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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Un homme d’origine malienne inhumé par erreur au Sénégal après l’inversion de deux corps dans un hôpital français


La famille d’Ibrahima Traoré compte attaquer en justice le centre hospitalier de Corbeil-Essonnes, où sa dépouille a été confondue avec celle d’un autre sexagénaire.



Toute la nuit, il avait appréhendé cette épreuve. « Laver le corps de son père… Quelle hantise ! Et même ça, on me l’a enlevé », souffle Abass Traoré. Le 10 mars, à 10 heures, lui et son petit frère ont rendez-vous dans une salle funéraire du Centre hospitalier sud francilien de Corbeil-Essonnes (Essonne) pour assister à la toilette mortuaire de leur père, Ibrahima Traoré, mort d’un arrêt cardiaque huit jours plus tôt, en plein ramadan.

Mohamed Yassine, l’imam, les attend devant la dépouille, prête pour les ultimes ablutions. « Je les vois ouvrir la porte, murmurer “Excusez-moi” et la refermer aussitôt », se souvient-il. Interloqué, il les interpelle :

« Vous êtes les enfants du défunt ?

— Oui, c’est nous.

— Je suis avec votre père.

— Désolé, ce n’est pas notre père. »

« C’est le choc », confie Mohamed Yassine. Où est donc passé Ibrahima Traoré ? Et qui est cet homme devant eux ? « C’est peut-être une grosse bourde », pense-t-il alors. Il se dirige vers la morgue et demande à un agent de la chambre mortuaire si un M. Traoré est encore là. « Il me répond qu’il ne reste que des Blancs et que le dernier Africain est parti vendredi [7 mars] à Dakar », se souvient-il.
« Leurs visages n’ont rien à voir »

Lors de la préparation du corps, l’imam avait déjà noté l’absence de bracelet d’identification, pourtant obligatoire, au poignet ou à la cheville. « Je ne m’étais pas inquiété, la famille allait forcément reconnaître son proche », explique-t-il, encore troublé. Bientôt, il va comprendre l’ampleur de l’erreur : Ibrahima Traoré, 66 ans, d’origine malienne, a déjà été inhumé à Dakar alors qu’il devait reposer à Bamako, sur sa terre natale. On l’a confondu avec un autre homme, Ibrahim ou Ibrahima M., un Sénégalais d’une soixantaine d’années.


« D’abord, on nous a expliqué qu’il y a eu une confusion entre deux Traoré, puis entre deux Ibrahima, puis entre un Ibrahima et un Ibrahim, s’agace Awa Traoré, 32 ans. Tout est incohérent dans l’histoire de mon père. » Depuis, la famille Traoré est désemparée et fulmine contre cet hôpital qu’elle considère comme « incompétent » et « négligent ». « C’est parce qu’ils sont Noirs et que tous les Noirs se ressemblent qu’on a mélangé les corps ? », tonne Abass Traoré, 34 ans.

Il n’a pas apprécié l’attitude d’un des responsables de l’établissement qui a fini par appeler la police « parce qu’il y avait un peu de tension », rapporte Mohamed Yassine. « Ce responsable souriait et nous faisait comprendre que l’hôpital s’était certes trompé mais que ce n’était pas trop grave », assure le fils. « Et quelqu’un a osé dire : “Ça va, il n’y a pas mort d’homme” », s’indigne Awa Traoré, encore en colère.



Pourtant, Ibrahima Traoré et « Ibrahima M. » ne se ressemblent pas : le premier est grand, chauve, légèrement barbu, à la peau claire ; le second plus petit, plus jeune et plus foncé. « Comment ont-ils pu se tromper ? Leurs visages n’ont rien à voir », martèle Abass Traoré. Le Monde a pu joindre la personne qui a lavé le corps d’Ibrahima Traoré. Il confirme que le bracelet indiquait le nom d’« Ibrahim ou Ibrahima M. ». « L’hôpital s’est trompé mais je n’y suis pour rien, souligne-t-il. La morgue me ramène le corps jusqu’à la table et moi, après, je fais mon travail. »

L’employé des pompes funèbres était seul, relate-t-il, avec la dépouille dans le laboratoire (le nom donné à la pièce dévolue à la toilette mortuaire au sein de l’hôpital). Puis, lors du recueillement, lorsque le défunt – enveloppé dans un linceul, où le visage reste à découvert – est présenté dans le cercueil, aucune des nombreuses personnes présentes – une cinquantaine, a appris Mohamed Yassine – n’a remarqué que leur proche n’était pas « Ibrahima M. ». « Comment est-ce possible ? », s’interroge encore Mohamed Yassine.

Une Algérienne enterrée au Maroc

Selon le ministère des affaires étrangères, le consulat de France à Dakar n’a pas été saisi de cette affaire ; une société privée a été chargée de faire les démarches administratives auprès des autorités sénégalaises afin d’exhumer le cercueil et de le rapatrier à Paris. La dépouille aurait pu être acheminée par route jusqu’à Bamako, « mais c’est hors de question », clame Abass Traoré. « Il faut qu’on identifie le corps de notre père et ça doit passer par un test ADN. L’hôpital aurait pu se tromper avec d’autres personnes noires, argue Awa Traoré. Et s’il a été victime d’un trafic d’organes ? »


Du côté du Centre hospitalier sud francilien, la direction s’est publiquement excusée dans un communiqué et a reconnu son erreur. L’établissement s’est engagé à rembourser les billets d’avion prévus dans le cadre de l’inhumation de M. Traoré, à « organiser un rapatriement rapide » du corps en France et a diligenté une enquête administrative « afin de comprendre les raisons d’un tel incident pour qu’une telle situation ne puisse pas se reproduire ».


Nordine Ghilli, président d’Elamen, l’entreprise de pompes funèbres musulmanes qui s’est occupée des obsèques de M. Traoré, indique que le problème des inversions de corps est « une bévue » qui arrive « malheureusement encore de temps à autre ». Il évoque le cas d’une Algérienne qui a été enterrée au Maroc à la place d’une Marocaine, inhumée en Algérie ; ou l’histoire d’une femme des Balkans « crématisée » il y a plusieurs années au lieu d’une autre. « Il faut que cela cesse, même les rares cas sont de trop », estime M. Ghilli, qui a constaté « plus de rigueur dans les contrôles des agents des chambres mortuaires depuis l’affaire de M. Traoré ».

Aujourd’hui, la famille d’Ibrahima Traoré, qui réside à Melun (Seine-et-Marne), attend le retour de son défunt en France. « La situation est pénible pour mon petit frère et ma sœur, soupire Abass Traoré. Et ne parlons pas de ma mère : quarante ans de mariage avec mon père… C’est un ramadan éprouvant. » Une fois le deuil et l’inhumation à Bamako accomplis, il a promis d’attaquer l’hôpital de Corbeil-Essonnes en justice afin que « sa faute ne reste pas impunie ».

Mustapha Kessous

Source : Le Monde
Mardi 18 Mars 2025 - 12:14
Mardi 18 Mars 2025 - 12:17
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