La Mauritanie est suspendue du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP), a annoncé le Premier ministre éthiopien, Mélès Zenawi, à l'ouverture du sommet du mécanisme qui se tient depuis samedi à Cotonou (Bénin). Cité hier par des médias reçus à Dakar, M. Zenawi, également président en exercice du Forum du MAEP a indiqué que "conformément à la décision de l'Union africaine (UA) de suspendre la Mauritanie, nous suspendons aussi la participation de ce pays au Mécanisme africain d'évaluation par les pairs". L'UA et l'Union européenne (UE) insistent sur le retour à l'ordre constitutionnel en Mauritanie après le coup d'Etat du 6 août dernier contre le président légitime, M. Sidi Ould Cheikh Abdellahi. S'exprimant dans ce contexte, le président de la Commission de l'UA, M. Jean Ping avait indiqué que "nous sommes tout à fait en harmonie avec l'UE sur la situation en Mauritanie (à) pour faire en sorte de restaurer l'ordre constitutionnel" dans ce pays. L'UE a accordé lundi un délai d'un mois aux militaires qui ont pris le pouvoir par la force en Mauritanie pour présenter des propositions en vue de rétablir l'ordre constitutionnel, faute de quoi elle déclenchera un processus de sanctions. Ce délai qui expirera dans trois semaines est toujours en vigueur, alors que le secrétaire d'Etat français à la Coopération et à la Francophonie, M. Alain Joyandet, dont le pays assure la présidence de l'UE a annulé une visite prévue hier à Nouakchott. De leur côté, les Etats-Unis qui avaient récemment annoncé des mesures de restriction ont de nouveau exhorté Nouakchott à éviter "la voie de l'isolement". Washington a notamment appelé la Mauritanie, déjà exclue par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), "à saisir l'occasion offerte par le délai de 30 jours accordé par l'UE pour prendre les mesures nécessaires afin d'éviter la possibilité de mesures supplémentaires". Parmi ces "mesures supplémentaires", figurent "le gel des avoirs des putschistes et un possible recours des instances concernées, telles l'UA et l'UE au Conseil de sécurité des Nations unies pour des sanctions contre la junte". Il est à souligner que la rencontre de Cotonou est le premier sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de Gouvernement participant au MAEP au cours duquel les participants poursuivront l'examen des rapports d'évaluation du Nigeria et du Burkina Faso. D'autres préoccupations, dites "questions transversales" d'importance pour l'Afrique, notamment celles liées à la diversité et la xénophobie, aux élections et à la corruption, seront examinées lors du même sommet. Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, est représenté à ces travaux par le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci. Le MAEP a été lancé en 2003 dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad). Sa mission est de s'assurer que les politiques et pratiques des Etats africains sont conformes aux principes et aux règles fixée par le Nepad, avec pour objectif fondamental la promotion de la stabilité politique, la croissance économique, ainsi que l'intégration régionale et continentale.
EL MOUDJAHID
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