Dans quelques jours, le 28 novembre, la Mauritanie fêtera ses 63 ans. Il y a 33 ans, en 1990, elle avait fêté ses 30 ans d’existence de la plus insolite des manières. De la plus vicieuse des façons… Ce nombre 28, jusqu’alors adulé par le peuple, a vu son sens défiguré et sa symbolique avilie. 28 noirs mauritaniens exécutés en sacrifice sur l’autel d’une idéologie haineuse et génocidaire.
28 citoyens, dont le seul tort est de porter la couleur de peau alors incriminée, pendus pour célébrer la fête nationale. 28 âmes dont le massacre, au milieu des milliers d’autres, devait symboliser une nouvelle idée de la Mauritanie, un nouvel ordre national…
Si Taya est le principal coupable de ces actes barbares, il ne saurait endosser encore aujourd’hui la responsabilité de leur impunité. Pas depuis qu’il en est devenu un bénéficiaire comme un autre !
Peut-on espérer une réconciliation nationale si l’on continue d’escamoter, par une loi des plus justes -celle de 1993-, ce nœud emblématique de la crise nationale ? Peut-on parler de nation au moment où les orphelins et les veuves continuent d’assister à la promotion des assassins de leurs pères et maris loin de tout espoir de justice ? Peut-on faire cicatriser ces plaies qui continuent de s’infecter au contact du mépris et du négationnisme ?
J’appelle le décideur politique mauritanien à plus de réalisme. Rien de durable ne saurait se construire sur l’injustice. Surtout pas un pays ! Régler cette tragédie, ayant à son compte de dizaines de milliers de morts, des centaines de milliers de déportés et d’un nombre incalculable de cas de viol, est un acte nécessaire qui, au même titre que la criminalisation de l’esclavage, donnera du crédit au pays dans ses fondements politiques et ses projets de société.
Cependant, sans un règlement, dans la grande lucidité d’une justice éclairée et d’une volonté de réconciliation, de cette période ténébreuse de notre histoire, il ne serait qu’illusoire de penser pouvoir bâtir un pays socialement cohérent dans lequel chaque communauté vivrait en pleine confiance. Un pays qui inspire à ses citoyens la droiture et leur assure la justice et la protection. Pour qu’un pays marche en confiance sur le chemin de son développement, il faut que règne en son sein une confiance des citoyens en ses institutions. La justice doit fonctionner.
Pour ce qui concerne ce 28 novembre, en mon âme et conscience, je ne pourrai exprimer aucune joie à l’occasion ! Ces massacres non élucidés m’en privent la capacité. Je ne fêterai pas. L’honneur, inscrit dans notre devise, ne m’en inspire aucune envie. Le deuil restera de rigueur tant que justice ne se sera pas exprimée. La seule capable de faire d’un souvenir macabre une mémoire d’enseignement. La seule réparatrice. La seule libératrice.
Mouhamadou Sy
Source : Kassataya
28 citoyens, dont le seul tort est de porter la couleur de peau alors incriminée, pendus pour célébrer la fête nationale. 28 âmes dont le massacre, au milieu des milliers d’autres, devait symboliser une nouvelle idée de la Mauritanie, un nouvel ordre national…
Si Taya est le principal coupable de ces actes barbares, il ne saurait endosser encore aujourd’hui la responsabilité de leur impunité. Pas depuis qu’il en est devenu un bénéficiaire comme un autre !
Peut-on espérer une réconciliation nationale si l’on continue d’escamoter, par une loi des plus justes -celle de 1993-, ce nœud emblématique de la crise nationale ? Peut-on parler de nation au moment où les orphelins et les veuves continuent d’assister à la promotion des assassins de leurs pères et maris loin de tout espoir de justice ? Peut-on faire cicatriser ces plaies qui continuent de s’infecter au contact du mépris et du négationnisme ?
J’appelle le décideur politique mauritanien à plus de réalisme. Rien de durable ne saurait se construire sur l’injustice. Surtout pas un pays ! Régler cette tragédie, ayant à son compte de dizaines de milliers de morts, des centaines de milliers de déportés et d’un nombre incalculable de cas de viol, est un acte nécessaire qui, au même titre que la criminalisation de l’esclavage, donnera du crédit au pays dans ses fondements politiques et ses projets de société.
Cependant, sans un règlement, dans la grande lucidité d’une justice éclairée et d’une volonté de réconciliation, de cette période ténébreuse de notre histoire, il ne serait qu’illusoire de penser pouvoir bâtir un pays socialement cohérent dans lequel chaque communauté vivrait en pleine confiance. Un pays qui inspire à ses citoyens la droiture et leur assure la justice et la protection. Pour qu’un pays marche en confiance sur le chemin de son développement, il faut que règne en son sein une confiance des citoyens en ses institutions. La justice doit fonctionner.
Pour ce qui concerne ce 28 novembre, en mon âme et conscience, je ne pourrai exprimer aucune joie à l’occasion ! Ces massacres non élucidés m’en privent la capacité. Je ne fêterai pas. L’honneur, inscrit dans notre devise, ne m’en inspire aucune envie. Le deuil restera de rigueur tant que justice ne se sera pas exprimée. La seule capable de faire d’un souvenir macabre une mémoire d’enseignement. La seule réparatrice. La seule libératrice.
Mouhamadou Sy
Source : Kassataya