Putschiste extradé du Sénégal : Didi Ould M’Hamed veut assigner Wade en justice

Didi Ould M’Hamed, ancien capitaine de l’Armée, qui avait fui au Sénégal, au lendemain de l’échec du putsch du 8 juin 2003, se prépare à assigner en justice, Me Abdoulaye Wade, président de la République sénégalaise pour son extradition.
Cette action en justice contre Me Wade est " une question de jours " avertit l’ancien "Cavalier".

Dans leur débandade, les putschistes de juin 2003 s’étaient dispersés à quatre vents, après deux jours d’échanges de tirs nourris à Nouakchott avec les forces restées loyalistes à l’ancien président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.
Les principaux dirigeants du putsch emmenés par leurs leaders, le commandant Mohamed Ould Cheikhna et Saleh Ould Hanena, ont bien négocié leur retraite. Le gros des troupes putschistes était soupçonné d’avoir jeté son dévolu sur les frontières Est où le noman’s land de l’Azawad lui offrait un refuge momentané pour déjouer les tentatives gouvernementales de le rattraper.

Depuis cette période, beaucoup a été dit sur l’itinéraire de ces anciens putschistes aujourd’hui convertis en politique, à la faveur du coup d’Etat contre le président déchu. Le jeune capitaine de l’armée, qui reconnaît aujourd’hui avoir pris les armes pour déloger Ould Taya, s’était, à l’époque séparé des autres en se réfugiant au Sénégal voisin. Ce fut la première " grande capture ", le 13 juin 2003, pour le régime de l’époque dont l’obsession était de retrouver et juger les putschistes.

Si la détermination du régime de Ould Taya avait conduit à une crise politique avec le Burkina Faso, l’extradition de Didi Ould M’Hamed du Sénégal fut une simple formalité. Les rapports politiques entre les deux pays et les mini-crises de juillet 2002 sur les vallées fossiles, avaient convaincu le gouvernement sénégalais de jouer à l’apaisement avec Nouakchott.


Parmi les avocats de Didi, Me Fatimata M’Baye

Les autorités judiciaires sénégalaises, en l’occurrence la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Dakar, rendent leur avis le 3 juillet sur cette extradition. Et dans la nuit du 17 au 18 juillet 2003, Didi Ould M’Hamed est livré aux autorités mauritaniennes. Le Code de procédure sénégalais prévoit qu’une personne peut être extradée sur décret pris par le Président de la République. C’est pour cette raison aujourd’hui que l’ancien fugitif veut intenter une action en justice contre le président Sénégalais qui aurait ordonné son extradition en Mauritanie.

"Ce n’est qu’une question de procédure pour introduire une action en justice contre le président Wade devant les juridictions compétentes" menace Didi Ould M’Hamed. Il soutient, d’autre part, qu’il est en contact avec des avocats et des organisations de droits de l’Homme qui partagent son avis et le soutiennent pour introduire une action en justice contre Me Abdoulaye Wade, président sénégalais. Parmi ces avocats, Me Fatimata M’Baye, révèle l’ancien capitaine de l’armée mauritanienne qui avait pris part à la tentative avortée de renversement de l’ancien président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya. L’ex-capitaine de l’armée mauritanienne se révolte contre son extradition du Sénégal en l’absence de ce qu’il qualifie de "crime commis sur son territoire et en l’absence d’un mandat international me concernant".

Didi Ould M’Hamed ajoute que son arrestation par la gendarmerie sénégalaise, suivie de son extradition vers la Mauritanie n’est basée sur aucune disposition légale alors que la société civile s’était, à cette époque, précise-t-il, soulevée contre la mesure de son extradition dans son pays "où la peine de mort existe toujours" avant de préciser qu’il a été acheminé par avion où l’escortaient des membres des renseignements mauritaniens. "J’ai toujours été bien traité par mes geôliers sénégalais", tient à préciser néanmoins, Didi Ould M’Hamed. L’ancien officier putschiste réclame "réparation du président sénégalais Me Abdoulaye Wade pour " le préjudice moral et matériel" subi.

Par cette décision d’extradition, souligne-t-il, "j’ai été mis en prison pendant un an et six mois sans jugement. J’ai été torturé". Tout cela a un prix semble dire Didi Ould M’Hamed qui indique chercher à rencontrer une mission de la RADDHO, présentement en Mauritanie, à ce même sujet.

Didi Ould M’Hamed, unique mauritanien arrêté à l’extérieur, fut donné d’abord pour "mort " par des Organisations de droits de l’Homme, avant d’être exhibé à des correspondants de presse étrangère à son lieu de détention dans la base marine de Nouakchott. D’autres de ses compagnons d’armes furent arrêtés à Nouakchott même, l’été 2004. Il s’agit de l’ex-commandant Saleh Ould Hanena et du capitaine Abderrahamane Ould Mini, soupçonnés de préparer une nouvelle tentative de déstabilisation de l’ancien régime.

JD
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