OBSEQUES DE NDONGO LO - HOPITAL PRINCIPAL - A la levée du corps : L’ultime scène de Ndongo
Hier, l’hôpital Principal a été le lieu de la dernière rencontre entre le chanteur Ndongo Lô et des fans, parents et amis. Tous venus en masse lui rendre un dernier hommage à l’occasion de la levée du corps. Tristesse, pleurs et consternation ont été les sentiments les mieux partagés hier matin.
La voix de l’Imam tonne et résonne dans les cœurs. Distillant des versets du saint coran. La scène ne se passe pas dans une mosquée, mais bien dans la cour de la morgue de l’hôpital Principal de Dakar où le chanteur de Pikine, Ndongo Lô, passe ses derniers instants sur terre avant de regagner Touba, où il sera inhumé. Cette belle voix invoquant le pardon de Dieu pour ce jeune chanteur décédé avant-hier est relayée par des notes de Khassaïdes distillées à partir d’un véhicule stationné devant le portail principal de la morgue. L’amour et l’adoration du défunt à son guide vénéré Serigne Touba obligent.
En ce jour, l’évocation du nom de Ndongo Lô, qui était source de bonheur pour ses fans, est synonyme de tristesse. Ce sentiment, ajouté à la consternation, se lit sur tous les visages bouffis par les pleurs. Point de sourire ou de visage radieux. Les alentours de l’hôpital Principal dégagent le deuil. Et ils sont des milliers d’hommes, de femmes, de jeunes et de vieux qui ont pris d’assaut les lieux pour rendre un dernier hommage et dire adieu au parent, à l’ami et à l’idole. Difficile de se frayer un passage. Les gens se sont massés le long des routes qui quadrillent la structure hospitalière. Avec comme unique objectif : voir de leurs propres yeux, entrendre de leurs propres oreilles les différents témoignages adressés à Ndongo. La conséquence inévitable : difficile de faire le moindre pas sans piétiner quelqu’un. Une situation le plus souvent source de tension. D’où l’intervention permanente des forces de l’ordre pour calmer les ardeurs. Un exercice difficile, compte tenu de la détermination de la foule à vouloir accéder dans l’enceinte de la morgue qui a fait le plein dès les premières heures de la matinée.
Parmi les premiers à se présenter, les autorités gouvernementales. Le ministre de la Santé, Issa Mbaye Samb, suivi du maire de Dakar, Pape Diop, et de ses collègues de Pikine et de Rufisque, Daour Niang Ndiaye et Ndiawar Touré. C’était au tour de Ousmane Ngom et de Moustapha Sourang de s’inviter à la levée du corps du désormais ex-lead vocal du groupe «Jaam».
PLEURS ET CRISE D’HYSTERIE
Ce lot de personnalités est complété par les artistes endeuillés sur les visages de qui se lisent le désarroi et la tristesse. En ce moment, au-dehors, la foule se massifie davantage. Si les uns psalmodient, chapelet à la main, d’autres, moins stoïques, éclatent en sanglots. Si ce sont les filles qui se sont le plus illustrées dans les cris, certains hommes n’ont pas réussi à dissimuler leur consternation car, trahis, par moments, par des larmes qu’ils ne pouvaient retenir.
Au fil des minutes, l’assistance grossit davantage. L’on ne peut déterminer avec exactitude le nombre d’élèves et de travailleurs qui ont séché les cours ou déserté les bureaux pour rendre un dernier hommage à l’enfant de Pikine. Même les occupants des immeubles environnants, qui des fenêtres, qui de leur balcon, ont tenu à participer, à leur manière, à cette levée du corps.
Devant cette situation qui devient par moments intenable du fait des agissements incontrôlables de certains fans, l’atmosphère s’alourdit. Ce cri lancé par une jeune fille, la trentaine bien sonnée, est ressenti comme un coup de poignard dans le cœur des personnes présentes. Tenaillée par une tristesse qu’elle a du mal à exprimer, la fille s’affale et tombe par terre. Quelques personnes s’affairent autour d’elle pour la ramener à la raison. Mais, son geste semble doper les autres qui, telle une synchronisation, se laissent emporter par des pleurs. Par contre, un vieux, plus résistant, tente de les calmer. En vain.
Dans l’enceinte de la morgue, les témoignages fusent de toutes parts bien que certaines personnes semblent toujours douter de la véracité de la nouvelle. «Moi, je ne peux pas y croire. Ndongo Lô n’est pas mort», délire un homme. «Il faut prier que Dieu lui pardonne et l’accueille en son paradis», rétorque un jeune. Pendant ce temps, le protocole se poursuit et les témoignages redoublent d’intensité. Hommes politiques, artistes, sportifs et religieux se succèdent au micro. Si les uns parviennent à délivrer leur message, celui des autres a été entrecoupé par des silences qui témoignent de l’ampleur de la tristesse qui noue les voix. Un spectacle qui n’a fait qu’accentuer la tristesse de la foule.
LA FAUSSE ALERTE
Les heures passent et les gens s’impatientent. «Il est vraiment temps de passer à l’essentiel car, on ne peut pas tout dire ici», rouspètent certains. C’est sur ces entrefaites que le portable de Serigne Djily Mbacké, frère de Serigne Abdourahmane, le marabout de Ndongo Lô, sonne. Quelques minutes de communication ont suffi pour que ce dernier interpelle le maître de cérémonie, Abdoulaye Mbaye Pèkh. Ce dernier s’empare du micro et délivre le message : «Le père du défunt vient d’appeler pour dire que son marabout et tout Touba attendent la dépouille mortelle. Donc, le marabout ordonne de faire des prières avant d’acheminer le corps vers la ville sainte.»
Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais, sortir la dépouille devient un exercice impossible car, la foule massée dehors se joint à celle de l’enceinte, créant ainsi des bousculades indescriptibles. Cela, malgré les interventions des forces de l’ordre dépassées par les évènements. Mêmes les appels à l’ordre des personnalités n’y font rien. «Sortez pour céder la place au corbillard», insiste-t-on. Peine perdue.
Les plus proches du défunt prennent les choses en main et parviennent à frayer un passage au corbillard sous les yeux attentifs de la foule. Après quelques va-et-vient, le véhicule démarre sous la bonne escorte de deux motards. Des jeunes s’agrippent à la carrosserie et le cortège s’ébranle. Les cris se mélangent à la sirène des motos. Le spectacle est désolant. Les filles tombent en transe et des gens se mettent à la poursuite du cortège. C’était une fausse alerte ! Une manœuvre bien orchestrée pour prévenir toute réaction : le corbillard est vide. La dépouille a été installée à bord d’une ambulance qui est sortie par l’entrée principale de l’hôpital, loin de tout soupçon. La morgue se vide peu à peu de son contenu du jour, suivi par l’escorte des autorités et des artistes en route pour Touba. La dernière demeure de Ndongo Lô.
Ndiaga NDIAYE
Hier, l’hôpital Principal a été le lieu de la dernière rencontre entre le chanteur Ndongo Lô et des fans, parents et amis. Tous venus en masse lui rendre un dernier hommage à l’occasion de la levée du corps. Tristesse, pleurs et consternation ont été les sentiments les mieux partagés hier matin.
La voix de l’Imam tonne et résonne dans les cœurs. Distillant des versets du saint coran. La scène ne se passe pas dans une mosquée, mais bien dans la cour de la morgue de l’hôpital Principal de Dakar où le chanteur de Pikine, Ndongo Lô, passe ses derniers instants sur terre avant de regagner Touba, où il sera inhumé. Cette belle voix invoquant le pardon de Dieu pour ce jeune chanteur décédé avant-hier est relayée par des notes de Khassaïdes distillées à partir d’un véhicule stationné devant le portail principal de la morgue. L’amour et l’adoration du défunt à son guide vénéré Serigne Touba obligent.
En ce jour, l’évocation du nom de Ndongo Lô, qui était source de bonheur pour ses fans, est synonyme de tristesse. Ce sentiment, ajouté à la consternation, se lit sur tous les visages bouffis par les pleurs. Point de sourire ou de visage radieux. Les alentours de l’hôpital Principal dégagent le deuil. Et ils sont des milliers d’hommes, de femmes, de jeunes et de vieux qui ont pris d’assaut les lieux pour rendre un dernier hommage et dire adieu au parent, à l’ami et à l’idole. Difficile de se frayer un passage. Les gens se sont massés le long des routes qui quadrillent la structure hospitalière. Avec comme unique objectif : voir de leurs propres yeux, entrendre de leurs propres oreilles les différents témoignages adressés à Ndongo. La conséquence inévitable : difficile de faire le moindre pas sans piétiner quelqu’un. Une situation le plus souvent source de tension. D’où l’intervention permanente des forces de l’ordre pour calmer les ardeurs. Un exercice difficile, compte tenu de la détermination de la foule à vouloir accéder dans l’enceinte de la morgue qui a fait le plein dès les premières heures de la matinée.
Parmi les premiers à se présenter, les autorités gouvernementales. Le ministre de la Santé, Issa Mbaye Samb, suivi du maire de Dakar, Pape Diop, et de ses collègues de Pikine et de Rufisque, Daour Niang Ndiaye et Ndiawar Touré. C’était au tour de Ousmane Ngom et de Moustapha Sourang de s’inviter à la levée du corps du désormais ex-lead vocal du groupe «Jaam».
PLEURS ET CRISE D’HYSTERIE
Ce lot de personnalités est complété par les artistes endeuillés sur les visages de qui se lisent le désarroi et la tristesse. En ce moment, au-dehors, la foule se massifie davantage. Si les uns psalmodient, chapelet à la main, d’autres, moins stoïques, éclatent en sanglots. Si ce sont les filles qui se sont le plus illustrées dans les cris, certains hommes n’ont pas réussi à dissimuler leur consternation car, trahis, par moments, par des larmes qu’ils ne pouvaient retenir.
Au fil des minutes, l’assistance grossit davantage. L’on ne peut déterminer avec exactitude le nombre d’élèves et de travailleurs qui ont séché les cours ou déserté les bureaux pour rendre un dernier hommage à l’enfant de Pikine. Même les occupants des immeubles environnants, qui des fenêtres, qui de leur balcon, ont tenu à participer, à leur manière, à cette levée du corps.
Devant cette situation qui devient par moments intenable du fait des agissements incontrôlables de certains fans, l’atmosphère s’alourdit. Ce cri lancé par une jeune fille, la trentaine bien sonnée, est ressenti comme un coup de poignard dans le cœur des personnes présentes. Tenaillée par une tristesse qu’elle a du mal à exprimer, la fille s’affale et tombe par terre. Quelques personnes s’affairent autour d’elle pour la ramener à la raison. Mais, son geste semble doper les autres qui, telle une synchronisation, se laissent emporter par des pleurs. Par contre, un vieux, plus résistant, tente de les calmer. En vain.
Dans l’enceinte de la morgue, les témoignages fusent de toutes parts bien que certaines personnes semblent toujours douter de la véracité de la nouvelle. «Moi, je ne peux pas y croire. Ndongo Lô n’est pas mort», délire un homme. «Il faut prier que Dieu lui pardonne et l’accueille en son paradis», rétorque un jeune. Pendant ce temps, le protocole se poursuit et les témoignages redoublent d’intensité. Hommes politiques, artistes, sportifs et religieux se succèdent au micro. Si les uns parviennent à délivrer leur message, celui des autres a été entrecoupé par des silences qui témoignent de l’ampleur de la tristesse qui noue les voix. Un spectacle qui n’a fait qu’accentuer la tristesse de la foule.
LA FAUSSE ALERTE
Les heures passent et les gens s’impatientent. «Il est vraiment temps de passer à l’essentiel car, on ne peut pas tout dire ici», rouspètent certains. C’est sur ces entrefaites que le portable de Serigne Djily Mbacké, frère de Serigne Abdourahmane, le marabout de Ndongo Lô, sonne. Quelques minutes de communication ont suffi pour que ce dernier interpelle le maître de cérémonie, Abdoulaye Mbaye Pèkh. Ce dernier s’empare du micro et délivre le message : «Le père du défunt vient d’appeler pour dire que son marabout et tout Touba attendent la dépouille mortelle. Donc, le marabout ordonne de faire des prières avant d’acheminer le corps vers la ville sainte.»
Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais, sortir la dépouille devient un exercice impossible car, la foule massée dehors se joint à celle de l’enceinte, créant ainsi des bousculades indescriptibles. Cela, malgré les interventions des forces de l’ordre dépassées par les évènements. Mêmes les appels à l’ordre des personnalités n’y font rien. «Sortez pour céder la place au corbillard», insiste-t-on. Peine perdue.
Les plus proches du défunt prennent les choses en main et parviennent à frayer un passage au corbillard sous les yeux attentifs de la foule. Après quelques va-et-vient, le véhicule démarre sous la bonne escorte de deux motards. Des jeunes s’agrippent à la carrosserie et le cortège s’ébranle. Les cris se mélangent à la sirène des motos. Le spectacle est désolant. Les filles tombent en transe et des gens se mettent à la poursuite du cortège. C’était une fausse alerte ! Une manœuvre bien orchestrée pour prévenir toute réaction : le corbillard est vide. La dépouille a été installée à bord d’une ambulance qui est sortie par l’entrée principale de l’hôpital, loin de tout soupçon. La morgue se vide peu à peu de son contenu du jour, suivi par l’escorte des autorités et des artistes en route pour Touba. La dernière demeure de Ndongo Lô.
Ndiaga NDIAYE