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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Le chef de la junte devrait être élu président

Mauritanie ou comment transformer un coup d’Etat en acte démocratique....
«Est-ce qu’on a souvent vu un coup d’Etat sans manifestation et sans protestation, si ce n’est celle de la France ?... mais force est de constater qu’il n’y a pas eu un député, un parlementaire qui a protesté et qu’il n’y a pas eu une manifestation.»


Le chef de la junte devrait être élu président
Le général Ould Abdel Aziz est un officier de l’armée mauritanienne depuis 32 ans. A 52 ans, il a donc passé la majeure partie de sa vie en uniforme. Son principal fait d’armes est sans doute un coup d’Etat. Un coup de force qui a débouché sur le renversement en août 2008 du Président élu. Le général a décidé de parachever sa prise de contrôle du pouvoir en Mauritanie par des élections. Ainsi se présentera-t-il à l’élection présidentielle du 6 juin prochain. Cette décision n’est pas surprenante.
Depuis huit mois, les médias d’Etat ont annoncé la couleur. Sans cesse, ils s’emploient à donner du général une image positive. A titre d’exemple, l’agence d’information officielle l’appelle «le Président des pauvres», des foules viennent l’accueillir à chacun de ses déplacements et lui rendent grâce. Un exemple de déclaration populiste parmi d’autres : «Avant le 6 août, nous vivions dans l’injustice et l’obscurité, mais aujourd’hui, nous avons pris nos affaires en main.» Des méthodes populistes traditionnelles et bien connues dans un système militaire.

Du treillis au costume

Le futur président de la Mauritanie est né en 1956 à Akjoujt (au nord-est de Nouakchott). Fils d’un commerçant établi à Louga (nord du Sénégal), il est issu de la tribu maraboutique des Oulad Bousba, fortement présente en Mauritanie et au Maroc voisin. En 1977, il endosse l’uniforme et suit une formation d’officier à l’académie militaire de Meknès (Maroc). Dix ans plus tard, année du coup d’Etat en Tunisie, il est l’aide de camp du président Maaouiya Ould Taya, qui a pris le pouvoir par un putsch trois ans plus tôt. Il dirige l’unité chargée de la sécurité du Président qui le promeut colonel en 2004. Lorsqu’en 2005, le règne de Ould Taya prend fin, les noms d’Ould Abdel Aziz et de son ami Mohamed Ahmed Ould El Ghazwani sont logiquement «les deux premiers qui circulent en tant que principaux responsables du putsch», mené sans effusion de sang. Ould Abdel Aziz fait, d’ailleurs, partie de la junte -menée par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, son cousin- qui dirige le pays pendant la «transition vers la démocratie». En 2007, il soutient la candidature à la présidentielle de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, alors que l’armée s’était engagée à ne plus se mêler de politique. Comble de l’ironie, le Président civil, élu en mars 2007, le nomme général et en fait son chef d’état-major particulier en 2008. Mal lui en a pris. L’accord ne dure pas et le Président décide de limoger Ould Abdel Aziz et trois autres officiers à qui il reproche de manœuvrer au sein du Parlement pour obtenir son départ du pouvoir. Quelques heures plus tard, Ould Abdel Aziz le renverse. Déjà en campagne électorale, le régime militaire a décidé une grâce présidentielle pour 68 détenus de droit commun à travers le pays. Cette grâce présidentielle a été décidée en référence à l’article 137 de la Constitution mauritanienne. Parmi les détenus de droit commun bénéficiaires de la mesure figure notamment un directeur de publication (organe Al Aqsa), Abdel Fattah Ould Abeidna, extradé de Dubaï vers la Mauritanie à la suite de sa condamnation à une année de prison ferme pour «dénonciation calomnieuse» contre un banquier. Il est intéressant de rappeler qu’on est loin de l’exemple du Mali qui devient progressivement le meilleur exemple en termes de démocratisation dans la région. Rappelons que le projet d’amender la Constitution, pour rendre illimité le nombre de mandats, a été abandonné. Rappelons, également, que la jurisprudence malienne de 1991 frappe d’inéligibilité la candidature présidentielle des principaux responsables de la transition. Une façon extrêmement efficace pour empêcher le passage d’un monopole du pouvoir au nom de la dictature à un autre monopole qui se cacherait derrière le masque de la transition démocratique.
La Mauritanie rejoint donc les variantes centrafricaine et togolaise où l’auteur d’un coup d’Etat peut se présenter aux élections organisées sous son égide et se faire ainsi légitimer après avoir violé la légalité conditionnelle, remarque Adam Thiam.

L’opposition et la médiation du Sénégal

C’est d’ailleurs ce que l’opposition dénonce. Pour ces opposants, Mohamed Ould Abdel Aziz n’est que le «chef des putschistes» qui ont renversé, le 6 août, le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, au pouvoir depuis seulement
15 mois. Comme dans tous les régimes autoritaires, depuis qu’il a pris les commandes du pays, le président putschiste pratique «un populisme éhonté» et utilise les moyens étatiques «au service de son ambition».

Ahmed Ould Daddah, le secrétaire général du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), dans l’opposition, a annoncé qu’il ne se présenterait pas aux prochaines élections. Il a également vivement dénoncé la candidature d’Ould Abdel Aziz car «la nomination du général pour les prochaines élections présidentielles est interdite aux termes de la législation mauritanienne et internationale». Cette interdiction vient du fait que la charte africaine interdit à quiconque ayant participé à un coup d’Etat contre l’ordre constitutionnel de participer à un gouvernement issu de ce coup d’Etat. Or, cet article a été ratifié par les deux chambres du Parlement mauritanien et signé par le Président le 29 avril 2008.

Le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD) -alliance opposée au coup d’Etat- et le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) -principale formation de l’opposition mauritanienne sous le régime renversé- ont choisi d’éviter la confrontation. Ainsi ont-ils proposé d’ouvrir le dialogue, dans le cadre d’une nouvelle initiative sénégalaise. Le Sénégal propose un plan de sortie de crise qui passerait par le report de l’élection présidentielle, la formation d’un gouvernement d’union nationale, la mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI) consensuelle et une présidentielle ouverte à tous les candidats. Ils ont, toutefois, exigé des conditions préalables : l’arrêt immédiat de la feuille de route conduisant à l’élection présidentielle du 6 juin prochain, la libération de tous les prisonniers politiques, l’arrêt de toute poursuite engagée depuis le 6 août 2008, le respect des libertés publiques, l’ouverture des médias d’Etat à toutes les parties et la reconnaissance du communiqué publié le 20 février 2009 à Paris par le Groupe de contact international sur la Mauritanie (GCIM) comme base de dialogue.

Vers la reconnaissance régionale du coup d’Etat

Le regroupement du Sahel et du Sahara qui regroupe 28 Etats africains a été le premier à cautionner l’élection présidentielle visant à légitimer le coup d’Etat en affirmant sa disponibilité à observer. Quelques jours plus tard, le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe annonçait la même prise de position, à savoir la disponibilité de la Ligue des Etats arabes à observer cette élection. L’UMA boucle la boucle. Lehbib Ben Yahya, secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe, a envoyé un message dans lequel il affirme la disponibilité de l’union à observer l’élection présidentielle prévue en Mauritanie, le 6 juin prochain. Cette élection est qualifiée de «développement positif de nature à garantir ce auquel nous aspirons tous : le retour… à la situation constitutionnelle».
Plusieurs organisations et institutions internationales non gouvernementales ont aussi exprimé la même disponibilité, notamment le regroupement des organisations locales arabes et africaines. Il serait bien naïf de prétendre que ces prises de position sont une surprise.

Elles proviennent toutes d’acteurs dont la démocratie n’est pas la priorité essentielle. De plus, elles ne font que suivre la position de la Libye qui a, la première, annoncé la couleur en tant que présidente de l’Union africaine. Sans s’encombrer d’habillages diplomatiques, Kadhafi a pris fait et cause pour le chef de la junte, Ould Abdel Aziz, l’auteur du coup d’Etat du 6 août 2008, et considéré comme acquis que cette junte resterait au pouvoir. Fidèle à sa logique, il a également estimé que le dossier des sanctions internationales contre la Mauritanie était clos. Ces déclarations ont logiquement suscité l’ire des opposants, déclarant qu’ils refusaient de prendre part à une médiation sous l’autorité de la Libye.
Rappelons, en revanche, que le 6 avril dernier, l’Union européenne (UE) a officiellement suspendu pour deux ans sa coopération avec la Mauritanie en raison du coup d’Etat, soulignant que sa coopération ne pourra reprendre sans «retour à l’ordre constitutionnel». Le 24 mars, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) avait annoncé qu’il sanctionnerait désormais nommément les «gens au pouvoir, civils et militaires» impliqués dans le «renversement du régime». Une liste nominative doit être établie d’ici à la fin avril. La junte mauritanienne y figurera-t-elle ? La Banque mondiale, dès les premiers effets du coup d’Etat a cessé toute forme de relations économiques avec les nouvelles autorités. Les retombées économiques seront sans précédent, le Fonds de développement européen a prévu une enveloppe de 156 millions d’euros pour des actions de développement en Mauritanie entre 2008-2012, et un tiers de cette somme sera gelé tant que cette situation instable régnera dans le pays. Adam Thiam a, donc, tout à fait raison quand il dit : «Il y a urgence à relire les textes de l’Union africaine. Urgence pour les institutions sous-régionale, continentale, voire internationale, à statuer sur les nouvelles jurisprudences qui, en réalité, participent de la banalisation des processus démocratiques, en mettant à la merci des kalach n’importe lequel de nos chefs d’Etat. Il faut, de toute urgence, codifier l’orthodoxie démocratique, avec des règles, claires, précises et intangibles.»

La Mauritanie dans la Françafrique

La position de la France à l’endroit des changements politiques non démocratiques obéit moins aux principes universels du respect de la légalité qu’à la nécessité de préserver son influence. Interrogé sur l’attitude de la France à l'égard de ce coup d’Etat, Sarkozy a fait une déclaration qui fait encore couler de l’encre : «Est-ce qu’on a souvent vu un coup d’Etat sans manifestation et sans protestation, si ce n’est celle de la France ?... mais force est de constater qu’il n’y a pas eu un député, un parlementaire qui a protesté et qu’il n’y a pas eu une manifestation.» Or, contrairement à ce que prétend le chef de l’Etat français, le putsch a bel et bien été condamné par la communauté internationale dans son ensemble. Les Etats-Unis et l’Union africaine l’ont immédiatement condamné. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, également. Même l’Union européenne a été intransigeante et vient de décider que les aides européennes, gelées juste après le coup d’Etat, étaient officiellement suspendues. Par ailleurs, est-il bien nécessaire de rappeler les manifestations de l’opposition au coup d’Etat qui ont eu lieu en Mauritanie, ce qui montre bien que, contrairement aux allégations du chef de l’Etat français, le coup d’Etat n’a pas fait consensus dans la classe politique mauritanienne.
Cedric Mathiot écrit que la déclaration de Sarkozy révèle un changement de position allant dans le sens de considérer le coup d’Etat comme une chose acceptable. Une perception qui lui aurait été soufflée par certains conseillers qui, en dehors de l’Elysée, pensent que la politique africaine consiste à s’arranger avec les nouveaux pouvoirs. D’ailleurs, Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, a reçu le 20 février dernier des responsables du régime militaire. Opposé au coup de force militaire, le président de l’Assemblée mauritanienne avait dénoncé, derrière les propos de Sarkozy,
les «tractations et manipulations d’une certaine Françafrique qui, bien qu’obsolète et anachronique, ne désespère toujours pas de renaître de ses cendres».

Un peu plus tard, il avait été encore plus explicite. «Ce n’est un secret pour personne qu’en France, il y a la Françafrique qui fait des pieds et des mains pour faire accepter, par la France officielle, le coup d’Etat.» Lors d’un entretien accordé à Jeune Afrique le 20 mars 2009, Bernard Kouchner a déclaré que le général Mohamed Ould Abdel Aziz, président du Haut Conseil d’Etat, devait quitter l’uniforme au moins 45 jours avant la date de l’élection présidentielle.

Certains observateurs y ont immédiatement vu la confirmation que la France légitimait le régime issu du coup d’Etat.

Avec la Mauritanie, le président Sarkozy maintient les relations qu’il alimente avec des pays comme la RDC et le Gabon, tous les pays du Maghreb central (Algérie, Tunisie, Maroc) un statu quo favorable aux ventes d’armes et aux investissements de gré à gré. «Survie», une plate-forme citoyenne France-Afrique, ne ménage pas ses efforts pour dénoncer un rapport néocolonial qui maintient les peuples d’Afrique sous le double joug de l’autoritarisme et du sous-développement. Pour elle, et contrairement à ses promesses, le président français ne remet pas du tout en cause les réseaux Françafrique traditionnels. Bien au contraire, il a décomplexé ces rapports ambigus basés sur des intérêts personnels et publics, employant pour cela des moyens souvent inavouables.Fabrice Tarrit, secrétaire national de l’association «Survie», s’est inquiété au cours d’une conférence de presse de voir «les intérêts économiques de grandes entreprises françaises primer sur les questions de démocratie et de droits de l’Homme dans le cadre de ce que l’on peut appeler une Françafrique décomplexée». C’est ainsi que le soutien aux droits de l’Homme est totalement absent. La plate-forme accuse nommément le secrétaire d’Etat à la coopération, Alain Joyandet, «devenu de fait l’émissaire officiel du Président pour une défense totalement décomplexée des intérêts économiques français en Afrique quelle que soit la nature du régime en place». «Survie» dénonce également le fait que le contrôle parlementaire encouragé par la réforme constitutionnelle de juillet 2008, pour garantir plus de transparence est trop timide et totalement pour le contrôle des opérations extérieures. Quant aux exportations d’armements françaises, en général et en Afrique en particulier, poursuivent les ONG, elles ne font l’objet d’aucune question parlementaire. D’où un rapport de la mission d’information parlementaire sur les relations franco-africaines publié en décembre dernier, où «la plupart des sujets fâcheux ont été soigneusement écartés». Les ONG s’attaquent aussi à la réforme de la coopération militaire, et la révision des accords de défense. Ces critiques viennent surtout du fait que les modalités de négociation ainsi que les nouveaux accords sont méconnus. En attendant, les visites d’Etat se poursuivent, les contrats mirobolants sont signés et des partenariats conclus. Les élections ne sont finalement qu’un tout petit investissement face aux dividendes qu’engendre un cautionnement moralement incorrect, mais politiquement lucratif.

Par Louisa Aït Hamadouche
Tribune on line
Mardi 21 Avril 2009 - 18:21
Mardi 21 Avril 2009 - 18:42
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