Invité du Site flamnet: Murtudo Samba Diop :
C´est un grand plaisir de recevoir sur le site Flamnet notre doyen, un grand nationaliste, un démocrate doublé d'un humaniste, celui dont le parcours intellectuel et militant est des plus admirables. Mamadou Samba Diop fait partie de ces rares héros dont l'histoire n'emprunte rien à la légende. Il est de ceux qui ont compris très tôt que le développement de notre continent ne peut pas faire l'économie de la volorisation et de la promotion de nos langues et de nos cultures.
Murtudo, tel un inusable monument, continue à défier les intempéries et les vicissitudes des conjonctures en poursuivant son combat multi-dimensionnel commencé à l'aube des indépendances et au profit duquel il n'a pas hésité à sacrifier sécurité professionnelle et confort social. Il revient avec Flamnet de long en large sur son parcours politique, du militant du PAI avant les indépendances, en passant par le militant des langues nationales jusqu´au président du tout nouveau Dekalem. Il abordera les questions de l´heure à savoir le putsch militaire, sa position et sa proposition de sortie de crise, ce qu´il pense de l´avenir de la Mauritanie entre autres.
Entretien.
FLAMNET- Voulez-vous vous présenter à nos lecteurs cher doyen et nous parler un peu de votre long et riche parcours politique et surtout du grand militant culturel que vous-êtes .
Dr Mourtoudo Diop : Je saisis d'abord cette occasion pour vous saluer, vous remercier, vous féliciter et soutenir votre combat qui est aussi le nôtre.
Mourtoudo Diop a fait sa formation primaire à MBagne et Boghé Mauritanie, sa formation secondaire à St-Louis ancienne capitale de la Mauritanie et du Sénégal. C'est là qu'il a flirté très tôt avec le marxisme léninisme au sein du Parti Africain pour l'Indépendance PAI dirigé par le pharmacien Mahjmout Diop. Ce parti se battait pour l'indépendance de l'Afrique, pour l'unité continentale et l'instauration du socialisme scientifique. Il avait beaucoup de sections en Afrique. Il a croisé le fer contre le général de Gaulle qui proposa l'institution de la communauté franco-africaine à travers sa constitution de 1958 qui balkanisa l'Afrique.
Cette constitution prévoyait dans le cadre de la communauté franco- africaine une indépendance formelle appelée l'indépendance par le processus de transfert de compétences à travers les 5 conditions suivantes. Tout pays qui voterait OUI perdrait :
1- la possibilité d'avoir sa propre monnaie et continuerait à faire usage du CFA
2- ce pays aura toujours le français comme langue officielle
3- son économie sera contrôlée par la France
4- son armée sera divisée en 3 parties une partie pour la France, une autre pour la communauté franco-africaine, la 3ème partie pour le pays en question.
5- la politique étrangère de ce pays dépendrait entièrement de la France.
Seul Sékou Touré, lors du vote de la constitution de la communauté franco-africaine proposée par le général de Gaulle le 28 Septembre 1958 a préféré la pauvreté dans la liberté que l'opulence dans l'esclavage. Ce vaillant peuple a dit NON à la France et a été en Afrique noire de cette période l'un des premiers à accéder à l'indépendance par la voix pacifique.
La répression politique exercée par Senghor et Mamadou Dia a décapité ce vaillant parti et a contraint Mourtoudo Diop à rejoindre son pays natal la Mauritanie. Il a été admis au concours de l'administration des douanes en 1961 et a été aussi le Secrétaire Général du Syndicat des douaniers de la Mauritanie. C'est à ce titre qu'il a été sélectionné par l'union des travailleurs de Mauritanie UTM à faire une formation syndicale à l'école internationale des militants d'Afrique d'Asie et d'Amérique latine de Moscou de1966 à 1968.
Mourtoudo Diop a servi 13 ans dans l'administration des douanes. En 1973, il décida avec son épouse de faire une formation supérieure en droit international à l'université d'état Taras Gregorovitch Chevchenko de Kiev ex -URSS. Il a aussi fait ses études supérieures en France à l'université de Paris VIII, à la Sorbonne en France. Il a obtenu des diplômes universitaires en sciences politiques, en analyse institutionnelle des sciences de l'éducation, en sociolinguistique, en histoire, etc. Mourtoudo Diop est docteur en sciences politiques, professeur en sciences sociales, poète écrivain en langue pulaar et grand militant pour la promotion des langues africaines.
Il a écrit et traduit plusieurs livres : 1 livre de poésie engagée le cri de l'aigle royal, la science nous permet-elle d'accéder à la connaissance de Dieu ? Qui peut payer Dieu ? un livre d'initiation en langue pulaar, le rôle de la femme dans la société, bref aperçu sur l'histoire des noirs et des Haalpulaaren, la question nationale en pulaar, le sursaut des Haalpulaaren, mon voyage aux USA, un livre d'initiation en pulaar, en anglais, etc. Mourtoudo a traduit le coran en pulaar, la chimie classe de terminale, nations nègres et cultures les 2 tomes, etc.
Mourtoudo a fait des centaines de conférences en Afrique, en Europe, en Amérique, avec son staff de formateurs des milliers de personnes ont été initiées à l'étude de la langue pulaar. Maintenant, il intervient dans le domaine religieux. Il a été invité dans toutes les mosquées des villages du Fouta qu'il a fréquenté, a animé des conférences dans des mosquées sur divers thèmes islamiques. Il vient de terminer un livre complètement saisi en pulaar par l'ingénieur Moussa Diallo et le Professeur Camara Oumar, ce livre s'appelle « Hol no Allah anndortoo to bannge ganndal ? » c'est-à-dire la science nous permet-elle d'accéder à la connaissance de Dieu. Mourtoudo Diop s'est battu toute sa vie pour la cause du pulaar et la promotion de toutes nos langues nationales.
FLAMNET: Et Si on vous demandait de raconter à nos jeunes générations la longue lutte de libération des négro-mauritaniens parce que vous faites partie de ces théoriciens et défenseurs de la résolution de la question nationale en Mauritanie.
Dr Mourtoudo : L'état mauritanien situé entre le monde arabe et l'Afrique noire, où vivent deux races des blancs et des noirs qui utilisent plusieurs langues : le pulaar, le ouolof, le soninké, le bambara dans l'est du pays est un état raciste, tribaliste, esclavagiste, chauvin et intolérant, parce qu'il refuse de reconnaître la diversité raciale et culturelle.
Il confond islamité et arabité et tient absolument à assimiler, à diluer, à effacer l'identité culturelle de tous les négro-mauritaniens ; je dis que l'état est raciste et non à nos frères maures que nous aimons et que nous respectons avec lesquels nous voulons vivre ensemble dans l'égalité, la justice et la fraternité. Nous devons donc combattre politiquement cet état hypocrite dont les proclamations ne cadrent avec ses actes.
Depuis l'indépendance à nos jours, l'état mauritanien a privilégié une ethnie sur d'autres, une race sur une autre, qui contrôle tous les leviers politiques, économiques, culturels, militaires et autres ; je veux dire tous les moyens de production. C'est une sorte d'apartheid sournois à 600km de Dakar. L'histoire des nègres de ce pays, leurs langues et leurs cultures sont bafouées. Cette injustice a été sentie en 1966. Dix neuf (19) intellectuels négro-africains ont créé un mouvement appelé « mouvement des 19 » présidé par l'ex- procureur de la République Abdoul Aziz Bâ.
Ce mouvement des nègres a été le premier à dénoncer le racisme d'état mauritanien qui avait privilégié son arabité au détriment de sa négrité. Moctar Ould Daddah réprima durement ce mouvement, arma une partie de la population pour exterminer massivement les Haalpulaaren de Mauritanie. Pour nous, il n'est pas le père de la nation, mais de sa nation, car la Mauritanie est une Nation de nations. Ceci demande une longue explication qui relève de la problématique des nationalités qu'il me sera difficile d'aborder dans cette interview.
Depuis lors, la prise de conscience des mélanodermes de leur oppression s'est développée. Plusieurs documents célèbres tels que "conscience noire", "l'état arabo-berbère et la répression des négros africains de Mauritanie" ont été largement commentés par toutes les presses du monde. Plusieurs groupuscules politiques s'étaient formés dans la clandestinité et s'affrontaient durement. Certains se réclamaient du marxisme, prochinois, pro russe, pro albanais et même pro vietnamien, etc. Des mouvements panarabistes, baathistes, nasséristes, frères musulmans, ont été créés pour faire pression sur l'état pour l'obliger à radicaliser, l'enseignement de la langue arabe.
Pour nous, l'enseignement de la langue arabe est un droit que nous soutenons absolument. mais en Mauritanie, il n'ya pas seulement que la langue arabe, il fallait aussi prendre en charge les autres langues et les enseigner, permettre à chaque mauritanien de s'éduquer dans sa langue maternelle, de s'ouvrir à la langue de son voisin et après aux langues étrangères, favoriser un malaxage culturel et non une glotophagie linguistique. Le fait de privilégier une langue sur d'autres est une injustice que nous ne cesserons de combattre.
Ce combat, nous l'avons mené contre tous les régimes. Il s'est accentué avec la formation politique des mouvements négro africains : UDM, MPAM, ODINAM, MEEN, etc. qui ont fini par former une entité globale appelée FLAM. Ce mouvement ou parti politique développa la contestation contre l'oppression d'une communauté importante de ce pays en publiant le manifeste du Négro-mauritanien opprimé de 1986. Rappelons que le mouvement EL HOR, SOS ESCLAVES et autres, ont vu le jour pour contester l'esclavage. Actuellement, le Front Uni de l'Action des Haratines(FUAH) s'est imposé sur le paysage politique mauritanien.
Ainsi donc la lutte culturelle à travers les associations du Pulaar, du Wolof, du Soninké, a contraint le régime de Haïdalla de reconnaître les langues des nègres du pays. Depuis l'indépendance jusqu'à ce jour, l'oppression des nègres continue bien sûr avec la complicité de quelques uns de leurs frères instrumentalisés par les divers pouvoirs qui se succèdent. Le régime de Taya appliqua la purification ethnique avec la complicité de Saddam Hussein de l'Iraq.
De 1986 à 1991, une violence barbare déclenchée par le dictateur Taya s'est abattue sur les noirs mauritaniens notamment sur les Haalpulaaren. On organisa des déportations, des licenciements des militaires et des civils, des pogroms, la spoliation des biens d'autrui et des exterminations massives. Ce sont des choses que nous ne devons pas oublier, que nous ne devons pas pardonner. Il faut juger les coupables et indemniser toutes les victimes afin que telle dérive ne se reproduise plus.
Si je dois conseiller les nouvelles générations négro africaines de Mauritanie, je leur dirai d'apprendre d'abord leurs langues nationales, leurs histoires, leurs cultures, de se former, de s'armer de sciences, de s 'impliquer dans les batailles politiques pour l'égalité, la justice, pour l'éradication de l'esclavage sous toutes ses formes, du tribalisme, de la mentalité négative castale. Je leur demanderais de se battre pour l'unité nationale sur la base de la solution de la question nationale, de se battre pour l'unité africaine, pour l'unité arabo africaine dans une mouvance alter mondialiste. Je leur demanderais de se battre pour le respect des valeurs islamiques, de combattre le racisme, l'intolérance, de respecter le droit des femmes, etc.
FLAMNET: La Mauritanie traverse depuis un mois une crise politique très grave avec la destitution du premier président élu démocratiquement, quelle analyse faites de la situation et quelle est votre réaction à ce putsch ?
Dr Mourtoudo : La Mauritanie a vécu 30 ans de régime despotique militaire. Le coup d'état du 6 Août 2008 que nous condamnons est de trop. Nous soutenons les positions du Front National pour la Défense de la Démocratie. Nos analyses publiées au Net et dans les journaux locaux figurent dans beaucoup de nos documents dont "le Zakouski des députés dépités", "le Pochisme ou la guerre des poches", "Njahee jooni jooni (partez tout de suite)", "la victoire du front de la résistance, le passif humanitaire dans le coeur de la résolution des eurodéputés".
FLAMNET: Comment expliquez vous le soutien de certains partis politiques qui se prétendent démocrates à cette forfaiture militaire?
Dr Mourtoudo : Je suis contraint de répondre à cette question. Mais en réalité je n'aime pas parler des formations ou des individus que je respecte, parce que je ne veux pas que mes propos soient interprétés à l'envers. Mais je vais répondre d'une façon générale sans viser qui que ce soit.
On ne peut pas se battre pour la démocratie et acalifourchonner l'autocratie. Ceux qui pratiquent la politique de la collaboration ou de la contribution, mettent leurs intérêts personnels au-dessus de ceux de leurs peuples. Ils se mystifient eux-mêmes en ramant contre l'histoire. Actuellement, ils ont terni leurs images et ne représentent plus rien devant le peuple qu'ils prétendaient diriger.
FLAMNET- Malgré la condamnation internationale et des menaces de sanctions économiques la junte continue de rester de marbre à la réprobation internationale, qu´est-ce qui explique selon vous cet entêtement des putschistes ?
Dr Moutoudo : La junte militaire est arrogante et inculte. Elle est gonflée par ses thuriféraires opportunistes. Elle s'est trompée de contexte et de cible. Elle a surestimé ses forces qui s'érodent de jour en jour.
Elle ne maîtrisait pas la réalité mouvante de ce pays. Avec les pressions de l'intérieur et de l'extérieur et l'expiration de l'ultimatum de la Commission de Paix et de Sécurité CPS africaine, ces positions sont devenues chancelantes. Si l'UA, l'UE, l'ONU, etc. ne fléchissent pas, elle sera obligée d'abdiquer. Actuellement, elle s'escrime à soudoyer des gens pour trouver une solution mauritano-mauritanienne au détriment de la juste position de la communauté internationale.
Le colonel Ely n'est pas une solution. La déclaration faite aujourd'hui par Messaoud Ould Boulkhaïr Président de l'Assemblée nationale que nous respectons, si vraiment elle est de lui, cette position torpille le Front National pour la Défense de la Démocratie. Elle torpille l'aspiration de tous les démocrates de ce pays et d'ailleurs. Nous la considérons comme une erreur pour ne pas dire une trahison que nous ne cautionnerons jamais. Messaoud aurait dû se concerter d'abord avec son parti, avec le FNDD, et non prendre une position en tant que Président de l'Assemblée nationale, qui peut être erronée à l'égard de beaucoup de gens. Sa position va à l'encontre de la position de la Commission de Paix et de Sécurité de l'UA qui constituait le principal appui de notre combat. Sa position ne sert pas la démocratie. Elle répond aux besoins de tous les nantis qui frémissent devant le spectre des sanctions. Ce qui est étonnant c'est que le front national qui est actuellement l'espoir de ce pays s'est dressé pour combattre le putsch de la junte.
Consciemment ou inconsciemment, la proposition de Messaoud que nous respectons beaucoup, ressemble à un putsch contre le Front national pour la Défense de la Démocratie. Seul Dieu est parfait. C'est un homme honnête peut-être, qui pourra se rendre compte de son erreur et s'amender. Le chef de la junte veut imiter son gourou Saddam Hussein qui a conduit son pays à la catastrophe.
Il n'a ni la carrure de Saddam, la Mauritanie n'a pas les moyens de l'Iraq. Gamal Abdel Nasser, vaincu par Israël en 1968, a pleuré, regretté et démissionné. Son peuple l'a pardonné et réhabilité. Face au danger imminent qui plane sur la Mauritanie, le chef de la junte devrait se débarrasser de la fanfaronnade mal placée et déguerpir du pouvoir. Le peuple allait lui être reconnaissant. Sa maladresse a martyrisé Sidi et Waghef qui sont devenus des héros nationaux qu'on le veuille ou non.
FLAMNET: Avez-vous en tant qu´homme politique averti une solution de sortie de crise ?
Dr Mourtoudo : Depuis le 18 Septembre nous avons publié un document comment sortir de la crise qui se résume en ceci :
1- Négociation entre Sidi et la junte
2- Le retour de Sidi à sa fonction de président
3- L'amnistie des douze(12) membres de la junte
4- Leur affectation à des postes diplomatiques
5- l'organisation d'une journée nationale de fête pour la réconciliation entre les militaires et les civils.
Cette proposition peut être améliorée par tous ceux par toutes celles qui le désirent.
Par ailleurs, la Commission Politique du Front National pour la Défense de la Démocratie a organisé au siège de ADIL, sous la présidence de Ahmed Sidi Baba, Président du Conseil Economique et Social, ancien ministre à la présidence, un débat houleux franc et riche sur le thème comment sortir de la crise ? Une bonne synthèse bien argumentée, bien structurée, a été faite par Ahmed Sidi Baba. Cette synthèse a été approuvée à l'unanimité.
Pour nous, jusqu'ici, ce document constitue la sortie de crise du Front. Il est mieux que la proposition de Messaoud. C 'est le voyage de Ahmed Sidi Baba au Maroc qui a retardé la publication de ce document dont le président de chaque parti du front possède le brouillon photocopié. Si Messaoud avait consulté ses ouailles, peut-être, il allait tenir compte de ce document irréprochable.
FLAMNET: Que pensez-vous des FLAM au sein desquelles vous comptez beaucoup d´amis et de proches et que vous inspire ce mouvement ?
Dr Mourtoudo Diop : Les FLAM jusqu'ici, pour moi sont un parti d'avant-garde qui pose de vrais problèmes et qui propose de vraies solutions. La question nationale son cheval de bataille est le vrai problème sur lequel trébuche la Mauritanie depuis son indépendance à nos jours. Il faut être un parti courageux comme FLAM et DEKAALEM, pour en faire un cheval de bataille.
L'opposition l'escamote et le pouvoir l'ignore. C'est un parti qui fustige toutes les tares de la Mauritanie et se bat pour l'égalité, la justice et le progrès.
FLAM et DEKAALEM sont les principaux partis de la Mauritanie qui mettent l'accent sur la solution de la problématique des nationalités mauritaniennes.
Ce ne sont pas des partis cartables comme certains aiment à le dire ici. Ce sont des partis coffre forts qui ont affronté toutes les tempêtes et rien n'a pu jusqu'ici les ramollir. Je viens de lire l'intervention de Samba Thiam président des FLAM à laquelle je me retrouve entièrement.
FLAMNET: Votre dernier mot à nos lecteurs et à nos compatriotes
Dr Mourtoudo : Je demande à tous nos lecteurs à continuer à persister dans la lutte en dépit de toutes les difficultés que nous rencontrons. Nous devons combattre le racisme sous quelque forme qu'il se manifeste, de nous impliquer dans les batailles culturelles pour éradiquer l'ignorance car politique et culture sont dialectiquement liées.
Je leur demande de casser les murs que les régimes raciste ont mis entre nos différentes races et nationalités, d'apprendre à nous connaître à nous accepter, à poser tous nos problèmes et les résoudre par le dialogue. Nous devons exiger la suppression de l'article 6 de la constitution mauritanienne qui légalise la discrimination.
Nous devons nous battre pour l'enseignement de l'histoire des nègres de notre pays. Nous devons nous battre pour la reconnaissance de notre culture, de rehausser l'utilisation de nos langues à la radio et à la télévision, d'officialiser, d'enseigner nos langues, en faire des langues de travail et de gouvernement.
Nous devons continuer à nous battre pour le règlement définitif du passif humanitaire. Qu'Allah appuie nos pas et continue à faire de nous des soldats intrépides au service des causes justes./.
FLAMNET: Merci doyen pour cette brillante intervention et nous disons avec vous: la lutte continue.
Propos recceuillis Kaaw Touré et Ibra Mifo Sow
Mardi 13 octobre 2008
www.flamnet.net
C´est un grand plaisir de recevoir sur le site Flamnet notre doyen, un grand nationaliste, un démocrate doublé d'un humaniste, celui dont le parcours intellectuel et militant est des plus admirables. Mamadou Samba Diop fait partie de ces rares héros dont l'histoire n'emprunte rien à la légende. Il est de ceux qui ont compris très tôt que le développement de notre continent ne peut pas faire l'économie de la volorisation et de la promotion de nos langues et de nos cultures.
Murtudo, tel un inusable monument, continue à défier les intempéries et les vicissitudes des conjonctures en poursuivant son combat multi-dimensionnel commencé à l'aube des indépendances et au profit duquel il n'a pas hésité à sacrifier sécurité professionnelle et confort social. Il revient avec Flamnet de long en large sur son parcours politique, du militant du PAI avant les indépendances, en passant par le militant des langues nationales jusqu´au président du tout nouveau Dekalem. Il abordera les questions de l´heure à savoir le putsch militaire, sa position et sa proposition de sortie de crise, ce qu´il pense de l´avenir de la Mauritanie entre autres.
Entretien.
FLAMNET- Voulez-vous vous présenter à nos lecteurs cher doyen et nous parler un peu de votre long et riche parcours politique et surtout du grand militant culturel que vous-êtes .
Dr Mourtoudo Diop : Je saisis d'abord cette occasion pour vous saluer, vous remercier, vous féliciter et soutenir votre combat qui est aussi le nôtre.
Mourtoudo Diop a fait sa formation primaire à MBagne et Boghé Mauritanie, sa formation secondaire à St-Louis ancienne capitale de la Mauritanie et du Sénégal. C'est là qu'il a flirté très tôt avec le marxisme léninisme au sein du Parti Africain pour l'Indépendance PAI dirigé par le pharmacien Mahjmout Diop. Ce parti se battait pour l'indépendance de l'Afrique, pour l'unité continentale et l'instauration du socialisme scientifique. Il avait beaucoup de sections en Afrique. Il a croisé le fer contre le général de Gaulle qui proposa l'institution de la communauté franco-africaine à travers sa constitution de 1958 qui balkanisa l'Afrique.
Cette constitution prévoyait dans le cadre de la communauté franco- africaine une indépendance formelle appelée l'indépendance par le processus de transfert de compétences à travers les 5 conditions suivantes. Tout pays qui voterait OUI perdrait :
1- la possibilité d'avoir sa propre monnaie et continuerait à faire usage du CFA
2- ce pays aura toujours le français comme langue officielle
3- son économie sera contrôlée par la France
4- son armée sera divisée en 3 parties une partie pour la France, une autre pour la communauté franco-africaine, la 3ème partie pour le pays en question.
5- la politique étrangère de ce pays dépendrait entièrement de la France.
Seul Sékou Touré, lors du vote de la constitution de la communauté franco-africaine proposée par le général de Gaulle le 28 Septembre 1958 a préféré la pauvreté dans la liberté que l'opulence dans l'esclavage. Ce vaillant peuple a dit NON à la France et a été en Afrique noire de cette période l'un des premiers à accéder à l'indépendance par la voix pacifique.
La répression politique exercée par Senghor et Mamadou Dia a décapité ce vaillant parti et a contraint Mourtoudo Diop à rejoindre son pays natal la Mauritanie. Il a été admis au concours de l'administration des douanes en 1961 et a été aussi le Secrétaire Général du Syndicat des douaniers de la Mauritanie. C'est à ce titre qu'il a été sélectionné par l'union des travailleurs de Mauritanie UTM à faire une formation syndicale à l'école internationale des militants d'Afrique d'Asie et d'Amérique latine de Moscou de1966 à 1968.
Mourtoudo Diop a servi 13 ans dans l'administration des douanes. En 1973, il décida avec son épouse de faire une formation supérieure en droit international à l'université d'état Taras Gregorovitch Chevchenko de Kiev ex -URSS. Il a aussi fait ses études supérieures en France à l'université de Paris VIII, à la Sorbonne en France. Il a obtenu des diplômes universitaires en sciences politiques, en analyse institutionnelle des sciences de l'éducation, en sociolinguistique, en histoire, etc. Mourtoudo Diop est docteur en sciences politiques, professeur en sciences sociales, poète écrivain en langue pulaar et grand militant pour la promotion des langues africaines.
Il a écrit et traduit plusieurs livres : 1 livre de poésie engagée le cri de l'aigle royal, la science nous permet-elle d'accéder à la connaissance de Dieu ? Qui peut payer Dieu ? un livre d'initiation en langue pulaar, le rôle de la femme dans la société, bref aperçu sur l'histoire des noirs et des Haalpulaaren, la question nationale en pulaar, le sursaut des Haalpulaaren, mon voyage aux USA, un livre d'initiation en pulaar, en anglais, etc. Mourtoudo a traduit le coran en pulaar, la chimie classe de terminale, nations nègres et cultures les 2 tomes, etc.
Mourtoudo a fait des centaines de conférences en Afrique, en Europe, en Amérique, avec son staff de formateurs des milliers de personnes ont été initiées à l'étude de la langue pulaar. Maintenant, il intervient dans le domaine religieux. Il a été invité dans toutes les mosquées des villages du Fouta qu'il a fréquenté, a animé des conférences dans des mosquées sur divers thèmes islamiques. Il vient de terminer un livre complètement saisi en pulaar par l'ingénieur Moussa Diallo et le Professeur Camara Oumar, ce livre s'appelle « Hol no Allah anndortoo to bannge ganndal ? » c'est-à-dire la science nous permet-elle d'accéder à la connaissance de Dieu. Mourtoudo Diop s'est battu toute sa vie pour la cause du pulaar et la promotion de toutes nos langues nationales.
FLAMNET: Et Si on vous demandait de raconter à nos jeunes générations la longue lutte de libération des négro-mauritaniens parce que vous faites partie de ces théoriciens et défenseurs de la résolution de la question nationale en Mauritanie.
Dr Mourtoudo : L'état mauritanien situé entre le monde arabe et l'Afrique noire, où vivent deux races des blancs et des noirs qui utilisent plusieurs langues : le pulaar, le ouolof, le soninké, le bambara dans l'est du pays est un état raciste, tribaliste, esclavagiste, chauvin et intolérant, parce qu'il refuse de reconnaître la diversité raciale et culturelle.
Il confond islamité et arabité et tient absolument à assimiler, à diluer, à effacer l'identité culturelle de tous les négro-mauritaniens ; je dis que l'état est raciste et non à nos frères maures que nous aimons et que nous respectons avec lesquels nous voulons vivre ensemble dans l'égalité, la justice et la fraternité. Nous devons donc combattre politiquement cet état hypocrite dont les proclamations ne cadrent avec ses actes.
Depuis l'indépendance à nos jours, l'état mauritanien a privilégié une ethnie sur d'autres, une race sur une autre, qui contrôle tous les leviers politiques, économiques, culturels, militaires et autres ; je veux dire tous les moyens de production. C'est une sorte d'apartheid sournois à 600km de Dakar. L'histoire des nègres de ce pays, leurs langues et leurs cultures sont bafouées. Cette injustice a été sentie en 1966. Dix neuf (19) intellectuels négro-africains ont créé un mouvement appelé « mouvement des 19 » présidé par l'ex- procureur de la République Abdoul Aziz Bâ.
Ce mouvement des nègres a été le premier à dénoncer le racisme d'état mauritanien qui avait privilégié son arabité au détriment de sa négrité. Moctar Ould Daddah réprima durement ce mouvement, arma une partie de la population pour exterminer massivement les Haalpulaaren de Mauritanie. Pour nous, il n'est pas le père de la nation, mais de sa nation, car la Mauritanie est une Nation de nations. Ceci demande une longue explication qui relève de la problématique des nationalités qu'il me sera difficile d'aborder dans cette interview.
Depuis lors, la prise de conscience des mélanodermes de leur oppression s'est développée. Plusieurs documents célèbres tels que "conscience noire", "l'état arabo-berbère et la répression des négros africains de Mauritanie" ont été largement commentés par toutes les presses du monde. Plusieurs groupuscules politiques s'étaient formés dans la clandestinité et s'affrontaient durement. Certains se réclamaient du marxisme, prochinois, pro russe, pro albanais et même pro vietnamien, etc. Des mouvements panarabistes, baathistes, nasséristes, frères musulmans, ont été créés pour faire pression sur l'état pour l'obliger à radicaliser, l'enseignement de la langue arabe.
Pour nous, l'enseignement de la langue arabe est un droit que nous soutenons absolument. mais en Mauritanie, il n'ya pas seulement que la langue arabe, il fallait aussi prendre en charge les autres langues et les enseigner, permettre à chaque mauritanien de s'éduquer dans sa langue maternelle, de s'ouvrir à la langue de son voisin et après aux langues étrangères, favoriser un malaxage culturel et non une glotophagie linguistique. Le fait de privilégier une langue sur d'autres est une injustice que nous ne cesserons de combattre.
Ce combat, nous l'avons mené contre tous les régimes. Il s'est accentué avec la formation politique des mouvements négro africains : UDM, MPAM, ODINAM, MEEN, etc. qui ont fini par former une entité globale appelée FLAM. Ce mouvement ou parti politique développa la contestation contre l'oppression d'une communauté importante de ce pays en publiant le manifeste du Négro-mauritanien opprimé de 1986. Rappelons que le mouvement EL HOR, SOS ESCLAVES et autres, ont vu le jour pour contester l'esclavage. Actuellement, le Front Uni de l'Action des Haratines(FUAH) s'est imposé sur le paysage politique mauritanien.
Ainsi donc la lutte culturelle à travers les associations du Pulaar, du Wolof, du Soninké, a contraint le régime de Haïdalla de reconnaître les langues des nègres du pays. Depuis l'indépendance jusqu'à ce jour, l'oppression des nègres continue bien sûr avec la complicité de quelques uns de leurs frères instrumentalisés par les divers pouvoirs qui se succèdent. Le régime de Taya appliqua la purification ethnique avec la complicité de Saddam Hussein de l'Iraq.
De 1986 à 1991, une violence barbare déclenchée par le dictateur Taya s'est abattue sur les noirs mauritaniens notamment sur les Haalpulaaren. On organisa des déportations, des licenciements des militaires et des civils, des pogroms, la spoliation des biens d'autrui et des exterminations massives. Ce sont des choses que nous ne devons pas oublier, que nous ne devons pas pardonner. Il faut juger les coupables et indemniser toutes les victimes afin que telle dérive ne se reproduise plus.
Si je dois conseiller les nouvelles générations négro africaines de Mauritanie, je leur dirai d'apprendre d'abord leurs langues nationales, leurs histoires, leurs cultures, de se former, de s'armer de sciences, de s 'impliquer dans les batailles politiques pour l'égalité, la justice, pour l'éradication de l'esclavage sous toutes ses formes, du tribalisme, de la mentalité négative castale. Je leur demanderais de se battre pour l'unité nationale sur la base de la solution de la question nationale, de se battre pour l'unité africaine, pour l'unité arabo africaine dans une mouvance alter mondialiste. Je leur demanderais de se battre pour le respect des valeurs islamiques, de combattre le racisme, l'intolérance, de respecter le droit des femmes, etc.
FLAMNET: La Mauritanie traverse depuis un mois une crise politique très grave avec la destitution du premier président élu démocratiquement, quelle analyse faites de la situation et quelle est votre réaction à ce putsch ?
Dr Mourtoudo : La Mauritanie a vécu 30 ans de régime despotique militaire. Le coup d'état du 6 Août 2008 que nous condamnons est de trop. Nous soutenons les positions du Front National pour la Défense de la Démocratie. Nos analyses publiées au Net et dans les journaux locaux figurent dans beaucoup de nos documents dont "le Zakouski des députés dépités", "le Pochisme ou la guerre des poches", "Njahee jooni jooni (partez tout de suite)", "la victoire du front de la résistance, le passif humanitaire dans le coeur de la résolution des eurodéputés".
FLAMNET: Comment expliquez vous le soutien de certains partis politiques qui se prétendent démocrates à cette forfaiture militaire?
Dr Mourtoudo : Je suis contraint de répondre à cette question. Mais en réalité je n'aime pas parler des formations ou des individus que je respecte, parce que je ne veux pas que mes propos soient interprétés à l'envers. Mais je vais répondre d'une façon générale sans viser qui que ce soit.
On ne peut pas se battre pour la démocratie et acalifourchonner l'autocratie. Ceux qui pratiquent la politique de la collaboration ou de la contribution, mettent leurs intérêts personnels au-dessus de ceux de leurs peuples. Ils se mystifient eux-mêmes en ramant contre l'histoire. Actuellement, ils ont terni leurs images et ne représentent plus rien devant le peuple qu'ils prétendaient diriger.
FLAMNET- Malgré la condamnation internationale et des menaces de sanctions économiques la junte continue de rester de marbre à la réprobation internationale, qu´est-ce qui explique selon vous cet entêtement des putschistes ?
Dr Moutoudo : La junte militaire est arrogante et inculte. Elle est gonflée par ses thuriféraires opportunistes. Elle s'est trompée de contexte et de cible. Elle a surestimé ses forces qui s'érodent de jour en jour.
Elle ne maîtrisait pas la réalité mouvante de ce pays. Avec les pressions de l'intérieur et de l'extérieur et l'expiration de l'ultimatum de la Commission de Paix et de Sécurité CPS africaine, ces positions sont devenues chancelantes. Si l'UA, l'UE, l'ONU, etc. ne fléchissent pas, elle sera obligée d'abdiquer. Actuellement, elle s'escrime à soudoyer des gens pour trouver une solution mauritano-mauritanienne au détriment de la juste position de la communauté internationale.
Le colonel Ely n'est pas une solution. La déclaration faite aujourd'hui par Messaoud Ould Boulkhaïr Président de l'Assemblée nationale que nous respectons, si vraiment elle est de lui, cette position torpille le Front National pour la Défense de la Démocratie. Elle torpille l'aspiration de tous les démocrates de ce pays et d'ailleurs. Nous la considérons comme une erreur pour ne pas dire une trahison que nous ne cautionnerons jamais. Messaoud aurait dû se concerter d'abord avec son parti, avec le FNDD, et non prendre une position en tant que Président de l'Assemblée nationale, qui peut être erronée à l'égard de beaucoup de gens. Sa position va à l'encontre de la position de la Commission de Paix et de Sécurité de l'UA qui constituait le principal appui de notre combat. Sa position ne sert pas la démocratie. Elle répond aux besoins de tous les nantis qui frémissent devant le spectre des sanctions. Ce qui est étonnant c'est que le front national qui est actuellement l'espoir de ce pays s'est dressé pour combattre le putsch de la junte.
Consciemment ou inconsciemment, la proposition de Messaoud que nous respectons beaucoup, ressemble à un putsch contre le Front national pour la Défense de la Démocratie. Seul Dieu est parfait. C'est un homme honnête peut-être, qui pourra se rendre compte de son erreur et s'amender. Le chef de la junte veut imiter son gourou Saddam Hussein qui a conduit son pays à la catastrophe.
Il n'a ni la carrure de Saddam, la Mauritanie n'a pas les moyens de l'Iraq. Gamal Abdel Nasser, vaincu par Israël en 1968, a pleuré, regretté et démissionné. Son peuple l'a pardonné et réhabilité. Face au danger imminent qui plane sur la Mauritanie, le chef de la junte devrait se débarrasser de la fanfaronnade mal placée et déguerpir du pouvoir. Le peuple allait lui être reconnaissant. Sa maladresse a martyrisé Sidi et Waghef qui sont devenus des héros nationaux qu'on le veuille ou non.
FLAMNET: Avez-vous en tant qu´homme politique averti une solution de sortie de crise ?
Dr Mourtoudo : Depuis le 18 Septembre nous avons publié un document comment sortir de la crise qui se résume en ceci :
1- Négociation entre Sidi et la junte
2- Le retour de Sidi à sa fonction de président
3- L'amnistie des douze(12) membres de la junte
4- Leur affectation à des postes diplomatiques
5- l'organisation d'une journée nationale de fête pour la réconciliation entre les militaires et les civils.
Cette proposition peut être améliorée par tous ceux par toutes celles qui le désirent.
Par ailleurs, la Commission Politique du Front National pour la Défense de la Démocratie a organisé au siège de ADIL, sous la présidence de Ahmed Sidi Baba, Président du Conseil Economique et Social, ancien ministre à la présidence, un débat houleux franc et riche sur le thème comment sortir de la crise ? Une bonne synthèse bien argumentée, bien structurée, a été faite par Ahmed Sidi Baba. Cette synthèse a été approuvée à l'unanimité.
Pour nous, jusqu'ici, ce document constitue la sortie de crise du Front. Il est mieux que la proposition de Messaoud. C 'est le voyage de Ahmed Sidi Baba au Maroc qui a retardé la publication de ce document dont le président de chaque parti du front possède le brouillon photocopié. Si Messaoud avait consulté ses ouailles, peut-être, il allait tenir compte de ce document irréprochable.
FLAMNET: Que pensez-vous des FLAM au sein desquelles vous comptez beaucoup d´amis et de proches et que vous inspire ce mouvement ?
Dr Mourtoudo Diop : Les FLAM jusqu'ici, pour moi sont un parti d'avant-garde qui pose de vrais problèmes et qui propose de vraies solutions. La question nationale son cheval de bataille est le vrai problème sur lequel trébuche la Mauritanie depuis son indépendance à nos jours. Il faut être un parti courageux comme FLAM et DEKAALEM, pour en faire un cheval de bataille.
L'opposition l'escamote et le pouvoir l'ignore. C'est un parti qui fustige toutes les tares de la Mauritanie et se bat pour l'égalité, la justice et le progrès.
FLAM et DEKAALEM sont les principaux partis de la Mauritanie qui mettent l'accent sur la solution de la problématique des nationalités mauritaniennes.
Ce ne sont pas des partis cartables comme certains aiment à le dire ici. Ce sont des partis coffre forts qui ont affronté toutes les tempêtes et rien n'a pu jusqu'ici les ramollir. Je viens de lire l'intervention de Samba Thiam président des FLAM à laquelle je me retrouve entièrement.
FLAMNET: Votre dernier mot à nos lecteurs et à nos compatriotes
Dr Mourtoudo : Je demande à tous nos lecteurs à continuer à persister dans la lutte en dépit de toutes les difficultés que nous rencontrons. Nous devons combattre le racisme sous quelque forme qu'il se manifeste, de nous impliquer dans les batailles culturelles pour éradiquer l'ignorance car politique et culture sont dialectiquement liées.
Je leur demande de casser les murs que les régimes raciste ont mis entre nos différentes races et nationalités, d'apprendre à nous connaître à nous accepter, à poser tous nos problèmes et les résoudre par le dialogue. Nous devons exiger la suppression de l'article 6 de la constitution mauritanienne qui légalise la discrimination.
Nous devons nous battre pour l'enseignement de l'histoire des nègres de notre pays. Nous devons nous battre pour la reconnaissance de notre culture, de rehausser l'utilisation de nos langues à la radio et à la télévision, d'officialiser, d'enseigner nos langues, en faire des langues de travail et de gouvernement.
Nous devons continuer à nous battre pour le règlement définitif du passif humanitaire. Qu'Allah appuie nos pas et continue à faire de nous des soldats intrépides au service des causes justes./.
FLAMNET: Merci doyen pour cette brillante intervention et nous disons avec vous: la lutte continue.
Propos recceuillis Kaaw Touré et Ibra Mifo Sow
Mardi 13 octobre 2008
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