La justice du Royaume de Belgique vient de confirmer la recevabilité de la plainte, déposée par des victimes de massacres racistes, contre le Colonel Ould Sid’Ahmed Taya, ancien Chef de l’Etat, renversé, le 3 août 2005 et actuellement en exil au Qatar. Les parties sont d’anciens militaires négro-africains, membres de l’Aide aux Veuves et Orphelins de Militaires Mauritaniens (AVOMM).
L’instruction, pour crimes contre l’humanité et crimes de disparition, peut alors commencer, d’où le probable envoi d’une commission d’enquête, en Mauritanie et la publication d’un mandat d’arrêt international contre l’ancien président.
A cette occasion, Conscience et Résistance demande, instamment, au gouvernement de transition, de déclasser tous les dossiers susceptibles d’établir la vérité sur la chaîne de commandement et les complicités ayant abouti, entre 1989 et 1991, à l’élimination physique de centaines de soldats et d’officiers issus des ethnies non arabophones du Sud. Une année auparavant, à cause d’un différent avec le Sénégal, de nombreux citoyens de deux pays furent contraints au rapatriement forcé, après des journées de tueries, de part et d’autre de la frontière.
Lors et pendant les semaines qui suivirent, le pouvoir mauritanien ordonna la déportation de milliers de ses citoyens négro-africains. La campagne qui impliquait les forces armées et de sécurité, la police politique et l’administration territoriale occasionna des homicides à grande échelle, accompagnées d’exactions, de pillages et d’expropriation, toujours à l’œuvre. Beaucoup de villages, du versant mauritanien de la Vallée, se repeuplèrent sur la base d’une nouvelle identité ethnique et perdirent leurs noms originels, au profit de dénominations arabes.
La majorité des rescapés survit, depuis, dans des camps de fortune au Sénégal et au Mali, lieux de détresse abandonnés par le Haut Commissariat aux Réfugiés.
Jusqu’à ce jour, aucun auteur de ces abus n’a fait l’objet d’une audition par un juge mauritanien ; en 1993, le Parlement entièrement acquis au Colonel Sid’Ahmed Ould Taya, votait une loi d’amnistie - le terme est impropre en l’absence d’une condamnation préalable - qui soustrait, aux tribunaux, tous les responsables de la tragédie.
Nombre d’entre eux, continuent à occuper des fonctions sensibles dans le commandement militaire et la fonction publique. Ils sont tous arabophones et, de ce fait même, bénéficient de l’immunité tacite où s’enracine tout système de discrimination : parce qu’ils appartiennent au groupe dominant, ils s’estiment en droit de revendiquer l’indulgence de la loi.
L’impunité ne se vérifie pas seulement à un tel niveau de gravité ; en matière de mauvaise gestion, de détournements de biens publics, de trafic d’influence et de privilèges et jusqu’aux crimes de droits commun, la même inégalité prévaut. Les tribus maures forment un mur en reconstruction permanente, au-delà duquel cesse la souveraineté du droit.
Le coup d’Etat pacifique du 3 août 2005, au prétexte de la paix civile et de la réussite de la transition, n’entraîne aucune remise en cause du statu quo ante. En conséquence de quoi, il est assez probable que le futur régime civil hériterait d’une crise de destin à laquelle la Mauritanie succomberait, entraînant, alors, le retour des militaires au pouvoir. Le Président du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie avait, à mainte reprises, signifié une hostilité sans nuances au jugement de son prédécesseur ; le parti pris ne fait pas l’unanimité au sein de la junte et soulève l’indignation des ONG de défense des droits de l’Homme et des principaux partis de l’ex opposition.
Cependant, la décision de la Justice belge, par sa référence au principe de la compétence universelle, offre, aux autorités provisoires, le moyen de lever une part du fardeau qui pèse sur le devenir du pays : l’ancien Chef de l’Etat, seul objet de la plainte, ne protégeait les exécutants que pour mieux couvrir sa propre culpabilité. Son procès, de surcroît hors du territoire national, permettrait d’envisager, sans trop de frustration de part et d’autre de la double identité du pays, le débat sur soi que la Mauritanie diffère, tant, depuis sa naissance.
C&R
L’instruction, pour crimes contre l’humanité et crimes de disparition, peut alors commencer, d’où le probable envoi d’une commission d’enquête, en Mauritanie et la publication d’un mandat d’arrêt international contre l’ancien président.
A cette occasion, Conscience et Résistance demande, instamment, au gouvernement de transition, de déclasser tous les dossiers susceptibles d’établir la vérité sur la chaîne de commandement et les complicités ayant abouti, entre 1989 et 1991, à l’élimination physique de centaines de soldats et d’officiers issus des ethnies non arabophones du Sud. Une année auparavant, à cause d’un différent avec le Sénégal, de nombreux citoyens de deux pays furent contraints au rapatriement forcé, après des journées de tueries, de part et d’autre de la frontière.
Lors et pendant les semaines qui suivirent, le pouvoir mauritanien ordonna la déportation de milliers de ses citoyens négro-africains. La campagne qui impliquait les forces armées et de sécurité, la police politique et l’administration territoriale occasionna des homicides à grande échelle, accompagnées d’exactions, de pillages et d’expropriation, toujours à l’œuvre. Beaucoup de villages, du versant mauritanien de la Vallée, se repeuplèrent sur la base d’une nouvelle identité ethnique et perdirent leurs noms originels, au profit de dénominations arabes.
La majorité des rescapés survit, depuis, dans des camps de fortune au Sénégal et au Mali, lieux de détresse abandonnés par le Haut Commissariat aux Réfugiés.
Jusqu’à ce jour, aucun auteur de ces abus n’a fait l’objet d’une audition par un juge mauritanien ; en 1993, le Parlement entièrement acquis au Colonel Sid’Ahmed Ould Taya, votait une loi d’amnistie - le terme est impropre en l’absence d’une condamnation préalable - qui soustrait, aux tribunaux, tous les responsables de la tragédie.
Nombre d’entre eux, continuent à occuper des fonctions sensibles dans le commandement militaire et la fonction publique. Ils sont tous arabophones et, de ce fait même, bénéficient de l’immunité tacite où s’enracine tout système de discrimination : parce qu’ils appartiennent au groupe dominant, ils s’estiment en droit de revendiquer l’indulgence de la loi.
L’impunité ne se vérifie pas seulement à un tel niveau de gravité ; en matière de mauvaise gestion, de détournements de biens publics, de trafic d’influence et de privilèges et jusqu’aux crimes de droits commun, la même inégalité prévaut. Les tribus maures forment un mur en reconstruction permanente, au-delà duquel cesse la souveraineté du droit.
Le coup d’Etat pacifique du 3 août 2005, au prétexte de la paix civile et de la réussite de la transition, n’entraîne aucune remise en cause du statu quo ante. En conséquence de quoi, il est assez probable que le futur régime civil hériterait d’une crise de destin à laquelle la Mauritanie succomberait, entraînant, alors, le retour des militaires au pouvoir. Le Président du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie avait, à mainte reprises, signifié une hostilité sans nuances au jugement de son prédécesseur ; le parti pris ne fait pas l’unanimité au sein de la junte et soulève l’indignation des ONG de défense des droits de l’Homme et des principaux partis de l’ex opposition.
Cependant, la décision de la Justice belge, par sa référence au principe de la compétence universelle, offre, aux autorités provisoires, le moyen de lever une part du fardeau qui pèse sur le devenir du pays : l’ancien Chef de l’Etat, seul objet de la plainte, ne protégeait les exécutants que pour mieux couvrir sa propre culpabilité. Son procès, de surcroît hors du territoire national, permettrait d’envisager, sans trop de frustration de part et d’autre de la double identité du pays, le débat sur soi que la Mauritanie diffère, tant, depuis sa naissance.
C&R