DISCOURS DU PRESIDENT DE L'UFP au Congrès de And Jëff du Sénégal tenu le 18 et 19 Novembre à Dakar

Au nom de l’Union des Forces de Progrès (UFP) de Mauritanie, c’est pour moi un plaisir particulier de prendre la parole au Congrès de And Jëff – Parti Africain pour la Démocratie et le Socialisme et de remercier notre ami Landing Savané et la direction de And Jeff pour leur invitation qui m’offre l’occasion d’exprimer ici les sentiments de solidarité chaleureuse de l’UFP à l’endroit de votre parti et de son engagement permanent pour un ordre nouveau démocratique et progressiste, tant au Sénégal que partout dans le monde. Voici plus de trente ans que nous menons les mêmes combats, que nous sommes animés des mêmes idéaux et que nous nous apportons mutuellement soutien, partageant bon nombre de préoccupations. Ensemble, nous nous sommes fait le devoir de renforcer les liens historiques millénaires qui unissent nos peuples, lesquels peuples n’ont cessé de mélanger leur sang et leur sueur dans les eaux du fleuve Sénégal qui a toujours constitué pour eux un cordon ombilical commun.

Aujourd’hui, plus que jamais auparavant, nous avons le devoir de renforcer ces liens de solidarité, d’œuvrer avec l’ensemble des acteurs des pays de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) pour faire de notre zone un pôle de paix et de solidarité excerçant une influence stabilisatrice dans notre sous-région ouest-africaine et dans notre continent. Faisant suite à la réunion tenue le 1er juillet 2005, en marge du Forum de Cotonou, entre les représentants de partis politiques de la Guinée, du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal, votre Congrès nous offrira, je l’espère, l’occasion d’une concertation élargie, sur la voie de la préparation d’une rencontre prochaine à Nouakchott des principaux partis politiques des pays du Bassin du Fleuve Sénégal dans le but de faire de cette zone un espace exemplaire de paix et de démocratie.

Chers camarades, chers amis, mesdames et messieurs,

Les événements de Ceuta et Melilla, les révoltes dans les banlieues populaires en Europe nous renforcent dans la nécessité pour nous, au-delà de nos préoccupations locales et quotidiennes, de nous élever à des horizons encore plus larges, pour faire entendre notre voix dans le débat qui agite le village planétaire et exercer la part de responsabilités incontournables qui nous revient quant à la gestion de la solidarité et de la mixité des peuples en Afrique et dans le monde. L’OMVS constitue un espace à partir duquel nous pouvons contribuer à renforcer la paix et à éteindre les foyers de guerre et de tensions multiples qui endeuillent les peuples de notre continent. En effet, dans notre monde marqué par la mondialisation et la globalisation des échanges de toutes natures, il n’y a pas d’autre salut que l’organisation de notre autonomie collective, essentielle pour l’édification d’ensembles sous-régionaux viables et durables.



Chers camarades, chers amis, mesdames et messieurs,

En Mauritanie des changements importants sont intervenus depuis le 3 août 2005 avec le renversement du pouvoir personnel de Ould Taya. La politique du régime défunt a porté de graves préjudices au peuple mauritanien et à ses relations avec les pays et les peuples frères d’Afrique et du monde arabe. Si nous avons condamné le recours au coup d’Etat, nous n’avons pas manqué de reconnaître qu’une ère nouvelle, porteuse d’espoir pour l’instauration de la démocratie pluraliste véritable, est désormais ouverte en Mauritanie. Le Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD) a pris des engagements solennels auprès de notre peuple et de la communauté internationale et œuvre, d’une manière générale et jusqu’à présent, dans le respect de ces engagements. Pour le succès de ces engagements, nous avons besoin de la solidarité de nos amis de tous les pays d’Afrique, du monde arabe et des autres continents. Nous sommes persuadés de pouvoir y compter .


Vous vous en doutez certainement, des controverses animées alimentent les débats politiques en Mauritanie. Certains Mauritaniens militent pour que les questions fondamentales pour le pays soient mises à l’ordre du jour de la transition actuelle, comme la révision des bases du système démocratique, la redéfinition du rapport entre les communautés qui composent notre peuple, l’examen en profondeur des dossiers portant sur le passif humanitaire, la place de la religion dans notre système politique. D’autres, par contre, estiment qu’il ne faut pas confondre les priorités d’une transition, nécessairement limitée dans le temps pour ne pas prolonger inutilement et dangereusement le pouvoir militaire, et les enjeux fondamentaux pour la Mauritanie au XXIème siècle.


L’UFP est du côté de ces derniers. Notre parti a préconisé pour la transition une révision constitutionnelle limitée au nombre de mandats présidentiels et à leur durée, le pansement des plaies issues des événements de 1989-1990 la redéfinition consensuelle des règles du jeux démocratiques, une gestion concertée de la transition et l’organisation d’élections libres et transparentes pour l’avènement rapide d’un ordre constitutionnel démocratique . Quant aux enjeux fondamentaux pour une Mauritanie nouvelle, ils exigent du temps, du recul et beaucoup de sérénité pour trouver des solutions consensuelles et donc viables et durables par l’intermédiaire d’institutions élues démocratiquement, sur la base de débats impliquant l’ensemble des citoyens. La concertation entre le Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD), le gouvernement mauritanien et l’ensemble des partis politiques, des organisations de la société civile et des personnalités éminentes du pays vient de prendre fin. Pour l’essentiel les conclusions consensuelles de cette « conférence nationale » à la mauritanienne vont dans le sens des suggestions de l’UFP, partagées par nombre d’acteurs de la scène publique mauritanienne.

Chers camarades, chers amis, mesdames et messieurs,

Les Mauritaniens, comme l’ensemble des Africains et leurs amis, suivent avec beaucoup d’attention et d’intérêt l’évolution de la situation politique au Sénégal. Votre pays a accumulé dans le domaine de l’édification de la démocratie une expérience riche et instructive pour l’ensemble des peuples africains. Votre scène politique est animée comme il se doit dans toute démocratie véritable. Vos controverses et débats façonnent une appropriation réelle des valeurs et dynamiques démocratiques. C’est l’occasion de saluer la contribution créatrice de And Jeff à ces débats, sa prospection courageuse et en toute indépendance, de pistes nouvelles pour l’avènement d’un ordre de progrès et de démocratie. Vous le faîtes, cher ami Landing, avec constance en toute indépendance et en demeurant une référence morale dans la scène sénégalaise et africaine.


Au-delà des difficultés du moment, c’est à travers les succès et les revers que le Sénégal et les autres pays africains édifieront des modes de gouvernance démocratique plus adaptés à leurs spécificités et aux aspirations de leurs peuples et donc plus viables et plus durables. Notre modeste expérience en Mauritanie nous a enseigné que, dans la période de tourmentes que traverse notre sous-région et le monde, la pédagogie du compromis et du consensus est l’une des meilleures voies pour y parvenir. Nous partageons avec vous cette conviction et sommes persuadés que l’ensemble des acteurs de la scène publique s’orientent déjà ou s’orienteront dans cette direction pour des lendemains meilleurs, au bénéfice du Sénégal et de son peuple.

Chers camarades, chers amis, mesdames et messieurs,

Nous souhaitons pleins succès à vos assises et vous prions de transmettre nos sentiments de fraternité et de solidarité au peuple sénégalais tout entier !

Vive le 3eme Congrès de And Jëff – Parti Africain pour la Démocratie et le Socialisme !
Vive l’amitié et la solidarité entre l’And Jeff et l’UFP et entre tous les partis démocratiques et progressistes !

Vive la fraternité et la solidarité entre les peuples de Mauritanie, du Sénégal et de l’Afrique dans son ensemble !

L’avenir appartient aux peuples et aux pays patients et persévérants, qui luttent pour la démocratie et la justice sociale !


Mohamed Ould Maouloud
Président de l’Union des Forces de Progrès (UFP)
Mauritanie


source avomm