Eveil Hebdo : Il y a un an de cela la Coalition Vivre Ensemble était porté sur les fonts baptismaux et prenait part à la présidentielle, en récoltant un score honorable. Quelques mois plus tard, une scission était notée dans les rangs. Qu’en reste-t-il un an après ?
Diop Amadou Tidjane : Il en reste toujours cette lueur d’espoir qu’elle avait suscité lors de sa création qui remonte à plus d’une année déjà. Par contre je reprécise qu’il n’y a pas eu de scission plutôt des départs, Cela dit au passage la CVE se porte à merveille et compte le plutôt possible reprendre ses activités après cette levée de mesures De restrictions qui bloquaient tout le monde à cause de la pandémie du Covid- 19.
Mais auparavant faudra-t-il rappeler que notre cadre avait participé activement au soutien des populations en situation difficile de confinement à travers des distributions des jours durant de denrées alimentaires avant et pendant le mois ramadan, qui de surcroît avait encore rendu plus difficile la vie au quotidien.
En effet, en perspective nous avions aussi, au début du mois de février, au-delà d’avoir enclenché le processus de notre structuration retenu deux grands projets celui de l’organisation des assises nationales et la marche générale contre l’exclusion, respectivement confiés au président Chibih cheikh Melainine et moi-même. L’organisation de ces projets allait avoir lieu en mars et avril 2020.
Vous êtes banquier, comment pouvez-vous expliquer le détournement de fonds à la BCM avec la découverte aussi présumée d’un lot de faux dollars ? Où se situent selon vous les défaillances ? Et les niveaux de responsabilités ?
Il faut le souligner les faits sont tout simplement stupides, leur analyse doit nous amener à s’interroger sur deux questions essentiellement avant de nous prononcer sur une alternative de solution. D’abord l’origine de la défaillance ; ensuite les responsabilités en cause enfin les remèdes !
Ces faits traduisent en un mot que ce déficit de la caisse devises de la Banque Centrale confirme les défaillances du dispositif de contrôle interne qui s’opère, disons en dehors des normes non admises, entrainant sans équivoque des pratiques flagrantes de violation des procédures les plus élémentaires requise en matière de gestion bancaire tenant lieu de cadre normatif.
D’ailleurs ce déficit en dollars de cette envergure ne compromet-il pas les autres caisses de devises étrangères et même de la monnaie locale. Qu’en sait-on encore ?
Ce fait ne peut sans doute relever du hasard pour quelqu’un qui s’y connait peut soit il du fonctionnement du système bancaire, encore moins, qu’il soit une excursion spontanée ou de dernière minute. Il s’agit de résultat d’un processus impliquant au moins plus d’un seul employé.
Le forfait remonte probablement à quelque temps, me semble- t-il ! Peut-être même au temps de l’ancien gouverneur ? Ce qui pourrait étendre d’avantage les responsabilités. Aussi, toujours est- il que celle-ci demeure largement partagée au regard de ceux qui sont sensés s’impliquer dans la gestion des caisses de l’établissement.
En effet, ce qu’il faut savoir c’est qu’il existe pour toujours une entité chargée spécialement de l’audit et du contrôle de l’institution dans son intégralité, et donc des opérations de caisses en particulier et ce sans aucune forme de contrainte. C’est pourquoi d’ailleurs pour jouir de son indépendance totale cette structure ne peut dépendre directement que de la direction générale. Elle a en charge le pouvoir décisionnel à travers un programme qu’elle établit librement et en définit les orientations ainsi que les modalités de mise en application suivant un calendrier retenu.
Ainsi l’entité peut effectuer des inventaires physiques qui peuvent porter sur la monnaie locale, la monnaie étrangère et sur tout autre aspect qu’elle juge utile ou qui relève d’une suspicion.
C’est pourquoi, il est régulièrement établi un contrôle de routine, où un inventaire de manière inopinée 1,2 voir 3 fois par mois. Aucune date, ni heure, ni jour n’est fixé, au préalable pour l’exécution de ces opérations que le choix du contrôleur.
Le résultat du contrôle est systématiquement notifié à la hiérarchie surtout en cas d’un déficit ou d’excédent caisse et qui fait l’objet d’une écriture comptable assortie d’une proposition de régularisation et de suivi.
Rappelons aussi que le solde de la caisse appelé solde du jour doit être déterminé par le service du contrôle des caisses au jour le jour, et son arrêté ne pourra être effectué tant qu’il n’y a pas conformité des montants physiques et le solde comptable ou informatique dans le système. C’est plus qu’une routine cette tractation bancaire connue de tous.
Donc tout manquement à la tache de la structure de contrôle est susceptible de se passer des déficits en cumul ou même d’autres irrégularités plus flagrantes. Auquel cas la responsabilité pourrait de facto être engagée puisqu’elle relève d’une forme de complicité par omission ou abstinence.
Faudra-t-il aussi retenir qu’en plus de cette mission du contrôle interne, il existe un autre contrôle, cette fois ci effectué par le CAC (commissaire aux comptes) qui a la charge de certifier les comptes de l’institution à la fin de chaque exercice. Donc la responsabilité du CAC peut être engagée si ce déficit remonte à plus d’un exercice c’est à dire une année.
Selon vous, est-ce que ce scandale pourrait impacter l’économie nationale, avoir des répercussions négatives sur la monnaie, peser sur les rapports monétaires du pays avec les différents partenaires et sur la crédibilité du système monétaire mauritanien ?
Cela n’a aucun impact sur l’économie tellement que l’incident est minime. Je suis convaincu par ailleurs des montants dont l’enjeu est beaucoup plus déterminant font objet de détournement de tout temps dans l’administration publique ou au niveau des institutions de l’Etat. Et c’est le cumul de ces détournements ou malversations financières qui peuvent compromettre l’économie à l’échelle nationale puisque affectant directement le budget de l’état. Mon analyse peut justement vous amener à faire allusion à l’IGE(l’Inspection Générale d’Etat)......laissez-moi vous dire tout de suite que cet organe de contrôle ne relève d’aucune action de contrôle efficace, du moins si ce n’est que politique ou autre, car il faut le dire il agit plus à titre de dissuasion ou de répression des récalcitrants ou opposants aux différents régimes en place qu’autre chose. Donc son efficacité ne sera de mise tant qu’elle ne jouit pas de deux choses essentielles à toute institution d’investigation qui se veut respectable à savoir l’indépendance et la compétence requise en la matière. Une des preuves entre autre qui caractérise son indépendance c’est que ses missions sont plutôt ciblées ou commanditées au plus haut sommet de l’Etat au lieu de résulter d’un programme annuel élaboré comme le veut tout organe de contrôle opérant de façon libre et indépendante.
Ensuite parmi les inspecteurs qui constituent le corps on y trouve d’autres compétences qui n’ont rien à avoir avec l’audit ou l’inspection, qui il faut le rappeler est une profession digne du nom. Et toute profession requiert, pour être efficace, des connaissances minimales assorties d’une expérience la moindre dans le domaine. Nous pouvons citer en exemple le cas de la mission de l’IGE auprès de l’ENER en 2017 qui illustre sans aucun doute son indépendance et son manque de maîtrise du métier. D’autres exemples existent certainement.
Comment jugez-vous l’an 1 du mandat de Ghazouani ?
A une année déjà de son investiture qu’en est-il du bilan du président de la république est une question que doit se poser le peuple Mauritanien tout entier ? C’est vrai un an ponctué par 3 mois de contraintes liées à la pandémie du Covid -19, est disons peut être insuffisant pour évaluer une magistrature de 5 ans, mais je pense que les actes posés par le président Ghazwani jusque-là illustrent que son bilan demeure largement en deçà des attendes du peuple qui, se référant à son discours d’investiture avait espérer une rupture radicale d’avec les anciennes pratiques auxquelles sont habitués les Mauritaniens puisqu’ils restent attachés à un changement notoire.
Mais tant qu’il continue à garder dans son entourage des hommes qui ont servi pendant la décennie passée au gouvernement, au pouvoir ; dans les directions, les entreprises d’Etat, bref aux commandes du pays cela laissent encore le peuple perplexe.
Le président de la République lors de la cérémonie d’investiture avait à travers les mots prononcés suscité un très grand élan d’espoir. Car il s’était en âme et conscience disait- il engagé en ces termes suivants :...
"...afin de traiter les dysfonctionnements et combler les insuffisances quels qu’ils soient, afin de réaliser notre ambition légitime de bâtir une société moderne, forte de ses valeurs islamiques et de ses traditions séculaires, garantissant à tout citoyen son droit à la liberté, l’égalité, le bien-être pour ne parler que des grands axes, laissant les détails au moment approprié’’. Avait -il aussi ajouter je cite :
"Au premier rang de mes préoccupations sera la multiplication des chances pour toute composante de notre cher peuple, qui connût à travers son histoire, une injustice économique ou sociale. Nous trouverons – avec l’aide d’ALLAH – les mécanismes appropriés qui rendront ces compatriotes fiers d’appartenir à notre chère patrie".
Sur le plan de l’unité nationale, il n’y a eu aucun effort accompli, alors qu’il avait déclaré vouloir œuvrer je cite :
"avec la volonté d’ALLAH à préserver l’intégrité territoriale, à consolider les acquis démocratiques et à renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale dans le cadre d’un Etat de droit fondé sur le principe de la citoyenneté, riche de sa diversité et réconcilié avec lui-même".
Donc le peuple l’attend toujours à l’œuvre afin de voir qu’est ce qui est possible d’être fait pour renforcer cette unité nationale afin d’aller dans le sens de la création d’un citoyen Mauritanien.
L’on ne peut pas prétendre à la construction de l’unité nationale en poursuivant cette politique d’exclusion de la vallée et des harratines qui ne cachent plus leur inquiétude car se considérant marginalisés lors des recrutements dans l’armée, dans l’administration, mais aussi dans le cadre de la création d’emploi. Nous pensons que si le président de la République aspire toujours à cette volonté de reconstruire la Mauritanie, il se doit de rectifier le tir en redressant ces injustices qui n’ont que trop perdurer. Car l’unité nationale passe par une mise à niveau, l’absence de marginalisation, la lutte contre la pauvreté, les réformes agraires nécessaires, et la participation effective de toutes les composantes du pays dans les concours et recrutements, dans les placements dans les nominations....chacun se sentira concerné par tous ce qui engage l’avenir de cette nation.
L’ancien président Ould Abdel Aziz a refusé de déférer à la convocation de la commission d’enquête parlementaire. Que vous inspire ce refus ?
Il y’a beaucoup de choses à dire sur cette question qui domine l’actualité politique de nos jours.
D’abord j’avais donné mon point de vue à travers une vidéo restée d’ailleurs une semaine durant en ligne sur CRIDEM. Je voudrais quand même rappeler au juste que même si l’ex président Mohamed Ould Abdel Aziz reste le premier responsable dans la gestion des affaires d’Etat, il n’en demeure pas le seul concerné par la gestion direct de certains dossiers. Ceux-là aujourd’hui se trouvent dans les sillages de l’actuel président de la République et continue d’assumer de hautes responsabilités administratives, pourquoi n’ont-ils pas été auditionnés par la commission d’enquête parlementaire ?
Ensuite serait-il nécessaire de s’interroger sur le degré de crédibilité de cette commission constituée essentiellement de députés de l’UPR qui jadis, étaient tous impliqués dans l’initiative de torpiller la loi fondamentale afin de permettre un troisième mandat à celui qu’ils souhaitent percuter aujourd’hui dans le cadre d’une enquête parlementaire qu’ils sont en train d’instrumentaliser.
Personnellement, je pense que le peuple qui a élu ces parlementaires attend d’eux autres chose, que de s’acharner contre une personne dont on sait tous que le motif réel relève plus d’ordre politique et de règlement de compte. Encore faudra-t-il demander en quoi envoyer l’ex président Mohamed Ould Abdel Aziz en prison contribuerait à régler les vrais problèmes auxquels sont confrontés les Mauritaniens dans leur quotidien, à savoir la question de cohabitation, de discrimination, d’exclusion, d’esclavage ; des questions foncières pour ne citer que ceux-là.
Eh bien ! Nous souhaitions très sincèrement que de telles pratiques s’érigent désormais en règle dans notre pays dont les ressources ne méritent guère d’être pillées .Aussi pourvu que l’on observe toutes les conditions requises en la matière pour mener au bout l’enquête et appliquer au final contre les criminels la sanction prévue par la réglementation en vigueur.
Mais une fois encore je doute fort bien du sérieux dans cette ambition parlementaire affichée qui injustement exempte de ses auditions des personnes présumées au centre de gestion des dossiers en question...
A mon sens, les parlementaires auraient pu s’inscrire dans une autre dynamique en réclamant un tribunal pénal international pour la Mauritanie afin de juger les coupables des exactions commises et poser par ce fait les actes forts en vue d’enclencher le processus d’une réconciliation nationale. Afin de restaurer l’espoir d’une reconstruction d’un Etat fédérateur ou tous les fils de ce pays seront désormais égaux en droit et en devoir.
Sinon face à son refus de l’ex président de déférer à la convocation de la commission parlementaire, celle-ci ne peut et ne jouit d’aucune compétence, ni politique ni juridique de prétendre à l’amener par la force publique, en ce sens que la CEP ne constitue nullement un organe de juridiction encore moins une chambre d’accusation. Donc son ressort s’arrête juste au constat de son refus qui peut faire mention dans son rapport commandité par l’assemblée nationale, qui à son tour lors d’une session en plénière soumet aux députés pour se prononcer de la suite à donner à la circonstance.
Encore faudra-t-il s’interroger quand même sur un certain nombre de questions de droit et de l’égalité liées à cette affaire qui défraie la chronique, en ce sens que la haute cour de justice est sensée être une émanation de la haute chambre, du moins constitutionnellement. Alors celle-ci n’existant plus aujourd’hui, la substitution par une autre chambre c’est à dire celle des députés peut-elle s’opérer de facto avant quelques réaménagement juridiques et ou constitutionnels ! C’est la première problématique qui se pose.
Ensuite, même lorsque cette option s’imposait sans contrainte, la deuxième problématique consiste à s’interroger sur la légalité de contrôle par des députés d’une gestion d’un budget dont ils n’ont approuvé l’exécution. Puisqu’il faut rappeler que l’actuel parlement n’est mis en place qu’en fin 2018, alors que le budget pour l’exécution de ces dossiers en questions avait été soumis à l’approbation puis validé lors de la législature précédente !
Propos recueillis par Saydou Nourou T.
Source : Eveil Hebdo
Diop Amadou Tidjane : Il en reste toujours cette lueur d’espoir qu’elle avait suscité lors de sa création qui remonte à plus d’une année déjà. Par contre je reprécise qu’il n’y a pas eu de scission plutôt des départs, Cela dit au passage la CVE se porte à merveille et compte le plutôt possible reprendre ses activités après cette levée de mesures De restrictions qui bloquaient tout le monde à cause de la pandémie du Covid- 19.
Mais auparavant faudra-t-il rappeler que notre cadre avait participé activement au soutien des populations en situation difficile de confinement à travers des distributions des jours durant de denrées alimentaires avant et pendant le mois ramadan, qui de surcroît avait encore rendu plus difficile la vie au quotidien.
En effet, en perspective nous avions aussi, au début du mois de février, au-delà d’avoir enclenché le processus de notre structuration retenu deux grands projets celui de l’organisation des assises nationales et la marche générale contre l’exclusion, respectivement confiés au président Chibih cheikh Melainine et moi-même. L’organisation de ces projets allait avoir lieu en mars et avril 2020.
Vous êtes banquier, comment pouvez-vous expliquer le détournement de fonds à la BCM avec la découverte aussi présumée d’un lot de faux dollars ? Où se situent selon vous les défaillances ? Et les niveaux de responsabilités ?
Il faut le souligner les faits sont tout simplement stupides, leur analyse doit nous amener à s’interroger sur deux questions essentiellement avant de nous prononcer sur une alternative de solution. D’abord l’origine de la défaillance ; ensuite les responsabilités en cause enfin les remèdes !
Ces faits traduisent en un mot que ce déficit de la caisse devises de la Banque Centrale confirme les défaillances du dispositif de contrôle interne qui s’opère, disons en dehors des normes non admises, entrainant sans équivoque des pratiques flagrantes de violation des procédures les plus élémentaires requise en matière de gestion bancaire tenant lieu de cadre normatif.
D’ailleurs ce déficit en dollars de cette envergure ne compromet-il pas les autres caisses de devises étrangères et même de la monnaie locale. Qu’en sait-on encore ?
Ce fait ne peut sans doute relever du hasard pour quelqu’un qui s’y connait peut soit il du fonctionnement du système bancaire, encore moins, qu’il soit une excursion spontanée ou de dernière minute. Il s’agit de résultat d’un processus impliquant au moins plus d’un seul employé.
Le forfait remonte probablement à quelque temps, me semble- t-il ! Peut-être même au temps de l’ancien gouverneur ? Ce qui pourrait étendre d’avantage les responsabilités. Aussi, toujours est- il que celle-ci demeure largement partagée au regard de ceux qui sont sensés s’impliquer dans la gestion des caisses de l’établissement.
En effet, ce qu’il faut savoir c’est qu’il existe pour toujours une entité chargée spécialement de l’audit et du contrôle de l’institution dans son intégralité, et donc des opérations de caisses en particulier et ce sans aucune forme de contrainte. C’est pourquoi d’ailleurs pour jouir de son indépendance totale cette structure ne peut dépendre directement que de la direction générale. Elle a en charge le pouvoir décisionnel à travers un programme qu’elle établit librement et en définit les orientations ainsi que les modalités de mise en application suivant un calendrier retenu.
Ainsi l’entité peut effectuer des inventaires physiques qui peuvent porter sur la monnaie locale, la monnaie étrangère et sur tout autre aspect qu’elle juge utile ou qui relève d’une suspicion.
C’est pourquoi, il est régulièrement établi un contrôle de routine, où un inventaire de manière inopinée 1,2 voir 3 fois par mois. Aucune date, ni heure, ni jour n’est fixé, au préalable pour l’exécution de ces opérations que le choix du contrôleur.
Le résultat du contrôle est systématiquement notifié à la hiérarchie surtout en cas d’un déficit ou d’excédent caisse et qui fait l’objet d’une écriture comptable assortie d’une proposition de régularisation et de suivi.
Rappelons aussi que le solde de la caisse appelé solde du jour doit être déterminé par le service du contrôle des caisses au jour le jour, et son arrêté ne pourra être effectué tant qu’il n’y a pas conformité des montants physiques et le solde comptable ou informatique dans le système. C’est plus qu’une routine cette tractation bancaire connue de tous.
Donc tout manquement à la tache de la structure de contrôle est susceptible de se passer des déficits en cumul ou même d’autres irrégularités plus flagrantes. Auquel cas la responsabilité pourrait de facto être engagée puisqu’elle relève d’une forme de complicité par omission ou abstinence.
Faudra-t-il aussi retenir qu’en plus de cette mission du contrôle interne, il existe un autre contrôle, cette fois ci effectué par le CAC (commissaire aux comptes) qui a la charge de certifier les comptes de l’institution à la fin de chaque exercice. Donc la responsabilité du CAC peut être engagée si ce déficit remonte à plus d’un exercice c’est à dire une année.
Selon vous, est-ce que ce scandale pourrait impacter l’économie nationale, avoir des répercussions négatives sur la monnaie, peser sur les rapports monétaires du pays avec les différents partenaires et sur la crédibilité du système monétaire mauritanien ?
Cela n’a aucun impact sur l’économie tellement que l’incident est minime. Je suis convaincu par ailleurs des montants dont l’enjeu est beaucoup plus déterminant font objet de détournement de tout temps dans l’administration publique ou au niveau des institutions de l’Etat. Et c’est le cumul de ces détournements ou malversations financières qui peuvent compromettre l’économie à l’échelle nationale puisque affectant directement le budget de l’état. Mon analyse peut justement vous amener à faire allusion à l’IGE(l’Inspection Générale d’Etat)......laissez-moi vous dire tout de suite que cet organe de contrôle ne relève d’aucune action de contrôle efficace, du moins si ce n’est que politique ou autre, car il faut le dire il agit plus à titre de dissuasion ou de répression des récalcitrants ou opposants aux différents régimes en place qu’autre chose. Donc son efficacité ne sera de mise tant qu’elle ne jouit pas de deux choses essentielles à toute institution d’investigation qui se veut respectable à savoir l’indépendance et la compétence requise en la matière. Une des preuves entre autre qui caractérise son indépendance c’est que ses missions sont plutôt ciblées ou commanditées au plus haut sommet de l’Etat au lieu de résulter d’un programme annuel élaboré comme le veut tout organe de contrôle opérant de façon libre et indépendante.
Ensuite parmi les inspecteurs qui constituent le corps on y trouve d’autres compétences qui n’ont rien à avoir avec l’audit ou l’inspection, qui il faut le rappeler est une profession digne du nom. Et toute profession requiert, pour être efficace, des connaissances minimales assorties d’une expérience la moindre dans le domaine. Nous pouvons citer en exemple le cas de la mission de l’IGE auprès de l’ENER en 2017 qui illustre sans aucun doute son indépendance et son manque de maîtrise du métier. D’autres exemples existent certainement.
Comment jugez-vous l’an 1 du mandat de Ghazouani ?
A une année déjà de son investiture qu’en est-il du bilan du président de la république est une question que doit se poser le peuple Mauritanien tout entier ? C’est vrai un an ponctué par 3 mois de contraintes liées à la pandémie du Covid -19, est disons peut être insuffisant pour évaluer une magistrature de 5 ans, mais je pense que les actes posés par le président Ghazwani jusque-là illustrent que son bilan demeure largement en deçà des attendes du peuple qui, se référant à son discours d’investiture avait espérer une rupture radicale d’avec les anciennes pratiques auxquelles sont habitués les Mauritaniens puisqu’ils restent attachés à un changement notoire.
Mais tant qu’il continue à garder dans son entourage des hommes qui ont servi pendant la décennie passée au gouvernement, au pouvoir ; dans les directions, les entreprises d’Etat, bref aux commandes du pays cela laissent encore le peuple perplexe.
Le président de la République lors de la cérémonie d’investiture avait à travers les mots prononcés suscité un très grand élan d’espoir. Car il s’était en âme et conscience disait- il engagé en ces termes suivants :...
"...afin de traiter les dysfonctionnements et combler les insuffisances quels qu’ils soient, afin de réaliser notre ambition légitime de bâtir une société moderne, forte de ses valeurs islamiques et de ses traditions séculaires, garantissant à tout citoyen son droit à la liberté, l’égalité, le bien-être pour ne parler que des grands axes, laissant les détails au moment approprié’’. Avait -il aussi ajouter je cite :
"Au premier rang de mes préoccupations sera la multiplication des chances pour toute composante de notre cher peuple, qui connût à travers son histoire, une injustice économique ou sociale. Nous trouverons – avec l’aide d’ALLAH – les mécanismes appropriés qui rendront ces compatriotes fiers d’appartenir à notre chère patrie".
Sur le plan de l’unité nationale, il n’y a eu aucun effort accompli, alors qu’il avait déclaré vouloir œuvrer je cite :
"avec la volonté d’ALLAH à préserver l’intégrité territoriale, à consolider les acquis démocratiques et à renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale dans le cadre d’un Etat de droit fondé sur le principe de la citoyenneté, riche de sa diversité et réconcilié avec lui-même".
Donc le peuple l’attend toujours à l’œuvre afin de voir qu’est ce qui est possible d’être fait pour renforcer cette unité nationale afin d’aller dans le sens de la création d’un citoyen Mauritanien.
L’on ne peut pas prétendre à la construction de l’unité nationale en poursuivant cette politique d’exclusion de la vallée et des harratines qui ne cachent plus leur inquiétude car se considérant marginalisés lors des recrutements dans l’armée, dans l’administration, mais aussi dans le cadre de la création d’emploi. Nous pensons que si le président de la République aspire toujours à cette volonté de reconstruire la Mauritanie, il se doit de rectifier le tir en redressant ces injustices qui n’ont que trop perdurer. Car l’unité nationale passe par une mise à niveau, l’absence de marginalisation, la lutte contre la pauvreté, les réformes agraires nécessaires, et la participation effective de toutes les composantes du pays dans les concours et recrutements, dans les placements dans les nominations....chacun se sentira concerné par tous ce qui engage l’avenir de cette nation.
L’ancien président Ould Abdel Aziz a refusé de déférer à la convocation de la commission d’enquête parlementaire. Que vous inspire ce refus ?
Il y’a beaucoup de choses à dire sur cette question qui domine l’actualité politique de nos jours.
D’abord j’avais donné mon point de vue à travers une vidéo restée d’ailleurs une semaine durant en ligne sur CRIDEM. Je voudrais quand même rappeler au juste que même si l’ex président Mohamed Ould Abdel Aziz reste le premier responsable dans la gestion des affaires d’Etat, il n’en demeure pas le seul concerné par la gestion direct de certains dossiers. Ceux-là aujourd’hui se trouvent dans les sillages de l’actuel président de la République et continue d’assumer de hautes responsabilités administratives, pourquoi n’ont-ils pas été auditionnés par la commission d’enquête parlementaire ?
Ensuite serait-il nécessaire de s’interroger sur le degré de crédibilité de cette commission constituée essentiellement de députés de l’UPR qui jadis, étaient tous impliqués dans l’initiative de torpiller la loi fondamentale afin de permettre un troisième mandat à celui qu’ils souhaitent percuter aujourd’hui dans le cadre d’une enquête parlementaire qu’ils sont en train d’instrumentaliser.
Personnellement, je pense que le peuple qui a élu ces parlementaires attend d’eux autres chose, que de s’acharner contre une personne dont on sait tous que le motif réel relève plus d’ordre politique et de règlement de compte. Encore faudra-t-il demander en quoi envoyer l’ex président Mohamed Ould Abdel Aziz en prison contribuerait à régler les vrais problèmes auxquels sont confrontés les Mauritaniens dans leur quotidien, à savoir la question de cohabitation, de discrimination, d’exclusion, d’esclavage ; des questions foncières pour ne citer que ceux-là.
Eh bien ! Nous souhaitions très sincèrement que de telles pratiques s’érigent désormais en règle dans notre pays dont les ressources ne méritent guère d’être pillées .Aussi pourvu que l’on observe toutes les conditions requises en la matière pour mener au bout l’enquête et appliquer au final contre les criminels la sanction prévue par la réglementation en vigueur.
Mais une fois encore je doute fort bien du sérieux dans cette ambition parlementaire affichée qui injustement exempte de ses auditions des personnes présumées au centre de gestion des dossiers en question...
A mon sens, les parlementaires auraient pu s’inscrire dans une autre dynamique en réclamant un tribunal pénal international pour la Mauritanie afin de juger les coupables des exactions commises et poser par ce fait les actes forts en vue d’enclencher le processus d’une réconciliation nationale. Afin de restaurer l’espoir d’une reconstruction d’un Etat fédérateur ou tous les fils de ce pays seront désormais égaux en droit et en devoir.
Sinon face à son refus de l’ex président de déférer à la convocation de la commission parlementaire, celle-ci ne peut et ne jouit d’aucune compétence, ni politique ni juridique de prétendre à l’amener par la force publique, en ce sens que la CEP ne constitue nullement un organe de juridiction encore moins une chambre d’accusation. Donc son ressort s’arrête juste au constat de son refus qui peut faire mention dans son rapport commandité par l’assemblée nationale, qui à son tour lors d’une session en plénière soumet aux députés pour se prononcer de la suite à donner à la circonstance.
Encore faudra-t-il s’interroger quand même sur un certain nombre de questions de droit et de l’égalité liées à cette affaire qui défraie la chronique, en ce sens que la haute cour de justice est sensée être une émanation de la haute chambre, du moins constitutionnellement. Alors celle-ci n’existant plus aujourd’hui, la substitution par une autre chambre c’est à dire celle des députés peut-elle s’opérer de facto avant quelques réaménagement juridiques et ou constitutionnels ! C’est la première problématique qui se pose.
Ensuite, même lorsque cette option s’imposait sans contrainte, la deuxième problématique consiste à s’interroger sur la légalité de contrôle par des députés d’une gestion d’un budget dont ils n’ont approuvé l’exécution. Puisqu’il faut rappeler que l’actuel parlement n’est mis en place qu’en fin 2018, alors que le budget pour l’exécution de ces dossiers en questions avait été soumis à l’approbation puis validé lors de la législature précédente !
Propos recueillis par Saydou Nourou T.
Source : Eveil Hebdo