Il m’a été donné de constater à l’occasion des cérémonies relatives à nos villes anciennes, ou interventions à la télévision surtout à travers des émissions intitulées; « Araf watanak » (connait ton pays) d’une radio privée récemment autorisée, qu’une bonne partie de l’histoire vraie de la Mauritanie a été sinon omise du moins tronquée. Nulle part dans ces émissions on évoque l’histoire vraie du peuplement de la Mauritanie. Aussi cette question interpelle t- elle ma conscience pour apporter ma contribution sur cette histoire. Une contribution dont l’essentiel est tirée de l’œuvre du célèbre Professeur Oumar Kane originaire du village de Daw département de Maghama.
L’œuvre en question est intitulé : la première hégémonie peule du Fuuta Tooro de Koli Tenguella à Almaami Abdul.
Le terme Fuuta désigne le pays des fulbé du moins là où ils se sont imposés comme groupe dominant aux plans politique, linguistique et culturel. On distingue selon Amadou Hampathé Bà trois Fuuta (Kindindi, keyri, jula). Le Fuuta Kiindindi comprend le Fuuta Tooro et et Fuuta du Sahel. Ce dernier a été appelé de façon restrictive et déformée Fuuta Kingi. Il serait le premier Fuuta à être organisé politiquement, de façon indépendante, son nom signifie l’ancien.
Il regroupe le Hodh, l’Awker, le Termess, le Tagant, le Baxunu, le Regueyba et surtout la région de Nooro du sahel. Ce fut là, le premier établissement conséquent des fulbé. C’est à partir de cette région sahélienne qu’a été peuplée la deuxième partie du Fuuta Kindindi plus connu sous le nom de Fuuta Tooro.
Le Fuuta Keyri où Fuuta nouveau correspond en gros aux formations politiques postérieures à 1725. Il s’agit du Fuuta Jallon, du Massina, du royaume de Sokoto et des lamidats du nord Nigeria et du nord Cameroun. Le Fuuta jula en fin désigne toute la diaspora des fulbé et des Hal pulaar consécutive à l’effondrement de l’empire Omarien et à l’implantation de la puissance coloniale. S’agissant du Fuuta Tooro, il était beaucoup plus étendu au nord du fleuve Sénégal qu’au sud.
D’une façon générale cet espace qui s’étend de la Mauritanie centrale au ferlo s’est progressivement rétréci à partir du XVII siècle sous la double influence de la dégradation du climat et de la pression arabo-berbère. L’évolution de l’environnement entre également pour beaucoup dans le processus du peuplement. Le trab El hajra qui est le cœur historique de la Mauritanie est aussi le berceau du Fuuta Tooro, c’est une région de grands équilibres entre la vie sédentaire axée sur l’agriculture et la vie nomade et semi-nomade axée sur l’élevage. C’est du contact des défilés et des plaines que se sont édifiées les cités prospères qui, à l’époque de l’empire du Ghana ont fixé le commerce transsaharien. Les soninkés, fondateurs de l’empire du Ghana étaient des citadins venus dans cette région vers le IVème siècle.
Une tradition se fait l’écho de la présence dans le Kuwar d’une branche des omeyades par laquelle les soninkés de Biiru (walata actuel) avaient été touchés par l’Islam pour la première fois vers le VIIème siècle.
Ces Sonikés coexistaient dans cette région avec les fulbé qui nomadisaient sur le baten cette zone était aussi, une zone de contact entre les pasteurs berbères venus du nord et les noirs autochtones. Le desséchement historique et la pression berbère en avaient fait une zone de migration et de métissage, c’est ainsi que les mechdouf et les oulad Bareck sont fortement metissés avec les soniké, les fulbé et bambara. Selon le tableau historique de Cheikh Sidya « les pays de la Mauritanie du sud (alguibla) avant l’arrivée des tribus lamtuna qui vinrent l’occuper avant Abu bakr ibn umar étaient habités par des noir depuis l’Adrar jusqu’à la rive du fleuve d’eau douce appelé de nos jours abdyaak (Sénégal). Ces noirs avaient alors bâti de grands villages dans tous les pays précités aussi bien ceux qui sont abandonnés que ceux qui sont maintenant habités. Ils avaient creusé des puits profonds dans le Sahara (comme le puits Saar situé entre Atar et F’derick) comme en témoigne et le prouve incontestablement l’existence des ruines de leurs constructions aussi bien dans la partie habitée que dans les régions désertiques et dans la brousse. Ces traces fortes anciennes de leur existence et les débris qui en subsistent sont des preuves certaines. On trouve aussi parfois des objets enfouis en terre comme ce fut le cas du canari remplis d’or trouvé aux environs de la ville de Male (Brakna) dans les années 80 dont la presse en avait fait l’écho.
D’autres traditions maures considèrent les noirs comme étant descendus du nord. Ils étaient encore installés à l’époque historique dans le Tiris, l’Inchiri, l’Adrar, le Tagant et l’Awker d’où ils ne furent chassés qu’à partir du XIe siècle. Pour l’Awker notamment nous savons que toute la contrée jusqu’à Tichitt faisait partie d’un empire noir (Empire du Ghana) du VIIIe au XIe siècle. Les premiers envahisseurs connus furent les soninké, ceux-ci ont toujours formé le fond de la population pendant 1400 ans jusqu’au XIIIe siècle, les éléments allogènes de la race blanche ont été progressivement absorbés par la majorité de la population noire qui, dominée ou dominatrice selon les circonstances, s’est maintenue dans son intégrité. Ces mêmes traditions indiquent que les premiers occupants de l’Adrar sont des agriculteurs gangara, les fulbé et les assouanik.
A l’époque de la stabilisation territoriale, le Haayré Ngaal (assaba et sud du Tagant, était considéré comme la limite du Fuuta Toor au nord et au nord est.
(A suivre)
Oïga Abdoulaye
Le Quotidien de Nouakchott
Source: ajd/mr.org
L’œuvre en question est intitulé : la première hégémonie peule du Fuuta Tooro de Koli Tenguella à Almaami Abdul.
Le terme Fuuta désigne le pays des fulbé du moins là où ils se sont imposés comme groupe dominant aux plans politique, linguistique et culturel. On distingue selon Amadou Hampathé Bà trois Fuuta (Kindindi, keyri, jula). Le Fuuta Kiindindi comprend le Fuuta Tooro et et Fuuta du Sahel. Ce dernier a été appelé de façon restrictive et déformée Fuuta Kingi. Il serait le premier Fuuta à être organisé politiquement, de façon indépendante, son nom signifie l’ancien.
Il regroupe le Hodh, l’Awker, le Termess, le Tagant, le Baxunu, le Regueyba et surtout la région de Nooro du sahel. Ce fut là, le premier établissement conséquent des fulbé. C’est à partir de cette région sahélienne qu’a été peuplée la deuxième partie du Fuuta Kindindi plus connu sous le nom de Fuuta Tooro.
Le Fuuta Keyri où Fuuta nouveau correspond en gros aux formations politiques postérieures à 1725. Il s’agit du Fuuta Jallon, du Massina, du royaume de Sokoto et des lamidats du nord Nigeria et du nord Cameroun. Le Fuuta jula en fin désigne toute la diaspora des fulbé et des Hal pulaar consécutive à l’effondrement de l’empire Omarien et à l’implantation de la puissance coloniale. S’agissant du Fuuta Tooro, il était beaucoup plus étendu au nord du fleuve Sénégal qu’au sud.
D’une façon générale cet espace qui s’étend de la Mauritanie centrale au ferlo s’est progressivement rétréci à partir du XVII siècle sous la double influence de la dégradation du climat et de la pression arabo-berbère. L’évolution de l’environnement entre également pour beaucoup dans le processus du peuplement. Le trab El hajra qui est le cœur historique de la Mauritanie est aussi le berceau du Fuuta Tooro, c’est une région de grands équilibres entre la vie sédentaire axée sur l’agriculture et la vie nomade et semi-nomade axée sur l’élevage. C’est du contact des défilés et des plaines que se sont édifiées les cités prospères qui, à l’époque de l’empire du Ghana ont fixé le commerce transsaharien. Les soninkés, fondateurs de l’empire du Ghana étaient des citadins venus dans cette région vers le IVème siècle.
Une tradition se fait l’écho de la présence dans le Kuwar d’une branche des omeyades par laquelle les soninkés de Biiru (walata actuel) avaient été touchés par l’Islam pour la première fois vers le VIIème siècle.
Ces Sonikés coexistaient dans cette région avec les fulbé qui nomadisaient sur le baten cette zone était aussi, une zone de contact entre les pasteurs berbères venus du nord et les noirs autochtones. Le desséchement historique et la pression berbère en avaient fait une zone de migration et de métissage, c’est ainsi que les mechdouf et les oulad Bareck sont fortement metissés avec les soniké, les fulbé et bambara. Selon le tableau historique de Cheikh Sidya « les pays de la Mauritanie du sud (alguibla) avant l’arrivée des tribus lamtuna qui vinrent l’occuper avant Abu bakr ibn umar étaient habités par des noir depuis l’Adrar jusqu’à la rive du fleuve d’eau douce appelé de nos jours abdyaak (Sénégal). Ces noirs avaient alors bâti de grands villages dans tous les pays précités aussi bien ceux qui sont abandonnés que ceux qui sont maintenant habités. Ils avaient creusé des puits profonds dans le Sahara (comme le puits Saar situé entre Atar et F’derick) comme en témoigne et le prouve incontestablement l’existence des ruines de leurs constructions aussi bien dans la partie habitée que dans les régions désertiques et dans la brousse. Ces traces fortes anciennes de leur existence et les débris qui en subsistent sont des preuves certaines. On trouve aussi parfois des objets enfouis en terre comme ce fut le cas du canari remplis d’or trouvé aux environs de la ville de Male (Brakna) dans les années 80 dont la presse en avait fait l’écho.
D’autres traditions maures considèrent les noirs comme étant descendus du nord. Ils étaient encore installés à l’époque historique dans le Tiris, l’Inchiri, l’Adrar, le Tagant et l’Awker d’où ils ne furent chassés qu’à partir du XIe siècle. Pour l’Awker notamment nous savons que toute la contrée jusqu’à Tichitt faisait partie d’un empire noir (Empire du Ghana) du VIIIe au XIe siècle. Les premiers envahisseurs connus furent les soninké, ceux-ci ont toujours formé le fond de la population pendant 1400 ans jusqu’au XIIIe siècle, les éléments allogènes de la race blanche ont été progressivement absorbés par la majorité de la population noire qui, dominée ou dominatrice selon les circonstances, s’est maintenue dans son intégrité. Ces mêmes traditions indiquent que les premiers occupants de l’Adrar sont des agriculteurs gangara, les fulbé et les assouanik.
A l’époque de la stabilisation territoriale, le Haayré Ngaal (assaba et sud du Tagant, était considéré comme la limite du Fuuta Toor au nord et au nord est.
(A suivre)
Oïga Abdoulaye
Le Quotidien de Nouakchott
Source: ajd/mr.org