Déclaration de l’AVOMM

 Avril 1989, avril  2014,  il y a 25 ans, un quart de siècle précisément, suite à un banal et ordinaire conflit frontalier, le régime d’Ould TAYA mettait à profit un incident malheureux en le transformant en tragédie pour la communauté africaine noire mauritanienne.

Ce qui, en temps ordinaire, relevait de la gestion des notabilités locales ayant le sens de la sagesse ancrée dans le respect des valeurs du bon voisinage, fut l’occasion de déclencher une machine de guerre sans précédent dans l’histoire politique de la Mauritanie.

 L’enjeu politique et idéologique dépassait les pratiques de domination et d’oppression classiques, par l’ampleur et l’envergure données à l’événement en lui conférant une dimension autorisant ainsi des massacres, des exactions, des exécutions sommaires et des déportations de citoyens mauritaniens, dont le seul tort est d’être noirs. Le racisme qui fonde cette entreprise d’extermination et d’expulsion du territoire mauritanien des femmes, des hommes et des enfants vers le Sénégal et le Mali avait atteint son paroxysme meurtrier. Avec un acharnement inhumain dans une ambiance de solidarité mécanique d’une foule en transe jubilant de voir le sang de leurs compatriotes couler, une logique de haine raciale se déclencha. A cette ambiance s’ajoute le silence médusé des élites, complices idéologiquement et solidaires politiquement d’un projet, dont la phase cruelle fut portée et assumée par toutes les institutions de l’Etat mauritanien.

La volonté politique affichée fut de procéder à l’exclusion de la composante africaine noire mauritanienne dans le but de construire une cohérence raciale, politique et idéologique dont la finalité est de rompre avec l’environnement historique et socio-politique naturel de la Mauritanie. Le choix des déportations massives, après les folles journées de meurtres de masse,  fut une réponse sans réserve et sans retenue de l’Etat face à la résistance de quelques citoyens mauritaniens, en déployant toutes les forces de police, de l’armée, de la gendarmerie, de la garde nationale, de l’administration sous la coordination zélée de militants chauvins, racistes et sectaires.

 Le rêve d’une Mauritanie  débarrassée de la composante africaine s’est déployé avec un scénario macabre que les victimes n’ont pas encore compris au vu de la continuation du système à travers des  pratiques politiques comme la mise en échec du retour des déportés, l’oubli ou la négation de celles et de ceux qui n’ont pas pu encore revenir au pays, l’expropriation des terres de la vallée et les difficultés de se faire recenser pour la grande majorité de citoyens du fait de la logique de l’exclusion. De fait, la tragédie des événements d’avril 1989 ne semble pas mobiliser la volonté politique du président Mohamed Ould Abdel Aziz.

A l’occasion de l’anniversaire de la barbarie des événements d’avril 1989, qui marqua le début  d’exécution du génocide de la composante africaine noire et mauritanienne en particulier qui se prolongera jusqu’aux massacres et exactions de 1991, AVOMM tient à dire non à l’oubli et à l’impunité et exige du régime actuel à faire preuve de courage politique.

 AVOMM en appelle vivement à la mobilisation des organisations politiques, des associations de défense des droits humains et de la communauté internationale pour que les coupables soient jugés et que les victimes en vie soient rétablies dans leurs droits et que cessent le déni de citoyenneté et l’expropriation des terres de la vallée.

Paris le 30 avril 2014
Le porte-parole de l’AVOMM
SY Hamdou Rabby
avomm.com