La Tribune N°315 Du 11/09/06
Encore une fois le prix du gasoil vient de connaître une hausse. De 9% cette fois-ci. Depuis samedi le prix du litre à la pompe est passé de 242,9 à 265,1 UM à Nouakchott. Celui de l'essence est encore stable (301UM/litre). Pourquoi cette hausse ? En attendant une sortie du ministre de l'énergie, nous pouvons déjà exclure l'argument habituel qui concerne la hausse des prix mondiaux. En effet les cours du pétrole sont en phase de baisse après avoir atteint tous les records.
On peut alors penser qu'il s'agit d'un deal passé entre le ministère et les marketteurs, véritables maîtres du jeu, pour récupérer les trois milliards qu'ils prétendent perdre au terme de l'application de la structure des prix actuelle. Cette énième hausse accentuera certainement une flambée des prix à la veille du Ramadan. On peut alors se demander où sont passées les promesses du gouvernement concernant les efforts visant à améliorer le pouvoir d'achat des citoyens. On se souvient encore de la grande hausse de janvier 2005, intervenue au lendemain du discours du Président annonçant l'augmentation des salaires. Le gasoil et l'essence ont alors connu une hausse à la pompe : le gasoil est passé de 188 UM à 209 UM etl'essence de 223 à 240 UM. En mai 2006, une autre hausse est intervenue : le prix du litre d'essence est passé à 302 ouguiya en Mauritanie, soit une hausse en valeur relative de 20,4% et celui du gasoil à 247 ouguiya, soit une augmentation de 29,3 %. De quoi annuler tous les efforts 'sociaux' du gouvernement de transition quand on sait que ces hausses sont immédiatement répercutées sur les prix de transport donc sur ceux de toutes les denrées consommables par les Mauritaniens. Ce qui a ajouté au scepticisme général vis-à-vis de l'éventualité d'une prospérité occasionnée par la production du pétrole dans notre pays. En plus du maintien des procédures occultes autour de la gestion de ce secteur et des scandales successifs qui ont secoué le département depuis le début de la transition, on ne croit plus vraiment au paradis promis initialement.
En effet de moins en moins de Mauritaniens vous parlent de perspectives ouvertes pour le pays par l'existence du pétrole. Pourtant le gouvernement de transition a tout mis en place pour garantir une gestion transparente des revenus susceptibles d'être engrangés par cette nouvelle manne. Avec notamment la souscription à l'initiative de transparence dans la gestion des industries extractives (EITI), la création d'une commission chargée du suivi de cette gestion et la préparation d'une ordonnance fixant les modalités de l'affectation vers les projets de développement. Mais syndicats, simples citoyens et même partis politiques ont d'abord pensé à ces revenus en terme de manne, perception découlant d'une mentalité bien mauritanienne : le rêve de l'Etat providence, l'Etat qui fournit tout et où il n'y a pas d'exigence de travail. Signe révélateur : les revendications premières sont liées à l'augmentation des salaires et à la disponibilisation de revenus aux chômeurs, ce n'est jamais de construction d'écoles, d'hôpitaux, d'infrastructures qu'on parle… La mise en place des règles de transparence est venue donc tempérer les appétits. Ce n'est pas la seule raison malheureusement du recul du rêve pétrolier. Il y a aussi toute cette gestion du département faite d'approximations et de mics-macs qui a donné l'impression qu'en fait de transparence rien n'a vraiment changé.
Il suffit pour cela de jeter un coup d'œil sur les cartes de permis qui doit bientôt faire l'objet d'un arrêté ministériel. Les blocs ont été réaménagés suivant les 'besoins' et il a été plus concédé en un an que par le passé. La frénésie en la matière s'explique par les délais de la transition. En tout cas le résultat est là : distribution abusive de permis au moment où le département devait s'occuper d'abord de la réorganisation du secteur et de sa reprise en main au profit du pays. Surtout que la victoire dans le dossier des avenants avec Woodside avait permis de fixer de nouvelles règles bénéfiques pour la Mauritanie. Mais qu'en est-il des autres intervenants ? Est-ce que l'octroi des permis est fait selon les humeurs et les affinités du premier responsable du département ? Quel rôle pour la Société mauritanienne des hydrocarbures ? Est-ce que les termes du contrat fait avec la société malaisienne 4M Energy SA et passé lors du dernier conseil des ministres sont les mêmes pour les autres sociétés ? Beaucoup trop de questions. Le plus urgent reste le risque de devoir revoir à la baisse toutes les prévisions concernant le pétrole en Mauritanie. Déjà la faiblesse de production causée par des défaillances techniques avait sérieusement pesé. En effet la production n'a pas encore atteint les 40.000 barils/jour. On est loin des 75.000 barils/j initialement prévus comme production minimale. Le problème technique ne risque pas d'être résolu avant février 2007. A cela s'ajoute les profits que le pays tire réellement de la production. La part qui lui revient après avoir soustrait ce qui revient aux partenaires comme remboursements de l'investissement initial, et surtout la part de Sterling qui avait acheté 9% de la part devant revenir à la SMH dans des conditions peu transparentes et peu justifiables, la part du pays est insignifiante. Surtout que les règles de commercialisation fixées avec le trader Vitol, ont été mal discutées même si elles ont fait l'objet d'une annulation qui avait, en son temps, ajouté à l'impression de 'thieb-thiib' que dégageait déjà le département du pétrole.
Si l'on ajoute à cela la hausse continue des prix des hydrocarbures à la pompe, il y a lieu de s'inquiéter pour les jours à venir. Il n'y a pas que l'incompétence et la mauvaise foi, il y a aussi la poisse de ceux qui s'en occupent. La Tribune N°315 Du 11/09/
Encore une fois le prix du gasoil vient de connaître une hausse. De 9% cette fois-ci. Depuis samedi le prix du litre à la pompe est passé de 242,9 à 265,1 UM à Nouakchott. Celui de l'essence est encore stable (301UM/litre). Pourquoi cette hausse ? En attendant une sortie du ministre de l'énergie, nous pouvons déjà exclure l'argument habituel qui concerne la hausse des prix mondiaux. En effet les cours du pétrole sont en phase de baisse après avoir atteint tous les records.
On peut alors penser qu'il s'agit d'un deal passé entre le ministère et les marketteurs, véritables maîtres du jeu, pour récupérer les trois milliards qu'ils prétendent perdre au terme de l'application de la structure des prix actuelle. Cette énième hausse accentuera certainement une flambée des prix à la veille du Ramadan. On peut alors se demander où sont passées les promesses du gouvernement concernant les efforts visant à améliorer le pouvoir d'achat des citoyens. On se souvient encore de la grande hausse de janvier 2005, intervenue au lendemain du discours du Président annonçant l'augmentation des salaires. Le gasoil et l'essence ont alors connu une hausse à la pompe : le gasoil est passé de 188 UM à 209 UM etl'essence de 223 à 240 UM. En mai 2006, une autre hausse est intervenue : le prix du litre d'essence est passé à 302 ouguiya en Mauritanie, soit une hausse en valeur relative de 20,4% et celui du gasoil à 247 ouguiya, soit une augmentation de 29,3 %. De quoi annuler tous les efforts 'sociaux' du gouvernement de transition quand on sait que ces hausses sont immédiatement répercutées sur les prix de transport donc sur ceux de toutes les denrées consommables par les Mauritaniens. Ce qui a ajouté au scepticisme général vis-à-vis de l'éventualité d'une prospérité occasionnée par la production du pétrole dans notre pays. En plus du maintien des procédures occultes autour de la gestion de ce secteur et des scandales successifs qui ont secoué le département depuis le début de la transition, on ne croit plus vraiment au paradis promis initialement.
En effet de moins en moins de Mauritaniens vous parlent de perspectives ouvertes pour le pays par l'existence du pétrole. Pourtant le gouvernement de transition a tout mis en place pour garantir une gestion transparente des revenus susceptibles d'être engrangés par cette nouvelle manne. Avec notamment la souscription à l'initiative de transparence dans la gestion des industries extractives (EITI), la création d'une commission chargée du suivi de cette gestion et la préparation d'une ordonnance fixant les modalités de l'affectation vers les projets de développement. Mais syndicats, simples citoyens et même partis politiques ont d'abord pensé à ces revenus en terme de manne, perception découlant d'une mentalité bien mauritanienne : le rêve de l'Etat providence, l'Etat qui fournit tout et où il n'y a pas d'exigence de travail. Signe révélateur : les revendications premières sont liées à l'augmentation des salaires et à la disponibilisation de revenus aux chômeurs, ce n'est jamais de construction d'écoles, d'hôpitaux, d'infrastructures qu'on parle… La mise en place des règles de transparence est venue donc tempérer les appétits. Ce n'est pas la seule raison malheureusement du recul du rêve pétrolier. Il y a aussi toute cette gestion du département faite d'approximations et de mics-macs qui a donné l'impression qu'en fait de transparence rien n'a vraiment changé.
Il suffit pour cela de jeter un coup d'œil sur les cartes de permis qui doit bientôt faire l'objet d'un arrêté ministériel. Les blocs ont été réaménagés suivant les 'besoins' et il a été plus concédé en un an que par le passé. La frénésie en la matière s'explique par les délais de la transition. En tout cas le résultat est là : distribution abusive de permis au moment où le département devait s'occuper d'abord de la réorganisation du secteur et de sa reprise en main au profit du pays. Surtout que la victoire dans le dossier des avenants avec Woodside avait permis de fixer de nouvelles règles bénéfiques pour la Mauritanie. Mais qu'en est-il des autres intervenants ? Est-ce que l'octroi des permis est fait selon les humeurs et les affinités du premier responsable du département ? Quel rôle pour la Société mauritanienne des hydrocarbures ? Est-ce que les termes du contrat fait avec la société malaisienne 4M Energy SA et passé lors du dernier conseil des ministres sont les mêmes pour les autres sociétés ? Beaucoup trop de questions. Le plus urgent reste le risque de devoir revoir à la baisse toutes les prévisions concernant le pétrole en Mauritanie. Déjà la faiblesse de production causée par des défaillances techniques avait sérieusement pesé. En effet la production n'a pas encore atteint les 40.000 barils/jour. On est loin des 75.000 barils/j initialement prévus comme production minimale. Le problème technique ne risque pas d'être résolu avant février 2007. A cela s'ajoute les profits que le pays tire réellement de la production. La part qui lui revient après avoir soustrait ce qui revient aux partenaires comme remboursements de l'investissement initial, et surtout la part de Sterling qui avait acheté 9% de la part devant revenir à la SMH dans des conditions peu transparentes et peu justifiables, la part du pays est insignifiante. Surtout que les règles de commercialisation fixées avec le trader Vitol, ont été mal discutées même si elles ont fait l'objet d'une annulation qui avait, en son temps, ajouté à l'impression de 'thieb-thiib' que dégageait déjà le département du pétrole.
Si l'on ajoute à cela la hausse continue des prix des hydrocarbures à la pompe, il y a lieu de s'inquiéter pour les jours à venir. Il n'y a pas que l'incompétence et la mauvaise foi, il y a aussi la poisse de ceux qui s'en occupent. La Tribune N°315 Du 11/09/