Festival de Cannes 2008 : Pourquoi l’Afrique ne montera pas les marches du Palais
Le plus grand festival de cinéma au monde a oublié l’Afrique. Faut-il crier au complot contre le septième art africain ? En tout cas, dans ses deux grandes sections, officielle et parallèle, le festival de Cannes (14 au 25 mai 2008) n’a pas prévu de place pour les films venus du continent. Un constat qui incite à un diagnostic sans complaisance de la production cinématographique africaine.
L’Afrique sera la grande absente de la 61e édition du festival de Cannes (14 au 25 mai 2008). Les films du continent ne sont présents sans aucune des différentes sections de ce rendez-vous cinématographique mondiale. Aucun film d’Afrique ne figure dans la vingtaine de films sélectionnés pour la compétition officielle. Ce n’est pas tout à fait une nouveauté. L’Afrique court derrière une sélection officielle depuis plus d’une décennie. En fait, le dernier film africain à être choisi dans cette catégorie est Kini et Adams du Burkinabé Idrissa Ouédraogo, sorti en 1997. Et cinq ans auparavant le cinéaste sénégalais feu Djibril Diop Mambety avait réalisé la même performance avec Hyènes.
Pour ‘Un certain regard’, c’est également le même désert. Il n’y a pas l’ombre d’une pellicule africaine. ‘Un Certain Regard’ est aussi une section de la sélection officielle du festival de Cannes, qui sélectionne chaque année une vingtaine de films. Le prix octroie surtout une aide au niveau de la distribution pour assurer une plus grande présence dans les salles françaises. Cette distinction n’aurait pas fait de mal à un cinéma africain en manque notoire de visibilité. A noter que Moolaadé, de Sembène Ousmane a été présenté à Cannes en 2004 dans la sélection officielle ‘Un Certain Regard’.
L’Afrique n’a pas non plus le vent en poupe dans les sélections dites ‘parallèles’ du festival de Cannes. Pour la ‘Semaine de la critique’, organisée par le Syndicat français de la critique de cinéma et qui est habituellement consacrée aux auteurs de premiers ou de deuxièmes films, il n’y aucun motif de fierté pour le cinéma africain. Les fils du continent ne s’y illustrent que par leur remarquable absence.
Et ce n’est pas dans la ‘Quinzaine des réalisateurs’ qu’il faut espérer trouver mieux. C’est le même vide qui est constaté. Si l’on sait que cette sélection lancée par la Srf (Société des réalisateurs de films) programme près d’une vingtaine de longs-métrages (fictions et documentaires) et une dizaine de courts-métrages, on peut légitimement se demander que font les cinéastes du continent.
Mais si les sélections, parallèles ou officielles de la 61e édition du festival de Cannes devaient faire office de bulletin de santé à la cinématographie africaine, il y a lieu de s’inquiéter sous les Tropiques : nous avons affaire donc à un grand corps malade. Qui n’est pas près de retrouver une bonne mine. Le pronostic est d’ailleurs très pessimiste.
Car s’il y a une section cannoise qui peut servir d’indicateur sur l’avenir du film, l’évolution des talents et la qualité de la formation dans le septième art, c’est bien la section Cinéfondation. Puisqu’elle présente essentiellement des courts et moyens-métrages réalisés par des élèves issus des meilleures écoles de cinéma dans le monde. Mais sur cette liste aucun ‘crack’ du continent n’est présent.
Si le festival de Cannes 2008 a fait un black out total sur les réalisateurs africains, l’Afrique, elle, sera forcément présente sur les écrans. Histoire d’apporter un peu de soleil et de couleurs à l’événement. Et puisque les clichés sont tenaces. C’est donc sous l’angle la plus connue et la plus montrée du continent en Occident qu’on devrait revoir sur l’écran du Palais des festivals : famines, guerres, massacres. A qui la faute ? Johnny Mad Dog, traduisez ‘Johnny un chien fou’, un film du réalisateur français Jean-Stéphane Sauvaire sur les enfants-soldats du Liberia.
Ceux qui sont à l’affût des têtes crépues et des teints plus basanés, depuis la publication de la liste officielle le 23 avril dernier, pourront lorgner du côté du jury du festival dirigé cette année par l'Américain Sean Penn. Car, dans ses rangs, on compte le réalisateur franco-algérien, Rachid Bouchareb, auteur du film à succès Indigènes. Le Festival de Cannes est la plus médiatique manifestation cinématographique dans le monde. Elle se veut le reflet d’une double nature du cinéma, art et industrie, en favorisant les révélations cinématographiques, les rencontres professionnelles. Certes, ses choix esthétiques sont largement discutés, mais l’absence de films africains sur tous les ‘fronts’ de la croisette ne manque pas de donner des frissons au cinéphile africain.
Abdou Rahmane MBENGUE
Source: walfadjir
(M)
Le plus grand festival de cinéma au monde a oublié l’Afrique. Faut-il crier au complot contre le septième art africain ? En tout cas, dans ses deux grandes sections, officielle et parallèle, le festival de Cannes (14 au 25 mai 2008) n’a pas prévu de place pour les films venus du continent. Un constat qui incite à un diagnostic sans complaisance de la production cinématographique africaine.
L’Afrique sera la grande absente de la 61e édition du festival de Cannes (14 au 25 mai 2008). Les films du continent ne sont présents sans aucune des différentes sections de ce rendez-vous cinématographique mondiale. Aucun film d’Afrique ne figure dans la vingtaine de films sélectionnés pour la compétition officielle. Ce n’est pas tout à fait une nouveauté. L’Afrique court derrière une sélection officielle depuis plus d’une décennie. En fait, le dernier film africain à être choisi dans cette catégorie est Kini et Adams du Burkinabé Idrissa Ouédraogo, sorti en 1997. Et cinq ans auparavant le cinéaste sénégalais feu Djibril Diop Mambety avait réalisé la même performance avec Hyènes.
Pour ‘Un certain regard’, c’est également le même désert. Il n’y a pas l’ombre d’une pellicule africaine. ‘Un Certain Regard’ est aussi une section de la sélection officielle du festival de Cannes, qui sélectionne chaque année une vingtaine de films. Le prix octroie surtout une aide au niveau de la distribution pour assurer une plus grande présence dans les salles françaises. Cette distinction n’aurait pas fait de mal à un cinéma africain en manque notoire de visibilité. A noter que Moolaadé, de Sembène Ousmane a été présenté à Cannes en 2004 dans la sélection officielle ‘Un Certain Regard’.
L’Afrique n’a pas non plus le vent en poupe dans les sélections dites ‘parallèles’ du festival de Cannes. Pour la ‘Semaine de la critique’, organisée par le Syndicat français de la critique de cinéma et qui est habituellement consacrée aux auteurs de premiers ou de deuxièmes films, il n’y aucun motif de fierté pour le cinéma africain. Les fils du continent ne s’y illustrent que par leur remarquable absence.
Et ce n’est pas dans la ‘Quinzaine des réalisateurs’ qu’il faut espérer trouver mieux. C’est le même vide qui est constaté. Si l’on sait que cette sélection lancée par la Srf (Société des réalisateurs de films) programme près d’une vingtaine de longs-métrages (fictions et documentaires) et une dizaine de courts-métrages, on peut légitimement se demander que font les cinéastes du continent.
Mais si les sélections, parallèles ou officielles de la 61e édition du festival de Cannes devaient faire office de bulletin de santé à la cinématographie africaine, il y a lieu de s’inquiéter sous les Tropiques : nous avons affaire donc à un grand corps malade. Qui n’est pas près de retrouver une bonne mine. Le pronostic est d’ailleurs très pessimiste.
Car s’il y a une section cannoise qui peut servir d’indicateur sur l’avenir du film, l’évolution des talents et la qualité de la formation dans le septième art, c’est bien la section Cinéfondation. Puisqu’elle présente essentiellement des courts et moyens-métrages réalisés par des élèves issus des meilleures écoles de cinéma dans le monde. Mais sur cette liste aucun ‘crack’ du continent n’est présent.
Si le festival de Cannes 2008 a fait un black out total sur les réalisateurs africains, l’Afrique, elle, sera forcément présente sur les écrans. Histoire d’apporter un peu de soleil et de couleurs à l’événement. Et puisque les clichés sont tenaces. C’est donc sous l’angle la plus connue et la plus montrée du continent en Occident qu’on devrait revoir sur l’écran du Palais des festivals : famines, guerres, massacres. A qui la faute ? Johnny Mad Dog, traduisez ‘Johnny un chien fou’, un film du réalisateur français Jean-Stéphane Sauvaire sur les enfants-soldats du Liberia.
Ceux qui sont à l’affût des têtes crépues et des teints plus basanés, depuis la publication de la liste officielle le 23 avril dernier, pourront lorgner du côté du jury du festival dirigé cette année par l'Américain Sean Penn. Car, dans ses rangs, on compte le réalisateur franco-algérien, Rachid Bouchareb, auteur du film à succès Indigènes. Le Festival de Cannes est la plus médiatique manifestation cinématographique dans le monde. Elle se veut le reflet d’une double nature du cinéma, art et industrie, en favorisant les révélations cinématographiques, les rencontres professionnelles. Certes, ses choix esthétiques sont largement discutés, mais l’absence de films africains sur tous les ‘fronts’ de la croisette ne manque pas de donner des frissons au cinéphile africain.
Abdou Rahmane MBENGUE
Source: walfadjir
(M)