Holden Roberto, l'un des pères de l'indépendance angolaise, est mort

L'un des pères de l'indépendance angolaise, Holden Roberto, actif presque jusqu'à la fin dans l'opposition au président Eduardo dos Santos, est mort jeudi soir à l'âge de 84 ans à Luanda d'une crise cardiaque.

"Notre leader historique, le frère Alvaro Holden Roberto est mort hier dans sa résidence", a annoncé vendredi à l'AFP Ngola Kabango, vice-président du Front national de Libération de l'Angola (FNLA).

"Nous appelons tous nos militants à rester sereins pour que nous puissions rendre hommage à notre leader", a poursuivi M. Kabango, en précisant que la date des funérailles n'était pas encore fixée.

Le principal parti d'opposition, l'Union nationale pour l'Indépendance totale de l'Angola (Unita) a regretté "avoir raté l'occasion de rendre hommage à Holden Roberto de son vivant", selon sa porte-parole Adalberto Costa.

Le parti au pouvoir a également salué le départ d'"une figure proéminente du nationalisme angolais", selon les termes de Julão Paulo, secrétaire général du Mouvement populaire de Libération de l'Angola (MPLA).

Né le 12 janvier 1923 à Mbanza Congo (ex São Salvador, au nord de l'Angola), M. Roberto, un homme austère qui se réfugiait derrière des lunettes noires même dans l'obscurité, a joué un rôle capital dans l'indépendance de son pays.

Dans les années 1950, cet ancien fonctionnaire de l'administration coloniale fonde un premier mouvement nationaliste, "L'Union des populations de l'Angola", s'appuyant sur l'ethnie bakongo à laquelle il appartient. Dans les années 60, il le transforme en FNLA.

Ami de dirigeants africains comme le Congolais Patrice Lumumba ou le Zambien Kenneth Kaunda, il prend les armes contre le colonisateur portugais. Ses talents politiques surpassent cependant ses qualités militaires.

En avril 1975, il signe avec les chefs de deux autres partis les accords de paix avec le Portugal, qui aboutissent à l'indépendance de l'Angola en novembre de la même année.

Soutenu par le Zaïre, la France et les Etats-Unis --il reçoit même de l'argent de la CIA--, le chef du FLNA s'engage immédiatement dans la guerre civile. Il se bat aux côtés de l'Unita, contre le MPLA, soutenu par le bloc de l'Est.

Mais son mouvement abandonne les armes dès 1976, après une défaite infligée par les Cubains venus soutenir le MPLA, et Holden Roberto entame un exil, qui durera une quinzaine d'années et le mènera notamment en France et au Zaïre.

Rentré en 1991 en Angola, il participe aux élections générales de 1992, qui verront la victoire du MPLA. Il reste dans son pays pour aider à restaurer la paix, finalement décrétée en 2002.

Dans l'opposition, il ne cessera de critiquer le bipartisme de la vie politique angolaise, divisée entre le MPLA et l'Unita.

Il refusera également un poste au sein d'un organe consultatif, proposé par le président Dos Santos, assurant ne pas vouloir se compromettre avec un régime qui fait trop peu pour les pauvres en dépit de l'énorme richesse du deuxième producteur de pétrole en Afrique.

Ces derniers mois, Holden Roberto a connu plusieurs infarctus et en janvier, il a dû être évacué en urgence vers Paris pour y recevoir un traitement adapté.

Malgré ses problème de santé, le président du FNLA, qui vivait très modestement en accord avec son éducation protestante, est resté présent jusqu'au bout sur la scène politique angolaise.

Le 25 juillet, il participait encore au bureau politique de son parti, divisé depuis qu'un de ses bras droits, Lucas Ngonda, a pris la tête d'une faction dissidente pour obtenir le départ de son mentor.

"L'unité est une nécessité impérieuse et pour faire face à ce défi, nous devons répondre présent", lançait-il aux membres du FNLA, selon des propos rapportés par l'agence Angop.



Source: TV5
(M)