“Le putsch perpétue l’esclavage, le racisme et la prédation clientéliste” Boubacar Messaoud est le président de S.O.S Esclaves, une ONG très présente dans la lutte en faveur des droits de l’Homme en Mauritanie.
Engagé, depuis la première heure, contre le coup d’état qui renversa, en août dernier, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, l’homme qui fut victime d’une agression de la part des éléments de la police, et qui, selon lui, avait frôlé la mort, a bien voulu répondre aux questions de Biladi.
Biladi : Lors de la manifestation de la CFD, organisée il y a un peu plus de deux semaines, et à laquelle ont pris part plusieurs leaders politiques, syndicaux, seul Boubacar Messaoud attira l’attention de l’inspecteur Ould Nejib qui lâcha plusieurs éléments de l’anti-émeute sur sa personne.
Pourquoi selon vous, la police a accordé une attention particulière au président de S.O.S esclaves ? Avez-vous le sentiment que les ordres viennent d’en haut ?
Boubacar Messaoud (B.M) : Je ne peux affirmer ce que je ne saurais prouver. Mohamed Ould Nejib a bien pu être envoyé par un de ses multiples supérieurs pour régler le compte au président de SOS-Esclaves. Cela peut tout aussi bien relever de l’initiative personnelle de l’homme médiocre d’extraction féodale et policier zélé pour mon activisme contre l’esclavage et toutes les formes de violations des droits de l’homme. Mes dénonciations des attitudes discriminatoires et racistes dérangent au point de vouloir ma peau.
Biladi : Certains organismes n’ont pas hésité à monter au créneau pour appeler à ce que des poursuites soient engagées contre l’inspecteur Nejib. Souscrivez-vous à leur démarche ?
Boubacar Messaoud (B.M) : Bien sûr que j’y souscris ! J’ai été victime d’une agression sauvage gratuite et j’ai reçu, à la nuque et sur le reste du corps, des coups qui m’ont fait perdre connaissance. Le coup sur la nuque, donné par des spécialistes bien entraînés, aurait pu être fatal, ainsi m’a expliqué le médecin.
Se plaindre des policiers, des gendarmes et mêmes des juges qui violent la loi, qui abusent de l’autorité et qui portent atteinte à l’intégrité physique et moral des citoyens doivent être poursuivis et sanctionnés c’est un devoir minimum pour le défenseur des droit de l’homme une pédagogie pour faire comprendre à nos populations que ces individus quelques soit leur grade ou leur fonction ils ne sont pas au dessus de la loi qui une pour tous.
Biladi : Pensez-vous qu’une plainte contre lui peut aboutir ?
B.M : Dans un Etat de droit avec une justice indépendante cela ne ferait aucun doute. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui et ce constat d’impuissance est l’un des enjeux du combat que je mène, avec les autres camarades de SOS Esclaves, depuis longtemps déjà.
Biladi : Le département d’Etat américain de même que plusieurs organisations de droits humains s’inquiètent du recul des libertés publiques. Pensez-vous qu’il y a un net recul des libertés publiques depuis l’avènement du coup d’état ?
B.M: Oui il y a réel recul des libertés publiques et l’illustration la plus flagrante réside dans la faculté, pour un général, de renverser un président élu, de prendre le pouvoir par les armes, de convoquer un scrutin à sa guise et de s’y faire «élire». Il n’y a pas plus évidente violation des droits de l’Homme que le détournement de la volonté du peuple aux fins du plébiscite d’un officier, sous contrôle et caution de la contrainte militaire.
Biladi : Depuis le 6 aout on a peu entendu parler du dossier de la lutte contre l’esclavage, avez-vous le sentiment que la junte en a fait une préoccupation secondaire, comme le pensent bon nombre d’observateurs ?
B.M : C’est le moins que l’on puisse dire.
Biladi : Jusqu’où Boubacar Messaoud est aujourd’hui prêt à aller pour contribuer à faire échec au coup d’état.
B.M : Je suis un défenseur des droits de l’homme par conviction et l’engagement que j’ai pris, sur depuis plus de 30 ans de contribuer à l’émergence d’un Etat démocratique par des moyens pacifiques ne connaîtra que les limites de la non-violence. L’écheque du coup d’état est aujourd’hui un acte incontournable pour l’ancrage de la démocratie ; sur cette voie, ma propre vie est peu de chose.
La réussite du putsch consacrerait, sans nul doute, la résurgence et le renforcement du bloc historique qui perpétue l’esclavage, le racisme anti-noir et la prédation clientéliste en Mauritanie. Je dis ici et partout ailleurs, à Ould Nejib et à ses commanditaires : la vie de Boubacar Ould Messaoud est peu de chose, prenez-la mais la lutte débouchera sur la disparition de l’espèce sociale à laquelle vous appartenez, avec ses valeurs de supériorité, son mépris du faible et l’arrogance de sa confiance en son immunité envers la loi.
Propos recueillis par Samba Camara
Source: Biladi
Engagé, depuis la première heure, contre le coup d’état qui renversa, en août dernier, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, l’homme qui fut victime d’une agression de la part des éléments de la police, et qui, selon lui, avait frôlé la mort, a bien voulu répondre aux questions de Biladi.
Biladi : Lors de la manifestation de la CFD, organisée il y a un peu plus de deux semaines, et à laquelle ont pris part plusieurs leaders politiques, syndicaux, seul Boubacar Messaoud attira l’attention de l’inspecteur Ould Nejib qui lâcha plusieurs éléments de l’anti-émeute sur sa personne.
Pourquoi selon vous, la police a accordé une attention particulière au président de S.O.S esclaves ? Avez-vous le sentiment que les ordres viennent d’en haut ?
Boubacar Messaoud (B.M) : Je ne peux affirmer ce que je ne saurais prouver. Mohamed Ould Nejib a bien pu être envoyé par un de ses multiples supérieurs pour régler le compte au président de SOS-Esclaves. Cela peut tout aussi bien relever de l’initiative personnelle de l’homme médiocre d’extraction féodale et policier zélé pour mon activisme contre l’esclavage et toutes les formes de violations des droits de l’homme. Mes dénonciations des attitudes discriminatoires et racistes dérangent au point de vouloir ma peau.
Biladi : Certains organismes n’ont pas hésité à monter au créneau pour appeler à ce que des poursuites soient engagées contre l’inspecteur Nejib. Souscrivez-vous à leur démarche ?
Boubacar Messaoud (B.M) : Bien sûr que j’y souscris ! J’ai été victime d’une agression sauvage gratuite et j’ai reçu, à la nuque et sur le reste du corps, des coups qui m’ont fait perdre connaissance. Le coup sur la nuque, donné par des spécialistes bien entraînés, aurait pu être fatal, ainsi m’a expliqué le médecin.
Se plaindre des policiers, des gendarmes et mêmes des juges qui violent la loi, qui abusent de l’autorité et qui portent atteinte à l’intégrité physique et moral des citoyens doivent être poursuivis et sanctionnés c’est un devoir minimum pour le défenseur des droit de l’homme une pédagogie pour faire comprendre à nos populations que ces individus quelques soit leur grade ou leur fonction ils ne sont pas au dessus de la loi qui une pour tous.
Biladi : Pensez-vous qu’une plainte contre lui peut aboutir ?
B.M : Dans un Etat de droit avec une justice indépendante cela ne ferait aucun doute. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui et ce constat d’impuissance est l’un des enjeux du combat que je mène, avec les autres camarades de SOS Esclaves, depuis longtemps déjà.
Biladi : Le département d’Etat américain de même que plusieurs organisations de droits humains s’inquiètent du recul des libertés publiques. Pensez-vous qu’il y a un net recul des libertés publiques depuis l’avènement du coup d’état ?
B.M: Oui il y a réel recul des libertés publiques et l’illustration la plus flagrante réside dans la faculté, pour un général, de renverser un président élu, de prendre le pouvoir par les armes, de convoquer un scrutin à sa guise et de s’y faire «élire». Il n’y a pas plus évidente violation des droits de l’Homme que le détournement de la volonté du peuple aux fins du plébiscite d’un officier, sous contrôle et caution de la contrainte militaire.
Biladi : Depuis le 6 aout on a peu entendu parler du dossier de la lutte contre l’esclavage, avez-vous le sentiment que la junte en a fait une préoccupation secondaire, comme le pensent bon nombre d’observateurs ?
B.M : C’est le moins que l’on puisse dire.
Biladi : Jusqu’où Boubacar Messaoud est aujourd’hui prêt à aller pour contribuer à faire échec au coup d’état.
B.M : Je suis un défenseur des droits de l’homme par conviction et l’engagement que j’ai pris, sur depuis plus de 30 ans de contribuer à l’émergence d’un Etat démocratique par des moyens pacifiques ne connaîtra que les limites de la non-violence. L’écheque du coup d’état est aujourd’hui un acte incontournable pour l’ancrage de la démocratie ; sur cette voie, ma propre vie est peu de chose.
La réussite du putsch consacrerait, sans nul doute, la résurgence et le renforcement du bloc historique qui perpétue l’esclavage, le racisme anti-noir et la prédation clientéliste en Mauritanie. Je dis ici et partout ailleurs, à Ould Nejib et à ses commanditaires : la vie de Boubacar Ould Messaoud est peu de chose, prenez-la mais la lutte débouchera sur la disparition de l’espèce sociale à laquelle vous appartenez, avec ses valeurs de supériorité, son mépris du faible et l’arrogance de sa confiance en son immunité envers la loi.
Propos recueillis par Samba Camara
Source: Biladi