Elle est culottée, Loubna Ahmed Al-Hussein !
Beaucoup trop, au goût des juges de Khartoum, devant lesquels la jeune femme, journaliste et employée de la Mission des Nations unies au Soudan (Unmis), devrait de nouveau comparaître, mardi 4 août. Son crime ? S'être montrée en pantalon, lors d'une réception organisée dans un restaurant de la capitale soudanaise, le 3 juillet. Elle est passible de quarante coups de fouet et d'une amende de 250 livres soudanaises (environ 100 dollars). Le fait que, ce soir-là, elle ait aussi porté le voile islamique, comme à son habitude, et une longue chemise à fleurs, en plus d'un jean, ne change rien à l'affaire. Le syncrétisme vestimentaire n'a pas le vent en poupe au pays du président Omar Al-Bachir - du moins, pas pour les femmes.
Loubna Ahmed Al-Hussein n'est d'ailleurs pas la seule à avoir été interpellée. D'après son témoignage, la police, qui a fait irruption dans le restaurant au beau milieu de la soirée, a embarqué une douzaine de ses compatriotes de sexe féminin - dont certaines originaires du Soudan sud, région à dominante animiste ou chrétienne, où le rigorisme musulman n'a théoriquement pas sa place et, moins encore, la charia (loi islamique).
Dix de ces délurées présumées ont été convoquées par la police deux jours plus tard. Après avoir reçu dix coups de fouet, les porteuses de pantalon ont été libérées. Mais trois autres prévenues, parmi lesquelles Loubna Ahmed Al-Hussein, n'ont pas bénéficié de cette clémence insigne. Pour quelles raisons, exactement ? Difficile de le savoir. L'article 152 du code pénal ne le dit pas de façon nette. Seule la sentence est claire : quarante coups de fouet et une amende.
Au Soudan, la chose est banale. Ce qui l'est moins, c'est qu'une accusée se rebiffe. Employée par l'ONU, Loubna Ahmed Al-Hussein pouvait, à ce titre, prétendre à l'immunité. Les juges lui ont d'ailleurs donné le choix, a expliqué son avocat, Me Nabil Adib, mercredi 29 juillet, à l'issue de la première audience. Mais elle a refusé. "Je souhaite démissionner de l'ONU, je veux que le procès continue", a-t-elle déclaré. Les autorités soudanaises ont-elles voulu faire un exemple ? La jeune femme tient une chronique régulière dans le journal non gouvernemental Al-Sahafa. Son arrestation n'est "pas une question de mode, mais une tactique politique pour intimider et terroriser les opposants", a écrit la journaliste Amal Habbani, aussitôt poursuivie pour avoir "diffamé " la police.
Le régime soudanais "veut briser une plume libre", a dénoncé, de son côté, Soliman Abeer, militant du Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme, association basée au Caire, très active dans cette affaire. Lors de la première audience, des représentants des ambassades de France, de Suède, d'Espagne et du Canada, ainsi que plusieurs dizaines de féministes, étaient présents. "L'usage du fouet est contraire aux normes internationales", a rappelé, à New York, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a exprimé sa "profonde préoccupation".
Catherine Simon
Source: lemonde
Beaucoup trop, au goût des juges de Khartoum, devant lesquels la jeune femme, journaliste et employée de la Mission des Nations unies au Soudan (Unmis), devrait de nouveau comparaître, mardi 4 août. Son crime ? S'être montrée en pantalon, lors d'une réception organisée dans un restaurant de la capitale soudanaise, le 3 juillet. Elle est passible de quarante coups de fouet et d'une amende de 250 livres soudanaises (environ 100 dollars). Le fait que, ce soir-là, elle ait aussi porté le voile islamique, comme à son habitude, et une longue chemise à fleurs, en plus d'un jean, ne change rien à l'affaire. Le syncrétisme vestimentaire n'a pas le vent en poupe au pays du président Omar Al-Bachir - du moins, pas pour les femmes.
Loubna Ahmed Al-Hussein n'est d'ailleurs pas la seule à avoir été interpellée. D'après son témoignage, la police, qui a fait irruption dans le restaurant au beau milieu de la soirée, a embarqué une douzaine de ses compatriotes de sexe féminin - dont certaines originaires du Soudan sud, région à dominante animiste ou chrétienne, où le rigorisme musulman n'a théoriquement pas sa place et, moins encore, la charia (loi islamique).
Dix de ces délurées présumées ont été convoquées par la police deux jours plus tard. Après avoir reçu dix coups de fouet, les porteuses de pantalon ont été libérées. Mais trois autres prévenues, parmi lesquelles Loubna Ahmed Al-Hussein, n'ont pas bénéficié de cette clémence insigne. Pour quelles raisons, exactement ? Difficile de le savoir. L'article 152 du code pénal ne le dit pas de façon nette. Seule la sentence est claire : quarante coups de fouet et une amende.
Au Soudan, la chose est banale. Ce qui l'est moins, c'est qu'une accusée se rebiffe. Employée par l'ONU, Loubna Ahmed Al-Hussein pouvait, à ce titre, prétendre à l'immunité. Les juges lui ont d'ailleurs donné le choix, a expliqué son avocat, Me Nabil Adib, mercredi 29 juillet, à l'issue de la première audience. Mais elle a refusé. "Je souhaite démissionner de l'ONU, je veux que le procès continue", a-t-elle déclaré. Les autorités soudanaises ont-elles voulu faire un exemple ? La jeune femme tient une chronique régulière dans le journal non gouvernemental Al-Sahafa. Son arrestation n'est "pas une question de mode, mais une tactique politique pour intimider et terroriser les opposants", a écrit la journaliste Amal Habbani, aussitôt poursuivie pour avoir "diffamé " la police.
Le régime soudanais "veut briser une plume libre", a dénoncé, de son côté, Soliman Abeer, militant du Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme, association basée au Caire, très active dans cette affaire. Lors de la première audience, des représentants des ambassades de France, de Suède, d'Espagne et du Canada, ainsi que plusieurs dizaines de féministes, étaient présents. "L'usage du fouet est contraire aux normes internationales", a rappelé, à New York, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a exprimé sa "profonde préoccupation".
Catherine Simon
Source: lemonde