Mais auparavant, nous vous proposons un portrait de notre invité Kaaw le « Djambaro » (héros) comme on se plaisait à le répéter souvent avec notre grande amie et militante de la Non Violence, Annick, et ce dans les différents séminaires de non violence que nous avons organisés au profit du Groupe de réflexion sur la non-violence des étudiants africains à Rabat (97-98-99).
Le portrait que nous vous proposons ici a été publié dans une édition de la revue militante Le Refus N° 011 du 28/7/2000.
Aujourd'hui, cinq ans après, l'homme n'a pas changé.
L'engagement pour Kaaw Touré exprime d'abord ce qui comptait le plus pour lui : une certaine idée de la lutte pour la dignité. Une lutte revendiquée et assumée, une lutte porteuse de valeurs. Des valeurs démocratiques, progressistes, des valeurs de liberté et de dignité. Un combat contre l'exclusion et la marginalisation. Une lutte soutenue et foncièrement dirigée contre le racisme qui a semé la mort, l'humiliation et la déportation d'une composante de cette nation.
Kaaw, à l'instar de ses compagnons de lutte, a consacré sa pensée, son militantisme, son action et sa jeunesse à œuvrer pour l’accomplissement de son rêve pour son pays.
Kaaw, le portrait :
Mouhamadou Touré dit Kaaw ou Kaaw Tokossel Touré est né en novembre 1967 à DJEOL village du sud de la Mauritanie.
Conscience politique précoce, dés l’âge de 15 ans, militant de première heure du Mouvement des Etudiants et des Elèves Noirs, il participe à l’organisation de manifestations culturelles, à la mise en place de conférences en présence d’intellectuels descendant de la capitale et à la publication d’un journal scolaire.
En mars 1983 date de la création des FLAM (fusion de plusieurs mouvements dont celui des Etudiants), Kaaw intègre le mouvement.
Avec la publication du manifeste, c’est pour Kaaw le coup d’envoi d’une prise de conscience politique : " nous avions fait une analyse en montrant chiffre à l’appui comment la discrimination se caractérisait dans tous les secteurs de l’Etat. ". C’est aussi le début de la clandestinité.
Du 4 septembre 1986 à début janvier, une centaine de militants, d’intellectuels et d’étudiants sont arrêtés.
Kaaw en faisait partie. Il avait à peine 19 ans.
Il se souvient comme si c’était hier de son arrestation. Il revoit encore la dizaine de gendarmes venus encercler sa maison, la frayeur dans le regard de sa mère et la dernière prière du matin juste avant de se faire passer les menottes…
Il se souvient également de la torture " du supplice du Jaguar " et cette matraque qui s’abattait sur ses plantes de pied quand, immobilisé par des barres de fer, recroquevillé sur lui même et retourné la tête en bas, le sang lui giclait des yeux.
Bénéficiant de son jeune âge, le transfert au mouroir de Oualata, avec les autres lui fut épargné.
Pour lui se sera la prison de Kaédi pour 6 mois fermes. Mais il lui fallait beaucoup plus pour renoncer, car dés sa sortie il remet ça en participant à de nouvelles manifestations.
De nouveau recherché, il parvint cette fois-ci à s’enfuir à temps et se rend au Sénégal, d’où il continuera la lutte pour la dignité de ses frères.
Porte parole des réfugiés, Rédacteur en chef du FLAMBEAU, le journal des FLAM et porte parole des FLAM, le régime de Ould Taya, utilisera tous les moyens pour faire taire cette voix : la corruption des hommes politiques sénégalais (par l’attribution des licences de pêches) finit par convaincre le gouvernement sénégalais d’extrader Kaaw. Alerté le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) apporta sa protection et obtint son hébergement par la Suède.
" Nous sommes des réfugiés politiques, nous n’avons pas choisi de venir ici. " " Ils nous ont déporté, dépouillé de nos biens, ils ont détruit nos pièces d’état civil et banni de la société mauritanienne. Me demander de me taire, alors que je n’ai que ma voix de communicateur pour combattre l’injustice, relève de l’impossible… " Telle fut la réaction de Kaaw devant la menace d’expulsion des autorités sénégalaises.
De la Suède, Kaaw continue la lutte, avec toutefois cette grande nostalgie pour les camps des réfugiés, ceux sur lesquels il a toujours veillé, et pour lesquels il a tout donné.
L’histoire retiendra le nom de ce grand militant mauritanien.
Med
L' ENTRETIEN EST DISPONIBLE sur le site de l'AVOMM (Rubrique Projecteurs)
Le portrait que nous vous proposons ici a été publié dans une édition de la revue militante Le Refus N° 011 du 28/7/2000.
Aujourd'hui, cinq ans après, l'homme n'a pas changé.
L'engagement pour Kaaw Touré exprime d'abord ce qui comptait le plus pour lui : une certaine idée de la lutte pour la dignité. Une lutte revendiquée et assumée, une lutte porteuse de valeurs. Des valeurs démocratiques, progressistes, des valeurs de liberté et de dignité. Un combat contre l'exclusion et la marginalisation. Une lutte soutenue et foncièrement dirigée contre le racisme qui a semé la mort, l'humiliation et la déportation d'une composante de cette nation.
Kaaw, à l'instar de ses compagnons de lutte, a consacré sa pensée, son militantisme, son action et sa jeunesse à œuvrer pour l’accomplissement de son rêve pour son pays.
Kaaw, le portrait :
Mouhamadou Touré dit Kaaw ou Kaaw Tokossel Touré est né en novembre 1967 à DJEOL village du sud de la Mauritanie.
Conscience politique précoce, dés l’âge de 15 ans, militant de première heure du Mouvement des Etudiants et des Elèves Noirs, il participe à l’organisation de manifestations culturelles, à la mise en place de conférences en présence d’intellectuels descendant de la capitale et à la publication d’un journal scolaire.
En mars 1983 date de la création des FLAM (fusion de plusieurs mouvements dont celui des Etudiants), Kaaw intègre le mouvement.
Avec la publication du manifeste, c’est pour Kaaw le coup d’envoi d’une prise de conscience politique : " nous avions fait une analyse en montrant chiffre à l’appui comment la discrimination se caractérisait dans tous les secteurs de l’Etat. ". C’est aussi le début de la clandestinité.
Du 4 septembre 1986 à début janvier, une centaine de militants, d’intellectuels et d’étudiants sont arrêtés.
Kaaw en faisait partie. Il avait à peine 19 ans.
Il se souvient comme si c’était hier de son arrestation. Il revoit encore la dizaine de gendarmes venus encercler sa maison, la frayeur dans le regard de sa mère et la dernière prière du matin juste avant de se faire passer les menottes…
Il se souvient également de la torture " du supplice du Jaguar " et cette matraque qui s’abattait sur ses plantes de pied quand, immobilisé par des barres de fer, recroquevillé sur lui même et retourné la tête en bas, le sang lui giclait des yeux.
Bénéficiant de son jeune âge, le transfert au mouroir de Oualata, avec les autres lui fut épargné.
Pour lui se sera la prison de Kaédi pour 6 mois fermes. Mais il lui fallait beaucoup plus pour renoncer, car dés sa sortie il remet ça en participant à de nouvelles manifestations.
De nouveau recherché, il parvint cette fois-ci à s’enfuir à temps et se rend au Sénégal, d’où il continuera la lutte pour la dignité de ses frères.
Porte parole des réfugiés, Rédacteur en chef du FLAMBEAU, le journal des FLAM et porte parole des FLAM, le régime de Ould Taya, utilisera tous les moyens pour faire taire cette voix : la corruption des hommes politiques sénégalais (par l’attribution des licences de pêches) finit par convaincre le gouvernement sénégalais d’extrader Kaaw. Alerté le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) apporta sa protection et obtint son hébergement par la Suède.
" Nous sommes des réfugiés politiques, nous n’avons pas choisi de venir ici. " " Ils nous ont déporté, dépouillé de nos biens, ils ont détruit nos pièces d’état civil et banni de la société mauritanienne. Me demander de me taire, alors que je n’ai que ma voix de communicateur pour combattre l’injustice, relève de l’impossible… " Telle fut la réaction de Kaaw devant la menace d’expulsion des autorités sénégalaises.
De la Suède, Kaaw continue la lutte, avec toutefois cette grande nostalgie pour les camps des réfugiés, ceux sur lesquels il a toujours veillé, et pour lesquels il a tout donné.
L’histoire retiendra le nom de ce grand militant mauritanien.
Med
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