La transition démocratique, la bonne gouvernance et la justice. Finalisés en moins de deux mois, les documents sont soumis aux représentants des partis politiques et à la société civile pour examen. Ainsi de nombreux amendements, des nombreuses propositions sont retenus et consignés par des rapporteurs désignés pour la circonstance. La cérémonie de clôture est rehaussée par la participation du président du CMJD, chef de l’état. Par ailleurs ce dernier a déclaré solennellement que le rapport final qui est issue des concertations constituera la feuille de route du gouvernement ; il a également souligné qu’il privilégiera la concertation durant toute la durée de la transition.
Auparavant, c'est-à-dire quelques heures après la prise du pouvoir par la junte militaire, des défilés motivés, des rencontres, des marches de soutien sont organisés par une population excitée. Comme par enchantement, elles expriment leur vraie joie, une joie authentique, sincère et sans maquillage malgré l’infiltration de certains opportunistes, éternels laudateurs.
La population en délire et hallucination se livre à une activité onirique intense. On rêve sans cesse ! On rêve d’une Mauritanie dépouillée de tous ses problèmes. On évoque la restitution des milliards d’ouguiyas détournés au trésor public. On parle de l’amélioration des conditions de vie. On formule le voeu d’avoir enfin une administration au service du citoyen. On évoque une Mauritanie transformée en Eldorado en "paradis terrestre" pour être voltairien, une Mauritanie réconciliée avec elle-même à l’intérieur de laquelle on ne parlera plus de réfugiés, de passif humanitaire ou encore d’exécutions extra-judiciaires.
Aujourd’hui c’est-à-dire quelque mois après le changement de régime, l’élan euphorique, la joie spontanée s’estompe pour finir dans la désillusion et la déception.
L’activité hystérique et onirique orchestrée par la magie du verbe du CMJD et d’un gouvernement berceur cède la place à un état d’éveil. Partout, les ténèbres, les zones d’ombre disparaissent. Le citoyen retrouve la lumière et la lucidité, tout son sens critique et de discernement après un long sommeil.
Il constate qu’au-delà des apparences, rien n’a changé. Les déclarations de bonnes intentions, les débats télévisuels, les journées de concertation ne prêtaient qu’un décor superflu.
Le citoyen se rend compte qu’il continue d’être écrasé par un niveau de vie, par les mêmes lenteurs, le même immobilisme. Pire, certaines personnes indésirables continuent de décider du sort de la nation.
Le CMJD et le gouvernement refusent de s’inscrire en rupture par rapport aux méthodes de l’ancien régime. En effet sur des questions aussi sérieuses que celles des veuves, des réfugiés et du passif humanitaire le discours taya-iste, à cet effet, continue d’être développé.
Partout les manifestations de soutien cèdent la place à des regroupements de démarcation et de dénomination des manquements par rapport à la volonté de s’inscrire en rupture avec l’ancien régime. Du Guidimakha au Brakna, de Nouakchott au Trarza, des voix retrouvent leurs clairvoyances, leur lucidité et leur sens du discernement après une étape nébuleuse et berceuse, véritable opium. Elles dénoncent les attitudes abusives de certains préfets qui continuent de considérer les circonscriptions administratives dont ils ont la charge d’administrer comme territoire conquis. Au Guidimakha, à titre d’illustration un groupe de notaires a dénoncé les méthodes illicites d’expropriation des terres. Ces citoyens, désillusionnés reviennent à la réalité. Les professeurs de l’enseignement supérieur ont organisé un sit-in pour exprimer leur désaccord par rapport aux méthodes de travail peu orthodoxes du ministre de tutelle. Pour ce qui est des réfugiés, l’heure est également à la lucidité. Les citoyens renouent avec leurs sens critique jusque-là occulté par des promesses alléchantes et expriment leur désaccord en ce qui concerne la position du gouvernement sur cette question, le Premier Ministre ou encore le chef de la junte au pouvoir ne font que réitérer la même position : « Ils peuvent rentrer chez eux. Tous les mauritaniens sont libres de rentrer chez eux ».
Pour les esprits qui ont enfin retrouvé leur lucidité, il s’agit d’une fuite en avant, d’une volonté de négation ou, pour me nuancer, d’un effet dilatoire consistant à retarder ou à ne pas évoquer le problème dans la transition.
Par contre, un Premier Ministre interrogé sur un problème aussi sérieux que celui du passif humanitaire et des réfugiés, avant de décliner la position du gouvernement, devait d’abord dans un ton pathétique de consternation rappeler les faits, situer la responsabilité de l’ Etat, déplorer et regretter l’événement.
A ce niveau, il n’est pas superflu d’avoir un éclairage. Il faut distinguer les mauritaniens partis de leur propre gré et ceux qui ont été contraints de s’expatrier. Ces derniers, sous la menace des agents de sécurité de l’ Etat ont traversé le fleuve abandonnant biens mobiliers, immobiliers, états civils et emplois.
Le citoyen, désillusionné, demande un retour organisé afin de permettre l’insertion de ces milliers de déportés. C’est dans cette optique que s’inscrit le sit-in organisé par l’AJD près de locaux de la primature pour signifier que des élections sans les réfugiés est un non sens. D’autres formations politiques comme le RFD, l’APP et le PLEJ leur emboîteront sûrement le pas, parce que convaincus que la stabilité du pays dépend visiblement du règlement définitif de tous les problèmes nationaux.
Si depuis la prise de pouvoir par le CMJD et la nomination d’un gouvernement, la tendance était de soutenir inconditionnellement les actions entreprises, l’heure est aujourd’hui à la clairvoyance et au discernement. Partout des voix s’élèvent pour exprimer, dénoncer les manquements, laissant transparaître en filigrane le peu de détermination du CMJD d’aller vers de vrais changements. Si la tendance ne s’est pas inversée le CMJD et le gouvernement risquent de tomber en disgrâce et par la même devenir impopulaires et cibles de toutes les critiques.
L’ex-opposition ne deviendra-t-elle pas dans les jours qui suivent, une opposition au CMJD et au gouvernement de transition ?
M. Hady N’DIATH
Professeur
Source : flamnet.
Auparavant, c'est-à-dire quelques heures après la prise du pouvoir par la junte militaire, des défilés motivés, des rencontres, des marches de soutien sont organisés par une population excitée. Comme par enchantement, elles expriment leur vraie joie, une joie authentique, sincère et sans maquillage malgré l’infiltration de certains opportunistes, éternels laudateurs.
La population en délire et hallucination se livre à une activité onirique intense. On rêve sans cesse ! On rêve d’une Mauritanie dépouillée de tous ses problèmes. On évoque la restitution des milliards d’ouguiyas détournés au trésor public. On parle de l’amélioration des conditions de vie. On formule le voeu d’avoir enfin une administration au service du citoyen. On évoque une Mauritanie transformée en Eldorado en "paradis terrestre" pour être voltairien, une Mauritanie réconciliée avec elle-même à l’intérieur de laquelle on ne parlera plus de réfugiés, de passif humanitaire ou encore d’exécutions extra-judiciaires.
Aujourd’hui c’est-à-dire quelque mois après le changement de régime, l’élan euphorique, la joie spontanée s’estompe pour finir dans la désillusion et la déception.
L’activité hystérique et onirique orchestrée par la magie du verbe du CMJD et d’un gouvernement berceur cède la place à un état d’éveil. Partout, les ténèbres, les zones d’ombre disparaissent. Le citoyen retrouve la lumière et la lucidité, tout son sens critique et de discernement après un long sommeil.
Il constate qu’au-delà des apparences, rien n’a changé. Les déclarations de bonnes intentions, les débats télévisuels, les journées de concertation ne prêtaient qu’un décor superflu.
Le citoyen se rend compte qu’il continue d’être écrasé par un niveau de vie, par les mêmes lenteurs, le même immobilisme. Pire, certaines personnes indésirables continuent de décider du sort de la nation.
Le CMJD et le gouvernement refusent de s’inscrire en rupture par rapport aux méthodes de l’ancien régime. En effet sur des questions aussi sérieuses que celles des veuves, des réfugiés et du passif humanitaire le discours taya-iste, à cet effet, continue d’être développé.
Partout les manifestations de soutien cèdent la place à des regroupements de démarcation et de dénomination des manquements par rapport à la volonté de s’inscrire en rupture avec l’ancien régime. Du Guidimakha au Brakna, de Nouakchott au Trarza, des voix retrouvent leurs clairvoyances, leur lucidité et leur sens du discernement après une étape nébuleuse et berceuse, véritable opium. Elles dénoncent les attitudes abusives de certains préfets qui continuent de considérer les circonscriptions administratives dont ils ont la charge d’administrer comme territoire conquis. Au Guidimakha, à titre d’illustration un groupe de notaires a dénoncé les méthodes illicites d’expropriation des terres. Ces citoyens, désillusionnés reviennent à la réalité. Les professeurs de l’enseignement supérieur ont organisé un sit-in pour exprimer leur désaccord par rapport aux méthodes de travail peu orthodoxes du ministre de tutelle. Pour ce qui est des réfugiés, l’heure est également à la lucidité. Les citoyens renouent avec leurs sens critique jusque-là occulté par des promesses alléchantes et expriment leur désaccord en ce qui concerne la position du gouvernement sur cette question, le Premier Ministre ou encore le chef de la junte au pouvoir ne font que réitérer la même position : « Ils peuvent rentrer chez eux. Tous les mauritaniens sont libres de rentrer chez eux ».
Pour les esprits qui ont enfin retrouvé leur lucidité, il s’agit d’une fuite en avant, d’une volonté de négation ou, pour me nuancer, d’un effet dilatoire consistant à retarder ou à ne pas évoquer le problème dans la transition.
Par contre, un Premier Ministre interrogé sur un problème aussi sérieux que celui du passif humanitaire et des réfugiés, avant de décliner la position du gouvernement, devait d’abord dans un ton pathétique de consternation rappeler les faits, situer la responsabilité de l’ Etat, déplorer et regretter l’événement.
A ce niveau, il n’est pas superflu d’avoir un éclairage. Il faut distinguer les mauritaniens partis de leur propre gré et ceux qui ont été contraints de s’expatrier. Ces derniers, sous la menace des agents de sécurité de l’ Etat ont traversé le fleuve abandonnant biens mobiliers, immobiliers, états civils et emplois.
Le citoyen, désillusionné, demande un retour organisé afin de permettre l’insertion de ces milliers de déportés. C’est dans cette optique que s’inscrit le sit-in organisé par l’AJD près de locaux de la primature pour signifier que des élections sans les réfugiés est un non sens. D’autres formations politiques comme le RFD, l’APP et le PLEJ leur emboîteront sûrement le pas, parce que convaincus que la stabilité du pays dépend visiblement du règlement définitif de tous les problèmes nationaux.
Si depuis la prise de pouvoir par le CMJD et la nomination d’un gouvernement, la tendance était de soutenir inconditionnellement les actions entreprises, l’heure est aujourd’hui à la clairvoyance et au discernement. Partout des voix s’élèvent pour exprimer, dénoncer les manquements, laissant transparaître en filigrane le peu de détermination du CMJD d’aller vers de vrais changements. Si la tendance ne s’est pas inversée le CMJD et le gouvernement risquent de tomber en disgrâce et par la même devenir impopulaires et cibles de toutes les critiques.
L’ex-opposition ne deviendra-t-elle pas dans les jours qui suivent, une opposition au CMJD et au gouvernement de transition ?
M. Hady N’DIATH
Professeur
Source : flamnet.