En s’en remettant à ses pairs africains pour décider d’une éventuelle extradition d’Hissène Habré vers la Belgique qui souhaite juger l’ancien chef de l’Etat tchadien pour crimes politiques, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, leur pose un dilemme bien embarrassant.
L’idée qu’un des leurs soit jugé en Europe fait grincer des dents les dirigeants africains. Mais certains Africains craignent que Habré ne passe sur le continent entre les mailles du filet.
Habré, qui vit en exil au Sénégal depuis son renversement par Idriss Déby il y a 15 ans, est inculpé en Belgique, au nom d’une loi dite de “compétence universelle”, de crimes politiques qu’il nie. Le gouvernement tchadien a recensé sous son régime, entre 1982 à 1990, 40 000 assassinats politiques et 200 000 cas de torture.
La justice sénégalaise s’étant déclarée incompétente pour trancher le cas Habré, le président Wade s’en est remis au sommet de l’Union africaine qui se tiendra les 23 et 24 janvier à Khartoum, pour décider du sort de l’ex-président tchadien, assigné à résidence en attendant. Wade, réaffirmant qu’Habré demeurerait au Sénégal en attendant la décision de l’Ua, a estimé mercredi qu’il n’y avait aucune raison qu’il ne soit pas jugé en Afrique. Il a dit n’avoir aucune raison de garder Hissène Habré, tout en ajoutant qu’il ne l’enverrait pas dans un pays qu’il aurait choisi et où il serait sûr de conserver l’impunité.
Ancien geôlier de l’ethnologue française, Françoise Claustre, du temps où il dirigeait la rébellion touboue du Tibesti contre le régime post-colonial de François Tombalbaye, Habré sera mis ultérieurement à la disposition du président de l’Ua, le chef de l’Etat nigérian Olusegun Obasango. “LES LOUPS ENTRE EUX” .
Indépendamment de la gravité des faits qui lui sont reprochés, Habré ne peut être jugé par une ancienne puissance coloniale qui s’est rendue elle-même coupable d’atrocités avant l’indépendance du Congo belge, en 1960, estime un journaliste congolais à la retraite, Eugène Npaka.
“C’est un Africain. Hissène Habré a été chef d’Etat dans un pays africain. Donc s’il a commis des crimes en Afrique, à mon avis, le jugement aussi doit être rendu en Afrique”, fait-il valoir. “Ayons confiance dans la justice africaine et cessons de penser que les Blancs sont plus équitables que nous”, s’exclame pour sa part, Milene Gbaguidi, étudiant en sociologie à l’université Abomey-Calavi du Bénin.
“En Europe, au moins, il aura droit à un procès relativement équitable. En Afrique, il faudra tenir compte de l’existence du ‘club’ des chefs d’Etat”, rétorque pour sa part Pierre Dabire, membre du Mouvement des droits de l’Homme du Burkina Faso. Beaucoup d’Africains craignent en effet que les chefs d’Etat escamotent le problème car ils n’ont pas intérêt, en extradant, ou même en jugeant Habré, à établir un précédent susceptible de venir hanter certains d’entre eux dans leur retraite. “Les loups ne se mangent pas entre eux”, fait observer plus poétiquement Honoré Hounsa, étudiant en science politique à Cotonou.
L’idée qu’un des leurs soit jugé en Europe fait grincer des dents les dirigeants africains. Mais certains Africains craignent que Habré ne passe sur le continent entre les mailles du filet.
Habré, qui vit en exil au Sénégal depuis son renversement par Idriss Déby il y a 15 ans, est inculpé en Belgique, au nom d’une loi dite de “compétence universelle”, de crimes politiques qu’il nie. Le gouvernement tchadien a recensé sous son régime, entre 1982 à 1990, 40 000 assassinats politiques et 200 000 cas de torture.
La justice sénégalaise s’étant déclarée incompétente pour trancher le cas Habré, le président Wade s’en est remis au sommet de l’Union africaine qui se tiendra les 23 et 24 janvier à Khartoum, pour décider du sort de l’ex-président tchadien, assigné à résidence en attendant. Wade, réaffirmant qu’Habré demeurerait au Sénégal en attendant la décision de l’Ua, a estimé mercredi qu’il n’y avait aucune raison qu’il ne soit pas jugé en Afrique. Il a dit n’avoir aucune raison de garder Hissène Habré, tout en ajoutant qu’il ne l’enverrait pas dans un pays qu’il aurait choisi et où il serait sûr de conserver l’impunité.
Ancien geôlier de l’ethnologue française, Françoise Claustre, du temps où il dirigeait la rébellion touboue du Tibesti contre le régime post-colonial de François Tombalbaye, Habré sera mis ultérieurement à la disposition du président de l’Ua, le chef de l’Etat nigérian Olusegun Obasango. “LES LOUPS ENTRE EUX” .
Indépendamment de la gravité des faits qui lui sont reprochés, Habré ne peut être jugé par une ancienne puissance coloniale qui s’est rendue elle-même coupable d’atrocités avant l’indépendance du Congo belge, en 1960, estime un journaliste congolais à la retraite, Eugène Npaka.
“C’est un Africain. Hissène Habré a été chef d’Etat dans un pays africain. Donc s’il a commis des crimes en Afrique, à mon avis, le jugement aussi doit être rendu en Afrique”, fait-il valoir. “Ayons confiance dans la justice africaine et cessons de penser que les Blancs sont plus équitables que nous”, s’exclame pour sa part, Milene Gbaguidi, étudiant en sociologie à l’université Abomey-Calavi du Bénin.
“En Europe, au moins, il aura droit à un procès relativement équitable. En Afrique, il faudra tenir compte de l’existence du ‘club’ des chefs d’Etat”, rétorque pour sa part Pierre Dabire, membre du Mouvement des droits de l’Homme du Burkina Faso. Beaucoup d’Africains craignent en effet que les chefs d’Etat escamotent le problème car ils n’ont pas intérêt, en extradant, ou même en jugeant Habré, à établir un précédent susceptible de venir hanter certains d’entre eux dans leur retraite. “Les loups ne se mangent pas entre eux”, fait observer plus poétiquement Honoré Hounsa, étudiant en science politique à Cotonou.