En apparence dictée par les mauvaises performances de gestion du pouvoir antérieur au 3 août 2005, la mesure relève, aussi, de la rétorsion diplomatique; elle traduit le mécontentement de certains bailleurs de fonds, par ailleurs alliés du Colonel Ould Sid’Ahmed Taya, lesquels - autoritarisme et économie de prédation comprises - s’accommodent du pire,
excepté d’un coup d’Etat. La plupart, en particulier la Banque Mondiale, l’Union Européenne et les Etats-Unis, ont soutenu activement, sinon toléré les abus du dictateur, allant jusqu’à reconnaître la légitimité de son « élection » en novembre 2003. Pourtant, à force de mises en gardes adressées par nos soins, dont plusieurs en public, aucune des puissances ne s’avisa de les entendre.
Le cas de la Commission européenne concentre toute l’atrophie du système de valeurs des démocraties d’Occident, lorsqu’au nom de la stabilité – calcul de très court terme - elles financent la vaine réforme d’une dictature au lieu d’en favoriser la fin ; à l’inverse, le Parlement de Strasbourg aura multiplié contre l’arbitraire mauritanien les dénonciations et les alertes avec une rare perspicacité.
La responsabilité de la Banque Mondiale paraît bien plus limpide ; à Washington, dans son siège même, quelques « amis » de la Mauritanie, discrètement approchés par la parentèle de Ould Taya lors de visites à Nouakchott, ont entrepris, durant de longues années, une falsification sans précédent du suivi et de la mise en œuvre de la coopération multilatérale ; ils suscitaient des comptes rendus, sinon élogieux, du moins mitigés, au bénéfice du gouvernement solliciteur.
Il s’agit des fonctionnaires internationaux dont les noms suivent:
- *Miguel Saponara*, chef d'équipe et responsable des questions
macroéconomiques;
-*Mercy Tambon*, pour les projets de l'éducation;
-*Dr Bangoura* et *Agnès Soucat*, pour le secteur de la santé;
-*Karim Oka* et *Ismael Ouedraogo*, pour le développement rural.
-*Hassan Tuly*, pour la synthèse
- *Jean Mazurelle*, pour l’observation in situ
Tous, autant que l’institution qui les a rémunérés, doivent des comptes aux mauritaniens, pour avoir conçus ou publié des évaluations de parcours et des chiffres de croissance complaisants. En récompense de quoi, ils étaient reçus à Atar, promenés dans Chinguitti, choyés partout, anesthésiés par la redoutable sollicitude des « hommes du désert », l’instrument le plus efficace de la diplomatie des cadeaux sous Ould Taya, avec le faste des réceptions sous la tente, la traite de chamelle, les veillées sur la dune, l’imparable thé, la discrète enveloppe de devises, à la veille du départ. Des fournées de journalistes, de hauts fonctionnaires internationaux, de ministres et d’émissaires étrangers y succombèrent. Ceux-là regrettent, certainement, la Mauritanie d’avant août 2005.
D’autre part, les maladresses du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie exacerbent la mésentente avec une partie de la communauté internationale, notamment l’Union Africaine (UA), à laquelle les grandes puissances confièrent le traitement du cas de la Mauritanie, au lendemain du putsch. En refusant la Déclaration de Dakar, signée par de nombreux mouvements d’opposition radicale et d’ONG de défense des droits humains sous le parrainage de Président Abdoulaye Wade, les nouvelles autorités s’aliénaient, ainsi, des interlocuteurs de poids. Pourtant, à l’instar du Nigeria qui assurait la coordination tournante l’UA, la diplomatie du Sénégal, bien au fait des tractations d’alors, avait averti Nouakchott de la nécessité de prendre en compte les problèmes majeurs du pays, que sont l’esclavage, le retour organisé des réfugié et le règlement du passif humanitaire, sans oublier la diminution de la période transitoire ; au moment où cette dernière sera enfin annoncée et suivie d’autres concessions devant les ACP-UE à Bruxelles, il était trop tard ; les termes de l’avertissement sénégalais se convertissaient, déjà, en actes.
La source supplémentaire de discrédit dans les rapports de la Mauritanie avec les partenaires extérieurs, provient de ses représentants ; il devient malaisé d’admettre, en effet, que les mêmes ministres et hauts fonctionnaires du Colonel Ould Taya, justificateurs zélés de toutes ses erreurs, puissent, aujourd’hui, porter, avec conviction, les thèses inverses !!! Bien entendu, la plupart de ceux-là ne manquent de qualités professionnelles ni d’expérience mais de telles vertus n’atténuent, en rien, l’actualité du dilemme. L’équation, encore irrésolue par le CMJD, demeure l’un des enjeux principaux de la transition.
*Le partage déficitaire des tâches*
D’où il ressort que le gouvernement et d’autres institutions ne fonctionnent pas comme le requièrent les défis du moment ; passée la période probatoire de 6 mois, revoir la composition du personnel dirigeant deviendra une obligation, à la fois morale et pratique.
Beaucoup de ministres ne remplissent pas le minimum du cahier de charges opposable à une autorité de transition. Après examen comparatif, les détenteurs des portefeuilles dessous n’offrent pas le minimum des qualités inhérentes à l’exercice de leurs charges, dans un contexte, aussi sensible, de passage aux institutions régulières :
*Intérieur, Postes et Télécommunications* : Incompétence caractérisée
*Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique* : Incompétence, moralité douteuse
*Enseignement Fondamental et Secondaire* : Incompétence
*Fonction Publique* : Incompétence, perception indue de double salaire
*Information, Porte-Parole du Gouvernement* : Incompétence, défauts de communication
*Commerce* : Incompétence caractérisée, défauts de communication
*Nouvelles Technologies* : Incompétence aggravée
*Droits de l’Homme, Insertion et Lutte contre la Pauvreté* :
Incompétence, méconnaissance manifeste de ses dossiers.
A cette liste, il convient d’ajouter le choix, plus que contestable du Secrétaire Général de la Commission Electorale Nationale Indépendante*, dont les antécédents attestent une intégrité sujette à caution.
*Le cas du Recteur de l’Université de Nouakchott*, l’un des acteurs importants de la déconsidération du savoir et de l’excellence, de surcroît enrichi sur le compte de quelques générations d’étudiants, appelle de la rigueur.
Par ailleurs, le système judiciaire, à *l’exception heureuse du nouveau Président de la Cour Suprême* et de quelques rares autres magistrats, croupît dans une corruption sans nom, sous la férule de praticiens inconscients de la notion de service public, tribalisés à l’envi,
ignorants de la théorie générale du droit et mille fois vénaux.
La déconfiture de notre diplomatie arrive, elle, à un stade si avancé que chaque jour de plus, sans la réforme profonde de cet appareil, contribue à ralentir la dynamique du pays vers sa réhabilitation. Le maintien, en fonction, d’un personnel dépourvu de toute aptitude à défendre, avec crédit, la reconstruction en cours, pose un problème majeur. La plupart de nos délégations permanentes – ambassades ou consulats – sont peuplées de fantômes du pouvoir déchu, personnages élevés dans le déni du droit et la plaidoirie du faux, donc essentiellement inaptes à instruire son procès ; or, cette tâche est la justification du 3 août, dont elle accompagne, nécessairement, toute l’ambition ; plus nous citons, à titre d’exemple flagrant, quelques missions de Mauritanie à l’étranger qu’il s’agit d’assainir, rapidement
:
*Le Caire * *Addis Abéba (Union Africaine)**Dakar**Rabat**Paris**Bruxelles*
*Genève (Organisation des Nations Unies)**Washington*
*New York (Organisation des Nations Unies)
Plus grave encore*, *nombre de nos *attachés militaires* furent des
tortionnaires notoires, entre 1989 et 1991.*
A l’étranger, les filiales de la *SNIM/SEM* et la *Banque Centrale de
Mauritanie*, ainsi que les bureaux de la *Caisse Nationale de Sécurité
Sociale méritent une vigoureuse charge de nettoyage.
Enfin, la composition et le fonctionnement des différentes fédérations du *Patronat* et de *l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM)* ne correspondent pas à la réalité des rapports de force, hors l’ingérence de l’Etat. Il importe, alors, d’y provoquer de nouvelles remises en suffrages, afin de rétablir la correspondance saine des positions d’influence et du choix transparent par les électeurs.
Le *Haut Conseil Islamique*, quant à lui, aura réduit la foi et le magistère sunnite malékite à une substance malléable, selon les besoins du Prince, sans aucun égard pour le sentiment des croyants ni la lettre du Message. Ici, il y a urgence de ressusciter un minimum d’éthique.
Avec tant de handicaps, à l’instant où l’attitude du FMI hypothèque la mission du CMJD, l’Exécutif provisoire n’est plus en état d’emporter l’adhésion des mauritaniens, ni l’indulgence des interlocuteurs étrangers.
Les révisions conséquentes s’imposent. Nous ne gouvernons pas mais nous efforçons à une veille d’évaluation, sans quoi l’intérêt collectif se dilapide, en silence.
excepté d’un coup d’Etat. La plupart, en particulier la Banque Mondiale, l’Union Européenne et les Etats-Unis, ont soutenu activement, sinon toléré les abus du dictateur, allant jusqu’à reconnaître la légitimité de son « élection » en novembre 2003. Pourtant, à force de mises en gardes adressées par nos soins, dont plusieurs en public, aucune des puissances ne s’avisa de les entendre.
Le cas de la Commission européenne concentre toute l’atrophie du système de valeurs des démocraties d’Occident, lorsqu’au nom de la stabilité – calcul de très court terme - elles financent la vaine réforme d’une dictature au lieu d’en favoriser la fin ; à l’inverse, le Parlement de Strasbourg aura multiplié contre l’arbitraire mauritanien les dénonciations et les alertes avec une rare perspicacité.
La responsabilité de la Banque Mondiale paraît bien plus limpide ; à Washington, dans son siège même, quelques « amis » de la Mauritanie, discrètement approchés par la parentèle de Ould Taya lors de visites à Nouakchott, ont entrepris, durant de longues années, une falsification sans précédent du suivi et de la mise en œuvre de la coopération multilatérale ; ils suscitaient des comptes rendus, sinon élogieux, du moins mitigés, au bénéfice du gouvernement solliciteur.
Il s’agit des fonctionnaires internationaux dont les noms suivent:
- *Miguel Saponara*, chef d'équipe et responsable des questions
macroéconomiques;
-*Mercy Tambon*, pour les projets de l'éducation;
-*Dr Bangoura* et *Agnès Soucat*, pour le secteur de la santé;
-*Karim Oka* et *Ismael Ouedraogo*, pour le développement rural.
-*Hassan Tuly*, pour la synthèse
- *Jean Mazurelle*, pour l’observation in situ
Tous, autant que l’institution qui les a rémunérés, doivent des comptes aux mauritaniens, pour avoir conçus ou publié des évaluations de parcours et des chiffres de croissance complaisants. En récompense de quoi, ils étaient reçus à Atar, promenés dans Chinguitti, choyés partout, anesthésiés par la redoutable sollicitude des « hommes du désert », l’instrument le plus efficace de la diplomatie des cadeaux sous Ould Taya, avec le faste des réceptions sous la tente, la traite de chamelle, les veillées sur la dune, l’imparable thé, la discrète enveloppe de devises, à la veille du départ. Des fournées de journalistes, de hauts fonctionnaires internationaux, de ministres et d’émissaires étrangers y succombèrent. Ceux-là regrettent, certainement, la Mauritanie d’avant août 2005.
D’autre part, les maladresses du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie exacerbent la mésentente avec une partie de la communauté internationale, notamment l’Union Africaine (UA), à laquelle les grandes puissances confièrent le traitement du cas de la Mauritanie, au lendemain du putsch. En refusant la Déclaration de Dakar, signée par de nombreux mouvements d’opposition radicale et d’ONG de défense des droits humains sous le parrainage de Président Abdoulaye Wade, les nouvelles autorités s’aliénaient, ainsi, des interlocuteurs de poids. Pourtant, à l’instar du Nigeria qui assurait la coordination tournante l’UA, la diplomatie du Sénégal, bien au fait des tractations d’alors, avait averti Nouakchott de la nécessité de prendre en compte les problèmes majeurs du pays, que sont l’esclavage, le retour organisé des réfugié et le règlement du passif humanitaire, sans oublier la diminution de la période transitoire ; au moment où cette dernière sera enfin annoncée et suivie d’autres concessions devant les ACP-UE à Bruxelles, il était trop tard ; les termes de l’avertissement sénégalais se convertissaient, déjà, en actes.
La source supplémentaire de discrédit dans les rapports de la Mauritanie avec les partenaires extérieurs, provient de ses représentants ; il devient malaisé d’admettre, en effet, que les mêmes ministres et hauts fonctionnaires du Colonel Ould Taya, justificateurs zélés de toutes ses erreurs, puissent, aujourd’hui, porter, avec conviction, les thèses inverses !!! Bien entendu, la plupart de ceux-là ne manquent de qualités professionnelles ni d’expérience mais de telles vertus n’atténuent, en rien, l’actualité du dilemme. L’équation, encore irrésolue par le CMJD, demeure l’un des enjeux principaux de la transition.
*Le partage déficitaire des tâches*
D’où il ressort que le gouvernement et d’autres institutions ne fonctionnent pas comme le requièrent les défis du moment ; passée la période probatoire de 6 mois, revoir la composition du personnel dirigeant deviendra une obligation, à la fois morale et pratique.
Beaucoup de ministres ne remplissent pas le minimum du cahier de charges opposable à une autorité de transition. Après examen comparatif, les détenteurs des portefeuilles dessous n’offrent pas le minimum des qualités inhérentes à l’exercice de leurs charges, dans un contexte, aussi sensible, de passage aux institutions régulières :
*Intérieur, Postes et Télécommunications* : Incompétence caractérisée
*Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique* : Incompétence, moralité douteuse
*Enseignement Fondamental et Secondaire* : Incompétence
*Fonction Publique* : Incompétence, perception indue de double salaire
*Information, Porte-Parole du Gouvernement* : Incompétence, défauts de communication
*Commerce* : Incompétence caractérisée, défauts de communication
*Nouvelles Technologies* : Incompétence aggravée
*Droits de l’Homme, Insertion et Lutte contre la Pauvreté* :
Incompétence, méconnaissance manifeste de ses dossiers.
A cette liste, il convient d’ajouter le choix, plus que contestable du Secrétaire Général de la Commission Electorale Nationale Indépendante*, dont les antécédents attestent une intégrité sujette à caution.
*Le cas du Recteur de l’Université de Nouakchott*, l’un des acteurs importants de la déconsidération du savoir et de l’excellence, de surcroît enrichi sur le compte de quelques générations d’étudiants, appelle de la rigueur.
Par ailleurs, le système judiciaire, à *l’exception heureuse du nouveau Président de la Cour Suprême* et de quelques rares autres magistrats, croupît dans une corruption sans nom, sous la férule de praticiens inconscients de la notion de service public, tribalisés à l’envi,
ignorants de la théorie générale du droit et mille fois vénaux.
La déconfiture de notre diplomatie arrive, elle, à un stade si avancé que chaque jour de plus, sans la réforme profonde de cet appareil, contribue à ralentir la dynamique du pays vers sa réhabilitation. Le maintien, en fonction, d’un personnel dépourvu de toute aptitude à défendre, avec crédit, la reconstruction en cours, pose un problème majeur. La plupart de nos délégations permanentes – ambassades ou consulats – sont peuplées de fantômes du pouvoir déchu, personnages élevés dans le déni du droit et la plaidoirie du faux, donc essentiellement inaptes à instruire son procès ; or, cette tâche est la justification du 3 août, dont elle accompagne, nécessairement, toute l’ambition ; plus nous citons, à titre d’exemple flagrant, quelques missions de Mauritanie à l’étranger qu’il s’agit d’assainir, rapidement
:
*Le Caire * *Addis Abéba (Union Africaine)**Dakar**Rabat**Paris**Bruxelles*
*Genève (Organisation des Nations Unies)**Washington*
*New York (Organisation des Nations Unies)
Plus grave encore*, *nombre de nos *attachés militaires* furent des
tortionnaires notoires, entre 1989 et 1991.*
A l’étranger, les filiales de la *SNIM/SEM* et la *Banque Centrale de
Mauritanie*, ainsi que les bureaux de la *Caisse Nationale de Sécurité
Sociale méritent une vigoureuse charge de nettoyage.
Enfin, la composition et le fonctionnement des différentes fédérations du *Patronat* et de *l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM)* ne correspondent pas à la réalité des rapports de force, hors l’ingérence de l’Etat. Il importe, alors, d’y provoquer de nouvelles remises en suffrages, afin de rétablir la correspondance saine des positions d’influence et du choix transparent par les électeurs.
Le *Haut Conseil Islamique*, quant à lui, aura réduit la foi et le magistère sunnite malékite à une substance malléable, selon les besoins du Prince, sans aucun égard pour le sentiment des croyants ni la lettre du Message. Ici, il y a urgence de ressusciter un minimum d’éthique.
Avec tant de handicaps, à l’instant où l’attitude du FMI hypothèque la mission du CMJD, l’Exécutif provisoire n’est plus en état d’emporter l’adhésion des mauritaniens, ni l’indulgence des interlocuteurs étrangers.
Les révisions conséquentes s’imposent. Nous ne gouvernons pas mais nous efforçons à une veille d’évaluation, sans quoi l’intérêt collectif se dilapide, en silence.