Jamenn Tekki : Un nouvel album, une nouvelle vérité...

Jamenn Tekki est le nom de leur groupe. Ces jeunes de la banlieue Nouakchottoise n’arrêteront pas de nous séduire par leur musique, le rap, une tendance que Mar, Hanné et Ousmane ont choisie pour dénoncer et ‘cracher’ la vérité à qui veut l’entendre.

Ce dimanche 20 décembre 2009, c’est dans les locaux de Cridem, accompagnés de leur manager Madou Fall qu’ils ont tenu nous raconter les bons comme les mauvais moments rencontrés durant leur vie de rappeur, et le parcours de la productions de l’album « Gonga ».

Jeunes de la banlieue, vous avez grandis dans des situations trop difficile, face au méfaits de la rue, de la délinquance, mais vous avez quand même choisie le bon chemin, parlez nous de cela ?

Nous sommes comme tant de jeunes dans le monde à la recherche de notre ambition, de notre désir, celui de prouver, à tous que nous ne voulons que le meilleur pour nous. Nous avons vu le jour dans une de ces zones bannie par la plupart des gens. Même s’il arrive que la rue aussi fût notre passe temps, nous n’avons pas oublié l’éducation et les normes au sein de la famille que nous inculquaient nos parent et proches. Toujours est-il que dans ces coins la délinquance voit plus le jour, il y’a trop de méfiance, mais nous avons choisie le bon chemin pour nous, celui de suivre notre rêve jusqu’où il nous mènera.

Le rap est devenu votre seule préoccupation, votre seule issue, car pour vous, vous avez beaucoup à dire, tant de problèmes à dénoncer, tant de vérité à cracher, est-ce que les messages se font sentir par votre public. ?

Nous avons compris que nous avions un don, celui de chanter, Le rap nous fait vivre, il est devenu pour nous une obsession, mais la raison qui peut pousser tant de rappeurs à se dévoiler peut être du fait que les situations dans la société mauritanienne sont difficiles, il’ y’a tant d’injustice, et c’est le moment de dire les vérités. Bien sûr que les messages se font sentir, puisqu’il arrive même que des gens veulent nous faire taire, mais ca ne marche toujours pas, nous somme des jeunes rappeurs engagés, et nous avons des messages à faire passer. Notre seule motivation est qu’on arrive à faire changer tout un jour inchaallah !

La jeunesse mauritanienne, pour la plupart, sombre dans le désespoir, perdue dans les envies de découvrir le monde meilleur, elle devient obscure et se fraye un mauvais chemin. Que dites vous de tout ca ?

La jeunesse à un moment donné se perd dans l’impossible, elle a des envies, et elle croit que tout est bien pour elle, mais c’est la société qui la noie. A un certain stade de la vie, les jeunes ont envie de s’épanouir, de vivre leur rêves comme dans les films, d’éprouver une certaine liberté, mais rien de tel ne se voit en Mauritanie. C’est la conséquence de la délinquance juvénile ou de l’immigration. Il y’a tant de solution que les autorités peuvent suivre, car l’avenir de cette jeunesse est le synonyme du développement de notre pays.

Dans votre bled les jeunes vous aiment, vous adorent, ils y’a une certaine complicité entre eux et vous, comme avec votre public aussi, comment expliquez vous cela ?

Le public est notre seule cible, c’est pour lui que nous chantons, les messages que nous lançons lui sont destinés. Ces jeunes qui sont de notre coin savent d’où l’on vient et pourquoi nous somme si engagés, ils sont notre force car ils nous accompagnent et nous soutiennent à chaque déplacement, c’est ce qu’on appelle les « fans ». On a même dédié un Sound pour eux dans le nouveau album, c’est pour leur dire et leur prouver qu’il y’a un certain amour entre nous et que jamais cela ne s’éteindra. Nous sommes trop attaché à notre public, partout où nous allons les gens nous accueillent avec amour et admiration. Nous ne pouvons qu’aimer notre public « one love »

Deux ans après le premier album ,vous revenez sur le ring avec tant de bonne humeur et de force, engagés davantage à réaliser ce que tant de rappeurs mauritaniens n’arrivent toujours pas, un autre album titré encore « Gonga » qui signifie « vérité ». Parlez nous de cela ?

Cet album est, le produit, le fruit de notre travail. Pour sortir un album il y’a tant de difficultés que l’on rencontre, tant de choses que l’on découvre. Mais il nous a fallu réunir les efforts, se battre pour arriver à nos fins. Cependant il est certain que ceux qui, aujourd’hui devraient être la voix des jeunes, ceux qui devraient aider les rappeurs à promouvoir leur musique, ne sont autres que les autorités mauritaniennes, mais ils ne font pas leur boulot.

D’habitude le Centre Culturel Français nous aidait à la promotion sans rien nous demander en retour, mais aujourd’hui tel n’est plus le cas, nous ne le reconnaissons pas. C’était notre seule solution, notre seul espoir pour qu’enfin l’on puisse faire découvrir à tous ce nouvel album de notre musique. Le CCF qui pendant des années a été le bras droit de la jeunesse mauritanienne, on ne le reconnait plus. Il nous prêtait ses locaux pour des concerts, il apportait une grande contribution, il participait en quelques sorte à ce qui donnait la motivation aux jeunes talentueux qui voulaient grimper le stade de la réussite.

Aujourd’hui le centre culturel français de Nouakchott retire ses mains en prenant place au rang des morts. On nous propose de payer une ‘grave’ somme pour promouvoir notre nouvel album, c’est le comble !

Le ministère de la culture n’en parlons même pas ! Avec ca ils veulent que l’immigration s’arrête, ils veulent arrêter la délinquance, punir les jeunes révoltés ; une chose est sure, seule la jeunesse peut alléger tout ces maux qui dérangent tant. L’album intitulé Gonga est composé de 12 titre tous pétris de sens et de vérités. Des featuring avec des artistes très connus dans le monde entier comme par exemple Baba Maal, une aubaine que la musique nous a offerte parce que tout simplement nous somme des jeunes rappeurs pétris de talents. L’album sortira le 21 janvier à Nouakchott à l’ancienne maison des jeunes.

Vos albums sont toujours produits au delà de la Mauritanie, le Sénégal ou la Tunisie sont devenus des terrains d’investissement des rappeurs mauritaniens. Qu’en dites-vous ?

C’est parce que tout simplement la culture mauritanienne est toujours resté à huit clos, il faut à chaque fois dépasser les frontières pour produire et revenir pour vendre. Parfois même c’est le Sénégal qui participe à la promotion de nos albums, en faisant sortir nos clips dans leurs chaines de télé.

Il n’y a pas assez d’aide pour créer des maisons de production ici en Mauritanie. Même pour avoir un local pour un concert c’est difficile, les aides financières, on n’en parle pas. Tout est difficile pour nous les rappeurs. En un mot ils ne croient pas en notre musique, ils ne croient pas en nos talent d’artistes, ils n’écoutent pas nos vérités ou font semblant de ne pas entendre, mais ils croient en l’argent et seraient prêt à tout pour y accéder !

Se déplacer pour produire nos albums aussi recèle plein d’avantage. Nous faisons la découverte de plein de monde, et nous intégrons facilement la sphère de la musique en partageant notre culture avec d’autres artistes. C’est pour nous une grande richesse que l’on ramène dans notre pays.

Cette terre, notre Mauritanie, nous ne pouvons la bannir, elle est notre source natale, c’est ici que nous puisons toute cette inspiration de penser et d’écrire. Notre objectif est de nous battre par les mots en faisant écouter nos chansons pour que demain tout puisse changer

source : Houleye Kane pour Cridem

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