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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Vers la résolution de la difficile équation Par Dahane AHMED MAHMOUD Ancien ministre des affaires étrangères


Vers la résolution de la difficile équation Par Dahane AHMED MAHMOUD Ancien ministre des affaires étrangères
Dans son excellent ouvrage ‘’le mythe de Sisyphe ‘’ Albert Camus soutenait, non sans raison, que Sisyphe, au moment où il entreprenait sa descente vers le bas de la montagne pour rejoindre son rocher et reprendre le cours de son supplice, devait se sentir heureux. Cet état d’âme est parfaitement compréhensible sur le plan individuel, c’est-à-dire la satisfaction du devoir accompli et le bien-être qui en découle, même si les résultats ne sont pas satisfaisants ; on trouve d’ailleurs une satisfaction semblable chez les soufistes. C’est ainsi que Rabiaa Al Adaouya faisait tous les devoirs prescrits aux croyants non pas pour mériter le Paradis ni pour échapper à l’Enfer mais par amour à son Seigneur et Créateur en exécutant tous ses ordres. Cependant quand un individu se met au service d’un groupe ou- disons- le de la société sa satisfaction ne peut être fruit que d’un résultat tangible pour le groupe ou pour la société. En effet, comme la très justement fait remarquer l’anthropologue Bronislaw Malinowski, l’homme de manière atavique a des besoins essentiels qu’il cherche naturellement à satisfaire; et si la satisfaction de certains des 14 besoins qu’a dénombré Malinowski comme la religion, l’art, l’amour ou la magie relève de l’individu lui-même, la satisfaction d’autres comme l’éducation, la sécurité, le développement relève clairement du groupe c'est-à-dire des dirigeants , des hommes politiques en charge des affaires publiques....SUITE

Parce que ces jours-ci, chez nous, les hommes politiques sont foison j’ai tenu, il y’a quelques semaines, à brosser le tableau de la situation de départ de notre pays vers son futur et j’ai voulu attirer l’attention sur les écueils qu’il faudrait éviter pour gagner le pari de l’avenir. L’article en question a fait l’objet d’un débat intéressant, tant dans la presse écrite qu’électronique et même dans les salons, les cercles et fora de discussions. La majorité des intervenants a salué cet effort et trouvé que les idées avancées constituaient les piliers essentiels pour la construction d’un pont vers un avenir meilleur pour notre pays. Certains ont trouvé que le tableau brossé était incomplet. D’autres enfin y voyaient les prémices de l’annonciation de ma candidature à la magistrature suprême de notre pays. Je tiens à les remercier tous, car je crois profondément au bienfait du débat civilisé et je pense que ce qui est juste, ce qui est bon pour notre pays ne peut être que la résultante de plusieurs points de vue. C’est là d’ailleurs, à mon avis la première condition à remplir pour mettre notre pays sur la bonne voie, c’est-à dire en nous acceptant les uns les autres et en débattant de nos problèmes entre nous.

D’aucuns sont à mon avis sorti du sujet en posant des questions du genre où était Dahane pendant ces 20 dernières années ? Ou bien quel est son programme ? quelles solutions propose-t-il ? Ces questions sont certes, pour la plupart, pertinentes et j’y répondrai le moment venu, mais mon article ne cherchait pas à y répondre ; je voulais plutôt inviter les intellectuels et les hommes politiques à une réflexion dont le but est de poser les bases essentielles sur lesquelles les programmes et les solutions pourront être choisis.

Le débat qu’exige la situation actuelle de notre pays a pour sujet les fondements sur lesquels nous devons construire notre avenir. Il s’agit en fait de résoudre la difficile équation entre les indispensables réformes nécessaires pour garantir la liberté, la justice et la bonne gouvernance d’une part et la nécessité fondamentale de préserver l État et de renforcer notre cohésion nationale d’autre part. C’est là à mon avis un sujet essentiel qu’il incombe à tous ceux qui s’intéressent à la chose publique d’aborder pour proposer une résolution acceptable et concomitante de ces deux problèmes.

Comme chacun le sait dans tout système d’équations il faut résoudre les deux équations en même temps sinon le résultat sera faux. (...?)

Ceux qui veulent faire les réformes tout en négligeant la cohésion nationale et la consolidation de l’État prennent un chemin erroné et très dangereux, si en plus de cela ils prônent le racisme et la violence ils sont alors hors des sentiers de la loi et de la démocratie, il en va de même pour ceux qui tout en appuyant la consolidation de l’État s’opposent aux réformes.

C’est en pensant à ce problème bicéphale, que nous devons absolument résoudre pour commencer la construction de notre avenir, que je répète ma conviction qu’il est du devoir de tous les acteurs politiques nationaux de participer sans ambages et sans tricherie a un débat serein pour trouver la solution de cette difficile équation, car cette solution est la « politique » que nécessite notre pays. Par ailleurs comme je l’affirmais dans mon premier article nous ne pouvons pas nous contenter de copier un modèle d’un autre pays et/ou d’un autre temps sans prendre en compte nos spécificités!

Parmi nos particularismes il y’a le fait que normalement pour construire un état démocratique il aurait fallu passer par certaines étapes :

La première est la mise en place d’institutions efficaces et orientées à servir le citoyen. je demeure pour ma part convaincu, même si je leurs ai reconnu quelque mérite, que tous ceux qui nous ont dirigés depuis notre indépendance jusqu’au coup d’état du 3/8/05 n’ont pas eu la volonté de mettre en place ces institutions.

La deuxième étape est la mise en place d’un État de droit qui applique les lois de manière égale sur l’ensemble des citoyens qu’ils soient riches ou pauvres dirigeants ou dirigés ; cette étape reste entièrement à franchir.

La troisième est celle de l’État protecteur qui cherche à couvrir pour ses citoyens les besoins essentiels que signalait à juste raison l’anthropologue anglo-polonais. C’est à cause de la démission de l’état de cette fonction primordiale que nos compatriotes se sont tournés vers d’autres structures, tribales, régionales ou autres, affaiblissant du même coup l’État et la cohésion nationale.

Une fois ces trois étapes franchies, on peut entamer le chemin de la démocratisation avec de sérieuses chances de succès. Nous, nous voulons sauter à pieds joints sur ce dernier palier sans nous préoccuper des paliers antérieurs.

Que l’on ne se méprenne pas sur ce que je veux dire, je crois fermement que la démocratie constitue une nécessite cruciale et urgente dont l’avènement ne doit être en aucun cas retardé mais il convient de prendre conscience que du fait des déficits de réalisation des étapes précédentes nous aurons à faire de grands efforts pour faire triompher notre jeune démocratie.

Avant d’entreprendre ce combat sacré pour la démocratie nous devrons d’abord nous mettre d’accord sur certains principes de base qui nous permettront de renforcer les piliers de notre État, de consolider notre cohésion, d’asseoir nos institutions sur des bases saines, d’accélérer la mise en place de l’État de droit et de créer les conditions qui feront de notre pays une Patrie où chacun de nos concitoyens pourra vivre librement et se développer en toute sécurité.

C’est seulement comme cela que nous ferons le véritable changement, c’est seulement comme cela que nous garantirons la rupture définitive avec les régimes de la corruption de la dictature et de l’injustice.

La mise en place de ces principes de base et leur respect par tous est une condition nécessaire à la construction de l’État démocratique.

La démocratie, en effet, est un régime qui garantit la justice, l’égalité et les libertés individuelles qui n’influent pas de manière négative sur les libertés d’autrui et n’entre pas en contradiction avec l’intérêt général ; les États Unis ont mené une guerre sans merci contre ceux qui voulaient disloquer l’union, plus près de nous le Nigeria en a fait autant et les exemples sont nombreux. Convaincu qu’il vaut mieux prévenir que guérir j’ai insisté sur la nécessité du renforcement de l’État et de la cohésion nationale. D’autres principes sont consignés dans la constitution que notre peuple vient d’approuver de manière écrasante : la justice, l’égalité, l’unité territoriale, notre ferme attachement à nos valeurs religieuses et culturelles.

Par ailleurs il est important de prendre conscience que nous ne pourrons pas réaliser tous nos rêves d’un coup et qu’il convient de faire beaucoup d’efforts pour raccourcir les délais et augmenter la rentabilité de nos actions en créant de nouvelles méthodes et en innovant dans nos comportements politiques. Ceci nécessitera de notre part l’amplification du cadre de participation politique et la pratique constante d’un dialogue qui tout en restant ferme sur les principes fondamentaux et incessibles, est prêt à négocier pour tout le reste avec pragmatisme, souplesse, fair play et une bonne disposition pour le compromis.

D’un autre côté il est important de se souvenir que la démocratie, contrairement à ce que pensent certains, n’est pas la dictature de la majorité sur la minorité ; cette idée a été pendant longtemps soutenue par certaines idéologies et elle a conduit à la dictature d’un seul homme ou d’un petit groupe.

De même la démocratie n’est pas compatible avec le « leader » infaillible et héroïque ; aux héros on donne des médailles et des lauriers ! Quant à la gestion des affaires publiques, elle doit être confiée aux hommes politiques en fonction de programmes réalisables pour régler les problèmes des gens et assurer leur sécurité et leur développement ; et le citoyen doit à chaque fois leur demander des comptes sur ce qu’ils ont fait et ce qu’ils n’ont pas fait.

En réalité le concept du leader omniscient est très largement répandu dans nos pays alors qu’il est quasiment inexistant dans les pays réellement démocratiques.

Dans beaucoup de pays arabes, musulmans, africains et du tiers-monde les leaders gouvernants se sont avérés la pire des catastrophes. Le plus grave c’est que beaucoup de nos intellectuels se sont acharnés à nous démontrer la chance inouïe de nos pays de compter en leur sein ces leaders et mieux encore de les avoir comme responsables de nos destinées, quel aberration !

Je voudrais tout de même citer le cas d’un leader réellement exceptionnel : Nelson Mandela, car il a su servir son peuple et augmenter son prestige par son attachement inébranlable à la démocratie, à la convivialité, au pardon et par ses innovations dans l’exercice de la politique.

Aujourd’hui nous faisons face à une période transitoire ; une transition entre le temps du leader omnipotent au temps de la participation la plus large en vue de la construction d’une Patrie dans laquelle tous les citoyens auront les mêmes droits et les mêmes devoirs sans exclure personne sauf ceux qui s’excluent eux-mêmes du jeu démocratique.

L’idée du ‘ leader exceptionnel’ étant, dans l’esprit de beaucoup, liée au dirigeant issu de l’armée il sied ici, de lever une équivoque et de réparer une injustice que certains de nos intellectuels font consciemment ou inconsciemment en affublant les membres de nos Forces Armées de toutes sortes d’épithètes diffamatoires. Ceci est injuste et ne correspond pas au comportement qu’un peuple libre et civilisé doit avoir avec ses militaires ; car il s’agit d’un groupe de personnes qui sont prêtes à offrir leurs vies pour sauver soit nos vies soit tout simplement notre quiétude et notre bien-être. Nos soldats sont avant tous des citoyens et constituent une frange de notre peuple qui a souffert, souvent plus que les autres, les injustices, l’arbitraire et le dénuement.

C’est aussi grâce à nos militaires que nous avons été libérés du joug insupportable de l’autoritarisme et l’injustice. Ce groupe d’officiers, sous-officiers et hommes du rang en entreprenant leur action salvatrice ont montré à la face du monde que notre armée est au service de notre démocratie. Il n’est donc vraiment pas juste, au moment où elle vient de nous libérer et de nous offrir la démocratie sur un plateau d’argent, de médire de notre armée ! Ce que nous devons faire à partir d’aujourd’hui avec nos Forces Armées doit être ce que font tous les peuples libres et démocrates de la Terre c'est-à-dire, en période de paix les honorer, les préparer et ne pas les impliquer dans les querelles politiques et en période de conflit les appuyer, les renforcer et leur fournir tout l’appui logistique et moral dont ils ont besoin.

Ces quelques idées sur les comportements démocratiques constituent, à mon sens, une partie de ce qu’il faudrait faire pour tenter de résoudre la difficile équation entre les indispensables reformes et l’obligation de la conservation de l’État. C’est en réalité là que réside le pari de la prochaine étape de notre devenir car c’est à ce prix que nous pourrons construire un pays démocratique libre et prospère dans lequel nos enfants pourront grandir et se développer avec dignité, auquel tous nos compatriotes seront fiers d’appartenir et qui sera un modèle et un exemple à suivre pour d’autres peuples de par le monde.




Note: © Copyright Points Chauds

Lundi 11 Décembre 2006 - 12:16
Lundi 11 Décembre 2006 - 12:23
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