Le Brésilien s’est officiellement engagé avec le club saoudien d’Al-Hilal, six ans après avoir rallié le Paris Saint-Germain. Son passage y laisse un goût amer, entre fulgurances, blessures et désamour.
Six petits tours et puis s’en va. Lui qui, en début de mercato, semblait « parti pour rester » n’enchaînera pas une septième saison au Paris Saint-Germain (PSG). Le Brésilien de 31 ans, qui avait fait part de ses envies d’ailleurs la semaine passée, s’est envolé pour l’Arabie saoudite. Officiellement transféré à Al-Hilal, l’un des clubs de la capitale, Riyad, mardi 15 août, la recrue la plus chère de l’histoire du football (en 2017) vient à son tour grossir le rang des stars attirées dans les larges filets du championnat saoudien cet été.
Le 3 août 2017, Neymar débarquait sur les bords de Seine avec un statut de superstar en provenance du FC Barcelone. Le PSG l’en avait arraché en déboursant la clause libératoire de 222 millions d’euros de son contrat. Après six saisons, 173 matchs et 118 buts, c’est une étoile filante au bilan doux-amer qui quitte la capitale française.
Si le football se bornait aux tableaux de statistiques, l’histoire de Neymar au PSG serait à coup sûr considérée comme une réussite et le numéro 10 comme une légende du club. Quatrième meilleur buteur du club francilien, le joueur formé à Santos y a remporté dix titres dont cinq championnats, et n’a échoué qu’une seule année à atteindre les quinze buts inscrits en un exercice. Sa première saison avait notamment suscité tous les espoirs : avec vingt-huit buts et seize passes décisives en trente rencontres, Neymar semblait bien être ce joueur créatif et génial qu’on avait promis aux supporteurs parisiens.
119 matchs manqués en six ans
Mais, malheureusement pour le « Ney », le football se lit sur le terrain. Par la suite, ce Neymar-là n’aura été aperçu que par bribes : lors du « Final 8 » de la Ligue des champions 2020 – le PSG a été battu par le Bayern Munich en finale –, ou lors du début de saison dernière, où la perspective de la Coupe du monde au Qatar avait semblé le transcender.
Car, parmi tous les chiffres qui ont marqué la carrière parisienne du désormais ex-numéro 10 du PSG, celui de ses absences l’emporte. 119, c’est le nombre de matchs pour lesquels Neymar s’est fait porter pâle tout au long de son passage à Paris. Blessé une vingtaine de fois en six ans, l’attaquant a fait montre d’une fragilité qu’on ne lui connaissait ni à Barcelone ni à Santos, sur le plan physique comme mental – les humeurs du Brésilien ayant été au moins autant discutées que sa forme. Comme l’a tourné Thomas Tuchel, qui fut son entraîneur entre 2018 et 2020, Neymar est « un gars sensible » et un joueur « pas simple à gérer ». Depuis 2017, le Brésilien n’a connu qu’une seule saison à plus de 30 matchs en club, toutes compétitions confondues, quand la simple Ligue 1 comptait 38 journées (désormais 34 depuis cette saison).
Au-delà du nombre, c’est le timing, souvent malheureux, de ces absences qui a fini par irriter les supporteurs parisiens et lui bâtir une réputation de joueur qui fait défaut aux moments-clés de la saison. A Paris, ce « money time » se situe autour des mois de février et de mars, où le club cherche à briser son plafond de verre en Ligue des Champions. En 2018, une fracture du métatarse le force à suivre en tribune l’élimination en huitième de finale contre le Real Madrid. Un an plus tard, une récidive de la même blessure le fait assister, incrédule, à la déroute de ses coéquipiers lors de la remontée de Manchester United (2-0 à l’aller, 1-3 au retour). En 2022, le PSG s’impose sans lui contre Madrid à l’aller, avant de sombrer au retour, avec Neymar, victime d’un triplé express de Karim Benzema.
Et, quand le joueur est là, il est souvent impuissant, transparent ou malheureux, comme lors de la seule finale européenne du PSG version qatari, en 2020. Le Brésilien, qui avait le but de la victoire au bout du pied contre le Bayern, se manque. Pourtant, le format « Final 8 » – des matchs à élimination directe à partir des quarts de finale –, disputé à Lisbonne en raison de la pandémie liée au Covid-19, l’avait vu se transformer, pour une fois, en leader.
« C’est ma vie, je fais ce que je veux »
Difficile de ne pas parler de gâchis au sujet du Neymar parisien, au vu du nombre d’affaires ayant émaillé son passage dans la capitale française. Procès pour fraude et corruption autour de son transfert du Brésil vers Barcelone en 2022 (il a été relaxé), fête clandestine en pleine pandémie, accusation de viol en 2019 (avant d’échapper aux poursuites, le juge estimant ne pas disposer d’assez d’indices pour l’inculper)… De quoi reléguer le « penaltygate » – du temps où des tensions régnaient dans le vestiaire autour de l’identité du tireur des penaltys – ou les critiques autour de son mode de vie au rang de broutilles.
Il a souvent été reproché au Brésilien son goût pour la fête et les parties de poker nocturnes, pour illustrer son manque d’implication dans le projet parisien. En février 2023, au lendemain de la défaite du PSG contre le Bayern Munich en huitième de finale aller de la Ligue des champions, et alors que Kylian Mbappé avait insisté sur l’importance de « bien manger, bien dormir » en vue du match retour, des images de son partenaire brésilien dans un fast-food au bout de la nuit ont surgi sur les réseaux sociaux.
Interrogé cette année par le média brésilien BandSports sur ses frasques, Neymar n’a jamais hésité à se défendre : « C’est ma vie, je fais ce que je veux. » La suite de sa vie le voit quitter le Paris Saint-Germain, à seulement 31 ans, pour les clinquants attraits de l’Arabie saoudite. Si une centaine de supporteurs parisiens, qui ont scandé « casse-toi » sous ses fenêtres en fin de saison passée, ont obtenu satisfaction, il ne reste du triumvirat doré Messi, Neymar, Mbappé – censé porter le PSG vers les plus hautes sphères continentales – que le Bondynois. Neymar tourne la page, froissée et raturée, de son aventure avec le club de la capitale.
Baptiste Leduc
Source : Le Monde
Six petits tours et puis s’en va. Lui qui, en début de mercato, semblait « parti pour rester » n’enchaînera pas une septième saison au Paris Saint-Germain (PSG). Le Brésilien de 31 ans, qui avait fait part de ses envies d’ailleurs la semaine passée, s’est envolé pour l’Arabie saoudite. Officiellement transféré à Al-Hilal, l’un des clubs de la capitale, Riyad, mardi 15 août, la recrue la plus chère de l’histoire du football (en 2017) vient à son tour grossir le rang des stars attirées dans les larges filets du championnat saoudien cet été.
Le 3 août 2017, Neymar débarquait sur les bords de Seine avec un statut de superstar en provenance du FC Barcelone. Le PSG l’en avait arraché en déboursant la clause libératoire de 222 millions d’euros de son contrat. Après six saisons, 173 matchs et 118 buts, c’est une étoile filante au bilan doux-amer qui quitte la capitale française.
Si le football se bornait aux tableaux de statistiques, l’histoire de Neymar au PSG serait à coup sûr considérée comme une réussite et le numéro 10 comme une légende du club. Quatrième meilleur buteur du club francilien, le joueur formé à Santos y a remporté dix titres dont cinq championnats, et n’a échoué qu’une seule année à atteindre les quinze buts inscrits en un exercice. Sa première saison avait notamment suscité tous les espoirs : avec vingt-huit buts et seize passes décisives en trente rencontres, Neymar semblait bien être ce joueur créatif et génial qu’on avait promis aux supporteurs parisiens.
119 matchs manqués en six ans
Mais, malheureusement pour le « Ney », le football se lit sur le terrain. Par la suite, ce Neymar-là n’aura été aperçu que par bribes : lors du « Final 8 » de la Ligue des champions 2020 – le PSG a été battu par le Bayern Munich en finale –, ou lors du début de saison dernière, où la perspective de la Coupe du monde au Qatar avait semblé le transcender.
Car, parmi tous les chiffres qui ont marqué la carrière parisienne du désormais ex-numéro 10 du PSG, celui de ses absences l’emporte. 119, c’est le nombre de matchs pour lesquels Neymar s’est fait porter pâle tout au long de son passage à Paris. Blessé une vingtaine de fois en six ans, l’attaquant a fait montre d’une fragilité qu’on ne lui connaissait ni à Barcelone ni à Santos, sur le plan physique comme mental – les humeurs du Brésilien ayant été au moins autant discutées que sa forme. Comme l’a tourné Thomas Tuchel, qui fut son entraîneur entre 2018 et 2020, Neymar est « un gars sensible » et un joueur « pas simple à gérer ». Depuis 2017, le Brésilien n’a connu qu’une seule saison à plus de 30 matchs en club, toutes compétitions confondues, quand la simple Ligue 1 comptait 38 journées (désormais 34 depuis cette saison).
Au-delà du nombre, c’est le timing, souvent malheureux, de ces absences qui a fini par irriter les supporteurs parisiens et lui bâtir une réputation de joueur qui fait défaut aux moments-clés de la saison. A Paris, ce « money time » se situe autour des mois de février et de mars, où le club cherche à briser son plafond de verre en Ligue des Champions. En 2018, une fracture du métatarse le force à suivre en tribune l’élimination en huitième de finale contre le Real Madrid. Un an plus tard, une récidive de la même blessure le fait assister, incrédule, à la déroute de ses coéquipiers lors de la remontée de Manchester United (2-0 à l’aller, 1-3 au retour). En 2022, le PSG s’impose sans lui contre Madrid à l’aller, avant de sombrer au retour, avec Neymar, victime d’un triplé express de Karim Benzema.
Et, quand le joueur est là, il est souvent impuissant, transparent ou malheureux, comme lors de la seule finale européenne du PSG version qatari, en 2020. Le Brésilien, qui avait le but de la victoire au bout du pied contre le Bayern, se manque. Pourtant, le format « Final 8 » – des matchs à élimination directe à partir des quarts de finale –, disputé à Lisbonne en raison de la pandémie liée au Covid-19, l’avait vu se transformer, pour une fois, en leader.
« C’est ma vie, je fais ce que je veux »
Difficile de ne pas parler de gâchis au sujet du Neymar parisien, au vu du nombre d’affaires ayant émaillé son passage dans la capitale française. Procès pour fraude et corruption autour de son transfert du Brésil vers Barcelone en 2022 (il a été relaxé), fête clandestine en pleine pandémie, accusation de viol en 2019 (avant d’échapper aux poursuites, le juge estimant ne pas disposer d’assez d’indices pour l’inculper)… De quoi reléguer le « penaltygate » – du temps où des tensions régnaient dans le vestiaire autour de l’identité du tireur des penaltys – ou les critiques autour de son mode de vie au rang de broutilles.
Il a souvent été reproché au Brésilien son goût pour la fête et les parties de poker nocturnes, pour illustrer son manque d’implication dans le projet parisien. En février 2023, au lendemain de la défaite du PSG contre le Bayern Munich en huitième de finale aller de la Ligue des champions, et alors que Kylian Mbappé avait insisté sur l’importance de « bien manger, bien dormir » en vue du match retour, des images de son partenaire brésilien dans un fast-food au bout de la nuit ont surgi sur les réseaux sociaux.
Interrogé cette année par le média brésilien BandSports sur ses frasques, Neymar n’a jamais hésité à se défendre : « C’est ma vie, je fais ce que je veux. » La suite de sa vie le voit quitter le Paris Saint-Germain, à seulement 31 ans, pour les clinquants attraits de l’Arabie saoudite. Si une centaine de supporteurs parisiens, qui ont scandé « casse-toi » sous ses fenêtres en fin de saison passée, ont obtenu satisfaction, il ne reste du triumvirat doré Messi, Neymar, Mbappé – censé porter le PSG vers les plus hautes sphères continentales – que le Bondynois. Neymar tourne la page, froissée et raturée, de son aventure avec le club de la capitale.
Baptiste Leduc
Source : Le Monde