Le procureur de la République près le tribunal de N'Djamena a donné plus de détails jeudi, au lendemain d'une fusillade qui a eu lieu près et à l'intérieur de la présidence tchadienne.
Dans un communiqué rendu public ce matin, Oumar Mahamat Kedelaye a qualifié l'attaque ''d'actes d'une extrême gravité constituant au regard de la loi pénale, des crimes d'assassinat, des coups et blessures volontaires, de tentative d'atteinte à l'ordre constitutionnel, d'atteinte aux institutions de l'État, à la sûreté de l'État, de complot contre l'État et de participation à un mouvement insurrectionnel''.
Il a également indiqué que des enquêtes sont déjà ouvertes pour ''rechercher et identifier tous les instigateurs, les auteurs, les coauteurs et complices de ces actes, procéder aux arrestations de ces instigateurs, auteurs, coauteurs et complices de ces actes afin de leur appliquer la rigueur de la loi''.
Que s'est-il passé à N'Djamena?
Des coups de feu ont été entendus mercredi soir aux abords et à l'intérieur du palais présidentiel tchadien mais selon les autorités, "tout est désormais sous contrôle"
C'est l'Agence France Presse qui a donné l'alerte, indiquant que des tirs nourris étaient entendus au centre de la capitale tchadienne, et que des sources lui avaient indiqué que des tirs provenaient aussi de l'intérieur du palais, aux environs de 20 H 50 locales.
Une habitante de Ndjamena a déclaré à la BBC que les coups de feu se faisaient toujours entendre vers 21 H 30, indiquant avoir peur.
Un peu plus tard dans la nuit, le dispositif de blocage des voies menant à la présidence a été partiellement levé et des chars d'assaut ont été aperçus dans les rues de la capitale, provoquant l'agitation et la tension parmi les résidents proches du palais.
Pendant ce temps, les habitants de la capitale ont réagi à l'incident. L'un d'entre eux, qui a préféré garder l'anonymat, a déclaré à la BBC que c'était une mission suicidaire pour tout groupe de tenter de conquérir la présidence à pied.
« En tant qu'habitant de N'Djamena, je n'ai pas peur car l'armée est forte. D'après les vidéos que nous avons visionnées, les assaillants ont été tués et quelques-uns d'entre eux ont été capturés. Il est vrai que cela peut nous inquiéter un peu parce que nous ne savons pas encore combien ils sont dans le pays et nous ne savons pas comment ils vont opérer », a-t-il déclaré.
Un autre habitant a blâmé l'ancien maître colonial du Tchad, la France. Il a suggéré que les critiques du président Emmanuel Macron à l'égard des dirigeants africains qui ont décidé de mettre fin au pacte de défense avec la France ont été un élément déclencheur.
« M. Macron a déclaré que les dirigeants africains avaient oublié de remercier la France pour son aide dans la lutte contre le terrorisme. Le Tchad a répondu par un communiqué et le président Deby a également répondu hier, ce qui a déclenché une véritable tension entre les deux présidents », a-t-il encore affirmé.
Les habitants étaient pour la plupart à l'intérieur au moment où les coups de feu ont éclaté autour du bâtiment présidentiel, beaucoup soupçonnant qu'il s'agissait d'une tentative de coup d'État.
Des vidéos non vérifiées ont circulé sur les réseaux sociaux, montrant des corps de combattants djihadistes qui auraient été tués lors de l'attaque.
Pour le moment, la présidence elle-même n'a pas communiqué sur les événements en cours.
Mais le ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, Abderrahmane Koulamallah, est apparu dans un bref direct sur sa page Facebook, pour indiquer que tout était sous contrôle.
Départ de la force française
Dans cette vidéo consultée par la BBC, on voit M. Abderrahmane Koulamallah, chemise bleu ciel avec une arme à feu fixée sur sa hanche, s'exprimer dans une cour qu'il présente comme celle de la présidence de la République.
"Je suis actuellement à la présidence de la République, la situation est totalement sous contrôle, nous ne pouvons rien vous dire pour l'instant", déclare le ministre.
Derrière lui, un groupe de militaires en treillis, Kalashnikovs à la main font des vas et vient, avec un air assez tendu. Un peu plus loin, on aperçoit un blindé stationné.
Monsieur Koulamallah indique notamment attendre l'arrivée du procureur de la République pour ''montrer la réalité de ce qui s'est passé".
Il ajoute vouloir ''rassurer l'ensemble des Tchadiens que c'est un petit incident qui s'est passé, tout a été éradiqué" déclare-t-il, promettant de revenir ''longuement sur la situation tout au long de la soirée''.
On en sait un peu plus sur le bilan. Dans une déclaration un peu plus tard dans la soirée, à la télévision publique, le ministre Koulamallah a expliqué que les échanges de tirs ont fait ''19 morts, dont 18 parmi les assaillants''.
On compte aussi 6 blessés. Selon lui, il s'agit d'un commando, dont il n'a pas précisé l'identité, qui comptait 25 personnes.
Ils sont arrivés à bord d'un véhicule de marque Dyna, a-t-il confié, et "leur véhicule a semblé être en panne devant la présidence, ils sont descendus de façon violente et ils ont poignardé les quatre gardes qui étaient présent, et tué un, en suite ils ont pénétré à une courte distance à l'intérieur de la présidence", a poursuivi Abdourahmane Koulamallah.
Il a également écarté la piste terroriste, et précisé que les assaillants n'avaient aucune arme à feu.
Le 5 janvier 2023, le gouvernement tchadien avait affirmé avoir arrêté, à partir du 8 décembre 2022, 11 officiers et un militant connu des droits de l'Homme, Baradine Berdei Targuio, présenté comme le cerveau d'une "tentative de déstabilisation" de "l'ordre constitutionnel" et "des institutions de la République".
Ces personnes avaient été détenues dans la prison de haute sécurité de Koro Toro, à 600 kilomètres de N'Djamena. Condamnées à 20 ans de prison, elles avaient été graciées par le président Mahamat Idriss Deby.
Plus tôt dans la journée de mercredi, quelque 70 soldats français et environ 8 tonnes de marchandises ont quitté Ndjamena dans le cadre du retrait des troupes du pays.
L'ancienne colonie française abritait les dernières bases militaires françaises dans la région du Sahel, mais à la fin du mois de novembre de l'année dernière, le Tchad a mis fin aux accords de défense et de sécurité avec Paris.
Un millier de militaires français étaient stationnés dans le pays et sont en cours de retrait.
Trois autres pays voisins du Sahel dirigés par des juntes militaires - le Burkina Faso, le Mali et le Niger - ont renvoyé les troupes françaises de leur territoire.
De même, deux pays d'Afrique de l'Ouest, le Sénégal et la Côte d'Ivoire, ont également demandé à la France de retirer ses troupes des bases militaires situées sur leur territoire.
Armand Mouko Boudombo
Role, Journaliste BBC Afrique
Source : BBC Afrique (Royaume-Uni)
Dans un communiqué rendu public ce matin, Oumar Mahamat Kedelaye a qualifié l'attaque ''d'actes d'une extrême gravité constituant au regard de la loi pénale, des crimes d'assassinat, des coups et blessures volontaires, de tentative d'atteinte à l'ordre constitutionnel, d'atteinte aux institutions de l'État, à la sûreté de l'État, de complot contre l'État et de participation à un mouvement insurrectionnel''.
Il a également indiqué que des enquêtes sont déjà ouvertes pour ''rechercher et identifier tous les instigateurs, les auteurs, les coauteurs et complices de ces actes, procéder aux arrestations de ces instigateurs, auteurs, coauteurs et complices de ces actes afin de leur appliquer la rigueur de la loi''.
Que s'est-il passé à N'Djamena?
Des coups de feu ont été entendus mercredi soir aux abords et à l'intérieur du palais présidentiel tchadien mais selon les autorités, "tout est désormais sous contrôle"
C'est l'Agence France Presse qui a donné l'alerte, indiquant que des tirs nourris étaient entendus au centre de la capitale tchadienne, et que des sources lui avaient indiqué que des tirs provenaient aussi de l'intérieur du palais, aux environs de 20 H 50 locales.
Une habitante de Ndjamena a déclaré à la BBC que les coups de feu se faisaient toujours entendre vers 21 H 30, indiquant avoir peur.
Un peu plus tard dans la nuit, le dispositif de blocage des voies menant à la présidence a été partiellement levé et des chars d'assaut ont été aperçus dans les rues de la capitale, provoquant l'agitation et la tension parmi les résidents proches du palais.
Pendant ce temps, les habitants de la capitale ont réagi à l'incident. L'un d'entre eux, qui a préféré garder l'anonymat, a déclaré à la BBC que c'était une mission suicidaire pour tout groupe de tenter de conquérir la présidence à pied.
« En tant qu'habitant de N'Djamena, je n'ai pas peur car l'armée est forte. D'après les vidéos que nous avons visionnées, les assaillants ont été tués et quelques-uns d'entre eux ont été capturés. Il est vrai que cela peut nous inquiéter un peu parce que nous ne savons pas encore combien ils sont dans le pays et nous ne savons pas comment ils vont opérer », a-t-il déclaré.
Un autre habitant a blâmé l'ancien maître colonial du Tchad, la France. Il a suggéré que les critiques du président Emmanuel Macron à l'égard des dirigeants africains qui ont décidé de mettre fin au pacte de défense avec la France ont été un élément déclencheur.
« M. Macron a déclaré que les dirigeants africains avaient oublié de remercier la France pour son aide dans la lutte contre le terrorisme. Le Tchad a répondu par un communiqué et le président Deby a également répondu hier, ce qui a déclenché une véritable tension entre les deux présidents », a-t-il encore affirmé.
Les habitants étaient pour la plupart à l'intérieur au moment où les coups de feu ont éclaté autour du bâtiment présidentiel, beaucoup soupçonnant qu'il s'agissait d'une tentative de coup d'État.
Des vidéos non vérifiées ont circulé sur les réseaux sociaux, montrant des corps de combattants djihadistes qui auraient été tués lors de l'attaque.
Pour le moment, la présidence elle-même n'a pas communiqué sur les événements en cours.
Mais le ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, Abderrahmane Koulamallah, est apparu dans un bref direct sur sa page Facebook, pour indiquer que tout était sous contrôle.
Départ de la force française
Dans cette vidéo consultée par la BBC, on voit M. Abderrahmane Koulamallah, chemise bleu ciel avec une arme à feu fixée sur sa hanche, s'exprimer dans une cour qu'il présente comme celle de la présidence de la République.
"Je suis actuellement à la présidence de la République, la situation est totalement sous contrôle, nous ne pouvons rien vous dire pour l'instant", déclare le ministre.
Derrière lui, un groupe de militaires en treillis, Kalashnikovs à la main font des vas et vient, avec un air assez tendu. Un peu plus loin, on aperçoit un blindé stationné.
Monsieur Koulamallah indique notamment attendre l'arrivée du procureur de la République pour ''montrer la réalité de ce qui s'est passé".
Il ajoute vouloir ''rassurer l'ensemble des Tchadiens que c'est un petit incident qui s'est passé, tout a été éradiqué" déclare-t-il, promettant de revenir ''longuement sur la situation tout au long de la soirée''.
On en sait un peu plus sur le bilan. Dans une déclaration un peu plus tard dans la soirée, à la télévision publique, le ministre Koulamallah a expliqué que les échanges de tirs ont fait ''19 morts, dont 18 parmi les assaillants''.
On compte aussi 6 blessés. Selon lui, il s'agit d'un commando, dont il n'a pas précisé l'identité, qui comptait 25 personnes.
Ils sont arrivés à bord d'un véhicule de marque Dyna, a-t-il confié, et "leur véhicule a semblé être en panne devant la présidence, ils sont descendus de façon violente et ils ont poignardé les quatre gardes qui étaient présent, et tué un, en suite ils ont pénétré à une courte distance à l'intérieur de la présidence", a poursuivi Abdourahmane Koulamallah.
Il a également écarté la piste terroriste, et précisé que les assaillants n'avaient aucune arme à feu.
Le 5 janvier 2023, le gouvernement tchadien avait affirmé avoir arrêté, à partir du 8 décembre 2022, 11 officiers et un militant connu des droits de l'Homme, Baradine Berdei Targuio, présenté comme le cerveau d'une "tentative de déstabilisation" de "l'ordre constitutionnel" et "des institutions de la République".
Ces personnes avaient été détenues dans la prison de haute sécurité de Koro Toro, à 600 kilomètres de N'Djamena. Condamnées à 20 ans de prison, elles avaient été graciées par le président Mahamat Idriss Deby.
Plus tôt dans la journée de mercredi, quelque 70 soldats français et environ 8 tonnes de marchandises ont quitté Ndjamena dans le cadre du retrait des troupes du pays.
L'ancienne colonie française abritait les dernières bases militaires françaises dans la région du Sahel, mais à la fin du mois de novembre de l'année dernière, le Tchad a mis fin aux accords de défense et de sécurité avec Paris.
Un millier de militaires français étaient stationnés dans le pays et sont en cours de retrait.
Trois autres pays voisins du Sahel dirigés par des juntes militaires - le Burkina Faso, le Mali et le Niger - ont renvoyé les troupes françaises de leur territoire.
De même, deux pays d'Afrique de l'Ouest, le Sénégal et la Côte d'Ivoire, ont également demandé à la France de retirer ses troupes des bases militaires situées sur leur territoire.
Armand Mouko Boudombo
Role, Journaliste BBC Afrique
Source : BBC Afrique (Royaume-Uni)