Voici le texte de la lettre adressée par le Président de l'Assemblée Nationale, Monsieur Messaoud Ould Boulkheir, aux Parlementaires:
Honorable Collègue,
S’il n’est point besoin de revenir sur les tenants d’une situation particulièrement désolante et éprouvante pour le pays et ses habitants, dorénavant soumis au regard critique de la planète, il est vital pour l’un et les autres que ses aboutissants n’échappent pas au contrôle de tous, mais surtout pas au nôtre en tant que nous sommes des citoyens de premier ordre, parce qu’investis en tout ou partie du suffrage de nos compatriotes.
Cette lourde et grave responsabilité que nous assumons nous impose, face au péril certain et imminent qui menace la patrie, de faire le bon choix et de ne pas se tromper de camp.
Il n’échappe à personne, en effet, que depuis le 06 août 2008, la Mauritanie est soumise à un faisceau de pressions internes, qui bien qu’habituelles (tribalisme, ethnisme, régionalisme, racisme) tendent à atteindre cette fois des sommets jamais égalés ce qui rend d’autant plus facile leur exploitation par l’extérieur où sont encore nombreux ceux qui dénient à notre Etat le droit d’exister.
Quelle qu’ait pu être la responsabilité de chacun de nous dans notre traumatisme actuel, nous est-il encore permis de rester plus longtemps sourds, aveugles et muets face à tous ces dangers qui nous menacent ?
N’est-il pas temps pour nous, premiers citoyens, ceux desquels doit venir et est attendu le Salut, ceux dont le devoir premier est de veiller au bien-être des populations, n’est-il pas venu le temps de rendre sa brillance et son amour de vivre au regard de nos compatriotes assombri par l’incompréhension et l’incertitude ?
Et quand bien même nous aurait-on concédé, par générosité, de nous tromper de choix, à quelle circonstance atténuante pourrait-on prétendre en nous trompant de camp, puisqu’il n’y en a qu’un seul : La Mauritanie, notre Patrie ?
Qu’aurions-nous à répondre aux interrogations muettes de nos veuves, de nos orphelins et de nos innombrables autres laissés pour compte dans le dénuement et la misère, de toutes les langues et de toutes les couleurs, à l’heure où même les plus nantis appellent au secours ?
L’amour-propre peut-il constituer une justification recevable par ALLAH et les Hommes dans une affaire de «non assistance à un pays et à un peuple en danger ? »
C’est en tout cas pour m’éviter d’avoir à rester un jour sans voix et sans défense devant ces jugements là et devant ma conscience, que j’ai choisi délibérément de tordre le cou aux principes pour pouvoir répondre « présent » aux exigences de l’Etat en suggérant la proposition de sortie de crise que vous trouverez ci-joint, formulée dans ses grandes lignes.
Cette proposition que je soumets à votre critique s’est essentiellement attachée à :
1. résoudre le problème institutionnel provoqué par le coup d’état
2. résoudre le problème de la transition
3. aboutir légalement au départ volontaire du président légitime
4. prémunir le pays de toute réédition d’un nouveau coup d’état
5. offrir les garanties requises (dans le domaine de l’acceptable) aux putschistes
Mais elle n’a pas seulement que les cinq avantages ci-dessus énumérés, puisqu’elle en comporte deux autres et non des moindres :
- ne pas faire perdre au pays le capital de sympathie né d’une transition démocratique unanimement saluée à travers le monde ;
- notre attachement à la légalité et au droit constituera dorénavant le bouclier le mieux éprouvé contre tous les maux, d’où qu’ils viennent et quelque soit leur nature.
Je serais très heureux que vous puissiez l’analyser attentivement pour pouvoir en discuter, à votre convenance, mais surtout pas dans le cadre « d’une quelconque soi-disant session parlementaire » dont la légitimité et la légalité sont fatalement remises en cause par le coup d’état que nous vivons depuis le 06/08/08 et dont la moindre des conséquences est qu’en face d’une situation où le Président de la république légitime est dans l’incapacité matérielle de décider (il est en prison) et en l’absence d’un gouvernement légitime, Président et gouvernement avec lesquels les Assemblées sont censées travailler de concert, il faut forcément admettre le blocage des institutions.
J’espère du fond du cœur que quand se présentera une telle opportunité, nous démontrerons aux sceptiques que si nous avons été à l’origine des dysfonctionnements institutionnels actuels, nous sommes également les mieux outillés pour exercer les pressions nécessaires sur la junte militaire dont nous constituons, en dernière analyse, le seul sursis réel ou virtuel.
Recevez, très honorable collègue, mes salutations distinguées.
Messaoud OULD BOULKHEIR
Nouakchott le 09-11-2008
source:for-mauritania
Honorable Collègue,
S’il n’est point besoin de revenir sur les tenants d’une situation particulièrement désolante et éprouvante pour le pays et ses habitants, dorénavant soumis au regard critique de la planète, il est vital pour l’un et les autres que ses aboutissants n’échappent pas au contrôle de tous, mais surtout pas au nôtre en tant que nous sommes des citoyens de premier ordre, parce qu’investis en tout ou partie du suffrage de nos compatriotes.
Cette lourde et grave responsabilité que nous assumons nous impose, face au péril certain et imminent qui menace la patrie, de faire le bon choix et de ne pas se tromper de camp.
Il n’échappe à personne, en effet, que depuis le 06 août 2008, la Mauritanie est soumise à un faisceau de pressions internes, qui bien qu’habituelles (tribalisme, ethnisme, régionalisme, racisme) tendent à atteindre cette fois des sommets jamais égalés ce qui rend d’autant plus facile leur exploitation par l’extérieur où sont encore nombreux ceux qui dénient à notre Etat le droit d’exister.
Quelle qu’ait pu être la responsabilité de chacun de nous dans notre traumatisme actuel, nous est-il encore permis de rester plus longtemps sourds, aveugles et muets face à tous ces dangers qui nous menacent ?
N’est-il pas temps pour nous, premiers citoyens, ceux desquels doit venir et est attendu le Salut, ceux dont le devoir premier est de veiller au bien-être des populations, n’est-il pas venu le temps de rendre sa brillance et son amour de vivre au regard de nos compatriotes assombri par l’incompréhension et l’incertitude ?
Et quand bien même nous aurait-on concédé, par générosité, de nous tromper de choix, à quelle circonstance atténuante pourrait-on prétendre en nous trompant de camp, puisqu’il n’y en a qu’un seul : La Mauritanie, notre Patrie ?
Qu’aurions-nous à répondre aux interrogations muettes de nos veuves, de nos orphelins et de nos innombrables autres laissés pour compte dans le dénuement et la misère, de toutes les langues et de toutes les couleurs, à l’heure où même les plus nantis appellent au secours ?
L’amour-propre peut-il constituer une justification recevable par ALLAH et les Hommes dans une affaire de «non assistance à un pays et à un peuple en danger ? »
C’est en tout cas pour m’éviter d’avoir à rester un jour sans voix et sans défense devant ces jugements là et devant ma conscience, que j’ai choisi délibérément de tordre le cou aux principes pour pouvoir répondre « présent » aux exigences de l’Etat en suggérant la proposition de sortie de crise que vous trouverez ci-joint, formulée dans ses grandes lignes.
Cette proposition que je soumets à votre critique s’est essentiellement attachée à :
1. résoudre le problème institutionnel provoqué par le coup d’état
2. résoudre le problème de la transition
3. aboutir légalement au départ volontaire du président légitime
4. prémunir le pays de toute réédition d’un nouveau coup d’état
5. offrir les garanties requises (dans le domaine de l’acceptable) aux putschistes
Mais elle n’a pas seulement que les cinq avantages ci-dessus énumérés, puisqu’elle en comporte deux autres et non des moindres :
- ne pas faire perdre au pays le capital de sympathie né d’une transition démocratique unanimement saluée à travers le monde ;
- notre attachement à la légalité et au droit constituera dorénavant le bouclier le mieux éprouvé contre tous les maux, d’où qu’ils viennent et quelque soit leur nature.
Je serais très heureux que vous puissiez l’analyser attentivement pour pouvoir en discuter, à votre convenance, mais surtout pas dans le cadre « d’une quelconque soi-disant session parlementaire » dont la légitimité et la légalité sont fatalement remises en cause par le coup d’état que nous vivons depuis le 06/08/08 et dont la moindre des conséquences est qu’en face d’une situation où le Président de la république légitime est dans l’incapacité matérielle de décider (il est en prison) et en l’absence d’un gouvernement légitime, Président et gouvernement avec lesquels les Assemblées sont censées travailler de concert, il faut forcément admettre le blocage des institutions.
J’espère du fond du cœur que quand se présentera une telle opportunité, nous démontrerons aux sceptiques que si nous avons été à l’origine des dysfonctionnements institutionnels actuels, nous sommes également les mieux outillés pour exercer les pressions nécessaires sur la junte militaire dont nous constituons, en dernière analyse, le seul sursis réel ou virtuel.
Recevez, très honorable collègue, mes salutations distinguées.
Messaoud OULD BOULKHEIR
Nouakchott le 09-11-2008
source:for-mauritania