Les droits de l’enfant sont encore loin d’être affranchis de toute violation. C’est le constat que l’Union des coalitions ouest africaines pour l’enfant (Ucoa) établit dans nombre d’Etats d’Afrique de l’Ouest. Une réalité que son président Moussa Sidikou assimile à un échec du combat des anciens acteurs de la société civile dans le domaine.
Voilà plusieurs décennies maintenant que des organisations de la société civile africaine mènent le combat pour le respect des droits de l’enfant. Mais, l’Union des coalitions ouest africaines pour l’Enfance (Ucoa) est formelle : ‘Les anciens acteurs ont échoué dans leur rôle pour rendre effectifs les droits des enfants à travers l’application stricte des principaux instruments juridiques spécifiques aux enfants’. Du diagnostic qu’elle établit de la situation de l’enfance sur le continent, il ressort que cette couche sociale se retrouve de plus en plus dans des postures de précarité et de risque.
L’Ucoa, créée en 2007 et forte de 13 pays, constate que des milliers d’enfants sont victimes des conséquences néfastes des changements climatiques, avec leurs corollaires. Des difficultés liées à l’accès à la santé, avec des taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans encore inquiétants du fait de la non gratuité des soins de santé primaire et de l’insuffisance de la prise en charge adéquate de la santé maternelle. Mais aussi des contraintes liées à l’accès des enfants affectés ou infectés par le Vih/Sida aux antirétroviraux.
De plus, l’Union décèle un faible niveau de maintien des enfants dans le système éducatif formel, surtout des filles, l’accroissement des violences et abus ou encore le travail précoce, les pratiques traditionnelles néfastes - mariage forcé, excision, grossesse précoce -, la faiblesse des ressources allouées aux secteurs dits sociaux et la dépendance économique des Etats africains. Des tares qui viennent s’ajouter à la panoplie de contraintes qui influent sur le bien-être et l’épanouissement des enfants. Autant leur situation est préoccupante avec les mutations économiques, sociale et climatique, autant elle l’est pendant les conflits armés ou électoraux où les enfants constituent, avec les femmes et les personnes âgées, la population déplacée avec un risque d’être en mobilité, en situation de vente ou de prostitution.
Des maux qui persistent malgré la lutte menée par une kyrielle d’organisations de la société civile africaine. ‘Nous ne sommes pas dans la logique du copier-coller, mais nous sommes dans une logique de dire que nous ne pouvons pas parler de droits de l’enfant en ignorant les enfants eux-mêmes. Très longtemps, les acteurs qui nous ont précédé ont travaillé en ignorant, bien entendu, ces enfants’, accuse le président de l’Ucoa Moussa Sidikou. Il estime que, aujourd’hui, les enfants ne sont plus des sujets, des bénéficiaires de droits, mais des acteurs de droits. ‘Malheureusement, cette dynamique a manqué dans les plaidoyers. Ce sont les adultes qui ont été longtemps porteurs de leurs propres plaidoyers, parce qu’étant quelque part porteurs d’obligations qu’ils n’ont pas satisfaites comme cela se devait’, dénonce-t-il.
Pour changer de démarche, l’Ucoa réserve, dans son bureau exécutif, une place de choix aux enfants. D’ailleurs, l’une des recommandations qui est sortie de ses assises, c’est que chaque coalition nationale doit mandater un administrateur en charge de la mobilisation des enfants. Et afin de faire bouger les lignes dans le sens souhaité, l’Union des coalitions nationales d’Afrique de l’Ouest pour l’enfant lance un appel pour une action accélérée de l’Union africaine (Ua), de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il s’agit, par un plaidoyer fait par les enfants, d’amener les Etats-parties ayant ratifié les principaux instruments juridiques internationaux spécifiques aux enfants, de rendre effectifs ces droits par une application stricte de la Convention des droits de l’enfant (Cde) et de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (Cadbe). L’Ucoa envisage, à cet effet, une alliance en 2012 avec l’Union des journalistes ouest africains (Ujoa) pour mieux interpeller les Etats concernés.
Abdoulaye SIDY
Source: walf fadjri