Mauritanie-Sénégal : premières divergences d’ordre historique sur l’appellation des navires du gaz de Tortue

Au moment où la Mauritanie et le Sénégal sont satisfaits des avancées des travaux du gisement transfrontalier GTA, Nouakchott et Dakar butent sur le nom des navires de support affrétés sur autour de ce projet pétro-gazier entre les deux pays.

Cette petite crise diplomatique entre Nouakchott et Dakar est le début d’un signal d’une nouvelle gouvernance de Diomaye Faye qui entend jouer la rupture avec son prédécesseur sur le plan de la souveraineté du pays.

A l’origine de ce premier couac la SNIM qui opte pour “Chemama”, région mauritanienne au-dessus du fleuve Sénégal tandis que Petrosen choisit “Talatay Nder”. Ce qui irrite Nouakchott qui considère que ce nom renvoie à une tragédie en ouolof voulant dire “mardi sanglant. Cette page sombre de l’histoire des femmes du village “Nder”, une province au Nord du Sénégal, frontalière avec la Mauritanie, qui s’étaient suicidées plutôt que d’être capturée et réduites en esclavage.

En réaction contre ce choix sénégalais, Nouakchott change de posture avec le nouveau nom “Bilad Chinguetti” le pays des Maures. Ce ping pong historique entre les deux pays est révélateur d’un changement de régime au Sénégal de tendance plus patriotique qui pourrait déranger un régime autoritaire de Ould Ghazouani dont le nationalisme arabe n’est plus à démontrer.

Cet exemple de divergences de références à l’histoire est à prendre au sérieux pour l’avenir du grand projet du gaz Tortue dans un contexte de tensions avec BP au niveau des coûts du développement du projet dont plus de 95 pour cent des travaux sont déjà réalisés.

Cherif Kane

Source : Kasstaya