Me Fatimata MBaye ici à Nîme lors du procés Ely ould Dah
Le président du Haut Conseil d’Etat (HCE) , le général Mohamed Ould Abdel Aziz, serait déterminé à se débarrasser du dossier du passif humanitaire au sein de l’armée que traîne la Mauritanie depuis une vingtaine d’années, selon le site d’information en ligne «Al Akhbar» proche de la mouvance islamiste.
Une démarche qui s’inscrit dans la perspective de sa prochaine démission de la grande muette et du poste de chef de l’état pour les besoins d’une candidature à la prochaine élection présidentielle, selon nos confrères.
Ainsi, depuis Cinq jours, une commission composée de membres du Haut Conseil d’Etat (HCE) et d’imams, travaillent d’arrache pied sur la stratégie et les meilleurs moyens pour un règlement rapide de l’épineuse question. Parmi ces personnalités, on note du côté des autorités militaires le Secrétaire Général de la présidence du HCE, le colonel Ahmed Bamba Ould Baye et le chef d’état major particulier, le colonel Dia Adama.
Du côté des religieux, figures généralement favorables au mouvement de la rectification, on cite le nom d’Ahmed Ould Lemrabott, Imam de la grande mosquée de Nouakchott et partisan résolu du pouvoir militaire. Le groupe ainsi constitué a tenu plusieurs réunions et séances de travail au cours des derniers jours. Objectif, trouver le meilleur schéma de règlement des violations massives et graves des droits de l’homme perpétrées au sein des forces armées et de sécurité en 1990 et 1991.
La démarche vise à éliminer un problème épineux, susceptible de gêner fortement la candidature du général Mohamed Ould Abdel Aziz à l’élection présidentielle annoncée pour le 6 juin 2009. Une action qui revêt aujourd’hui un caractère de grande nécessité même si le nom de l’actuel chef de l’état n’a jamais été inscrit dans la liste des présumés auteurs de ces crimes.
En fait, l’explication de la nouvelle volonté de règlement du passif humanitaire hérité des années de feu et de sang, résiderait plutôt dans le fait que certains noms de membres du HCE figurent dans la liste «infâme». D’où l’opportunité pour le futur candidat au fauteuil présidentiel de ne pas avoir à essuyer les discours d’éventuels concurrents «Instrumentalisant» facilement une question à laquelle les organisations de défense des droits humains, une bonne frange de l’opinion et de l’électorat sont extrêmement sensibles.
En plus de cela, le général et ses soutiens aimeraient bien trouver une solution à ce problème afin d’allonger la liste de leurs réalisations. C’est d’ailleurs l’atteinte de ce dernier objectif qui aurait motivé cet effort.
Quel crédit pour la démarche du HCE ?
Le général Mohamed Ould Abdel Aziz a toujours été favorable au règlement de la douloureuse question du passif humanitaire hérité du régime de son ex patron et finalement «victime» Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, selon de nombreuses confidences concordantes lâchées à diverses occasions en privé. Mieux, lors d’une visite à Rosso, quelques semaines après son arrivée aux commandes, le chef de la junte a exprimé publiquement cette volonté politique de trouver une solution à un problème qui plombe encore durablement l’unité nationale.
Ainsi, rapporté à un contexte ordinaire, un acte posé en vue du règlement du passif humanitaire revêt incontestablement une haute portée patriotique. Cependant, transposé dans l’atmosphère de crise qui prévaut actuellement dans le pays, doublée de la perspective de candidature du général, ses adversaires, les nombreux détracteurs de la junte, ne manqueront pas une occasion de dénoncer «un calcul politicien».
Même si par effet de boomerang, cette démarche pourrait également comporter le risque pour ces derniers d’apparaître comme les nouveaux «adversaires» du règlement d’une question qui a parfois été instrumentalisée à des fins éloignées de la cause originelle, même si elle est mille fois légitime. En fait, la nouvelle, révélée lundi par nos confrères d’Al Akhbar, recoupe une action en cours depuis quelques mois.Ainsi, la Coordination des Victimes de Répression (COVIRE), semble être associée à la démarche du HCE.
Les responsables de cette ONG ont eu à rencontrer le général avant les journées nationales de concertation –Etat Généraux de la Démocratie (EGD). Son président, Abou Sy, révélait récemment qu’un recensement des victimes était en cours ici en Mauritanie et à l’étranger. Ce qui montre d’une certaine manière que les concernés au premier chef apprécient. Une possibilité qui n’écarte cependant pas de possibles divergences d’approche entre collectifs et associations de victimes.
Du côté des organisations de défense des droits humains, on demeure encore très sceptique par rapport à la démarche actuelle du pouvoir, notamment au niveau de la forme. Maître Fatimata M’baye, présidente de l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) et vice présidente de la Fédération Internationale des Ligues de l’Homme (FIDH), déclare «nous avons entendu parler de cette initiative par des canaux informels.Lesquels font état d’une possible indemnisation des veuves notamment par des dons de terrains et sommes d’argent. Naturellement, si telle est la démarche, elle ne correspond nullement à un règlement du passif humanitaire et n’évacue en rien la dimension pénale de la question».
Il faut également ajouter à cet état d’esprit une réalité têtue : les imams «conviés» à la table du règlement n’ont jamais protesté contre les agissements ayant conduit au drame collectif des années de braises.Ce qui naturellement les discrète totalement dans le cadre de toute démarche de recherche de solution, cela en dépit de l’aura religieux dont peuvent jouir certains d’entre eux. Le passif humanitaire au sein de l’armée est constitué par des actes de tortures et plusieurs (centaines ?) d’exécutions extra judiciaires enregistrées dans de nombreuses garnisons du pays entre septembre 1990 et février 1991.
Des faits d’une extrême gravité dans l’entendement de la législation pénale nationale et internationale. Cette dernière les situe au niveau des infractions à caractère universel dont la qualification (encore à déterminer) peut se situer entre le génocide (toutes les victimes sont issues de la même ethnie) et le crime contre l’humanité.
D’où la nécessité d’un règlement consensuel, faisant l’objet d’une appropriation de toute la collectivité nationale, pour éviter de possibles poursuites par le truchement de la justice universelle, qui considèrent ces crimes comme un trouble à l’ordre public international.
Le rappel du cas du capitaine Ely Ould Dah, sous le coup d’une condamnation à 10 ans de réclusion en France, illustre parfaitement la justesse de la démarche du nouveau pouvoir. Reste seulement la question liée à la forme appropriée pour arriver à l’objectif final.
Cheikh Sidya
source : Biladi via cridem
Une démarche qui s’inscrit dans la perspective de sa prochaine démission de la grande muette et du poste de chef de l’état pour les besoins d’une candidature à la prochaine élection présidentielle, selon nos confrères.
Ainsi, depuis Cinq jours, une commission composée de membres du Haut Conseil d’Etat (HCE) et d’imams, travaillent d’arrache pied sur la stratégie et les meilleurs moyens pour un règlement rapide de l’épineuse question. Parmi ces personnalités, on note du côté des autorités militaires le Secrétaire Général de la présidence du HCE, le colonel Ahmed Bamba Ould Baye et le chef d’état major particulier, le colonel Dia Adama.
Du côté des religieux, figures généralement favorables au mouvement de la rectification, on cite le nom d’Ahmed Ould Lemrabott, Imam de la grande mosquée de Nouakchott et partisan résolu du pouvoir militaire. Le groupe ainsi constitué a tenu plusieurs réunions et séances de travail au cours des derniers jours. Objectif, trouver le meilleur schéma de règlement des violations massives et graves des droits de l’homme perpétrées au sein des forces armées et de sécurité en 1990 et 1991.
La démarche vise à éliminer un problème épineux, susceptible de gêner fortement la candidature du général Mohamed Ould Abdel Aziz à l’élection présidentielle annoncée pour le 6 juin 2009. Une action qui revêt aujourd’hui un caractère de grande nécessité même si le nom de l’actuel chef de l’état n’a jamais été inscrit dans la liste des présumés auteurs de ces crimes.
En fait, l’explication de la nouvelle volonté de règlement du passif humanitaire hérité des années de feu et de sang, résiderait plutôt dans le fait que certains noms de membres du HCE figurent dans la liste «infâme». D’où l’opportunité pour le futur candidat au fauteuil présidentiel de ne pas avoir à essuyer les discours d’éventuels concurrents «Instrumentalisant» facilement une question à laquelle les organisations de défense des droits humains, une bonne frange de l’opinion et de l’électorat sont extrêmement sensibles.
En plus de cela, le général et ses soutiens aimeraient bien trouver une solution à ce problème afin d’allonger la liste de leurs réalisations. C’est d’ailleurs l’atteinte de ce dernier objectif qui aurait motivé cet effort.
Quel crédit pour la démarche du HCE ?
Le général Mohamed Ould Abdel Aziz a toujours été favorable au règlement de la douloureuse question du passif humanitaire hérité du régime de son ex patron et finalement «victime» Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, selon de nombreuses confidences concordantes lâchées à diverses occasions en privé. Mieux, lors d’une visite à Rosso, quelques semaines après son arrivée aux commandes, le chef de la junte a exprimé publiquement cette volonté politique de trouver une solution à un problème qui plombe encore durablement l’unité nationale.
Ainsi, rapporté à un contexte ordinaire, un acte posé en vue du règlement du passif humanitaire revêt incontestablement une haute portée patriotique. Cependant, transposé dans l’atmosphère de crise qui prévaut actuellement dans le pays, doublée de la perspective de candidature du général, ses adversaires, les nombreux détracteurs de la junte, ne manqueront pas une occasion de dénoncer «un calcul politicien».
Même si par effet de boomerang, cette démarche pourrait également comporter le risque pour ces derniers d’apparaître comme les nouveaux «adversaires» du règlement d’une question qui a parfois été instrumentalisée à des fins éloignées de la cause originelle, même si elle est mille fois légitime. En fait, la nouvelle, révélée lundi par nos confrères d’Al Akhbar, recoupe une action en cours depuis quelques mois.Ainsi, la Coordination des Victimes de Répression (COVIRE), semble être associée à la démarche du HCE.
Les responsables de cette ONG ont eu à rencontrer le général avant les journées nationales de concertation –Etat Généraux de la Démocratie (EGD). Son président, Abou Sy, révélait récemment qu’un recensement des victimes était en cours ici en Mauritanie et à l’étranger. Ce qui montre d’une certaine manière que les concernés au premier chef apprécient. Une possibilité qui n’écarte cependant pas de possibles divergences d’approche entre collectifs et associations de victimes.
Du côté des organisations de défense des droits humains, on demeure encore très sceptique par rapport à la démarche actuelle du pouvoir, notamment au niveau de la forme. Maître Fatimata M’baye, présidente de l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) et vice présidente de la Fédération Internationale des Ligues de l’Homme (FIDH), déclare «nous avons entendu parler de cette initiative par des canaux informels.Lesquels font état d’une possible indemnisation des veuves notamment par des dons de terrains et sommes d’argent. Naturellement, si telle est la démarche, elle ne correspond nullement à un règlement du passif humanitaire et n’évacue en rien la dimension pénale de la question».
Il faut également ajouter à cet état d’esprit une réalité têtue : les imams «conviés» à la table du règlement n’ont jamais protesté contre les agissements ayant conduit au drame collectif des années de braises.Ce qui naturellement les discrète totalement dans le cadre de toute démarche de recherche de solution, cela en dépit de l’aura religieux dont peuvent jouir certains d’entre eux. Le passif humanitaire au sein de l’armée est constitué par des actes de tortures et plusieurs (centaines ?) d’exécutions extra judiciaires enregistrées dans de nombreuses garnisons du pays entre septembre 1990 et février 1991.
Des faits d’une extrême gravité dans l’entendement de la législation pénale nationale et internationale. Cette dernière les situe au niveau des infractions à caractère universel dont la qualification (encore à déterminer) peut se situer entre le génocide (toutes les victimes sont issues de la même ethnie) et le crime contre l’humanité.
D’où la nécessité d’un règlement consensuel, faisant l’objet d’une appropriation de toute la collectivité nationale, pour éviter de possibles poursuites par le truchement de la justice universelle, qui considèrent ces crimes comme un trouble à l’ordre public international.
Le rappel du cas du capitaine Ely Ould Dah, sous le coup d’une condamnation à 10 ans de réclusion en France, illustre parfaitement la justesse de la démarche du nouveau pouvoir. Reste seulement la question liée à la forme appropriée pour arriver à l’objectif final.
Cheikh Sidya
source : Biladi via cridem