saadbou, traduit également l'injustice dont souffrent les populations faibles et sans influence. Son champ situé à Nbeïka, seule ressource de la famille, a été spolié par des galonnés de l'armée, dont un capitaine.
Déguerpis
Plus rocambolesque, les habitants de neuf localités, situées aux alentours du P.K 40 sur la route Nouakchott-Rosso (Gharva, Nkevil, Lemwassakh, Daga…), ont été priés de déguerpir de l'endroit où ils vivent depuis l'indépendance, là où quelques quadragénaires ont vu le jour, parce que l'administration venait d'attribuer toutes ces hectares à un homme d'affaires du nom de Adah Ould Ebi. Selon les représentants des localités en question, tout a commencé lorsque ce dernier est venu demander un emplacement où placer sa famille. Les habitants acceptent. Quelques temps après, ils le virent à bord d'un véhicule faire le tour de la zone en question en compagnie d'un topographe. Partis s'enquérir de la situation auprès du Wali de l'époque, Ahmedou Ould Cheikh Hadrami, ils déclarent que ce dernier leur dira n'être pas au courant. Le subdivisionnaire des Travaux publics, Diagana, dira aussi toute son ignorance avant que le topographe Abdallahi Ould Miské ne leur avoua avoir reçu des ordres du Wali pour délimiter cette zone au profit de Adah Ould Ebi, qui détenait des documents lui attribuant l'emplacement des localités en question. Plus tard, le Wali signera un arrêté en date du 12 décembre 2005, annulant la décision. Alors que les populations croyaient l'affaire close, le nommé Adah Ould Ebi avait entamé une procédure judiciaire qu'il achèvera, sans que les populations ne soient même pas une fois, informées de cette démarche. Ce n'est qu'une fois l'arrêté de la Cour suprême qui lui attribuait les neuf localités en poche, que les populations seront au courant. Mais c'était trop tard.
Les défenseurs des droits de l'Homme profitent de l'opportunité pour demander à l'élite politique et intellectuelle du pays à œuvrer pour que les questions des droits de l'homme fassent désormais partie de leur priorité dans le combat qu'elle mène pour la légalité constitutionnelle. Cet appel s'adresse aux forces progressistes, qu'elles soient du côté du Haut Conseil d'Etat ou du Fndd, car l'accumulation d'injustices et de frustrations dans une société aussi contrastée que la Mauritanie, est selon tous les observateurs, préjudiciables à la stabilité et à la paix civile dans le pays.
La conférence de presse a été aussi le lieu d'un long débat sur la Cour pénale internationale et le mandat d'arrêt lancé contre le président du Soudan, Omar El Béchir. Selon les défenseurs des droits de l'Homme, ce mandant d'arrêt est justifié, par delà toutes les considérations d'ordre subjectif et toutes les appréhensions sur les décisions et les objectifs réels de cette cour. En définitive, la CPI serait selon eux, l'épée de Damoclès suspendu sur la tête de tous les dictateurs et de tous les Chefs d'Etat qui oppriment et assassinent leur peuple.
L´AUTHENTIQUE
Confiscations d'héritage, spoliation de terres, déplacements massifs de populations de leurs localités attribuées à des personnes influentes, licenciements massifs sur la base ethniciste, passe-droits, discrimination dans l'obtention des pièces d'état-civil, sont entre autres selon eux, les tares qui minent la cohésion sociale et menacent l'unité nationale. Selon Birane Ould Dah Ould Abeid "nous avons 143 cas de violation des droits de l'Homme que nous avons soumis aux tribunaux et aux autorités administratives concernées, sans que les ayant droits n'aient trouvé la moindre satisfaction, à cause de la stratification de l'appareil administratif et judiciaire, totalement accaparé par les classes dominantes ou qui leur sont favorables ".
Héritage
Le cas de Vatimetou, qui après la mort de son mari à Nouakchott a vu tous ses biens récupérés par ses maîtres, et qui n'eut aucun gain de cause auprès de l'administration, est selon Birane, un exemple patent. "Finalement, dira-t-il, la femme a dû revoir les maîtres qui ont consenti au cours d'une réunion tenue en plein jour, sans même se cacher, lui rétrocéder une infime partie de l'héritage, conservant le gros du morceau ". Et encore, diront certains en substance, elle n'allait jamais obtenir elle et son enfant, ce que les maîtres ont bien voulu lui laisser, si l'affaire devait être tranchée par un Cadi.
Aznagua
Le cas de Cheikh Ould Boity est encore plus poignant. Ce ressortissant de Timbédra, de la classe des Aznaga, a vu ses champs brûlés en 2006, sa maison démolie, ses sœurs battues et rasées, lui-même ligoté et battu, avant que sa femme qui était en état de grossesse ne soit enlevée, pour mourir plus tard des séquelles de l'évènement. Leurs bourreaux circulent encore, selon lui, en toute liberté et n'ont jamais été inquiétés. Il s'agit de la famille de Ehel Bou et plusieurs personnalités d'envergure, dont d'anciens ministres, seraient impliquées dans ce pogrom. Un ancien Wali du Hodh Charghi, actuellement membre influent au Fndd y aurait même joué sa partition, avec le concours d'un ancien Secrétaire général du ministère de la Santé et un ancien Commissaire aux droits de l'homme tous membres de la tribu qui a exercé son droit de possession sur leur "Aznagui ". Des préfets et des magistrats sont également cités dans cette affaire que Cheikh Ould Boity n'a jamais cessé de poursuivre, inlassablement.
Spoliation
Le cas de Vatimetou Mint Gheli a été aussi mis sur la table. Cette femme, épouse d'un ancien militaire estropié de guerre, Lemine Ould Saadbou, traduit également l'injustice dont souffrent les populations faibles et sans influence. Son champ situé à Nbeïka, seule ressource de la famille, a été spolié par des galonnés de l'armée, dont un capitaine.
Déguerpis
Plus rocambolesque, les habitants de neuf localités, situées aux alentours du P.K 40 sur la route Nouakchott-Rosso (Gharva, Nkevil, Lemwassakh, Daga…), ont été priés de déguerpir de l'endroit où ils vivent depuis l'indépendance, là où quelques quadragénaires ont vu le jour, parce que l'administration venait d'attribuer toutes ces hectares à un homme d'affaires du nom de Adah Ould Ebi. Selon les représentants des localités en question, tout a commencé lorsque ce dernier est venu demander un emplacement où placer sa famille. Les habitants acceptent. Quelques temps après, ils le virent à bord d'un véhicule faire le tour de la zone en question en compagnie d'un topographe. Partis s'enquérir de la situation auprès du Wali de l'époque, Ahmedou Ould Cheikh Hadrami, ils déclarent que ce dernier leur dira n'être pas au courant. Le subdivisionnaire des Travaux publics, Diagana, dira aussi toute son ignorance avant que le topographe Abdallahi Ould Miské ne leur avoua avoir reçu des ordres du Wali pour délimiter cette zone au profit de Adah Ould Ebi, qui détenait des documents lui attribuant l'emplacement des localités en question. Plus tard, le Wali signera un arrêté en date du 12 décembre 2005, annulant la décision. Alors que les populations croyaient l'affaire close, le nommé Adah Ould Ebi avait entamé une procédure judiciaire qu'il achèvera, sans que les populations ne soient même pas une fois, informées de cette démarche. Ce n'est qu'une fois l'arrêté de la Cour suprême qui lui attribuait les neuf localités en poche, que les populations seront au courant. Mais c'était trop tard.
Les défenseurs des droits de l'Homme profitent de l'opportunité pour demander à l'élite politique et intellectuelle du pays à œuvrer pour que les questions des droits de l'homme fassent désormais partie de leur priorité dans le combat qu'elle mène pour la légalité constitutionnelle. Cet appel s'adresse aux forces progressistes, qu'elles soient du côté du Haut Conseil d'Etat ou du Fndd, car l'accumulation d'injustices et de frustrations dans une société aussi contrastée que la Mauritanie, est selon tous les observateurs, préjudiciables à la stabilité et à la paix civile dans le pays.
La conférence de presse a été aussi le lieu d'un long débat sur la Cour pénale internationale et le mandat d'arrêt lancé contre le président du Soudan, Omar El Béchir. Selon les défenseurs des droits de l'Homme, ce mandant d'arrêt est justifié, par delà toutes les considérations d'ordre subjectif et toutes les appréhensions sur les décisions et les objectifs réels de cette cour. En définitive, la CPI serait selon eux, l'épée de Damoclès suspendu sur la tête de tous les dictateurs et de tous les Chefs d'Etat qui oppriment et assassinent leur peuple.
L´AUTHENTIQUE