Dans sa livraison d’aujourd’hui, le journal électronique « El Akhbar » (http://www.alakhbar.info/page1.php?id=8423&catid=2), publie les projets de rapports des quatre commissions thématiques autour desquelles s’organisaient les journées de concertation sur le retour des réfugiés et le passif humanitaire en Mauritanie.
Parmi les quatre commissions, celle chargé du « passif humanitaire » est la plus emblématique mais aussi celle dont le projet de rapport est le plus sujet à interrogations. Comme un petit parfum de sabotage, un soupçon de volonté de ne pas aboutir ou de n’aboutir à rien…
Voici les quatorze recommandations de cette commission :
1- bannir les responsables des « événements »
2- protéger l’Armée en tant qu’institution constitutionnelle
3- abroger la loi d’amnistie de 1993
4- conserver la loi d’amnistie de 1993
5- caractériser et juger les crimes puis prononcer le pardon
6- impliquer les victimes
7- dire la vérité, se réconcilier avant de pardonner
8- retirer les plaintes portées à l’intérieur et à l’extérieur du Pays
9- maintenir les plaintes portées à l’intérieur et à l’extérieur du Pays
10- prendre en charge les veuves et les orphelins
11- créer une commission d’enquête indépendante de l’Armée
12- créer une commission d’enquête avec l’Armée
13- créer une commission gouvernementale spéciale
14- laisser les victimes libres de porter plainte ou pas
A ce stade du débat, il me semble nécessaire de rappeler quelques vérités et principes généraux mais de bon sens :
1- seules les victimes ou leurs ayant droits peuvent pardonner. Autrement ce serait une amnistie (qui ressemblerait beaucoup, dans ce cas, à une auto-amnistie)
2- pour aider les victimes et leur ayant droits à pardonner, il est nécessaire de leur réunir deux conditions :
a- leur offrir un coin de cette Terre auquel ils pourront confier le corps ou les restes de leurs disparus et où ils pourront se recueillir. Cela s’appelle une tombe, une sépulture.
b- Leur permettre de mettre des circonstances sur la disparition des leurs avec les réponses aux questions « comment ? », « pourquoi ? », « qui ? » et « quand ? ».
Ce deuil est indispensable. C’est le début de la reconstruction de la victime. La démarche du pardon pourrait venir compléter ce travail de deuil. Elle ne peut pas en être dissociée.
Seul l’Etat a, pour le moment, esquissé un début de reconnaissance de sa responsabilité dans les tueries objet du débat. Est-ce qu’il serait décent de demander aux victimes et leurs ayant droits de pardonner à l’Etat ? C’est qui l’Etat ? Dans quelle caserne, derrière quel bureau se terre-t-il ?
Il y a deux ans de cela, je discutais avec des amis maures de l’indispensable retour organisé des réfugiés. Presque tous me soutenaient que ce serait suicidaire pour l’Etat mauritanien d’endosser une telle responsabilité. L’Etat ne pourrait faire fasse. Il ferait banqueroute sous la pression des dédommagements et des plaintes qui déferleraient sur les tribunaux internationaux… Aujourd’hui, le retour organisé des mêmes réfugiés est un argument de vente de la diplomatie mauritanienne.
Il pourrait être de même pour « le passif humanitaire ».
Il s’agit d’une poignée de militaires étoilés ou subalternes et de quelques responsables civils dont l’Armée, les Services de Sûreté et l’Administration pour bien se passer. Il faudra les identifier, les juger, les condamner et laisser la liberté aux victimes et ayant droits de leur pardonner ou pas. Là serait la condition pour que la Mauritanie entame le deuil de ses disparus et les Mauritaniens la reconstruction de leur unité. Tout autre montage serait miné à la base et à l’avance.
Mohamed Baba
Parmi les quatre commissions, celle chargé du « passif humanitaire » est la plus emblématique mais aussi celle dont le projet de rapport est le plus sujet à interrogations. Comme un petit parfum de sabotage, un soupçon de volonté de ne pas aboutir ou de n’aboutir à rien…
Voici les quatorze recommandations de cette commission :
1- bannir les responsables des « événements »
2- protéger l’Armée en tant qu’institution constitutionnelle
3- abroger la loi d’amnistie de 1993
4- conserver la loi d’amnistie de 1993
5- caractériser et juger les crimes puis prononcer le pardon
6- impliquer les victimes
7- dire la vérité, se réconcilier avant de pardonner
8- retirer les plaintes portées à l’intérieur et à l’extérieur du Pays
9- maintenir les plaintes portées à l’intérieur et à l’extérieur du Pays
10- prendre en charge les veuves et les orphelins
11- créer une commission d’enquête indépendante de l’Armée
12- créer une commission d’enquête avec l’Armée
13- créer une commission gouvernementale spéciale
14- laisser les victimes libres de porter plainte ou pas
A ce stade du débat, il me semble nécessaire de rappeler quelques vérités et principes généraux mais de bon sens :
1- seules les victimes ou leurs ayant droits peuvent pardonner. Autrement ce serait une amnistie (qui ressemblerait beaucoup, dans ce cas, à une auto-amnistie)
2- pour aider les victimes et leur ayant droits à pardonner, il est nécessaire de leur réunir deux conditions :
a- leur offrir un coin de cette Terre auquel ils pourront confier le corps ou les restes de leurs disparus et où ils pourront se recueillir. Cela s’appelle une tombe, une sépulture.
b- Leur permettre de mettre des circonstances sur la disparition des leurs avec les réponses aux questions « comment ? », « pourquoi ? », « qui ? » et « quand ? ».
Ce deuil est indispensable. C’est le début de la reconstruction de la victime. La démarche du pardon pourrait venir compléter ce travail de deuil. Elle ne peut pas en être dissociée.
Seul l’Etat a, pour le moment, esquissé un début de reconnaissance de sa responsabilité dans les tueries objet du débat. Est-ce qu’il serait décent de demander aux victimes et leurs ayant droits de pardonner à l’Etat ? C’est qui l’Etat ? Dans quelle caserne, derrière quel bureau se terre-t-il ?
Il y a deux ans de cela, je discutais avec des amis maures de l’indispensable retour organisé des réfugiés. Presque tous me soutenaient que ce serait suicidaire pour l’Etat mauritanien d’endosser une telle responsabilité. L’Etat ne pourrait faire fasse. Il ferait banqueroute sous la pression des dédommagements et des plaintes qui déferleraient sur les tribunaux internationaux… Aujourd’hui, le retour organisé des mêmes réfugiés est un argument de vente de la diplomatie mauritanienne.
Il pourrait être de même pour « le passif humanitaire ».
Il s’agit d’une poignée de militaires étoilés ou subalternes et de quelques responsables civils dont l’Armée, les Services de Sûreté et l’Administration pour bien se passer. Il faudra les identifier, les juger, les condamner et laisser la liberté aux victimes et ayant droits de leur pardonner ou pas. Là serait la condition pour que la Mauritanie entame le deuil de ses disparus et les Mauritaniens la reconstruction de leur unité. Tout autre montage serait miné à la base et à l’avance.
Mohamed Baba