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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

COMPTE RENDU DE LA COMMEMORATION DE LA JOURNEE DES MARTYRS


COMPTE RENDU DE LA COMMEMORATION DE LA JOURNEE DES MARTYRS
Mauritanie : 28 novembre 1990-28 novembre 2004. Quatorze ans de deuil pour le Walo, le Fouta et le Guidimakha…


28 novembre 1990 : 28 pendus à Inal, le sacre de la cruauté et du racisme, la magnificence de l’arabité de la Mauritanie.

C’est dans une salle archi comble, où la dignité se mêlait à l’émotion que les Mauritaniens, les Négro mauritaniens vivant en exil en France, sont venus commémorer, en ce 28 novembre 2004, le quatorzième anniversaire du massacre des leurs.

Lors de cette journée, Ba Bocar Oumar de l’AJD, deuxième conférencier, évoque plutôt en cette occasion une opportunité de « détruire cette symbolique de l’Indépendance » (octroyée par la France à la Mauritanie). En effet, fêter la liberté retrouvée de la Mauritanie le 28 novembre c’est rappeler cruellement que des mauritaniens ont été pendus du seul fait de la couleur de leur peau ! Voilà désormais l’apport de la Mauritanie à la civilisation de l’universel.

Ce 28 novembre, nous sommes déjà plus d’une centaine à midi, et le flot des participants ne se tarit pas jusqu’ à 19 heures. A quinze heures, après nous être bien restauré (que nos sœurs de l’Association des Femmes du Fleuve soient ici remerciées) les commémorations débutent.

L’espace d’un instant, le temps s’est figé aussi bien dans l’enceinte du Foyer de Grenelle qu’à l’extérieur : trois minutes de silence à la mémoire de nos martyrs, un moment d’émotion et de recueillement intenses.

Dans mon recueillement à la mémoire de mes 28 frères pendus à Inal ce 28 novembre 1990, un autre souvenir de deuil me traverse l’esprit ; le silence assourdissant qui fût suite à la réalité de l’exécution de Ba Seydi, Sy Saydou et Saar Amadou ce 6 décembre 1987 à Jreidah. Je rappelle que mes défunts frères ont été exécutés suite à une intention présumée de coup d’Etat.

Malick Dia, la plus belle voix du Gorgol, entonne son requiem pour nos martyrs(jaambareeBe leydam), un requiem entrecoupé de strophes dites avec majesté par Abdoul Aziz Ba( Tazi). Le public est visiblement très ému : Nos martyrs ne sont pas morts. Ils survivent à travers notre mémoire. C’est une vraie invitation au refus de l’oubli. Une invitation au combat pour la justice en Mauritanie (Si Saydu, Ba saydu, Saar Amadu min njejidta).

Après une brève introduction dite par le Porte parole du Collectif des Associations et Organisations Mauritaniennes de Défense des Droits de l’Homme, Monsieur Sy Hamdou Rabbi, le modérateur des exposés, Diagana Ousmane Bocar, Secrétaire chargé des Relations Extérieures FLAM-Europe de l’Ouest, annonce la Journée en disant : « qu’en cette journée du 28 novembre, le comble de l’horreur a été atteint en Mauritanie car il y a quatorze ans, jour pour jour que 28 personnes, marquées à la chaux, ont été pendues sans procès sous les ordres de deux officiers supérieurs de l’armée mauritanienne, le Colonel Ould boïlil et le capitaine Ould Mouhamed Bouya. C’est cette journée que nous commémorons aujourd’hui. Souvenons-nous de l’extermination des Négro-mauritaniens qui consacre 20 années d’un pouvoir raciste, cruel, assassin, sanguinaire et tyrannique. 20 ans de pouvoir de Maouiya Ould Taya marqués par un plan d’épuration ethnique ». Les dates s’égrènent comme autant de couperets. Il cite :
- 1986 : diffusion du Manifeste du Négro mauritanien Opprimé. Une féroce répression contre l’élite intellectuelle négro mauritanienne s’ensuit.

- 1987 : dénégrification de l’armée mauritanienne.

- 1989 : massacre et déportations massives de Noirs de Mauritanie vers le Sénégal et le Mali. Ould Taya règle massivement ses comptes avec les négro mauritaniens et par extension ceux de ces deux pays.

- 1990/1991 : transformation des camps militaires à l’intérieur de la Mauritanie en camps d’extermination des Négro mauritaniens en uniformes. Plus de 513 militaires seront massacrés, 3000 démobilisés et renvoyés chez eux. Et comble de la barbarie, dans la nuit du 27 au 28 novembre, pour fêter le 30° anniversaire de l’Indépendance de la Mauritanie, 28 innocents sont pendus dans un pays qui se dit musulman.



C’est sur ce douloureux rappel du contexte politique qui prévaut en Mauritanie que Monsieur Diagana introduit le premier conférencier, SALL Ibrahima Abou, historien chercheur et membre fondateur des Forces de Libération Africaines de Mauritanie dont l’exposé a éclairé le public sur le fondement colonial de la question nationale en Mauritanie.

Monsieur SALL a montré que la colonisation loin d’avoir résorbé les problèmes liés à la cohabitation entre Arabo-berbères et Négro-africains dans la Mauritanie post-indépendante, les a plutôt cristallisés et exacerbés par une préférence liée à la proximité raciale.

Ainsi, dit-il, le racisme en Mauritanie a été « conditionné », entretenu et soutenu par le système colonial français depuis la création de cette colonie sur le papier en 1889. Il rappelle que la France coloniale voulait en Mauritanie une colonie ethnique habitée exclusivement par des Maures, Touaregs et leurs esclaves noirs. Un exposé qui foisonne de références bibliographiques sur la nature discriminatoire du système colonial français. Le conférencier montre les domaines dans lesquels ces discriminations sont intervenues. Ainsi on apprend que parmi les tirailleurs mauritaniens durant les guerres dans lesquelles la France était engagée, il n’y avait pas d’Arabo-berbères,ni des Abiid. Mais, un seul Hartani appartenant au contingent mauritanien, celui a été l’objet de vives protestations de la part de son ancien maître.

La France coloniale jugeait donc les Maures de Mauritanie et leurs esclaves inaptes au combat. Un décret les dispensant des services militaires coloniaux avait été même été promulgué en ce sens.

Il y avait deux écoles coloniales en Mauritanie, celle des enfants arabo-berbères et une autre où étaient envoyés les Négro-mauritaniens. Cette partition était outre observée à travers les enfants issus des couples mixtes autochtones-coloniaux. C’est ainsi que les métis franco-maures étaient envoyés à l’école de Kiffa, tandis que les métis franco-négro mauritaniens, eux, étaient scolarisés à Kayes.

C’est durant l’évolution territoriale de la Mauritanie que cette discrimination raciale a été la plus marquée. Les événements se sont enchaînés comme suit :

- envoi, puis formation accélérée de Moktar Ould Daddah en France afin de lui confier les futures reines du pouvoir en Mauritanie,

- éviction de Sidi El Moktar Ndiaye ; trop « mélanisé » au goût des administrateurs coloniaux français

- Pierre Messmer affiche ouvertement ses préférences et presse les Maures de s’organiser et d’envoyer massivement leurs enfants à l’école sous peine de les voir commander par des Noirs.

C’est cet héritage lourd de conséquences que la France a octroyé à sa création ; « La Mauritanie ». C’est également au nom de cet héritage qu’elle refuse que la vérité soit faite sur la situation politique de la Mauritanie et le génocide qui s’y est perpétré. C’est enfin ce que fait ressortir les différentes prises de positions pour les moins étonnantes des responsables politiques français sur la Mauritanie. Ainsi, Jacques Chirac sacre Maouiya de « Sage et d’écouté !», ce 5 septembre 1997 à Nouakchott et Jacques Godefrin assurait quelques mois plus tôt à « la Mauritanie du soutien fraternel de la France », en réaffirmant que la France apprécie positivement le processus démocratique de Ould Taya, qui, selon lui, a entraîné « l’approbation des populations mauritaniennes » !

Autres propos qui suintent le racisme, il cite, Pierre Lafrance ; ambassadeur de France en Mauritanie durant la période d’exception qui dira à une délégation de défenseurs des droits de l’homme que : « 50 000 noirs mauritaniens déportés, ça n’émeut personne », ces propos dits par un français, fut-il un premier ministre, entraîneraient immédiatement un lever des boucliers des microcosmes politique, de « droits de l’hommiste », d’intellectuels et journalistique hexagonaux.

Le conférencier nous rappelle qu’en 1991-1992, le directoire des FLAM s’était fait convoquer par le Quai D’Orsay pour se faire signifier, « qu’il n’était pas question [pour la France] de remettre en question l’ordre politique des choses en mauritanie. Et, que si vous (les FLAM) continuez à vous agitez ainsi, nous ferons des pressions sur le gouvernement sénégalais pour qu’on vous expulse ».

Monsieur Sall Ibrahima Abou fait remarquer par ailleurs la différenciation politique dont s’est toujours rendue coupable la France en fonction de ses intérêts selon qu’elle est confrontée aux arabes ou aux Noirs.
Quand la France s’émeut en donnant des leçons de droits pour qu’on préserve l’intégrité physique ou territoriale des Arabes (la Palestine, l’Irak, les Libanais en Afrique noire, …), en Afrique noire, elle a toujours fait preuve d’un paternalisme primaire et, souvent en fonction de ses intérêts économiques et géostratégiques. Les intentions de la France en Mauritanie sont et, ont été depuis le début des campagnes de la Mauritanie résolument pro- maures.

Avant la deuxième conférence présentée par BA Bocar Oumar, Cheikh Oumar BA, profitant de cette intermède, chantera un de ces célèbre Poèmes, « Njilam e Orop » (mon séjour en Europe). En partant d’un panégyrique de ce continent qu’il a foulé de la Méditerranée à Paris, il exhorte ses frères africains au Travail. Car, pour lui les mystères qui l’ont tant émerveillés à son arrivée en Occident, n’ont d’autres secrets que le travail. Alors, « FuutankooBe liggoDen ! ».

Avec BA Bocar de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie, il a été surtout question des perspectives d’avenir pour la Mauritanie. Après la destruction de l’idée même de la Mauritanie, Bocar suggère de mettre en place un nouveau Pacte de reconstruction de notre pays. Un pacte qui présuppose des minima de conceptions communes pour vivre ensemble. Ce que, bien sûr, il n’imagine pas sans un préalable ; faire la vérité sur toutes exactions raciales, prendre l’engagement commun de sectionner de notre mémoire collective la date du 28 novembre comme jour anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie, et en lieu et place commémorer désormais un jour de deuil et de douleur. Pour le conférencier, qui, du reste, a déploré au passage l’absence de ses compatriotes arabo-berbères, si aujourd’hui au sein de l’opposition, on compte des radicaux maures, durant la période d’exception, la composante nationale arabo-berbère semblait s’être rangée massivement du côté du pouvoir. C’est ce qu’il affirme avec force.

En effet, de 1986 à 1991, nous avions une écrasante majorité silencieuse d’arabo-berbères d’un côté et, de l’autre, des Négro-mauritaniens massacrés et des déportés. C’est pourquoi, martèle-il, les niveaux de lecture de la souffrance dans ce pays déchiré ne sont pas les mêmes. Enfin, le conférencier va interpeller les représentants du Forum de l’Opposition Mauritanienne en Exil à se positionner par rapport à l’Alternative pour une autre Mauritanie, par rapport au pacte de reconstruction nationale qu’il propose.

Compte tenu du nombre des interventions toutes aussi intéressantes les unes les autres, on pouvait conclure à une véritable réussite de cette journée. La présence de Mouhamed Yahya Ould Ciré et sont intervention ont été saluées par le public.

La journée a été close par la lecture du message d’un jeune orphelin négro-mauritanien par la camarade Hapsa Bannor SALL, qui voilà bientôt quatorze ans réclame la justice pour l’assassinat de son père. Un texte émouvant tant par son contenu que par la profession de foi de son auteur qui s’y dégage.


Ibrahima DIALLO

FLAM-Europe.
Lundi 6 Décembre 2004 - 01:03
Vendredi 21 Avril 2006 - 17:22
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