Mauritanie-Sénégal : la tension diplomatique persiste entre Nouakchott et Dakar

2025 s’annonce comme une année difficile entre la Mauritanie et le Sénégal. Le courant ne passe plus entre Ould Ghazouani et Diomaye Faye comme en témoigne le lancement officiel sans tambours ni trompettes du démarrage des premiers barils de gaz.



Depuis que Ould Ghazouani et président de l’UA a été reçu par le premier ministre sénégalais à Dakar pour participer aux festivités commémoratives de Thiaroye et qu’il ait rendu la pièce à Diomaye Faye dans le cadre de la conférence africaine sur l’éducation à Nouakchott, les relations entre les deux chefs d’Etat ne sont plus au beau fixe. Chacun essayant de préserver ses intérêts économiques et de faire semblant que tout va bien.

Les observateurs ne sont pas dupes que l’inauguration officielle des premiers barils de gaz du projet Grand-Tortue Ahmeyin qui lie les deux pays, soit déroulé dans la plus grande discrétion loin des regards des médias.

Ould Ghazouani et Diomaye Faye s’évitent depuis quelque temps pour ne pas dire qu’ils ont mis le frein pour ne pas envenimer la situation. Les deux chefs d’Etat traduisent cette tension par interposition des deux ministres de l’Energie pour marquer l’évènement. Et c’est l’intransigeance du président sénégalais qui semble tourner le dos à son homologue mauritanien au point de refuser l’inauguration avec lui. C’est du jamais vu entre les deux pays depuis la signature de l’accord gazier à Nouakchott.

Ce fiasco diplomatique inquiète les observateurs qui pointent un écart générationnel et des visions différentes du panafricanisme. Ce malaise diplomatique est révélateur de la difficile gestion des ressources gazières. Dakar veut une renégociation de l’accord porté par le géant britannique BP et son partenaire Cosmos Energy qui se partagent 70 pour cent chacun du gâteau. C’est la première crise ouverte depuis l’élection du président sénégalais et la réélection du président mauritanien. Ould Ghazouani et Diomaye Faye ont intérêt à poursuivre l’aventure ensemble pour se positionner parmi les grands producteurs de gaz en Afrique au bénéfice de leurs populations respectives.





Cherif Kane

Journaliste


Source : Kassataya