Après Maaouya et Lemgheity 2005, Sidi et El Ghallaouiya 2007, Aziz a eu droit, lui aussi, à son Tourine 2008. Au cours de ses trois attaques, qui ont fait trente morts, un même scénario : une unité de l’armée se fait attaquer par un commando surarmé, composé d’illuminés aguerris, prêts à en découdre. Et, chaque fois, le bilan est lourd. Et, chaque fois, on s’est fait surprendre. C’est à croire que l’ennemi est invisible ou que nos chefs militaires n’ont d’autre stratégie que celle du ventre (mou?).
Sinon comment expliquer qu’une unité de l’armée reçoive l’ordre de faire mouvement, la nuit, dans un terrain particulièrement dangereux, infesté de trafiquants, de terroristes et de bandits de grands chemins? Quel est le chef qui a donné cet ordre débile?
Une armée, dit-on, ne vaut que par ceux qui la commandent et le soldat de base a toujours tendance à suivre, instinctivement, la voie tracée par son chef. Malheureusement, les grands hommes, dont les exploits ont rythmé notre enfance, n’existent plus. Et l’armée, depuis qu’elle a goûté à la politique, a désormais d’autres préoccupations. Les recrutements, les promotions, les formations et les affectations n’y obéissent plus à des règles strictes et claires. La prévarication y fait des ravages. La démobilisation y atteint un tel degré que plus personne ne veut mourir pour un pays qui n’honorera pas même pas sa mémoire et n’aura aucune considération pour ses ayant-droits. Il y a un mois, encore, les familles des trois soldats, morts en décembre dernier à El Ghallaouiya, n’arrivaient toujours pas à recouvrer les droits des leurs tombés sur le champ d’honneur.
Certes, un petit pas a été franchi, cette fois. Contrairement aux deux premières attaques, un deuil national a été décrété et les familles des victimes ont reçu les condoléances officielles de l’Etat. Mais cela reste encore insuffisant. Il en faudra beaucoup plus pour reconstruire une armée digne de ce nom, motivée, prête à aller au front et ne regardant pas ses chefs avec dédain.
Pour aller à la guerre, il faut mettre toutes les chances de son côté. Ou rester à la maison. En la situation actuelle, l’ennemi, dangereux et invisible, semble pouvoir frapper partout ; en tous cas, en un quelconque lieu de nos zones sous-peuplées ; toujours en position de force et de surprise, avec de multiples et vastes solutions de repli. L’improvisation ne peut plus être de mise et si la coopération internationale, impliquant une surveillance satellitaire des mouvements sahariens, doit être mûrement réfléchie – les manœuvres mafieuses servent si bien les intérêts géostratégiques d’autrement vertueux appétits– il convient, désormais, d’élaborer une –voire plusieurs, concomitantes– stratégie suffisamment élastique pour rassurer nos troupes et populations, et frapper, à l’occasion, des coups forts et précis. Nous sommes, tout autant que nos adversaires, sinon plus, des hommes du désert. Adaptons-nous à leur jeu. Patiemment. Avec méthode. En commençant par rendre à notre armée sa mission fondamentale. La mettre à sa place, enfin.
Ahmed Ould Cheikh
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Source: lecalame
(M) avomm
Sinon comment expliquer qu’une unité de l’armée reçoive l’ordre de faire mouvement, la nuit, dans un terrain particulièrement dangereux, infesté de trafiquants, de terroristes et de bandits de grands chemins? Quel est le chef qui a donné cet ordre débile?
Une armée, dit-on, ne vaut que par ceux qui la commandent et le soldat de base a toujours tendance à suivre, instinctivement, la voie tracée par son chef. Malheureusement, les grands hommes, dont les exploits ont rythmé notre enfance, n’existent plus. Et l’armée, depuis qu’elle a goûté à la politique, a désormais d’autres préoccupations. Les recrutements, les promotions, les formations et les affectations n’y obéissent plus à des règles strictes et claires. La prévarication y fait des ravages. La démobilisation y atteint un tel degré que plus personne ne veut mourir pour un pays qui n’honorera pas même pas sa mémoire et n’aura aucune considération pour ses ayant-droits. Il y a un mois, encore, les familles des trois soldats, morts en décembre dernier à El Ghallaouiya, n’arrivaient toujours pas à recouvrer les droits des leurs tombés sur le champ d’honneur.
Certes, un petit pas a été franchi, cette fois. Contrairement aux deux premières attaques, un deuil national a été décrété et les familles des victimes ont reçu les condoléances officielles de l’Etat. Mais cela reste encore insuffisant. Il en faudra beaucoup plus pour reconstruire une armée digne de ce nom, motivée, prête à aller au front et ne regardant pas ses chefs avec dédain.
Pour aller à la guerre, il faut mettre toutes les chances de son côté. Ou rester à la maison. En la situation actuelle, l’ennemi, dangereux et invisible, semble pouvoir frapper partout ; en tous cas, en un quelconque lieu de nos zones sous-peuplées ; toujours en position de force et de surprise, avec de multiples et vastes solutions de repli. L’improvisation ne peut plus être de mise et si la coopération internationale, impliquant une surveillance satellitaire des mouvements sahariens, doit être mûrement réfléchie – les manœuvres mafieuses servent si bien les intérêts géostratégiques d’autrement vertueux appétits– il convient, désormais, d’élaborer une –voire plusieurs, concomitantes– stratégie suffisamment élastique pour rassurer nos troupes et populations, et frapper, à l’occasion, des coups forts et précis. Nous sommes, tout autant que nos adversaires, sinon plus, des hommes du désert. Adaptons-nous à leur jeu. Patiemment. Avec méthode. En commençant par rendre à notre armée sa mission fondamentale. La mettre à sa place, enfin.
Ahmed Ould Cheikh
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Source: lecalame
(M) avomm