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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

CE QUI RESTE DE SENGHOR


CE QUI RESTE DE SENGHOR
L’ancien président sénégalais aurait eu 100 ans ce 9 octobre. Entre l’oeuvre poétique, la défense des valeurs négro-africaines, le combat pour le dialogue des cultures et, bien sûr, la construction d’un Etat démocratique, il est difficile de dire quelle part de son action aura été la plus remarquable. Source : Jeune Afrique
« Ma négritude point n’est sommeil de la race mais soleil de l’âme, ma négritude vue et vie/ Ma négritude est truelle à la main, est lance au poing/ Récade. Il n’est question de boire de manger l’instant qui passe/ Tant pis si je m’attendris sur les roses du Cap-Vert !/ Ma tâche est d’éveiller mon peuple aux futurs flamboyants/ Ma joie de créer des images pour le nourrir, ô lumières rythmées de la Parole ! » Ainsi s’exprime Léopold Sédar Senghor dans Élégies majeures, recueil de poèmes paru en 1979 aux éditions du Seuil. Le propos est manifeste : le poète s’assigne un rôle d’éclaireur, de démiurge, d’éveilleur de consciences. Son art, plutôt que d’être un simple exercice de style, une vaine alchimie des mots, se veut utile. Et quand on lui demande ce qui est plus important pour lui, la politique ou la littérature, il répond sans hésiter : « Mes poèmes. C’est là l’essentiel. » Paradoxalement, son œuvre poétique, peu abondante, tient en un seul volume. Qu’importe : ce n’est pas la quantité qui fait le poète. Quand il débarque en France en 1928, Léopold Sédar Senghor a soif de culture, faim de savoir. Il veut apprivoiser cette langue française qui le fascine. Il veut l’assimiler, avant de l’assujettir à son tempérament, lui qui a fréquenté Victor Hugo, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Paul Valéry... Les univers de ces poètes sont déjà une partie intégrante de sa culture. Mais le jeune Sénégalais ne vient pas les mains vides : ses racines sont bien profondes. Et il a la nostalgie de son « royaume d’enfance », Joal, où il est né, et Djilôr, le village de sa mère. Il se souvient d’histoires merveilleuses et de la richesse de la poésie populaire sérère, telle que révélée par ses poétesses préférées Koumba Ndiaye, Marône Ndiaye, Siga Diouf... Et Senghor connaît l’Afrique lorsqu’il franchit le seuil du lycée Louis-le-Grand de Paris, où est formée une partie de la future élite française.

Le Paris des années 1930 est déjà cosmopolite. Il y a là quelques jeunes venus des colonies (Afrique, Antilles, Guyane...). Mais aussi des Américains noirs, écrivains ou musiciens de jazz. Il se lie avec eux, et, un peu grâce à lui, ils découvrent l’Afrique, réelle ou idéalisée, part importante de leur identité originelle perdue. Parmi les amis de Senghor, on trouve Aimé Césaire, le Martiniquais, ou Léon Gontran Damas, le Guyanais. Les trois hommes, avec d’autres, mènent alors un combat, celui de l’affirmation de leur identité niée par ceux qui, du haut de leur suffisance, ne voient en eux que des sous-hommes, assimilables à merci et sans culture.

Ainsi naît la négritude. Dans ces années 1930, mener un tel combat, quand on vient des colonies, demande une grande dose de courage. Ce courage-là, Senghor et ses camarades l’ont. Et ils ramassent le mot nègre, synonyme d’être inférieur, pour en faire une valeur positive. Mais les détracteurs du poète sénégalais ont toujours prétendu qu’il était soumis à la France, que sa négritude était à genoux, ontologique, comparée à celle d’un Césaire, debout et militante. C’est confondre ses choix politiques et sa création littéraire. C’est oublier que Césaire était à la recherche de son moi, alors que Senghor n’était pas dans une quête de racines. Il avait ses racines. Il connaissait ses racines.

Quand on se donne la peine de lire sa poésie, on découvre que, tout en se voulant francophile, Senghor n’a cessé de militer pour la reconnaissance des civilisations négro-africaines. Cet homme, fier de descendre de trois ethnies africaines (son père était sérère d’origine malinkée et sa mère sérère d’origine peule), a toujours revendiqué son appartenance à l’Afrique, dont il connaissait les cultures. Il est le seul poète du continent à avoir autant célébré l’Afrique, dans sa diversité, sa complexité et, finalement, dans son unité. Tout cela dans un style où « cette vieille dame de langue française » est « bousculée », sans être « maltraitée ». C’est ce qu’il a appelé la poésie-vision, en totale rupture avec la tradition de la poésie française. Il est resté lui-même, c’est-à-dire nègre, avec toujours à l’esprit la structure du poème traditionnel africain, malgré les influences d’auteurs comme Paul Claudel ou Saint-John Perse. L’apport des autres étant pour lui un enrichissement, au lieu d’être un asservissement.

La poésie de Senghor est pleine de combats. Notamment contre l’injustice et l’oubli. En 1940, dans un poème dédié à Léon Gontran Damas, il soulève, après l’avoir fait en 1938, la question des soldats africains morts pour la France : « Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort/ Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang ?/ Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux/ Je ne laisserai pas - non ! - les louanges de mépris vous enterrer furtivement./ Vous n’êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur/ Mais je déchirerai les rires banania sur tous les murs de France. » (« Poème liminaire », Hosties noires).

Senghor ? Ce sont ces millions d’écoliers et élèves africains qui, au lendemain des indépendances, après avoir été gavés de textes choisis par les anciennes métropoles, découvrent l’existence de poètes bien de chez eux, traitant des thèmes certes universels, mais d’abord ancrés dans leur propre réalité. Ce Senghor-là a suscité des vocations. Au cours des années 1970, alors qu’il est président du Sénégal, il se rend en visite officielle au Congo-Brazzaville. Aux autorités du pays, il demande comment rencontrer un jeune poète dont il avait reçu et apprécié les textes. Il ne le verra pas à cause d’un quiproquo, mais le jeune en question se révélera plus tard comme un écrivain de très grand talent. Son nom : Sony Labou Tansi.

Qu’est-ce qui restera de Léopold Sédar Senghor ? Sans doute sa poésie. La parole du poète, « recréateur de Cosmos », continue d’ensemencer les rêves des hommes. Ses poèmes, « ces paroles plaisantes au cœur et à l’oreille », ce « bien dire », comme il le définit, sont impérissables. Ils chantent l’amour, la fraternité, l’humanité, la mort, la vie, la beauté. Ils chantent l’espérance de voir l’Afrique, une fois les chaînes brisées, ressusciter « pour apporter sa contribution à la germination d’une civilisation panhumaine ». Humaniste, ouvert à l’Autre tout en restant lui-même avec son héritage et ses acquis, Senghor y a cru. Son apport à l’édification de cette « civilisation de l’universel » qui lui était chère est indéniable, inestimable. Tant pis pour ses détracteurs, souvent de mauvaise foi. Il disait : « Si l’on veut nous trouver des maîtres, il serait plus sage de les chercher du côté de l’Afrique. Comme les lamantins vont boire à la source de Simal. »

Mercredi 4 Octobre 2006 - 21:44
Mercredi 4 Octobre 2006 - 22:34
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