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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

En Guinée, l’ancien chef de la junte reconnu coupable de crimes contre l’humanité au terme d’un procès hors norme


Moussa Dadis Camara a été condamné à vingt ans de prison, mercredi 31 juillet, pour le massacre du 28 septembre 2009 au cours duquel plus de 150 personnes avaient été tuées et 1 400 blessées par des militaires, à Conakry.


Près de quinze années après les faits et à l’issue de vingt-deux mois d’audience, la justice guinéenne a rendu son verdict, mercredi 31 juillet, dans le procès du massacre du 28 septembre 2009, l’un des jours les plus terribles de l’histoire du pays.

Le chef de la junte de l’époque, Moussa Dadis Camara, qui avait pris le pouvoir un an plus tôt, et sept anciens hauts responsables ont été reconnus coupables de « crimes contre l’humanité ». Le capitaine, qui encourait la perpétuité, a été condamné à vingt ans de prison « sur la base de [sa] responsabilité [de] supérieur hiérarchique ». Il entend faire appel du verdict, a immédiatement annoncé son avocat, Pepe Antoine Lama.

« Nous saluons un verdict qui est le résultat d’un procès équitable. Il était crucial que la justice soit rendue dans l’esprit du droit et non de la vengeance. Certains pourront regretter que les peines ne soient pas plus lourdes, mais le tribunal a fait dans la mesure », se félicite Martin Pradel, avocat des parties civiles et de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).

Tout au long des audiences, les accusés ont nié leur responsabilité dans le massacre commis il y a presque quinze ans dans la capitale guinéenne. Le 28 septembre 2009, le stade de Conakry, où se tenait un meeting de l’opposition pour protester contre une éventuelle candidature de Moussa Dadis Camara à la présidentielle, est devenu le théâtre d’un déchaînement de violence. Alors que les leaders de l’opposition se relayaient au micro pour dire leur désapprobation quant à une éventuelle candidature du chef de la junte, des soldats cagoulés ont fait irruption dans l’enceinte.
Verdict historique

Au moins 156 personnes ont été tuées par balle, à coups de machette ou de couteau, par des éléments des forces de défense et de sécurité guinéennes déchaînées. Mille quatre cents personnes ont été blessées. Plus de cent femmes ont aussi subi des viols et des mutilations sexuelles, selon une commission d’enquête internationale mandatée par les Nations unies. Certaines ont été séquestrées et contraintes à devenir des esclaves sexuelles durant les jours suivants dans des camps militaires ou des villas de la capitale. Les militaires se sont ensuite lancés dans une opération de dissimulation, inhumant les corps dans des fosses communes.


Parmi les coaccusés du capitaine Camara, revenu d’exil au Burkina Faso pour répondre aux juges par « obligation morale », a-t-il déclaré, figurait Moussa Tiégboro Camara, son ancien secrétaire d’Etat chargé des services spéciaux, de la lutte antidrogue et du grand banditisme, condamné également à vingt ans de prison. Son neveu et ancien membre de sa garde rapprochée, Marcel Guilavogui, a été condamné à dix-huit ans de prison.
Lire aussi | Guinée : au procès du massacre du 28 septembre 2009, Moussa Dadis Camara confronté à ses lieutenants

Le tribunal a été plus clément avec l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara et chef de la garde présidentielle, Aboubacar « Toumba » Diakité. En 2009, c’est lui qui avait tiré une balle dans la tête de son chef, à laquelle Moussa Dadis Camara avait miraculeusement survécu. Pour s’être « distingué par sa bonne foi » durant le procès, il a été condamné à dix ans de prison. La peine la plus lourde, la perpétuité, a été prononcée contre Claude Pivi, l’ancien chef de l’antidrogue, qui manquait à l’appel lors du verdict : en novembre 2023, il est parvenu à s’évader de la maison centrale de Conakry.

Ce verdict a été immédiatement qualifié d’historique par les organisations des droits humains. Mais certaines des victimes n’en sont pas totalement satisfaites, comme Fatoumata Barry, qui a raconté les sévices infligés par des militaires lors d’un viol collectif. Celle qui affirme « avoir tout perdu » depuis ce lundi noir se dit « soulagée mais aussi déçue ». « Le juge laisse aux accusés la charge de nous indemniser. Or, ils sont en prison ! C’était à l’Etat de prendre en charge les réparations. Ça veut dire qu’il faut encore se battre », regrette-t-elle. Le tribunal a certes ordonné des réparations pour les victimes, allant de 200 millions de francs guinéens (plus de 20 000 euros) à 1,5 milliard de francs guinéens. Mais il a rejeté la demande des parties civiles de désigner l’Etat civilement responsable.

La patience et la détermination des victimes

Ce procès, inédit par la gravité des faits et la qualité des accusés, retransmis en direct à la télévision nationale, était très attendu par les victimes. Après la clôture de l’instruction, en 2017, il leur a fallu attendre la chute du président Alpha Condé, qui ne voulait pas s’aliéner une partie de l’armée, et l’arrivée à la tête de l’Etat d’un autre putschiste, Mamadi Doumbouya, en 2021, pour que l’audience s’ouvre.

La Cour pénale internationale, qui avait ouvert un examen préliminaire, en 2009, l’a refermé depuis, estimant que la Guinée était capable de juger ces crimes elle-même.


En organisant ce procès et en parvenant à ce qu’il se tienne jusqu’au bout, le général Doumbouya lustre son image à l’international. Ces derniers mois, il est parvenu à faire lever les sanctions qui pesaient contre la Guinée, malgré son accession brutale au pouvoir et la répression qui prévaut contre l’opposition. « Nous espérons que le verdict aura valeur d’exemple pour les autorités. Il envoie le message que tout dirigeant peut être poursuivi si des crimes sont commis sous son commandement », veut croire Martin Pradel, de la FIDH.

Coumba Kane

Source : Le Monde
Jeudi 1 Août 2024 - 17:44
Jeudi 1 Août 2024 - 17:45
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