Le discours
"Citoyens, Citoyennes,
Je m'adresse à vous aujourd'hui alors que vous suivez les démarches en cours pour engager une motion de censure contre le gouvernement, ce qui constitue un précédent dans l'histoire du pays.
Je m'adresse à vous pour réaffirmer tout d'abord mon solide attachement à l'option démocratique qui m'a permis de gagner votre précieuse confiance quand je m'étais engagé à servir le pays avec sincérité, sérieux et dévouement. Je voudrais vous réaffirmer ensuite ma détermination à œuvrer, sur la base de cette confiance et conformément à mes responsabilités constitutionnelles, à consolider cette option et à la préserver contre toute dérive et ce, quel qu'en soit le prix.
Je m'adresse à vous aussi, tout en étant profondément convaincu qu'il est du droit des députés et, mieux, de leur devoir d'assumer leur mission naturelle de contrôler l'action du Gouvernement, de lui demander des comptes et, au besoin, d'exprimer leur défiance à son égard.
Toutefois, comme vous, je me pose la question sur les mobiles et les visées réelles qui sous-tendent, à ce moment et dans ces conditions précises, les actions visant la défiance à l'égard d'un gouvernement à peine installé.
Vous savez, comme moi, que les mobiles invoqués, de façon explicite ou implicite, sont divers. Certains d'entre eux, par exemple, relèvent d'ambitions personnelles ; d'autres sont l'expression de reproches de militants à l'égard de leur formation politique alors qu'en partie aussi il y en a qui procèdent du refus de l'élargissement de la majorité présidentielle et dans certains autres cas, ces mobiles relèvent d'un désir de réformes et d'une crainte de retour vers des pratiques du passé. Toutes ces raisons invoquées, en dépit de l'importance de certaines d'entre elles, ne justifient pas la situation qui prévaut à l'heure actuelle.
Les ambitions personnelles pourraient bien être légitimes mais ce procédé n'est pas le meilleur moyen pour y parvenir. Les institutions constitutionnelles sont beaucoup plus importantes pour servir de tremplin à de telles ambitions. Pour ce qui est des reproches que certains font à leur parti, il s'agit de questions qui peuvent être traitées au sein des formations politiques ou à travers tout autre procédé légitime qui ne conduit pas au blocage des institutions.
S'agissant de l'élargissement de la majorité présidentielle, il convient de souligner que c'est là un noble dessein pour toute majorité qui voudrait gouverner de manière plus confortable, particulièrement si ceux qui l'ont rejointe partagent avec elle l'essentiel du programme d'action, surtout pour un pays comme le nôtre où l'on éprouve un besoin réel de cohésion et de resserrement des rangs.
Par contre, je voudrais rassurer ceux qui visent sincèrement la réalisation des réformes en leur disant que leur objectif est le mien et qu'il est le fondement du contrat qui me lie avec tous mes collaborateurs, quel que soit le niveau qu'ils occupent au sein de l'appareil étatique, abstraction faite de leur profil et des positions qui ont été les leurs par le passé. Mon vœu le plus cher est que l'option de réforme soit une exigence de tous les élus, un comportement pour chaque fonctionnaire et un objectif pour chaque citoyen. Je resterai attentivement à l'écoute de tous ceux qui formulent des critiques objectives et désirent, en toute sincérité, la conduite des réformes.
En ce qui concerne les rumeurs qui circulent au sujet de la relation entre le Président de la République et certains officiers supérieurs, je souligne que ces officiers exercent pleinement les charges professionnelles qui leur sont imparties et méritent, de ce fait, ma confiance dont ils jouissent de façon entière. Je compte d'abord sur Allah, puis sur l'ensemble des éléments des nos forces armées et de sécurité pour la poursuite, dans les règles de l'art, des nobles missions assignées à ces corps.
Citoyens, Citoyennes,
Les démarches engagées visant la défiance à l'égard du gouvernement suscitent l'étonnement pour deux raisons :
La première est que la plupart des initiateurs de la motion de censure appartiennent au parti qui dirige le gouvernement en sa qualité de formation disposant de la majorité d'élus au sein du parlement. Il est tout à fait paradoxal que les députés de la majorité s'élèvent contre leur propre gouvernement et qu'ils veuillent marquer leur défiance à l'égard d'un gouvernement dont ils sont censés être le soutien naturel.
La seconde raison est que le gouvernement n'a même pas encore eu à présenter son programme politique pour que celui-ci soit accepté ou rejeté en toute connaissance de cause.
De surcroît, il s'agit d'un gouvernement qui, venant d'être formé, n'a pas fait le minimum de temps permettant de juger objectivement ses performances. Quelles sont alors les véritables motivations de la défiance à l'égard d'un gouvernement installé seulement depuis un mois et demi ? Pourquoi cet empressement et cette propension excessive à lui faire supporter des erreurs qu'il n'a même pas eu le temps de commettre ?
Citoyens, Citoyennes,
Tout en créditant de bonne foi les initiateurs de la motion de censure et ceux qui les ont rejoints et en les remerciant pour le soutien qu'ils m'ont réitéré dans leurs déclarations ainsi que pour leur disponibilité à travailler avec moi à la réalisation du programme politique pour lequel les citoyens m'ont élu, je les convie tous à réviser leur position et à mettre un terme à une initiative qui est de nature à perturber le fonctionnement de nos institutions constitutionnelles et à menacer leur stabilité.
Je les convie tous à ne pas me laisser penser que la confiance dont je les crédite n'est pas au bon endroit et me conduire ainsi à assumer pleinement mes responsabilités constitutionnelles, y compris la possibilité de dissoudre l'assemblée nationale.
Je souhaiterai ne pas être astreint à une telle décision parce que je suis conscient qu'une telle option nous coûtera du temps, des efforts et des moyens que je souhaite voir consentis au profit du développement de notre pays, de l'amélioration de la sécurité alimentaire, de l'éducation, de la santé et de tout ce qui peut contribuer au bien être de notre cher peuple.
Toutefois, je n'hésiterai pas à prendre cette décision s'il m'apparaît que cela est nécessaire pour redresser la situation, consolider la démocratie et éviter que les immenses espaces de liberté ne soient détournées de leur objectif et exploitées aux fins de blocage de l'action du gouvernement et de dégradation de l'image de l'institution législative.
Quelle que soit par ailleurs la décision que je serai amené à prendre, je demeurerai attaché à la tradition de concertation qui a, dès le départ, été le fondement de notre action. Je veillerai à ce que notre peuple continue à jouir des opportunités que lui confère notre jeune expérience démocratique en matière de liberté, de cohésion et d'audience à l'échelle internationale.
ALLAH dit :" Consulte-les dans la conduite des affaires; mais une fois ta résolution prise, confie-toi à ALLAH ; ALLAH aime, en vérité, ceux qui se confient à Lui ".
Vive la Mauritanie, libre, démocratique et unie
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Source: ANI
(M) avomm