Des milliers de médecins, infirmières et enseignants africains ont cherché une vie meilleure en Grande-Bretagne ces dernières années. Mais de nouvelles mesures limitant le regroupement familial fait reconsidérer à nombre d'entre eux leur choix.
Larmes, mouchoirs et reniflements: l'émotion était à son comble à l'aéroport de Bulawayo, deuxième ville du Zimbabwe, quand Marian, 41 ans, est partie en Angleterre en juillet pour s'occuper de personnes âgées, laissant derrière elle sa fille de treize ans. Elle avait choisi ce travail exigeant, pensant que sa fille pourrait la rejoindre à Leeds, dans le nord de l'Angleterre, dans l'année.
Mais le gouvernement britannique a récemment pris des mesures limitant le regroupement familial en Angleterre. "J'étais effondrée. Et ma fille attendait comme moi qu'on se retrouve, elle voulait venir", confie-t-elle à l'AFP.
Depuis mars, les personnels de santé et sociaux étrangers gagnant moins de 2.800 euros brut mensuels ne peuvent plus faire venir leur famille. "Je gagne assez pour m'occuper de ma fille ici", oppose Marian. Peine perdue, son salaire n'atteint pas le plancher requis.
Les Zimbabwéens font partie des plus affectés par cette nouvelle règle. Des milliers de médecins, infirmières et enseignants de cette ancienne colonie britannique en pleine crise économique, ont cherché une vie meilleure en Grande-Bretagne ces dernières années. Surtout depuis le Brexit, qui a fait perdre au pays de nombreux travailleurs d'Europe de l'Est.
Plus de 20.000 Zimbabwéens ont obtenu des visas de travailleurs de santé et de soins au cours de l'année se terminant en juin 2023, soit 17% du total des visas de ce type, selon les chiffres officiels britanniques. Quelque 18.000 autres ont été admis comme personnes à charge, le troisième groupe en importance derrière les Indiens et les Nigérians.
Mais beaucoup d'autres trouvent désormais porte close. Brighton Mutebuka, avocat zimbabwéen basé à Leeds, affirme que son cabinet traite actuellement une quinzaine de cas de familles "séparées" par les nouvelles règles.
Pénurie de personnel
Certains, comme Shuvai Moyo, infirmière expérimentée travaillant pour le National Health Service (NHS), géré par l'État, n'excluent plus de partir. "Je n'avais jamais vraiment considéré l'Australie ou les États-Unis comme alternative, mais si je ne peux pas faire venir mon enfant ici, j'envisagerais d'aller là-bas", déclare-t-elle à l'AFP.
Après avoir obtenu une promotion de dernière minute, qui lui a permis de dépasser le seuil du salaire minimum, elle espère toutefois désormais pouvoir accueillir prochainement sa fille unique, qui est autiste et a six ans. L'immigration sera une question clé lors des élections britanniques prévues d'ici janvier 2025, pour lesquelles le principal parti d'opposition, le parti travailliste, est actuellement favori.
Le ministre de l'Intérieur, James Cleverly, a déclaré que les nouvelles mesures bloqueraient la venue de quelque 300.000 personnes en Grande-Bretagne ces prochaines années. Mais les critiques s'inquiètent des effets sur le système public de santé, NHS, confronté à une pénurie de personnel.
"Sans possibilité de regroupement familial, beaucoup ne migreront pas pour travailler", affirme à l'AFP l'avocat zimbabwéen, Musa Kika. Il juge particulièrement ironique que les nouvelles règles interdisent aux travailleurs s'occupant de familles britanniques de faire venir leur propre famille dans le pays.
Gavin Edwards, du syndicat britannique des fonctionnaires UNISON, a qualifié ces mesures d'"imprudentes". "Ceux qui sont déjà là partiront presque certainement vers des pays où ils se sentiront mieux accueillis", a-t-il mis en garde.
Marian, qui aide des personnes âgées à se laver, manger et s'habiller, pourrait rejoindre leurs rangs. Depuis son arrivée dans le nord de l'Angleterre en juin, cette mère célibataire préparait l'arrivée de sa fille, actuellement confiée à sa tante, en cherchant école et logement.
"Rentrer au Zimbabwe n'est pas une option", dit-elle. Dans son pays, elle peinait à gagner assez pour financer les études de son enfant. "Je ferai tout pour la faire venir au Royaume-Uni", dit-elle. Mais si ce rêve se révèle impossible, elle devra chercher un emploi ailleurs.
AFP
Source : VOA Afrique (USA)
Larmes, mouchoirs et reniflements: l'émotion était à son comble à l'aéroport de Bulawayo, deuxième ville du Zimbabwe, quand Marian, 41 ans, est partie en Angleterre en juillet pour s'occuper de personnes âgées, laissant derrière elle sa fille de treize ans. Elle avait choisi ce travail exigeant, pensant que sa fille pourrait la rejoindre à Leeds, dans le nord de l'Angleterre, dans l'année.
Mais le gouvernement britannique a récemment pris des mesures limitant le regroupement familial en Angleterre. "J'étais effondrée. Et ma fille attendait comme moi qu'on se retrouve, elle voulait venir", confie-t-elle à l'AFP.
Depuis mars, les personnels de santé et sociaux étrangers gagnant moins de 2.800 euros brut mensuels ne peuvent plus faire venir leur famille. "Je gagne assez pour m'occuper de ma fille ici", oppose Marian. Peine perdue, son salaire n'atteint pas le plancher requis.
Les Zimbabwéens font partie des plus affectés par cette nouvelle règle. Des milliers de médecins, infirmières et enseignants de cette ancienne colonie britannique en pleine crise économique, ont cherché une vie meilleure en Grande-Bretagne ces dernières années. Surtout depuis le Brexit, qui a fait perdre au pays de nombreux travailleurs d'Europe de l'Est.
Plus de 20.000 Zimbabwéens ont obtenu des visas de travailleurs de santé et de soins au cours de l'année se terminant en juin 2023, soit 17% du total des visas de ce type, selon les chiffres officiels britanniques. Quelque 18.000 autres ont été admis comme personnes à charge, le troisième groupe en importance derrière les Indiens et les Nigérians.
Mais beaucoup d'autres trouvent désormais porte close. Brighton Mutebuka, avocat zimbabwéen basé à Leeds, affirme que son cabinet traite actuellement une quinzaine de cas de familles "séparées" par les nouvelles règles.
Pénurie de personnel
Certains, comme Shuvai Moyo, infirmière expérimentée travaillant pour le National Health Service (NHS), géré par l'État, n'excluent plus de partir. "Je n'avais jamais vraiment considéré l'Australie ou les États-Unis comme alternative, mais si je ne peux pas faire venir mon enfant ici, j'envisagerais d'aller là-bas", déclare-t-elle à l'AFP.
Après avoir obtenu une promotion de dernière minute, qui lui a permis de dépasser le seuil du salaire minimum, elle espère toutefois désormais pouvoir accueillir prochainement sa fille unique, qui est autiste et a six ans. L'immigration sera une question clé lors des élections britanniques prévues d'ici janvier 2025, pour lesquelles le principal parti d'opposition, le parti travailliste, est actuellement favori.
Le ministre de l'Intérieur, James Cleverly, a déclaré que les nouvelles mesures bloqueraient la venue de quelque 300.000 personnes en Grande-Bretagne ces prochaines années. Mais les critiques s'inquiètent des effets sur le système public de santé, NHS, confronté à une pénurie de personnel.
"Sans possibilité de regroupement familial, beaucoup ne migreront pas pour travailler", affirme à l'AFP l'avocat zimbabwéen, Musa Kika. Il juge particulièrement ironique que les nouvelles règles interdisent aux travailleurs s'occupant de familles britanniques de faire venir leur propre famille dans le pays.
Gavin Edwards, du syndicat britannique des fonctionnaires UNISON, a qualifié ces mesures d'"imprudentes". "Ceux qui sont déjà là partiront presque certainement vers des pays où ils se sentiront mieux accueillis", a-t-il mis en garde.
Marian, qui aide des personnes âgées à se laver, manger et s'habiller, pourrait rejoindre leurs rangs. Depuis son arrivée dans le nord de l'Angleterre en juin, cette mère célibataire préparait l'arrivée de sa fille, actuellement confiée à sa tante, en cherchant école et logement.
"Rentrer au Zimbabwe n'est pas une option", dit-elle. Dans son pays, elle peinait à gagner assez pour financer les études de son enfant. "Je ferai tout pour la faire venir au Royaume-Uni", dit-elle. Mais si ce rêve se révèle impossible, elle devra chercher un emploi ailleurs.
AFP
Source : VOA Afrique (USA)