1 mort, une trentaine de blessés, des maisons et des magasins incendiés, c’est le bilan des affrontements ayant lieu le jour de la Tabaski dans la ville de Médina Gounass, située dans le département de Vélingara. Ce bilan dramatique qui touche 2 communautés, qui peuplent la ville religieuse, ne les a pas poussées à se radicaliser. Au contraire, elles ont invité au calme tout en appelant l’Etat du Sénégal à assurer la sécurité des personnes.
Lundi, ce n’était pas la fête à Médina Gounass. Dans cette ville religieuse, située dans le département de Vélingara, on veut vite oublier les affrontements malheureux qui ont opposé, le jour de la Tabaski, les fidèles du khalife Thierno Amadou Tidiane Bâ et ceux du khalife Thierno Mounirou Baldé, habitant la cité et dirigeant, chacun, une communauté religieuse. Dans des communiqués différents dont Le Quotidien détient des copies, les 2 communautés ont invité au calme, non sans dénoncer un «acte de barbarie» tout en interpellant les hautes autorités politiques du pays.
Dans le communiqué produit par la Cellule communication de Thierno Mounirou Baldé, Khalife général du Fouladou, il est écrit : «Le guide invite ses disciples au calme et à la retenue. Il exhorte les jeunes à s’abstenir de diffuser des photos, des vidéos ou tout autre support médiatique en lien avec ces événements. Il prie pour un retour au calme tout en renvoyant les disciples aux préceptes enseignés par Thierno Amadou Baldé, à savoir ni provocation ni représailles.» De leur côté, les fidèles du khalife de Médina Gounass, Thierno Amadou Tidiane Bâ, ont également produit un communiqué. Dans celui-ci, signé par le «Cadre d’échanges et d’organisation des fidèles de Thierno Mouhamadou Saïdou Bâ», il est mentionné : «En ce jour sacré de Tabaski (Lundi), Médina Gounass a été le théâtre d’un acte de barbarie inqualifiable.»
Les descendants de Thierno Mouhamadou Saïdou Bâ ont dénoncé «avec la plus grande fermeté, cet acte inhumain et lâche perpétré» contre le convoi de leur khalife de retour de la prière des 2 rakkas. Et puis de s’adresser aux nouvelles autorités politiques du Sénégal : «Nous interpellons le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, en sa qualité de chef suprême des Armées, pour mettre un terme à ces atrocités récurrentes orchestrées (…).» Sous ce registre, les disciples du khalife du Fouladou appellent à tirer cette affaire au clair : «Thierno Mounirou Baldé invite les autorités à faire toute la lumière sur ces incidents, situer les responsabilités et, au besoin, sévir. Il faut que cesse définitivement l’impunité, car dans un Etat de Droit, le permis d’agresser n’est délivré à aucun citoyen.»
Le différend remonte à l’érection de la cité religieuse en chef-lieu de communauté rurale. Selon une version très répandue, lorsqu’il s’est agi de choisir un président de Conseil rural, la communauté fouladou a cru que le candidat du parti au pouvoir, le Ps, allait sortir de ses rangs.
Malheureusement le choix fut porté sur un militant de l’autre partie. Ce qui est mal passé aux yeux des proches de Thierno Amadou Baldé qui leur avaient laissé la gestion des affaires spirituelles et se donnant, de ce fait, le droit de gérer tout ce qui est mondain, telle la chefferie de ce qui fut un village et qui leur était dévolue d’ailleurs. Et ils sont entrés dans une sorte de désobéissance pacifique en faisant remporter par le candidat du Pds les élections locales de 1978. Le candidat victorieux n’avait jamais pris fonction, malgré le verdict favorable des urnes. C’est donc une crise politique mal gérée par l’Etat qui continue, 46 ans après, à empoisonner les relations entre des frères de sang, des coreligionnaires et des voisins aux concessions attenantes.
Abdoulaye KAMARA
Source : Le Quotidien (Sénégal)
Lundi, ce n’était pas la fête à Médina Gounass. Dans cette ville religieuse, située dans le département de Vélingara, on veut vite oublier les affrontements malheureux qui ont opposé, le jour de la Tabaski, les fidèles du khalife Thierno Amadou Tidiane Bâ et ceux du khalife Thierno Mounirou Baldé, habitant la cité et dirigeant, chacun, une communauté religieuse. Dans des communiqués différents dont Le Quotidien détient des copies, les 2 communautés ont invité au calme, non sans dénoncer un «acte de barbarie» tout en interpellant les hautes autorités politiques du pays.
Dans le communiqué produit par la Cellule communication de Thierno Mounirou Baldé, Khalife général du Fouladou, il est écrit : «Le guide invite ses disciples au calme et à la retenue. Il exhorte les jeunes à s’abstenir de diffuser des photos, des vidéos ou tout autre support médiatique en lien avec ces événements. Il prie pour un retour au calme tout en renvoyant les disciples aux préceptes enseignés par Thierno Amadou Baldé, à savoir ni provocation ni représailles.» De leur côté, les fidèles du khalife de Médina Gounass, Thierno Amadou Tidiane Bâ, ont également produit un communiqué. Dans celui-ci, signé par le «Cadre d’échanges et d’organisation des fidèles de Thierno Mouhamadou Saïdou Bâ», il est mentionné : «En ce jour sacré de Tabaski (Lundi), Médina Gounass a été le théâtre d’un acte de barbarie inqualifiable.»
Les descendants de Thierno Mouhamadou Saïdou Bâ ont dénoncé «avec la plus grande fermeté, cet acte inhumain et lâche perpétré» contre le convoi de leur khalife de retour de la prière des 2 rakkas. Et puis de s’adresser aux nouvelles autorités politiques du Sénégal : «Nous interpellons le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, en sa qualité de chef suprême des Armées, pour mettre un terme à ces atrocités récurrentes orchestrées (…).» Sous ce registre, les disciples du khalife du Fouladou appellent à tirer cette affaire au clair : «Thierno Mounirou Baldé invite les autorités à faire toute la lumière sur ces incidents, situer les responsabilités et, au besoin, sévir. Il faut que cesse définitivement l’impunité, car dans un Etat de Droit, le permis d’agresser n’est délivré à aucun citoyen.»
Le différend remonte à l’érection de la cité religieuse en chef-lieu de communauté rurale. Selon une version très répandue, lorsqu’il s’est agi de choisir un président de Conseil rural, la communauté fouladou a cru que le candidat du parti au pouvoir, le Ps, allait sortir de ses rangs.
Malheureusement le choix fut porté sur un militant de l’autre partie. Ce qui est mal passé aux yeux des proches de Thierno Amadou Baldé qui leur avaient laissé la gestion des affaires spirituelles et se donnant, de ce fait, le droit de gérer tout ce qui est mondain, telle la chefferie de ce qui fut un village et qui leur était dévolue d’ailleurs. Et ils sont entrés dans une sorte de désobéissance pacifique en faisant remporter par le candidat du Pds les élections locales de 1978. Le candidat victorieux n’avait jamais pris fonction, malgré le verdict favorable des urnes. C’est donc une crise politique mal gérée par l’Etat qui continue, 46 ans après, à empoisonner les relations entre des frères de sang, des coreligionnaires et des voisins aux concessions attenantes.
Abdoulaye KAMARA
Source : Le Quotidien (Sénégal)