La manière dont les ressortissants mauritaniens était disposée, hier, à l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar, laisse apparaître l’existence d’un fossé entre les négro-mauritaniens et le reste de la communauté. Si les teints clairs sont installés en premier loge, les «café au lait» se chargeaient de l’animation de l’autre côté de la route.
Le fait est trop flagrant pour ne pas être souligné. Au moment où les Forces de libération armées de la Mauritanie (Flam) exigeaient le règlement définitif du problème raciste dans ce pays, le phénomène de la discrimination raciale présentait ses habits, hier, à l’arrivée du président mauritanien, Ely Mohamed Vall. Devant le portail de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, le contraste est net. Juste devant le grand portail qui donne à l’accès principal, sont debout une vingtaine de mauresques, emmitouflées dans leur «meulfeu» aux couleurs vives. Elles dégagent l’aisance. La photo de leur chef d’Etat en main. Signe particulier : elles sont toutes de teint clair. Derrière elles, se dresse une haie d’homme de même teint. Comme s’ils veillaient sur elles.
De l’autre côté de la route, la communauté négro-mauritanienne se masse sur le trottoir. Signe particulier à ce groupe : teint “café au lait”. Foulard aux couleurs de leur pays autour du cou ou noué à la tête. Certaines dames portent des bébés à califourchon. Pendant ce temps, quatre d’entre elles battent les tam-tams. Les jeunes se chargent de la danse et de l’animation. Sous les applaudissements de la «bourgeoisie maure» installée en premier loge. Celle-ci, suivant avec intérêt l’animation de leurs frères et sœurs, ne se prive pas de se marrer quand les trois troubadours négro-mauritanien, habillés en grand boubou de couleur bleu ciel, démarre leur chorégraphie.
L’arrivée du Président Vall, accompagné de son homologue sénégalais, Me Abdoulaye Wade, surchauffe l’ambiance. Les blancs mauritaniens s’adonnent à des you-you audibles de loin. Un simple mouvement de son bras suffit à l’hôte de Wade pour stimuler l’ardeur de ses concitoyens. Le cortège dépasse la haie d’honneur et ralentit à la hauteur des animateurs professionnels. Ces derniers essaient de porter l’apothéose à un haut niveau. En vain. Dans leur langue, les négro-mauritaniens souhaitent la bienvenue à leur président. Ce dernier, qui semble loin d’être enthousiaste, force un sourire qui se dissipe quelques secondes après. Ainsi, s’invite une poignée de jeunes sénégalais scandant Sopi, à tue-tête. Le Président Wade se tourne vers eux pour leur tendre la main. Le cortège prend congé de la centaine de personnes présentes à l’aéroport pour accueillir Ely Mouhamed Ould Vall.
Quelques minutes auparavant, ils n’étaient pas plus de trente personnes sur les lieux. De sorte que l’on pouvait douter de l’arrivée d’un chef d’Etat. Il a fallu le renfort de quatre cars rapides remplis de militants libéraux pour que la place vive une petite ambiance. Les batteurs de tam-tams transforment le rond-point en une scène où s’élancent des jeunes filles. Le sabar commence et les mauresques ne se retiennent plus lorsque les jeunes batteurs entonnent un rythme endiablé. «Leumbeul Leumbeul naar», crient les enfants.
ndiaga@lequotidien.sn
LE QUOTIDIEN DU 07-03-2006
Le fait est trop flagrant pour ne pas être souligné. Au moment où les Forces de libération armées de la Mauritanie (Flam) exigeaient le règlement définitif du problème raciste dans ce pays, le phénomène de la discrimination raciale présentait ses habits, hier, à l’arrivée du président mauritanien, Ely Mohamed Vall. Devant le portail de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, le contraste est net. Juste devant le grand portail qui donne à l’accès principal, sont debout une vingtaine de mauresques, emmitouflées dans leur «meulfeu» aux couleurs vives. Elles dégagent l’aisance. La photo de leur chef d’Etat en main. Signe particulier : elles sont toutes de teint clair. Derrière elles, se dresse une haie d’homme de même teint. Comme s’ils veillaient sur elles.
De l’autre côté de la route, la communauté négro-mauritanienne se masse sur le trottoir. Signe particulier à ce groupe : teint “café au lait”. Foulard aux couleurs de leur pays autour du cou ou noué à la tête. Certaines dames portent des bébés à califourchon. Pendant ce temps, quatre d’entre elles battent les tam-tams. Les jeunes se chargent de la danse et de l’animation. Sous les applaudissements de la «bourgeoisie maure» installée en premier loge. Celle-ci, suivant avec intérêt l’animation de leurs frères et sœurs, ne se prive pas de se marrer quand les trois troubadours négro-mauritanien, habillés en grand boubou de couleur bleu ciel, démarre leur chorégraphie.
L’arrivée du Président Vall, accompagné de son homologue sénégalais, Me Abdoulaye Wade, surchauffe l’ambiance. Les blancs mauritaniens s’adonnent à des you-you audibles de loin. Un simple mouvement de son bras suffit à l’hôte de Wade pour stimuler l’ardeur de ses concitoyens. Le cortège dépasse la haie d’honneur et ralentit à la hauteur des animateurs professionnels. Ces derniers essaient de porter l’apothéose à un haut niveau. En vain. Dans leur langue, les négro-mauritaniens souhaitent la bienvenue à leur président. Ce dernier, qui semble loin d’être enthousiaste, force un sourire qui se dissipe quelques secondes après. Ainsi, s’invite une poignée de jeunes sénégalais scandant Sopi, à tue-tête. Le Président Wade se tourne vers eux pour leur tendre la main. Le cortège prend congé de la centaine de personnes présentes à l’aéroport pour accueillir Ely Mouhamed Ould Vall.
Quelques minutes auparavant, ils n’étaient pas plus de trente personnes sur les lieux. De sorte que l’on pouvait douter de l’arrivée d’un chef d’Etat. Il a fallu le renfort de quatre cars rapides remplis de militants libéraux pour que la place vive une petite ambiance. Les batteurs de tam-tams transforment le rond-point en une scène où s’élancent des jeunes filles. Le sabar commence et les mauresques ne se retiennent plus lorsque les jeunes batteurs entonnent un rythme endiablé. «Leumbeul Leumbeul naar», crient les enfants.
ndiaga@lequotidien.sn
LE QUOTIDIEN DU 07-03-2006