Les familles des enfants confiés à l'Arche de Zoé devant le Palais de justice d'Abéché, le 1er novembre
Au centre social d'Abéché, dans l'est du Tchad, Rhamis Adoum Aroun attend. Il est à la recherche de ses trois enfants, qu'il dit avoir confié à l'Arche de Zoé "pour qu'ils puissent aller à l'école" dans une ville tchadienne, et non pour qu'ils soient emmenés à l'étranger.
En tout, une trentaine d'adultes sont assis sur les bancs du centre. Ils affirment être venus réclamer leurs enfants, qu'ils pensent faire partie des 103 filles et garçons que l'association française a tenté d'"évacuer" vers la France le 25 octobre, quand l'opération a été stoppée par les autorités.
"Dans mon village, il n'y a pas d'école, à cause de l'insécurité", explique Rhamis Adoum Aroun. "On nous a dit qu'une ONG s'était installée à Adré (ville tchadienne frontalière du Soudan), et que là-bas, nos enfants pourraient apprendre le Coran et suivre l'école française".
Personne, assure-t-il, ne lui a dit que sa progéniture, et les quatre enfants de son frère qu'il tente également de retrouver, devaient en fait partir en France. Lui-même n'a d'ailleurs jamais été en contact avec les membres de l'Arche de Zoé.
"Ils ne sont pas venus directement au village. C'est le chef d'un village voisin qui est venu nous sensibiliser sur l'intérêt d'envoyer les enfants à Adré avec l'ONG", il y a cinq semaines, précise-t-il.
C'est quand l'affaire éclate, le 25 octobre, que Rhamis Adoum Aroun dit avoir pris peur. "Je suis allé à Adré, mais les enfants n'étaient plus là. C'est par les médias qu'on a appris qu'ils étaient à Abéché", conclut-il.
L'histoire que raconte Allimi, assise du côté des femmes, est similaire.
Originaire de Tiné, une autre localité frontalière à 200 km au nord d'Adré, cette mère se souvient avoir confié trois de ses enfants à "six Blancs" de l'organisation, venus passer une journée dans sa ville. "Ils ont dit qu'ils voulaient des orphelins pour pouvoir leur donner une bonne éducation à Abéché", explique-t-elle.
Elle évoque la présence d'un "intermédiaire". "C'est parce qu'ils avaient avec eux quelqu'un de chez nous, un Tchadien, qu'on leur a fait confiance", insiste Allimi, qui précise néanmoins avoir hésité pendant une nuit.
"Je ne pouvais pas subvenir à leurs besoins, ils ont dit qu'ils prendraient mes +orphelins+ en charge. J'ai réfléchi puis j'ai fini par dire oui", justifie-t-elle. Le contact a eu lieu "début octobre".
Allimi parle de ses "orphelins" car ils n'ont plus de père. Le procureur d'Abéché Ahmat Daoud souligne qu'au Tchad, on nomme ainsi tout enfant qui a perdu même un seul de ses deux parents.
Dans cette région d'Afrique, comme ailleurs sur le continent, on qualifie en outre souvent de "parent" même un oncle ou une tante, parfois éloignés, qui vous ont recueilli, ce qui rend encore plus complexe le maniement de ces notions.
Face aux hommes et aux femmes assis sur des bancs séparés, le directeur du centre social d'Abéché tente de les aider dans leurs démarches.
"Nous avons d'abord observé les enfants, puis on les a interrogés. Ca nous a permis de récolter des informations sur leur nom et leur village d'origine", leur détaille le directeur Honoré About.
"Maintenant je voudrais vérifier s'il s'agit bien de leurs parents en croisant les informations, avant de demander au procureur de les mettre en contact avec les enfants", ajoute-t-il.
Les parents présumés lui posent de nombreuses questions et remplissent ensuite une fiche de renseignements.
Les 81 garçons et 22 filles âgés d'un à dix ans sont toujours à l'orphelinat d'Abéché. Selon les organisations humanitaires internationales, la quasi-totalité d'entre eux affirment avoir au moins un "parent" et venir de villages tchadiens frontaliers du Soudan.
Source: TV5
(M)
En tout, une trentaine d'adultes sont assis sur les bancs du centre. Ils affirment être venus réclamer leurs enfants, qu'ils pensent faire partie des 103 filles et garçons que l'association française a tenté d'"évacuer" vers la France le 25 octobre, quand l'opération a été stoppée par les autorités.
"Dans mon village, il n'y a pas d'école, à cause de l'insécurité", explique Rhamis Adoum Aroun. "On nous a dit qu'une ONG s'était installée à Adré (ville tchadienne frontalière du Soudan), et que là-bas, nos enfants pourraient apprendre le Coran et suivre l'école française".
Personne, assure-t-il, ne lui a dit que sa progéniture, et les quatre enfants de son frère qu'il tente également de retrouver, devaient en fait partir en France. Lui-même n'a d'ailleurs jamais été en contact avec les membres de l'Arche de Zoé.
"Ils ne sont pas venus directement au village. C'est le chef d'un village voisin qui est venu nous sensibiliser sur l'intérêt d'envoyer les enfants à Adré avec l'ONG", il y a cinq semaines, précise-t-il.
C'est quand l'affaire éclate, le 25 octobre, que Rhamis Adoum Aroun dit avoir pris peur. "Je suis allé à Adré, mais les enfants n'étaient plus là. C'est par les médias qu'on a appris qu'ils étaient à Abéché", conclut-il.
L'histoire que raconte Allimi, assise du côté des femmes, est similaire.
Originaire de Tiné, une autre localité frontalière à 200 km au nord d'Adré, cette mère se souvient avoir confié trois de ses enfants à "six Blancs" de l'organisation, venus passer une journée dans sa ville. "Ils ont dit qu'ils voulaient des orphelins pour pouvoir leur donner une bonne éducation à Abéché", explique-t-elle.
Elle évoque la présence d'un "intermédiaire". "C'est parce qu'ils avaient avec eux quelqu'un de chez nous, un Tchadien, qu'on leur a fait confiance", insiste Allimi, qui précise néanmoins avoir hésité pendant une nuit.
"Je ne pouvais pas subvenir à leurs besoins, ils ont dit qu'ils prendraient mes +orphelins+ en charge. J'ai réfléchi puis j'ai fini par dire oui", justifie-t-elle. Le contact a eu lieu "début octobre".
Allimi parle de ses "orphelins" car ils n'ont plus de père. Le procureur d'Abéché Ahmat Daoud souligne qu'au Tchad, on nomme ainsi tout enfant qui a perdu même un seul de ses deux parents.
Dans cette région d'Afrique, comme ailleurs sur le continent, on qualifie en outre souvent de "parent" même un oncle ou une tante, parfois éloignés, qui vous ont recueilli, ce qui rend encore plus complexe le maniement de ces notions.
Face aux hommes et aux femmes assis sur des bancs séparés, le directeur du centre social d'Abéché tente de les aider dans leurs démarches.
"Nous avons d'abord observé les enfants, puis on les a interrogés. Ca nous a permis de récolter des informations sur leur nom et leur village d'origine", leur détaille le directeur Honoré About.
"Maintenant je voudrais vérifier s'il s'agit bien de leurs parents en croisant les informations, avant de demander au procureur de les mettre en contact avec les enfants", ajoute-t-il.
Les parents présumés lui posent de nombreuses questions et remplissent ensuite une fiche de renseignements.
Les 81 garçons et 22 filles âgés d'un à dix ans sont toujours à l'orphelinat d'Abéché. Selon les organisations humanitaires internationales, la quasi-totalité d'entre eux affirment avoir au moins un "parent" et venir de villages tchadiens frontaliers du Soudan.
Source: TV5
(M)