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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

« … quand les Maures ont commencé à massacrer les Noirs… »

PRE-LECTURE /SOPHIE CARATINI, LES SEPT CERCLES. UNE ODYSSEE NOIRE, PARIS, EDITIONS THIERRY MARCHAISSE, 2015, 392 p.


« … quand les Maures ont commencé à massacrer les Noirs… »
J’avoue que je n’ai pas encore lu toute l’histoire qui s’étale sur 392 pages, mais je suis déjà très captivé par les premières lignes. Donc, il m’est impossible de ne pas informer ceux qui veulent savoir, découvrir, suivre une partie « infime », mais oh combien significative de l’histoire de « cet exilé » fuutanké, Moussa Djibi Wagne, parti de Boghé à l’âge de 31 ans [1949] et revenu en 1989 « … quand les Maures ont commencé à massacrer les Noirs… » [p. 12]. Il décrit l’image que lui offre la Mauritanie qu’il redécouvre après avoir servi dans l’armée coloniale française, et constaté que « les Français ne s’intéressaient pas du tout à nos coutumes, qu’ils ne cherchaient ni à comprendre, ni à en tenir compte : d’ailleurs aucun d’entre eux n’a jamais parlé notre langue, alors que certains ont appris l’arabe des Maures. » [p. 13]. N’eut été sa « capture », il ne serait jamais devenu soldat dans la coloniale au point d’avoir des démêlés avec son « brigadier-chef ».

Quand Sophie Caratini, anthropologue bien connue pour ses multiples travaux sur les Rgeybats, prête sa plume à Moussa Djibi Wagne, c’est une partie inconnue de l’histoire de la vallée, de la Mauritanie et de la diaspora noire qui se raconte avec un style qui reflète une forte oraluture qui donne au texte une allure agréable. Ecriture parlée qui laisse passer entre les mailles des idées développées, des éléments clés d’une histoire, certes personnelle, mais qui peut [et qui a sa place] se rattacher à celle globale non seulement du sud mauritanien, mais de l’ensemble du territoire mauritanien. Cette perspective m’a donné une envie fiévreuse de partager avec vous ces quelques lignes pour vous inciter à plonger au fond de cette histoire « inédite ». Moussa Djibi Wagne est conscient qu’« écrire un livre [sur lui] va bien au-delà de [sa] personne ». La messe est dite, les contemporains d’événements doivent non seulement parler, mais aussi ECRIRE pour qu’on puisse reconstruire ce fil historique ininterrompu, malgré les vicissitudes que connaît la Mauritanie. C’est dans le témoigne que nous pourrons tirer quelques éléments structurants de cette histoire globale que nous souhaitons écrire pour faire advenir l’en-commun.

Moussa Djibi Wagne est fort de sa longue expérience d’exilé, malgré lui. Il pratiquait 14 langues ! C’est donc un homme accompli, ayant passé plusieurs années hors de cette réalité où « chacun a sa place, une place qui lui est assignée dès la naissance par ses ancêtres », qui épouse une nouvelle façon de voir les choses ; au point qu’il revendique sa marque de différence : « …je ne suis pas comme les autres : je raconte volontiers mes histoires, c’est plus rare, par ici » [p. 13]. Il a bien mesuré l’importance du témoignage dont il récusait la pertinence à cause du poids de la société et de la méfiance généralisée [pour ne pas dire l’autocensure devenue une donnée typiquement mauritanienne, surtout chez les acteurs ou non acteurs du sud après tous les traumatismes]. C’est ce courage et cette façon de parler de soi, des autres et de la Mauritanie qui fascinent. Un subalterne qui « s’écrit » à cœur ouvert quelques années avant sa disparition [2007] et qui constate que « les bouleversements qui ont défiguré ce pays [la Mauritanie], personne ne les comprend ici, et là-bas, en France, personne ne les connaît. Pourtant les Français y sont pour quelque chose. Ce sont eux qui ont créé des différences entre les Noirs de la vallée et les Maures du désert…ils capturaient les Noirs quand ils avaient besoin de soldats, ils les prenaient aussi pour les faire travailler de force. Ils n’ont jamais fait ça avec les Maures, ils les ont colonisés autrement. Et quand ils sont partis, ils leur ont donné le pouvoir alors que nous, ils nous ont coupés en deux en faisant du fleuve une frontière » [p. 16]. Sentence qui résume les soucis d’un exilé de première heure et qui, 40 ans après, constate que « La vallée [est] transformée en désert ! [avec] toutes ces violences… Quel choc quand j’ai vu ça ! » [p. 15].
Pour «conclure » donnons la parole à Moussa Djibi Wagne : « Ce livre est pour nous, les Peuls de Mauritanie ; pour nous remettre parmi les hommes, pour nous redonner une place » [16]. Au-delà de cette affirmation qui peut paraître restrictive, il faut certainement comprendre que Moussa Djibi Wagne s’adresse à l’ensemble des communautés mauritaniennes voire à chaque mauritanienne et mauritanien pour qu’ils prennent en charge la réalité de leur propre histoire pour reconsidérer la trajectoire d’ensemble de la société mauritanienne.
Enfin, je crois qu’il était de mon devoir de signaler la sortie de cet excellent livre : Les sept cercles. Une odyssée noire, à lire, relire et faire lire.

ABDARAHMANE NGAÏDE
ENSEIGNANT-CHERCHEUR AU DPT D’HISTOIRE (FLSH/UCAD)
DAKAR, LE 27/01/2015
Mercredi 28 Janvier 2015 - 13:47
Mercredi 28 Janvier 2015 - 14:01
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