En mai 2006, Ibrahima Moctar Sarr avait publié « la transition en dérive.». A quelques jours de l’ouverture des états généraux de la démocratie, le président de l’AJD/MR a repris la plume avec «La démocratie en question. ». Le Quotidien de Nouakchott vous livre l’intégralité de cette tribune.
Aujourd’hui, dans ce village global du sociologue canadien Mac Luhan qu’est devenu notre monde, que l’on se réfère à la race ou au continent, que des raisonnements se portent sur l’histoire, l’économie ou les sciences, que les appréciations se fondent sur les politiques ou les idéologies, il n’en demeure pas moins que nous vivons la fin des hégémonies.
Aux illusions monopolistes d’un impérialisme aveugle qui fit triompher l’exploitation sociale la plus éhontée, tente de se substituer une concordance et une osmose des valeurs humaines dans un siècle où le vœu de Jules Vernes est exaucé. Je dis mieux : on voit clair dans la claire vision du penseur qui considère l’homme comme un nœud de relations.
Cependant, derrière ce voile de discrétion, il y a un préalable ; afin que la société robotique, l’ère de l’informatique et du cosmos, les moyens de l’humanité au service trop souvent de causes inhumaines, la civilisation confort-misère, l’appel à l’évasion et au désintéressement…, afin que toutes ces forces ne constituent pas des moyens plus grands encore de destruction du monde, il serait nécessaire de s’interroger sur le sens du courant que nous descendons.
De savoir si à l’heure ou justement nous nous engageons dans le courant supérieur du fleuve, nous ne nous écartons pas comme l’oiseau du nid, après les chaudes couvées d’ailes dans les grandes migrations vers des étangs ombragés mais dangereux.
Essoufflé d’une course de longue haleine, nous voici à la manière des anciens, non pas sous l’arbre à palabre, le moment n’autorisant qu’une récréation dans l’imagination, non pas une récréation dans des souvenirs vassaux, nous voici dis-je sur le podium de la réflexion commune, le thème est d’actualité certes mais pour l’éminente philosophie du siècle il est de toujours même dans ses approches contradictoires, à la seule caractéristique que le cadre et les éléments sont en mutation. Cette réflexion commune a abouti à la vulgarisation du mot magique de notre temps : Démocratie.
Trop de débats animés et passionnés, trop de conférences organisées, trop d’ondes émises, beaucoup d’ouvrages écrits aux fins de confrontation, en vue de légitimer, expliquer ou fléchir ce terme, désormais du XXIe siècle.
Trop d’interprétations ont été essayées, s’appuyant sur toutes sortes de données mais qui n’ont pas pu se hisser à la hauteur de la magie du mot, leitmotiv du vent d’Est qui après le Sud, élaguera sûrement le Nord, lui aussi corrompu.
Ce qu’un homme peut être doit-il nécessairement l’être comme semble le souhaiter le syndicaliste américain Bertrand Schwarz ? La démocratie doit-elle avoir la même couleur sous tous les cieux ?
Est-il possible que la différence des continents, des races, des climats et des expériences socio-historiques, ne puissent avoir aucune incidence, minime soit-elle, sur une organisation de la société humaine ?
Autant de questionnements qui pourraient rendre sceptique si l’on était pas rassuré à la pensée que :«le bout de bois peut rester longtemps dans l’eau , il ne deviendra pas pour autant un crocodile». Car quoi de plus ridicule que de voir ceux qui hier, avaient ôté à l’Afrique et aux autres peuples dominés, tout droit à la vie et ce qui pouvait contribuer à un développement encore plus grand de leurs civilisations alors florissantes, venir aujourd’hui donner des leçons.
Est-il judicieux et prudent d’accepter de l’ancien maître des conseils quand on sait que la colonisation a freiné tout développement endogène des sociétés africaines qui étaient bâties non pas sur des modèles d’importation, mais à partir des systèmes séculaires aux fondements élaborés, renfermant en une seule entité le pouvoir et son contraire ?
Cette société africaine qui avait fait du Roi un esclave de son peuple et du consensus la loi, avait donné à la vieillesse sagesse et respect et a la jeunesse, la force et la soumission. Rien n’est perdu. Tout se gagne, la propriété est collective et les jeunes deviennent les héritiers des anciens, leur « bonne chair » se trouvant dans leur majorité et la consécration.
Il n’est donc pas conséquent de plaquer les méthodes et les voies de développement d’un occident qui, après avoir dominé la matière a perdu son âme ; après avoir exploité l’homme et utilisé son génie créateur, l’a pousse vers le suicide face à l’absurdité de son existence et plus grave, qui après avoir «tué» DIEU cherche à en créer un autre ?
Ne faudrait-il pas alors et plus simplement méditer la parole de l’INCREE dont le message est toujours d’actualité pour avoir tout prévu. C’est bien le Coran qui a permis au monde musulman naissant de poser les jalons du développement technique et scientifique de l’humanité tout en préservant l’équilibre entre le spirituel et le matériel ?
Il est en tout état de cause, loin des démagogies uniformisantes et égalitariste. Il veut supprimer l’injustice en faisant du Roi non pas peut-être l’esclave de son peuple mais «le berger du troupeau». Il lui sera demandé des comptes sur l’exercice de ses fonctions. Mais, il est déjà prévenu : «Un régime peut durer dans la mécréance mais pas dans l’injustice».
La Choura n’est-elle pas la réplique du consensus dans l’Etat traditionnel africain ? «Consulte-les sur toute chose» (Coran AL ILMRAN 159).
Que possède alors cette plus « belle femme du monde contemporain» nommée Démocratie, de si convoité et qui renferme en son sein les germes de sa propre destruction ?
Le suffrage universel. Il permet à chacun de dire oui ou non ou ni l’un ni l’autre mais il ne prend pas en considération le non des minorités ni même leur oui. C’est la règle mécanique de la majorité qui manque de souplesse et de créativité qui impose la loi d’une majorité fut-elle celle des ignorants, des sans foi ni voix parce que manipulés ou aliénés.
Le suffrage universel ne cherche pas l’équilibre mais la force, il ne cherche pas le meilleur mais le plus fort. Il n’utilise pas la force de l’argument mais l’argument de la force. La démocratie ayant pour fondement le suffrage universel ne permet pas toujours les changements souhaites dans une continuité historique vers la société idéale tant que certains préalables ne sont pas garantis. Elle est sujette au revirement les plus spectaculaires à la succession de régimes sociaux diamétralement opposés, exemple : Capitalisme/Communisme.
Les récents exemples fournis par les démocraties de l’Europe de l’Est illustrent on ne peut mieux cette réalité : Capitalisme – Socialisme – Retours vers le capitalisme. Il y a là un manque à gagner pour cette continuité historique du mouvement social.
Ce qui est vrai pour la religion de Mohamed (SAS) est vrai également pour celle de Jésus (A.S) ou celle de Moïse (A.S). Et dans une mesure encore plus large, toutes les croyances qui placent une autorité suprême au dessus de tout ce qui est créé, ont plus ou moins le même idéal pour l’homme.
Cela dit, force est pour nous de retenir ces axes qui me semblent essentiels dans toute formalisation de système social ayant pour ambition de réconcilier l’homme avec lui-même et la nature.
1). LA MORALITE qui puise sa force dans notre foi en un Dieu Unique guidant vers les voies les plus justes.
2). LE CONSENSUS, principe présent dans toutes les religions et apte à concilier les idéaux.
3). LA JUSTICE. Il faut bannir l’exploitation sous toutes ses formes tout en encourageant l’initiative créatrice.
4). LE DROIT DE REGARD. Des contre-pouvoirs qui défieront le temps empêcheront tout retour à un régime d’oppression. Parmi ces contre-pouvoirs, il y a la liberté d’expression et le suffrage universel en tant que premier processus vers le consensus.
5). L’ACCEPTATION DE LA DIFFERENCE. Toutes les valeurs humaines doivent être sauvegardées sans exclusive. Toutes les particularités doivent s’exprimer sans inquiétude et obtenir la garantie de leurs droits légitimes. Ainsi seulement l’homme donnera la main à l’homme pour communier avec la nature.
Partant de tous ces considérants, j’estime que le débat actuel sur la situation de la démocratie en Mauritanie, suite à la reprise du pouvoir par les militaires, procède de la même fuite en avant qui caractérise le comportement de l’élite politique nationale de l’indépendance à nos jours. On continue encore à refuser de nous regarder en face, nous ne nous parlons pas franchement. Le vrai problème de la Mauritanie ce n’est pas la Démocratie, celle-ci est à venir, elle est à préparer.
A défaut de revenir sur nos structures traditionnelles en les corrigeant de tout ce qu’elles renferment d’anachronisme et d’inhumain, nous devons éviter de plaquer bêtement les vérités venues d’ailleurs sans les repenser. Il est vrai que l’air du temps est au mimétisme sur tous les plans, à la paresse intellectuelle - c’est pourquoi il faut éviter de décourager même les intellectuels en herbe qui pensent avoir tout compris- il faut beaucoup de courage pour oser s’attaquer aux normes établies, de peur de se voir traiter d’utopiste, de réactionnaire ou simplement d’inculte.
Les vrais intellectuels de ce pays qui ne sont pas forcément ceux qui sont bardés de diplômes dont la plupart ne sont pas bien assimilés, doivent enfin s’exprimer. Ils doivent refaire l’histoire et chercher non pas seulement à partir du Congrès de 1958 d’Aleg mais bien au-delà, pourquoi aujourd’hui nous n’avons pas d’Etat. Nos intellectuels et autres hommes politiques - je pense pouvoir être classé au moins dans cette dernière catégorie - ont jusqu’ici mal pensé et mal agi pour la Mauritanie s’ils n’ont pas été les complices de cette déchéance que nous vivons.
Il est urgent de se ressaisir, je veux dire que nous n’avons plus que le temps de sauver la Mauritanie. Nous devons enfin nous mettre d’accord que quelles que soient les institutions que nous allons mettre en place si elles ne concourent pas à réaliser une réelle volonté de vie commune, nous aurons simplement trahi l’espoir et prouvé que … « nous n’avons pas pu !».
Les mauritaniens sont aujourd’hui divisés : entre noirs et blancs y compris la question de l’esclavage avec laquelle nous jouons depuis des décennies d’institutions dites démocratiques et modernes, entre nos tribus et nos castes, entre nos régions …
Rien de durable ne peut être envisagé quand la question de l’impunité des crimes de tous ordres, la persistance d’une détermination presque maladive a perpétuer des inégalités criantes contraires a l’éthique , au droit, à la convivialité, en un mot à notre religion, restent le levain de tout accaparement du pouvoir et sa conservation.
Comme je l’écrivais dans « La transition en dérive », article prémonitoire publié en mai 2006 …il n’y aura pas d’alternance démocratique au pouvoir tant que le problème de la garantie militaire de cette alternance n’est pas réglé de manière définitive. Il n’y aura pas également de consultations démocratiques véritables si la loi fondamentale n’est pas amendée dans le sens de régler définitivement dans le principe les questions liées à la cohabitation, au partage du pouvoir politique et à la séparation des pouvoirs.
« yes we can » !
Pour terminer cette interpellation qui contrairement à mes habitudes peut être jugée quelque peu hermétique à défaut d’être relevée, je souhaite que tout mauritanien puisse enfin dire comme OBAMA : « yes we can » !
Mais cela a un prix. OBAMA c’est la victoire de l’Amérique sur elle-même, sur son histoire. C’est l’aboutissement d’un long combat de l’homme contre lui-même. De ABRAHAM LINCOLN à OBAMA , l’Amérique de JOHN KENNEDY a enfin vu le rêve se réaliser.
Le rêve de MARTIN LUTHER KING qui fut celui de MARCUS AURELIUS GARVEY, WILLIAM DUBOIS, PAUL ROBINSON, JAMES BROWN, MALCOM X, STOCKLEY CARMICHAEL ou KWAME TOURE, MOHAMED ALI, JESSIE JACSON LOUIS FARAKHAN, COLIN POWELL ,CONDOLEEZA RICE et bien d’autres comme ANGELA DAVIS et SIDNEY POITIER….
Mais en vérité cette victoire a bien été rendue possible grâce a l’homme blanc américain qui a depuis très longtemps donné jusqu’à sa vie pour que l’égalité raciale soit un fait irréversible dans la grande Amérique qui vient de prouver encore qu’elle est la plus grande en transcendant les races et les couleurs, les religions et les origines et porter à la maison blanche toute blanche, une petite famille noire qui désormais doit veiller sur sa destinée.
Qu’ALLAH fasse descendre sa baraka sur BARACK pour que le rêve ne soit pas déçu, afin que l’exemple américain fasse tache d’huile à travers le monde multiracial et qu’en Mauritanie d’autres LINCOLN et d’autres KENNEDY rendent possible d’autres OBAMA.
IBRAHIMA MOCTAR SARR
Source : Le Quotidien de Nouakchott
via cridem
Aujourd’hui, dans ce village global du sociologue canadien Mac Luhan qu’est devenu notre monde, que l’on se réfère à la race ou au continent, que des raisonnements se portent sur l’histoire, l’économie ou les sciences, que les appréciations se fondent sur les politiques ou les idéologies, il n’en demeure pas moins que nous vivons la fin des hégémonies.
Aux illusions monopolistes d’un impérialisme aveugle qui fit triompher l’exploitation sociale la plus éhontée, tente de se substituer une concordance et une osmose des valeurs humaines dans un siècle où le vœu de Jules Vernes est exaucé. Je dis mieux : on voit clair dans la claire vision du penseur qui considère l’homme comme un nœud de relations.
Cependant, derrière ce voile de discrétion, il y a un préalable ; afin que la société robotique, l’ère de l’informatique et du cosmos, les moyens de l’humanité au service trop souvent de causes inhumaines, la civilisation confort-misère, l’appel à l’évasion et au désintéressement…, afin que toutes ces forces ne constituent pas des moyens plus grands encore de destruction du monde, il serait nécessaire de s’interroger sur le sens du courant que nous descendons.
De savoir si à l’heure ou justement nous nous engageons dans le courant supérieur du fleuve, nous ne nous écartons pas comme l’oiseau du nid, après les chaudes couvées d’ailes dans les grandes migrations vers des étangs ombragés mais dangereux.
Essoufflé d’une course de longue haleine, nous voici à la manière des anciens, non pas sous l’arbre à palabre, le moment n’autorisant qu’une récréation dans l’imagination, non pas une récréation dans des souvenirs vassaux, nous voici dis-je sur le podium de la réflexion commune, le thème est d’actualité certes mais pour l’éminente philosophie du siècle il est de toujours même dans ses approches contradictoires, à la seule caractéristique que le cadre et les éléments sont en mutation. Cette réflexion commune a abouti à la vulgarisation du mot magique de notre temps : Démocratie.
Trop de débats animés et passionnés, trop de conférences organisées, trop d’ondes émises, beaucoup d’ouvrages écrits aux fins de confrontation, en vue de légitimer, expliquer ou fléchir ce terme, désormais du XXIe siècle.
Trop d’interprétations ont été essayées, s’appuyant sur toutes sortes de données mais qui n’ont pas pu se hisser à la hauteur de la magie du mot, leitmotiv du vent d’Est qui après le Sud, élaguera sûrement le Nord, lui aussi corrompu.
Ce qu’un homme peut être doit-il nécessairement l’être comme semble le souhaiter le syndicaliste américain Bertrand Schwarz ? La démocratie doit-elle avoir la même couleur sous tous les cieux ?
Est-il possible que la différence des continents, des races, des climats et des expériences socio-historiques, ne puissent avoir aucune incidence, minime soit-elle, sur une organisation de la société humaine ?
Autant de questionnements qui pourraient rendre sceptique si l’on était pas rassuré à la pensée que :«le bout de bois peut rester longtemps dans l’eau , il ne deviendra pas pour autant un crocodile». Car quoi de plus ridicule que de voir ceux qui hier, avaient ôté à l’Afrique et aux autres peuples dominés, tout droit à la vie et ce qui pouvait contribuer à un développement encore plus grand de leurs civilisations alors florissantes, venir aujourd’hui donner des leçons.
Est-il judicieux et prudent d’accepter de l’ancien maître des conseils quand on sait que la colonisation a freiné tout développement endogène des sociétés africaines qui étaient bâties non pas sur des modèles d’importation, mais à partir des systèmes séculaires aux fondements élaborés, renfermant en une seule entité le pouvoir et son contraire ?
Cette société africaine qui avait fait du Roi un esclave de son peuple et du consensus la loi, avait donné à la vieillesse sagesse et respect et a la jeunesse, la force et la soumission. Rien n’est perdu. Tout se gagne, la propriété est collective et les jeunes deviennent les héritiers des anciens, leur « bonne chair » se trouvant dans leur majorité et la consécration.
Il n’est donc pas conséquent de plaquer les méthodes et les voies de développement d’un occident qui, après avoir dominé la matière a perdu son âme ; après avoir exploité l’homme et utilisé son génie créateur, l’a pousse vers le suicide face à l’absurdité de son existence et plus grave, qui après avoir «tué» DIEU cherche à en créer un autre ?
Ne faudrait-il pas alors et plus simplement méditer la parole de l’INCREE dont le message est toujours d’actualité pour avoir tout prévu. C’est bien le Coran qui a permis au monde musulman naissant de poser les jalons du développement technique et scientifique de l’humanité tout en préservant l’équilibre entre le spirituel et le matériel ?
Il est en tout état de cause, loin des démagogies uniformisantes et égalitariste. Il veut supprimer l’injustice en faisant du Roi non pas peut-être l’esclave de son peuple mais «le berger du troupeau». Il lui sera demandé des comptes sur l’exercice de ses fonctions. Mais, il est déjà prévenu : «Un régime peut durer dans la mécréance mais pas dans l’injustice».
La Choura n’est-elle pas la réplique du consensus dans l’Etat traditionnel africain ? «Consulte-les sur toute chose» (Coran AL ILMRAN 159).
Que possède alors cette plus « belle femme du monde contemporain» nommée Démocratie, de si convoité et qui renferme en son sein les germes de sa propre destruction ?
Le suffrage universel. Il permet à chacun de dire oui ou non ou ni l’un ni l’autre mais il ne prend pas en considération le non des minorités ni même leur oui. C’est la règle mécanique de la majorité qui manque de souplesse et de créativité qui impose la loi d’une majorité fut-elle celle des ignorants, des sans foi ni voix parce que manipulés ou aliénés.
Le suffrage universel ne cherche pas l’équilibre mais la force, il ne cherche pas le meilleur mais le plus fort. Il n’utilise pas la force de l’argument mais l’argument de la force. La démocratie ayant pour fondement le suffrage universel ne permet pas toujours les changements souhaites dans une continuité historique vers la société idéale tant que certains préalables ne sont pas garantis. Elle est sujette au revirement les plus spectaculaires à la succession de régimes sociaux diamétralement opposés, exemple : Capitalisme/Communisme.
Les récents exemples fournis par les démocraties de l’Europe de l’Est illustrent on ne peut mieux cette réalité : Capitalisme – Socialisme – Retours vers le capitalisme. Il y a là un manque à gagner pour cette continuité historique du mouvement social.
Ce qui est vrai pour la religion de Mohamed (SAS) est vrai également pour celle de Jésus (A.S) ou celle de Moïse (A.S). Et dans une mesure encore plus large, toutes les croyances qui placent une autorité suprême au dessus de tout ce qui est créé, ont plus ou moins le même idéal pour l’homme.
Cela dit, force est pour nous de retenir ces axes qui me semblent essentiels dans toute formalisation de système social ayant pour ambition de réconcilier l’homme avec lui-même et la nature.
1). LA MORALITE qui puise sa force dans notre foi en un Dieu Unique guidant vers les voies les plus justes.
2). LE CONSENSUS, principe présent dans toutes les religions et apte à concilier les idéaux.
3). LA JUSTICE. Il faut bannir l’exploitation sous toutes ses formes tout en encourageant l’initiative créatrice.
4). LE DROIT DE REGARD. Des contre-pouvoirs qui défieront le temps empêcheront tout retour à un régime d’oppression. Parmi ces contre-pouvoirs, il y a la liberté d’expression et le suffrage universel en tant que premier processus vers le consensus.
5). L’ACCEPTATION DE LA DIFFERENCE. Toutes les valeurs humaines doivent être sauvegardées sans exclusive. Toutes les particularités doivent s’exprimer sans inquiétude et obtenir la garantie de leurs droits légitimes. Ainsi seulement l’homme donnera la main à l’homme pour communier avec la nature.
Partant de tous ces considérants, j’estime que le débat actuel sur la situation de la démocratie en Mauritanie, suite à la reprise du pouvoir par les militaires, procède de la même fuite en avant qui caractérise le comportement de l’élite politique nationale de l’indépendance à nos jours. On continue encore à refuser de nous regarder en face, nous ne nous parlons pas franchement. Le vrai problème de la Mauritanie ce n’est pas la Démocratie, celle-ci est à venir, elle est à préparer.
A défaut de revenir sur nos structures traditionnelles en les corrigeant de tout ce qu’elles renferment d’anachronisme et d’inhumain, nous devons éviter de plaquer bêtement les vérités venues d’ailleurs sans les repenser. Il est vrai que l’air du temps est au mimétisme sur tous les plans, à la paresse intellectuelle - c’est pourquoi il faut éviter de décourager même les intellectuels en herbe qui pensent avoir tout compris- il faut beaucoup de courage pour oser s’attaquer aux normes établies, de peur de se voir traiter d’utopiste, de réactionnaire ou simplement d’inculte.
Les vrais intellectuels de ce pays qui ne sont pas forcément ceux qui sont bardés de diplômes dont la plupart ne sont pas bien assimilés, doivent enfin s’exprimer. Ils doivent refaire l’histoire et chercher non pas seulement à partir du Congrès de 1958 d’Aleg mais bien au-delà, pourquoi aujourd’hui nous n’avons pas d’Etat. Nos intellectuels et autres hommes politiques - je pense pouvoir être classé au moins dans cette dernière catégorie - ont jusqu’ici mal pensé et mal agi pour la Mauritanie s’ils n’ont pas été les complices de cette déchéance que nous vivons.
Il est urgent de se ressaisir, je veux dire que nous n’avons plus que le temps de sauver la Mauritanie. Nous devons enfin nous mettre d’accord que quelles que soient les institutions que nous allons mettre en place si elles ne concourent pas à réaliser une réelle volonté de vie commune, nous aurons simplement trahi l’espoir et prouvé que … « nous n’avons pas pu !».
Les mauritaniens sont aujourd’hui divisés : entre noirs et blancs y compris la question de l’esclavage avec laquelle nous jouons depuis des décennies d’institutions dites démocratiques et modernes, entre nos tribus et nos castes, entre nos régions …
Rien de durable ne peut être envisagé quand la question de l’impunité des crimes de tous ordres, la persistance d’une détermination presque maladive a perpétuer des inégalités criantes contraires a l’éthique , au droit, à la convivialité, en un mot à notre religion, restent le levain de tout accaparement du pouvoir et sa conservation.
Comme je l’écrivais dans « La transition en dérive », article prémonitoire publié en mai 2006 …il n’y aura pas d’alternance démocratique au pouvoir tant que le problème de la garantie militaire de cette alternance n’est pas réglé de manière définitive. Il n’y aura pas également de consultations démocratiques véritables si la loi fondamentale n’est pas amendée dans le sens de régler définitivement dans le principe les questions liées à la cohabitation, au partage du pouvoir politique et à la séparation des pouvoirs.
« yes we can » !
Pour terminer cette interpellation qui contrairement à mes habitudes peut être jugée quelque peu hermétique à défaut d’être relevée, je souhaite que tout mauritanien puisse enfin dire comme OBAMA : « yes we can » !
Mais cela a un prix. OBAMA c’est la victoire de l’Amérique sur elle-même, sur son histoire. C’est l’aboutissement d’un long combat de l’homme contre lui-même. De ABRAHAM LINCOLN à OBAMA , l’Amérique de JOHN KENNEDY a enfin vu le rêve se réaliser.
Le rêve de MARTIN LUTHER KING qui fut celui de MARCUS AURELIUS GARVEY, WILLIAM DUBOIS, PAUL ROBINSON, JAMES BROWN, MALCOM X, STOCKLEY CARMICHAEL ou KWAME TOURE, MOHAMED ALI, JESSIE JACSON LOUIS FARAKHAN, COLIN POWELL ,CONDOLEEZA RICE et bien d’autres comme ANGELA DAVIS et SIDNEY POITIER….
Mais en vérité cette victoire a bien été rendue possible grâce a l’homme blanc américain qui a depuis très longtemps donné jusqu’à sa vie pour que l’égalité raciale soit un fait irréversible dans la grande Amérique qui vient de prouver encore qu’elle est la plus grande en transcendant les races et les couleurs, les religions et les origines et porter à la maison blanche toute blanche, une petite famille noire qui désormais doit veiller sur sa destinée.
Qu’ALLAH fasse descendre sa baraka sur BARACK pour que le rêve ne soit pas déçu, afin que l’exemple américain fasse tache d’huile à travers le monde multiracial et qu’en Mauritanie d’autres LINCOLN et d’autres KENNEDY rendent possible d’autres OBAMA.
IBRAHIMA MOCTAR SARR
Source : Le Quotidien de Nouakchott
via cridem