TAYA DANS L´OEIL DU CYCLONE

LES événements risquent de se précipiter très bientot pour le président Maouya Ould Sid'Ahmed Taya au niveau du tribunal de première instance de Bruxelles (Belgique).La justice Belge compétente pour juger les crimes contre l'humanité et les génocides commis de par le monde, vient en effet d'etre saisie d'une plainte avec constitution de partie civile par une association dénommée Aide aux veuves et orphelins des militaires mauritaniens (AVOMM) pour crimes contre l'humanité relatif au génocide perpétré contre des noirs Mauritaniens. C'est la responsabilité directe du chef de l'Etat mauritanien qui est engagée.

Le tribunal de bruxelles a jugé la requéte recevable. C'est Me Marc libert du barreau de Bruxelles qui défend les intérèts de l'AVOMM. Le procès intenté contre le colonel Taya découle de la suite réservée aus différentes plaintes contre les officiers tortionnaires, qui n'ont pas été inquiétés.

De passage dans notre capitale, le chargé des relations extérieures de l'AVOMM, Dia Mamadou Aliou dit Gando Dia, ancien sergent de l'armée mauritanienne,explique que "depuis l'indépendance, son pays est miné par les applications d'une politique chauvine et raciste visant à éliminer les Ouolofs, les Peules, les soninkés, les bambaras"." le racisme d'Etat pratiqué par les différents régimes qui qui se sont succédé depuis l'indépendance en 1960 a pris une tournure encore plus grave avec
l'avènement du colonel Maouya Ould Sid'Ahmed Taya qui, à partir de 1986 s'attela au parachévement d'un plan préparé de longue date et visant à éliminer toute la composante negro-mauritanienne et à batir une mauritanie blanche ", ajoute-t-il.

La " dénégrification " , le racisme, l'esclavagisme et l'exclusion ont alors atteint leur paroxysme. C'est ainsi qu'à la publication d'un " Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé " en 1986, des cadres noirs, qui dénonçaient l'execution de trois officiers noirs et l'emprisonnement d'autres suite à un coup d'Etat fomenté par le régime et attribué à des militaires noirs , ont été eux aussi frappés d'ostracisme. En 1989, suite à un banal affrontement entre éleveurs mauritaniens et agriculteurs
sénégalais, Gando Dia rappelle que 120 000 Négro-Mauritaniens ont été déportés. " Ces noirs ont été déportés au Mali et au Sénégal. Et jusquà présent ils vivent dans des conditions inhumaines, sans aucune assistance ".

" En 1990-91, la "dénégrification" de l'armée a repris avec l'arrestation de la presque totalité des officiers, sous-officiers et soldat noirs. Il y a eu 503 tués. Certains par pendaison, d'autres brulés vifs ou enterrés vivant ou encore écartelés entres deux voitures. Le 28 novembre 1990, date commémorative de l'accession de la Mauritanie à l'indépendance, ils ont compté de un
jusqu'à 28 militaires noirs. Ils ont été pendus.Drôle de maniére de fêter l'anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale. C'était dans l'enceinte du camp militare d'Inal ".

En plus de ces griefs, l'AVOMM indique qu'elle a localisé trois charniers. Elle garde des cassettes vidéo de ces fosses communes, qui ont servi de sépulture indigne à des hommes dont le seul tort fut d'etre noirs. " Nous tenons à expliquer aux
maliens que leurs voisins, leurs fréres de leur coté de la frontiére vivent dans une situation extrémement difficile. Il n'y a pas de raison qu'un probléme de telle nature se passe en Mauritanie et qu'elle ne soit pas connue des Maliens ", se justifie Gando Dia.

Le secrétaire aux relations exterieures de l'AVOMM ajoute par ailleurs que les mouvements de défense des droits de l'homme
commencent à faire leur religion sur la situation mauritanienne. " Nous avons aussi de plus en plus la compréhension de l'opinion européenne, qui sait que notre démarche n'est pas une démarche d'opposant , mais une démarche basée sur la réalité tangible sur le terrain ".

En tout état de cause, avec la mise en accusation de son chef d'Etat devant la justice belge, la Mauritanie s'est mise au ban des nations. Tout comme les Sharon, Castro, Milosevic et autres, Maouya Ould Sid'Ahmed Taya rejoint quelque part la galerie des Néron. Hitler et autres Lossif Vissarianovitch Dougatchevili dit Staline. A supposer qu'un président de la republique , dans l'exercice de ses fonctions, jouit de l'immunité partout, c'est peut-etre meme le compte à rebours qui commence pour le regime en place à Nouakchott.Car il n'est pas sur que le tombeur de Mouhamed Khouna Ould Haidala bénéficie de la meme
mansuétude qu''Abdoulaye Yerodia Ndombassi, l'ancien ministre des affaires étrangéres de Laurent-Désiré Kabila, accusé d'avoir appelé en 1997 au génocide tutsi, mais presque blanchit la semaine derniére par l'abandon des poursuites.


Nana GAKOU

le quotidien soudanais numero 423 du 22 avril 2002.